L’idée du gouvernement de fermer les entreprises employant des étrangers en situation irrégulière fait débat en France, où la gauche réclame parallèlement une large régularisation des sans-papiers.

Les ministres du Travail et de l’Immigration, Xavier Darcos et Eric Besson, ont annoncé pour les prochaines semaines un projet de loi punissant les patrons employant sciemment des sans-papiers dans les secteurs de la restauration, du bâtiment et du nettoyage notamment.

Face à ces développements, Martine Aubry a déclaré dimanche que le PS était favorable à une « large » régularisation des étrangers qui revendiquent actuellement des papiers.

Une idée reprise lundi par le député européen socialiste Vincent Peillon.

« Pour que la France soit fidèle à son image – le soldat de la liberté, le pays qui porte les droits de l’homme – je crois qu’il faut être aujourd’hui généreux et accueillir ces gens-là », a-t-il déclaré sur France Inter.

Pour Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste, le projet du gouvernement est saugrenu.

« Il faut être un peu sérieux : on va fermer quoi ? Bouygues, la RATP ? C’est une blague ! », a-t-il déclaré sur i-Télé. « La seule solution c’est la régularisation des sans-papiers ».

Selon la CGT, le mouvement de grève de travailleurs sans papiers, qui dure depuis six semaines, touche plus de 5.000 salariés de 1.800 entreprises.

Une nouvelle loi « ça (ne) sert à rien », estime le syndicat, qui plaide pour « une circulaire de régularisation » donnant « des critères définis, harmonisés, simplifiés et améliorés ».

« On ne peut pas mettre dans le même sac un grand donneur d’ordre et des petits employeurs qui sont les boucs émissaires de cette affaire, et faire peur à des employeurs individuels qui ont besoin de nounous pour leurs enfants », a souligné sur France 2 Francine Blanche, secrétaire confédérale.

Selon elle, 85% des travailleurs illégaux ont des papiers.

FRAUDES ET ABUS

Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a apporté son soutien à ses collègues du Travail et de l’Immigration.

« S’il y a des entreprises qui sciemment emploient des travailleurs clandestins, cela me paraît sain (de les fermer-NDLR) », a-t-il dit sur RTL. « Dans notre pays il ne doit pas y avoir de place pour les fraudes et les abus, c’est un moyen de lutter contre ceux-ci ».

Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, a estimé sur RMC qu’il n’était « pas question d’assouplir les règles » pour les clandestins mais de « renforcer les dispositifs pour sanctionner ceux qui utilisent des sans-papiers, car si vous n’êtes pas clair ça ne peut pas marcher ».

Pour Jean-François Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), « une entreprise qui sciemment emploie des sans-papiers, à des tarifs, dans des conditions qui ne sont pas acceptables, il est normal qu’elle soit fermée : c’est totalement illicite et c’est de la concurrence déloyale ».

Il a toutefois souligné sur RTL que les patrons ne sont pas toujours en mesure de savoir si leurs employés sont en règle.

« Le chef d’entreprise ne peut pas lui-même voir si les papiers sont faux », a-t-il souligné. « Ne transformons pas les chefs d’entreprise en policier ».

Pour Christian Charpy, le directeur général de Pôle Emploi, les fermetures administratives envisagées permettraient « d’assainir une situation qui n’est pas saine ».

« Il faut impérativement sortir d’une situation où des personnes sont mises en état de précarité et des entreprises en situation de danger par rapport aux règles qu’elles doivent respecter », a-t-il dit sur LCI.

Christian Charpy a précisé que Pôle Emploi était en mesure de garantir aux entreprises de leur présenter des demandeurs d’emplois ayant des papiers en règle.

Source : L’Express.fr

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