Conférence: Les liens indéfectibles des marocains de confession juive avec la mère patrie

mercredi, 14 novembre 2018

Les travaux du colloque "judaïsme marocain : pour une marocanité partagée" ont démarré, mercredi 14 octobre 2018 à Marrakech, avec une séance plénière qui a connu la participation de plusieurs personnalités du Maroc et de l'étranger.

Au début de la rencontre, le public a assisté aux bénédictions à la famille royale par le Grand rabbin de Casablanca après l'hymne national marocain chanté par le chanteur d'opéra David Serero.

M. Abdellah Boussouf : les Juifs et Musulmans ont dépassé le vivre-ensemble pour réaliser des liens de fraternité 

Dans son allocution, M. Abdellah Boussouf, Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) s'est félicité de cette action du Conseil qui a pu rassembler un grand nombre de membres de la communauté juive marocaine dans le monde. 

"Apres notre hymne national et les vœux de nos rabbins, il nous est difficile de contenir notre émotions pour ces retrouvailles entre les membres des communautés juives dans le monde placées sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi qui à chaque occasion, la dernière en date à Fès, rappelle que les Juifs marocains jouissent de la pleine citoyenneté".

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"Le Maroc est une terre de paix qui a pu contenir la coexistence en paix de Juifs et Musulmans depuis des milliers années", "une leçon pour le monde qui vit aujourd'hui des déchirements au sein de  ses sociétés", a affirmé M. Boussouf ajoutant que "nous avons dépassé le vivre-ensemble pour réaliser la fraternité et partager nos coutumes et nos traditions".

Le Maroc a aussi montré, à travers l'histoire, qu'il a pu penser l'aménagement de son territoire de façon efficace et efficiente, "les quartiers du Mellah dans toutes les villes du Maroc en sont la preuve, permettant aux Juifs et musulmans de partager leur quotidien puis d'exercer leur religion en toute liberté dans des quartiers distincts", a-t-il poursuivi.

"Nous souhaitons donc à travers cette rencontre raffermir encore plus nos relations et parvenir, avec toute la sincérité possible, à tracer ensemble l'avenir d'un pays et d'une société de liberté et de droit afin  que les jeunes générations puissent perpétuer cette homogénéité".

M. Boussouf a saisi cette occasion pour remercier les trois membres que compte le CCME parmi la communauté juive marocain qui ont activement contribué à la tenue de cette rencontre, en particulier M. Daniel Amar du Canada qui s'est attelé à cette mission depuis plusieurs mois.

Il a également indiqué qu'à travers cette rencontre, "nous affirmons que tout Musulman au Maroc reconnaît la part juive de son identité et est fier de partager avec toutes les composantes de cette dernière une mémoire collective".

Le Secrétaire général s'est rappelé à cette occasion le combat qui est le sien pendant plus de 20 ans pour le vivre-ensemble entre Juifs, Chrétiens et Musulmans à Strasbourg, haut-lieu de l'Union Européenne. "Le grand rabbin fut le premier à donner son soutien à un projet musulman. Il a été applaudi par la communauté Musulmane pour tout ce qu'il a pu apporter au dialogue inter-religieux lors de l'inauguration de la Grande Mosquée de Strasbourg".

"Les Juifs du Maroc ont contribué à construire et à préserver ce pays depuis 2000 ans et ont, à travers l'histoire, comme en a fait acte la publication du CCME "Marocains, migrants et voyageurs", toujours été le trait d'union liant le Maroc au reste du monde", a-t-il déclaré invitant les invités ici présents à intensifier leurs efforts pour faire connaître la culture culture marocaine là où il vivent.

En ce sens, M. Boussouf a appelé les institutions publiques à intégrer la dimension juive dans les politiques publiques notamment dans le volet culturel pour leur apport inestimable,  afin de prémunir les jeunes juifs de la radicalisation, car "les jeunes Juifs peuvent être, comme leurs voisins musulmans, une proie des extrêmes". 

