Baptisée « Cast Me », cette campagne consistera en l’envoi, auprès de 100.000 employeurs du pays, de deux CV en tous points identiques, sauf que le premier présente la photo et le nom d’une jeune femme d’origine africaine, et le second un nom à consonance belge avec la photo de la même femme, mais maquillée et relookée pour lui donner une apparence plus européenne.
Un spot vidéo a également été réalisé, lequel sera diffusé sur différents sites internet commerciaux, ainsi que sur le site www.discriminationemploi.be.
La campagne s’adresse à deux groupes cibles, les jeunes d’origine étrangère (16-26 ans) sur le marché de l’emploi (travailleurs, demandeurs d’emploi, jeunes en formation professionnelle, etc) et les recruteurs (employeurs, responsables des Ressources Humaines, agences de travail intérimaire).
Les objectifs essentiels de la campagne consistent à informer et sensibiliser à la discrimination fondée sur l’origine ethnique, l’âge et les croyances religieuses. Par cette initiative, le CECLR entend lutter contre la discrimination à l’embauche des jeunes d’origine étrangère, un phénomène, selon lui, « loin d’être marginal ou négligeable ».
Le chômage des jeunes d’origine étrangère est ainsi deux fois et demi plus élevé en Belgique. Et seules un tiers des femmes non-Européennes jouissent d’un emploi en Belgique, selon des études de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE).
« Plusieurs études ont démontré que le chômage des jeunes d’origine étrangère n’est pas seulement un problème de formation. A compétence égale, il y a clairement des mécanismes discriminatoires », souligne Edouard Delruelle, co-directeur du Centre.
Le CECLR reçoit chaque année de nombreuses plaintes concernant des faits de racisme et discrimination dans la recherche d’un emploi ou sur le lieu de travail. En 2008, une plainte pour discrimination sur cinq a concerné le secteur de l’emploi.
Pour Edouard Delruelle, « Les discrimination à l’emploi se jouent souvent au moment de l’embauche. Sur présentation du simple CV. Un nom, une caractéristique physique, un handicap peut jouer en la défaveur d’une personne qui ne sera pas convoquée pour l’entretien ».
« Il n’y a pas de quoi être optimiste quand on voit que, sur dix ans, ces mécanismes discriminatoires persistent », déplore encore Edouard Delruelle, lequel redoute une augmentation de ces discriminations en raison de la crise économique actuelle.
« En période difficile, ce sont toujours les étrangers qui prennent les effets de la crise de plein fouet. C’est donc lorsque les difficultés économiques resurgissent qu’il faut redoubler d’efforts en matière de discrimination », dit-il.
MAP