L’île de la Beauté a connu durant les 24 et 25 décembre correspondant au Aid Annabaoui Charif et à Noël, deux journées de heurts entre manifestants corses et habitants du quartier populaire des Jardins de l’Empereur où résident principalement citoyens français originaires des pays du Maghreb.
Des heurts qui faisaient suite à l’agression par un groupe d’individus identifiés par les manifestants corses comme des musulmans. Scandant des propos racistes et xénophobes des dizaines d’extrémistes corses ont pris pour cible le quartier où les pompiers avaient été agressés.
L’une des cibles principales fut la Mosquée d’Ajaccio saccagée par un groupe de manifestants extrémistes. Le Conseil Français du Culte Musulman avait vivement réagi dès vendredi, 25 décembre, dans un communiqué où il a exprimé sa vive émotion suite à « l’attaque dont à fait l’objet la Mosquée d’Ajaccio, mais aussi de plusieurs exemplaires de Coran brûlés » ajoutant avoir été très touché par l’entretien téléphonique du Ministre de l’Intérieur, Monsieur Bernard CAZENEUVE, avec le Président du CFCM pour réaffirmer sa condamnation totale de ces exactions intolérables et de tous les actes anti-musulmans ».
Le CFCM a en outre appelé « l’ensemble de nos concitoyens au calme et à la sérénité pour faire face ensemble aux défis que nous devons tous relever dans la solidarité et dans la fraternité » et réaffirmé « son engagement total pour préserver la cohésion nationale et faire face à toute forme de violence, dans le respect des valeurs et des lois de la République ».
Pour leur part les nouveaux dirigeants nationalistes (suite aux régionales de la mi-décembre) de Corse, cités par l’Agence France Presse (AFP) ont fermement condamné, le lundi 28 décembre, les manifestations racistes du week-end à Ajaccio, aux « antipodes » de leur conception de l’île, et ont appelé à « l’apaisement ».
« Il faut revenir à une situation apaisée », a déclaré le président de l’Assemblée, l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni, lors d’une visite à la caserne des pompiers dont l’agression, le soir de Noël, a déclenché plusieurs jours de manifestations, émaillées de dérapages xénophobes.
M.Talamoni a ajouté « On sait qu’il y a un certain nombre de groupuscules d’extrême droite qui s’agitent en Corse depuis quelques mois ». Il a appelé à « faire en sorte que cette greffe ne puisse pas prendre dans la société corse ». « Il s’agit d’idéologies importées, qui n’ont rien a voir avec notre pensée politique, notre culture », avait-il insisté.
Autre son de cloche,celui de l’ancien ministre socialiste de la Défense, M.Jean- Pierre Chevènement qui s’est exprimé sur ce sujet en renvoyant nationalistes et extrême droite dos à dos : « Il y a toujours eu un comportement très violemment hostile aux immigrés de la part des nationalistes corses, cela ne date pas d’aujourd’hui. On fait barrage au Front national, mais on n’a jamais fait barrage au nationalisme Corse », estime-t-il dans une interview à L’Opinion (FR) publiée lundi 28 décembre 2015, dans laquelle il évoque « deux courants qui n’acceptent pas la République ».
Le préfet de Corse a interdit tout rassemblement jusqu’au 4 janvier dans le quartier populaire des Jardins de l’Empereur.
La rédaction avec CFCM/AFP