Interrogé sur l’horreur soulevée par cette affaire, notamment parmi les évêques italiens qui ont dénoncé « une grave offense faite à l’humanité tout entière », Umberto Bossi, dirigeant de la Ligue du Nord anti-immigration, a conseillé au Vatican de « donner le bon exemple en ouvrant ses portes ».
Vendredi, le quotidien catholique Avvenire avait dénoncé « les yeux fermés de l’Occident » face aux tragédies de l’immigration.
Samedi, Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour les migrants, a déploré dans une interview à Radio Vatican que des « sociétés prétendument civilisées aient en réalité développé un sentiment de refus de l’étranger ». Il a dénoncé « l’égoïsme qui fait qu’on ne veut pas partager avec l’autre ce que l’on a ».
La polémique risque aussi de s’étendre aux relations entre l’Italie et Malte.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a en effet déclaré au Corriere della Sera de samedi que Malte n’avait pas les moyens de surveiller efficacement la zone maritime sous sa compétence et a souhaité que La Valette signe en conséquence un accord avec l’Italie, comme Rome le réclame depuis dix ans.
« Nous ne signerons pas, malgré toutes les pressions », a répondu son homologue maltais Tonio Borg, selon l’agence de presse italienne Ansa.
MALTE MET EN DOUTE LA VERSION DES RESCAPES
Selon certaines sources, une vedette maltaise aurait approché le canot à la dérive mais n’aurait pas porté secours aux naufragés. Une version mise en doute par La Valette.
Le chef des forces armées maltaises, le général Carmel Vassallo, a reconnu dans un communiqué qu’une vedette avait effectivement localisé le canot mercredi dernier mais que le moteur de l’embarcation fonctionnait, que les cinq personnes à bord « se portaient bien » et qu’elles disaient vouloir continuer leur chemin « pour aller en Italie ».
La vedette maltaise, a-t-il ajouté, a donné de l’eau, des biscuits et des gilets de sauvetage aux cinq Erythréens, et a suivi le canot jusqu’à ce qu’il atteigne les eaux territoriales italiennes.
Les migrants avaient quitté fin juillet Tripoli, en Libye, pour gagner l’Italie. Leur canot pneumatique serait alors tombé en panne de moteur et aurait dérivé pendant trois semaines.
Récupérés par une vedette de la garde des finances, les cinq survivants – une femme, deux hommes et deux mineurs – ont raconté que tous les autres passagers étaient morts de faim et de soif.
Ils ont affirmé que plusieurs bateaux s’étaient approchés d’eux mais ne leur avaient apporté aucun secours.
Les rescapés, très affaiblis, ont été hospitalisés à Lampedusa et le parquet d’Agrigente a ouvert une enquête pour tenter d’établir avec exactitude les faits.
L’Italie a enregistré l’arrivée de quelque 36.900 immigrants clandestins l’an passé, soit une hausse de 75% par rapport à 2007, selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur.
Reuters