Dans un entretien accordé au quotidien arabophone « Al Massae », le Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), M. Abdellah Boussouf, a affirmé que la participation politique des Marocains du monde est entre les mains des organes législatif et exécutif réfutant ainsi toute critique adressée au CCME sur ce dossier.
M. Boussouf a indiqué, lors de cet entretien paru le lundi 9 mars, qu’il y a « une sorte de confusion dont le but est de conférer un caractère ambiguë à la mission et aux attributions du CCME et son emplacement dans l’espace institutionnel marocain », précisant que « le Conseil a une mission consultative et de prospective et non exécutive, ce qui est du ressort du gouvernement ».
« Le CCME est visé à chaque fois que la question de la participation politique est évoquée, pourtant notre position est claire : nous ne refusons pas la participation politique des marocains du monde » a déclaré M. Boussouf. « Dans un ouvrage publié par le CCME, qui rassemble les discussions en interne à ce sujet entre les membres, nous avons proposé que la participation politique se fasse progressivement, à commencer par la Chambre des Conseillers jusqu’à maturation de l’expérience pour arriver à une représentativité à la Première Chambre ».
M. Boussouf a en outre précisé que l’ouvrage a même proposé les modalités d’application de ce processus et a insisté sur la nécessité d’arriver à un consensus après des discussions sereines et participatives, ou chaque institution assume sa part de responsabilité, « car ce dossier n’admet de politique politicienne ».
Sur un autre sujet, le Secrétaire général de CCME a déclaré que « l’absence de l’encadrement religieux et de l’accompagnement des jeunes marocains de l’étranger en fait des proies faciles pour les terroristes commerçants de la mort », invitant « à revoir l’approche de l’encadrement religieux adoptée ».
« On peut dire que notre produit religieux est très modeste, si l’on considère que le produit qui l’emporte sur le terrain est issu d’écoles religieuses très différentes de la société marocaine. Il est très important à cet effet de traduire le livre marocain dans les langues des pays d’accueil afin qu’il puisse atteindre les communautés marocaines dans le monde. Je peux dire à ce sujet que le modèle religieux marocain s’adapte au monde d’aujourd’hui et qu’il est capable d’apporter des réponses aux problématiques posées aux sociétés occidentales, c’est un modèle qui pourra convaincre même les Européens ».
En ce qui concerne la réflexion autour de l’Islam en Europe, M. Boussouf a indiqué que le CCME a traité ce sujet depuis 2009 : « nous avions déjà proposé que l’encadrement et la formation des imams soient en phase avec les sociétés européennes et avons consacré à cela un colloque en partenariat avec le Conseil de l’Europe à Strasbourg, ce qui a donné lieu à la publication d’un ouvrage de référence. Nous avons aussi organisé une rencontre à Casablanca sous le thème « Islam en Europe : quel modèle ? » ou nous avons convié des académiciens et spécialistes du culte à discuter la capacité de l’Islam à s’adapter à des sociétés ou les musulmans sont minoritaires ».
Dans cet entretien, M. Boussouf a exprimé le sentiment du CCME d’être marginalisé par le gouvernement et le parlement, qui n’ont jamais demandé au Conseil jusque-là un avis consultatif : « je pense que les institutions consultatives n’ont pas encore la place qu’elles méritent comme étant un appui au processus démocratique dans notre pays ».
« Le gouvernement aurait pu consulter le CCME avant de soumettre les projets de loi, même si le Dahir ne l’a pas spécifié, nous avons en effet un sentiment de mépris à l’égard du Conseil », a déclaré M. Boussouf.
Consulter le texte de l’entretien de M. Boussouf (en arabe)
Consulter l’intervention de M. Boussouf :
Abdellah Boussouf : le dossier de l’immigration n’admet pas de politique politicienne