M. Mohammed  Laârej : "nous sommes fiers de l'affluent hébraïque dans notre identité"

Intervenant à cette rencontre, M. Mohammed Laârej, ministre de la culture et de la communication, s'est dit honoré d'assister à cette rencontre célébrant la diversité marocaine qui a pu faire face aux défis de la paix et de la stabilité.

"Nous sommes fiers de notre affluent hébraïque qui enrichi notre identité et nous avons besoins de réunir tous les efforts des individus ou des organisations pour construire un avenir meilleur pour notre pays où juifs et musulmans vivent en paix", a-t-il poursuivi rappelant les activités que son ministère mène pour préserver l'apport des juifs marocains au patrimoine marocain, répondant ainsi aux directives de Sa Majesté le Roi qui a toujours entouré la communauté juive de Sa haute sollicitude.

M. Serge Berdugo : "nous avons opté pour une intégration engagée dans la société marocaine"

Pour sa part, M. Serge Berdugo, Secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc a salué "l'heureuse initiative du CCME pour l'organisation de ce colloque". "Notre conseil envisageait depuis longtemps un rassemblement de la communauté juive pour raffermir les liens affectifs qui lient les Juifs du Maroc à leur pays et Sa Majesté nous a entouré de son encouragement en nous accordant son haut patronage".   

"La communauté juive marocaine est la plus nombreuse de toutes les communautés juives des pays arabes", a-t-il affirmé ajoutant que cette dernière a fait le choix de la marocanité, quand feu Mohammed V lui a accordé la pleine la citoyenneté".

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" Nous nous réjouissons de constater que l'intégration des Juifs s'est passée dans de bonnes conditions au Maroc où plusieurs membres ont pu accéder à plusieurs postes de responsabilités", a affirmé M. Berdugo rappelant que "la communauté juive marocaine constitue une branche active dans les pays d'accueil".

"Ce qui continue de distinguer cette communauté est sa marocanité et ce système de valeur puisés dans les traditions marocaines ancestrales". 

" Au sein de la Fondation juive nous avons décidé de mener un combat car le risque était grand, celui que notre communauté au Maroc disparaisse et soit oubliée. Nous avons contribué à écrire une part de notre histoire au présent", a indiqué le Secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc qui a fait un exposé détaillé des actions que son Conseil a entrepris.

A partir 1975, de nouvelles élites avaient émergé et nous prenions en compte le vide que le départ avait laissé, même au sein de la communauté musulmane:  "je cite un dicton marocain qui dit qu'un marché sans Juifs et comme du pain sans sel" ajouté M.Berdugo.

Nous avons donc opté pour l'intégration engagée dans la société marocaine. Notre ligne éthique et politique peut se résumer en deux principes, être des citoyens marocains loyaux et fidèles et ne faire aucun compromis sur notre identité juive.

Nos lignes d'action se résumaient à retisser les liens avec la diaspora, au dialogue pour la paix et à préservation du patrimoine juif marocain. 

"Nous nous réjouissons ainsi de vivre dans un pays disposant d'un Tribunal où la loi de Moïse est prononcée au nom du Roi Mohammed VI", a indiqué M. Berdugo précisant que la ville de Casablanca accueille  15 synagogues, 2 centres communautaires, 2 réseaux scolaires, où certains établissements admettent 30% parmi la communauté musulmane...".

"Notre cher pays ce sont  aussi des sanctuaires qui tous les ans reçoivent des milliers de pèlerins des quatre coins de monde : ce sont ainsi près de 40.000 pèlerins que notre communauté au Maroc accueille avec le soutien des élus locaux qui mettent à notre disposition les meilleures moyens pour que le pèlerinage se fasse en toute quiétude ".

Les activités du colloque "judaïsme marocain : pour une marocanité partagée" se poursuit jusqu'au 18 novembre 2018 à Marrakech avec la participation d'éminentes personnalités de la communauté juive dans le monde.

CCME

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