La position ferme de Feu SM Mohammed V vis-à-vis de la politique antisémite du régime de Vichy, qui a assuré le gouvernement de la France durant l’occupation du pays par l’Allemagne nazie, est un point de lumière dans un moment ténébreux de l’histoire de l’humanité, ont indiqué, dimanche à Essaouira, des chercheurs et acteurs associatifs.
Lors d’un colloque organisé, dans le cadre de la manifestation « 2014, Année de Feu SM Mohammed V », par la fondation Mohamed Zerktouni pour la Culture et les Recherches, feu SM Mohammed V a été célébré pour son soutien des Marocains de confession juive contre les lois antisémites du régime de Vichy.
Le souverain avait en effet refusé de signer les Dahir entérinant ces lois en s’opposant aux tentatives des autorités coloniales d’appliquer de facto les mesures anti-juives, ont souligné les conférenciers qui ont relevé que les tentatives d’appliquer ces lois antisémites étaient doublées d’une campagne de propagande nazie visant à semer les clivages au sein de la société marocaine afin d’isoler les citoyens.
Les intervenants sont également revenus sur un acte hautement symbolique par lequel feu SM Mohammed V avait exprimé sans ambiguïté son rejet de cette politique qui allait à l’encontre des préceptes de l’Islam et des valeurs de la société marocaine, ainsi que de la mission de Commandeur des croyants et de sultan de tous les Marocains sans distinction.
C’est ainsi, rappelle-t-on, que Mohammed V invita à la Fête du Trône en 1941 les notables juifs qu’il plaça ostensiblement à proximité des officiels français et des membres de la commission d’armistice allemande en état de choc.
Entouré de rabbins et de notables juifs, Feu SM Mohammed V déclarait aux journalistes: « Je n’approuve pas du tout les nouvelles lois anti-juives et je refuse de m’associer à une mesure que je désapprouve. Je tiens à vous informer que comme par le passé, les Israélites restent sous ma protection et je refuse qu’une distinction soit faite entre mes sujets ».
Par cette position audacieuse et historique, le regretté Souverain a évité l’irréparable, à savoir une politique de ségrégation qui allait tourner au carnage, comme les événements en l’Europe allaient le démontrer, ont indiqué les intervenants.
En effet, ces lois portaient sur une série de mesures discriminatoires comme le recensement de la population de confession juive, l’exclusion des juifs de la fonction publique, le contrôle de leur accès au métier d’avocat, l’interdiction pour les juifs d’habiter dans les quartiers européens et l’obligation du port de l’étoile jaune afin de les distinguer du reste de la population.
Mais plus qu’une position honorable dans une phase historique critique, marquée par la lutte entre le nazisme et les défenseurs de la liberté et de la démocratie, il s’agissait d’une étape lumineuse dans le parcours du héros de la libération, jalonnée par plusieurs positions courageuses et visionnaires qui ont façonné, en grande partie, le Maroc d’aujourd’hui.
Ce colloque s’est déroulé en présence de MM Jamal Makhtatar, gouverneur de la province d’Essaouira, Abderrahim Bouderra, représentant de la délégation du Haut-commissariat aux anciens résistants et membres de l’armée de libération à Safi-Essaouira et Abdelkrim Zerktouni, président de la fondation Mohamed Zerktouni pour la Culture et les Recherches.
Avec MAP