Médias et image du Maroc à l'étranger

dimanche, 17 février 2019

"Médias et image du Maroc à l'étranger" est le thème de la deuxième table-ronde de cette journée du 16 février 2019. Zouhir Louassini (Italie), Fadoua Massat (USA), Anas Bouslamti (Émirats arabes unis), Mustapha Tossa (France) et Nabil Bouhajra ont répondu aux questions de Mohammed Saibari, journaliste et chargé de mission au CCME.

Introduisant cette rencontre, Mohamed Saibari explique que faire participer les journalistes a été essentiel pour évaluer le contenu des matières culturelles véhiculées par les médias au Maroc et à l’étranger. Il a également affirmé que conscient de la nécessité d’associer des journalistes marocains du monde à la réflexion sur les moyens de promouvoir la culture marocaine au delà des frontières.

SIEL19 D9 TR3 SAIBARI

Fadoua Massat : les représentations de la culture marocaine aux USA restent limitées à des éléments folkloriques

Fadoua Massat est journaliste à Washington et fondatrice de la plateforme électronique "voix maghrébines" qui a la vocation de promouvoir les cultures maghrébines aux États-Unis.

SIEL19 D9 TR3 FADWA

Elle explique dans son intervention que “les représentations de la culture marocaine aux USA restent limitées à des éléments folkloriques” : “les activités culturelles que les institutions marocaines organisent en Amérique ne mettent pas en valeur la richesse de notre culture à travers les différentes productions littéraires ou artistiques”.

“Pourtant la culture marocaine est séduisante à bien des égards, d’ailleurs plusieurs marques américaines ont américanisé la touche marocaine même si leur produit est plus destiné aux américains qu'aux communautés marocaines", a-t-elle poursuivi.

Elle affirme en ce sens que “pour préserver leur culture les Marocains de l’étranger en général et ceux des Etats-Unis en particulier fournissent un double effort par rapport Marocains d'ici car ils font partie de sociétés plurielles ou plusieurs cultures sont en compétition”.

Anas Bouslamsti : la culture est le meilleur moyen de neutraliser les stéréotypes sur l'immigration marocaine

Pour le journaliste marocain aux Emirats Arabes Unis, “le patrimoine culturel marocain est auto-suffisant et exceptionnellement riche, ce qui facilite considérablement sa promotion à l’étranger”.

SIEL19 D9 TR3 BOUSLAMTI

Il a, en ce sens, mis en avant “la série de reportage réalisée au sein de sa rédaction à Sky News arabia pendant le mois de novembre sur le Maroc qu’il a baptisé "le Maroc à l’aube des civilisations””, affirmant que “la culture est le meilleur moyen de neutraliser les stéréotypes sur l'immigration marocaine”.

Il note à cet effet que l’efficacité des actions dédiées à la promotion de la culture marocaine “peut être contrainte par le manque de coordination entre les institutions qui en sont responsables”.

Anas Bouslamti explique aussi que “les attentes culturelles des Marocains du Moyen-Orient sont plus importantes que ce que les médias peuvent présenter”, ajoutant que “l’assimilation de la culture marocaine est limitée dans ces pays parce que le public oriental ne fait pas l'effort de la comprendre”.

Mustapha Tossa : la compétence des journalistes marocains du monde n’est pas exploitée pour la promotion de l’image du pays

Mustapha Tossa est journaliste franco-marocain. Il exerce ce métier depuis plus de 30 ans dans les médias français.

SIEL19 D9 TR3 TOUSSA

Pour lui, quand il s’agit d’évaluer le rayonnement de la culture marocaine à l’étranger, “il ne faut pas tomber dans l'autoflagellation” : “le Maroc jouit d’une image extraordinaire auprès des pays européens grâce à la stabilité du pays et à sa richesse culturelle. Notre régime monarchique et le tempérament du Marocain ouvert et chaleureux séduisent les sociétés européennes”. Une image qui, selon le journaliste, “a malheureusement été obscurisée par les actes terroristes perpétrés en Europe ces dernières années.

Il explique en ce sens que “l'image du pays est un enjeu politique majeur qui nécessite l'engagement de grands moyens et la responsabilité des institutions” et que les médias marocains devraient “être mieux utilisés à cet effet”. “Le Maroc a été parmi les pays pionniers à créer une chaîne de télévision privée dans les années 90 mais n'a pas su exploiter cette occasion”.

Il affirme également que les “journalistes marocains du monde sont arrivés à occuper des fonctions managériales dans les médias étranger” mais “qu’ils ne sont pas exploités pour promouvoir l’image du Maroc dans leurs pays respectifs parce qu’ils ne pas connectés entre eux, ni sensibilisés à cette question”.

“On ne pourrait vendre un produit culturel marocain que s'il est performant”, a poursuivi Mostapha Tossa ajoutant que “le vrai défi de la mondialisation est de participer à la conversation avec d'autres produits internationaux. Ceci est encore difficile car le Maroc est restée dans l'approche locale et n'a pas encore réussi à ouvrir le dialogue avec l'universel”.

Zouhir Louassini : nous devons réformer le fond de notre réalité afin de pouvoir en donner une meilleure image

Pour sa part, Zouhir Louassini explique que “faire la promotion de notre culture au sein des rédactions des médias étrangers peut être perçue comme un acte d’impartialité”, puisque “la mission du journaliste se limite à décrire objectivement les faits d'actualité”.

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Toutefois, si “cet acte devrait être engagé, il conviendrait de mener une réflexion pour définir les contours et les composantes de la culture marocaine que nous voudrions promouvoir auprès des publics européens” qui “en a une image plutôt négative au vu du vécu de l'immigration marocaine en Italie”.

Il affirme enfin que “n'importe quel produit, y compris le produit marocain, est contraint de se démarquer dans la compétition qui nous a été imposée par la mondialisation. Nous devons réformer le fond de notre réalité afin de pouvoir en donner une meilleure image”.

Nabil Bouhajra : je m'efforce de montrer plus de choses positives sur le Maroc

Nabil Bouhajra est actuellement directeur de la région Maghreb-Orient à TV5 monde. Il avait intégré le groupe M6 en 2006.

SIEL19 D9 TR3 NABIL

“En tant que directeur de la chaîne, je tiens à mettre en avant la culture marocaine mais je ne perds pas de l'esprit mon objectivité et mon impartialité envers 21 autres pays que je gère dans ma région”, a-t-il expliqué affirmant qu”’en tant que Franco-marocain, je m'efforce de montrer plus de choses positives sur le Maroc”.

“J'essaye donc d'être présent là où se manifeste la culture marocaine, notamment au Salon du livre, au festival de Marrakech…”, a-t-il poursuivi. “La culture marocaine est unique au sens où elle est puisée dans trois continents, l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Europe”.

Il précise en ce sens que la promotion des “produits artistiques marocains est difficile car le contenu du cinéma marocain est resté maroco-marocain” : “nous avons encore du mal à raconter des histoires simples en faisant valoir le mode de vie ou les paysages marocains”.

Pour Nabil Bouhajra, “le Maroc a la chance d'avoir 5 millions d'ambassadeurs marocains qui ont transporté la culture et les traditions dans les sociétés d'accueil”. Il faudra donc travailler avec la communauté car “les médias ne construisent pas l'image du Maroc à l'étranger puisqu’ils sont juste un canal de communication, ce sont les Marocains eux mêmes qui la construisent et c'est à ce niveau là qu'il faut intervenir”.

CCME

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