(Recherches archéologiques maroco-italiennes 2000-2005)
Le Rif est l’une des zones les plus énigmatiques du Maroc. Sa géographie complexe, où s’imposent des crêtes montagneuses, a souvent dissimulé des moments forts de son histoire. L’énigme rifaine est due avant tout autre chose à sa position géographique dans le bassin méditerranéen occidental, qui a confié à ses hommes et femmes la mission de veille sur la terre marocaine. C’est justement pour cela que les écrivains européens du XIXᵉ siècle ont souvent véhiculé l’image d’un pays difficile d’accès, inhospitalier et farouchement hostile aux étrangers. Cette perception est le fruit d’une ignorance de l’histoire, gravée par des témoignages irréfutables qui attestent la présence du Rif et des Rifains tout au long de l’histoire du Maroc. Comme si ces sites, monuments historiques et paysages archéologiques se dressaient face à la méconnaissance de l’esprit du Rif. D’où l’importance de cet ouvrage, fruit d’un effort considérable, passionné et passionnant, qui essaie d’interpeller une partie de la mémoire archéologique rifaine.
Pays de passage et de rencontre, le Rif a été largement influencé par les vagues humaines qui l’ont visité ou côtoyé. La mobilité est la tendance générale qui préside à ses mouvements. Depuis la Préhistoire à nos jours, en passant par les Phéniciens du site de Sidi Driss et les nombreux sites maritimes signalés par les textes gréco-latins sur la côte rifaine, puis par la première principauté musulmane des Banou Salih, suivie par les Almoravides, les Almohades et les Mérinides, dont les légendes des exploits sont toujours vivantes dans la mémoire populaire, en terminant par les Wattassides, les Saadiens et les Alaouites, le paysage du Rif abrite des ressources patrimoniales qui reflètent l’implication du pays dans l’édification du Maroc d’aujourd’hui.
L’intérêt que porte le CCME à cet ouvrage est dû à plusieurs raisons. Il s’agit tout d’abord d’un effort de recherche qui interpelle la thématique migratoire, car plusieurs événements et produits historiques ont été le résultat des mouvements des hommes. La région elle-même est devenue, en raison de cette ouverture, une zone de migration dont les générations sont actuellement présentes dans plusieurs pays du monde. Les nouvelles générations, autant que les anciennes, sont assoiffées par la connaissance et la maîtrise du patrimoine de leur pays, qui représente une source de fierté et d’apaisement culturel. La réponse à ces attentes commence par l’encouragement de la recherche scientifique dans le domaine de l’histoire et des sciences auxiliaires à cette dernière pour mieux reconstruire le passé de la région.
Renforcer les liens d’appartenance avec le pays d’origine est largement tributaire du sentiment identitaire. Celui-ci passe par plusieurs pistes, dont les biens matériels de l’histoire commune. La préservation et la promotion de ces biens est une condition sine qua non à la promotion de l’identité nationale. Ce sont aussi des pièces maîtresses dans l’édification de l’image du pays et de ses citoyens auprès de l’Autre. L’importance de la connaissance de ces biens et de leur protection devrait représenter un élément central des politiques publiques. Il incombe donc, à chacun de son côté, de contribuer à la valorisation de cet héritage culturel, source de notre fierté et de notre bien-être social et culturel.
Nous espérons que ce travail ouvrira la voie à d’autres travaux de recherche pour approfondir la connaissance sur d’autres aspects de notre patrimoine, que ce soit au Rif ou dans d’autres régions du Maroc.
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