Amnesty International a accusé jeudi Eric Besson de « détourner » hors d’Europe les demandeurs d’asile, alors que le ministre de l’Immigration affirme que les procédures de droit d’asile sont utilisées par des candidats à l’immigration.
M. Besson « est le champion de la défense de Frontex (l’agence européenne de surveillance des frontières); il cherche à détourner les demandeurs d’asile vers des procédures de renvoi en amont », a déclaré à l’AFP Patrick Delouvin, chargé des questions de l’immigration au sein sein de l’ONG.
« Il veut qu’il y ait des contrôles qui se fassent au plus près des pays de départ ou de passage (Libye, Maroc, Mauritanie) pour que les refoulements soient de plus en plus efficaces », a-t-il dénoncé.
Le ministre a confié mercredi à l’AFP sa volonté de s’attaquer à ce qu’il a qualifié de « supermarché » de l’asile politique, « une catastrophe absolue pour la tradition d’asile et pour l’espace Schengen » de libre-circulation au sein de l’Union européenne.
« Il est de plus en plus difficile d’arriver à la procédure d’asile » parce que « des systèmes dissuasifs sont mis en place » aux frontières, a confirmé de son côté le directeur général de France Terre d’Asile (FTA), Pierre Henry.
« Plus vous bloquez le guichet de l’émigration régulière et économique, plus il y aura des stratégies de contournement; il en va ainsi », a-t-il ajouté en contestant une hausse du nombre de demandes d’asile en Europe, passé selon lui de 400.000 dans l’Europe à 15 à 230.000 dans l’Europe à 27.
Entre 1954 et 1974, a-t-il encore dit, le nombre de demandeurs d’asile était en moyenne de 5.O00 « alors qu’il y avait des dictatures en Europe: Espagne, Grèce, Portugal ».
Les ressortissants de ces pays « ne prenaient pas le chemin du contournement » de la procédure « parce qu’il y avait l’émigration économique », a-t-il observé.
Source : AFP