Préface
À la lecture de ce travail riche en iconographie, nous sommes non seulement plongés dans un périple vivant des premières années de l’Histoire du Maroc indépendant, mais nous sommes également éclairés sur la valeur du vivre-ensemble, profondément ancrée dans la société marocaine.
Le monastère de Toumliline, un site situé dans la montagne du Moyen Atlas, sur les hauteurs de la ville d’Azrou, fut construit par les Frères Bénédictins en 1952. Il restera en activité jusqu’en 1968, lorsque les autorités marocaines ordonnent sa fermeture.
Cinquante ans après cette fermeture, le monastère de Toumliline continue de représenter un aspect brillant de la présence catholique au Maroc. D’autant plus qu’il ne prônait pas l’« Évangélisation » mais représentait plutôt un espace d’échange, de dialogue interreligieux et de respect mutuel, des valeurs caractéristiques de la personnalité marocaine. Cet espace religieux fut sans doute marqué par le contexte historique et les circonstances particulières de l’engagement pris par ses promoteurs.
Le monastère de Toumliline s’inscrit dans la pensée et la pratique sociale du courant bénédictin, qui se distingue nettement au sein du catholicisme. En manifestant son soutien à l’indépendance du Maroc et à la légitimité du sultan Mohammed Ben Youssef, le courant bénédictin se rapprocha des jeunes nationalistes marocains, notamment Abderrahim Bouabid, étudiant à Paris, qui joueront un rôle clé dans l’indépendance du Maroc. Ils seront particulièrement actifs lors des sessions intellectuelles qui se tiendront au monastère de Toumliline.
L’histoire racontée à propos du thé offert par les moines de Toumliline à des prisonniers politiques du Mouvement National témoigne de la position humaniste du monastère face à la politique officielle des autorités françaises.
Il est évident que la conception du monastère visait à renforcer des valeurs telles que la compassion, la solidarité et l’entraide. Les promoteurs de ce lieu de culte cherchaient à transposer ces principes en terre d’Islam, comme un signe confraternel extra-religieux.
Abdellah Boussouf, Secrétaire général du CCME
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