Écrits sur une décennie, entre 2005 et 2016, les récits qui composent L’Igloo des errances identitaires relatent une grande partie de la vie du narrateur : de sa prime enfance dans son douar natal, situé à la jonction des chaînes du Moyen et du Haut-Atlas oriental, jusqu’à son installation au Québec. Ce parcours passe par l’école coranique, le collège de Midelt, le lycée Moulay Ismail à Meknès, l’expatriation au Canada, l’université de Sherbrooke, les galères de l’immigré désargenté, et sa « plus haute des solitudes »… Un long chemin semé d’embûches et de traquenards.
Le narrateur est livré à lui-même depuis son plus jeune âge. Il doit affronter seul l’adversité, composer avec un ennemi trop puissant, se dresser contre lui dès qu’il montre les premiers signes de faiblesse, et prendre ses jambes à son coup lorsque le risque devient réel. Il y avait d’abord la famille, tellement écrasante que, pour survivre, l’enfant devait se dissoudre dans la communauté, faire patte blanche, « enfouir son « je » dans le « on » indéfini ». Ensuite, il y a l’impitoyable instituteur Bourguig et son gourdin, le cruel Bouzemane, le surveillant général du collège El-Ayachi à Midelt, où « la torture et les sévices corporels étaient le quotidien des élèves. »