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Image du Maroc sur le continent américain : rayonnement, représentations et analyses

dimanche, 09 février 2020

« Image du Maroc sur le continent américain : rayonnement, représentations et analyses » est le thème de la table-ronde tenue, samedi 8 février 2020, au stand du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Monsef Derraji (Canada), député au Québéc, Marouane El Mahibba (Espagne), expert du Big Data et du Data Mining, Amal Oummih (USA), avocate au barreau de New York et ancienne diplomate, Issam Lotfi (Maroc), chercheur à l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) et Mohamed-Ali Adraoui (Angleterre), docteur de Sciences Po Paris et chercheur en relations internationales sont intervenus à cette rencontre modérée par Najat Azmy, membre du CCME.

Issam Lotfi : la culture et l’histoire sont des facteurs clés de la réputation du Maroc à l’étranger

Issam Lotfi a présenté une étude réalisée par l’IRES analysant les concepts émergents et le capital immatériel, dans le cadre de l’observatoire de la réputation du Maroc et en partenariat avec le « reputation institute ». L’étude a été entreprise au vu de l’importance de la réputation d’un pays dans la communication sur son image.

Les résultats de l’étude qui s’est intéressée à 73 pays (le Maroc a été classé 35e) ont souligné que la culture et l’histoire d’un pays sont des éléments essentiels de sa réputation à l’étranger en plus de la qualité institutionnelle qui influence l’image du Maroc à 37% de l’ensemble des autres facteurs.

En ce qui concerne la réputation ou l’image du Maroc aux Amériques, l’étude précise que le Canada et le Mexique ont l’image la plus favorable sur le Royaume en comparaison avec d’autres pays comme le Chili où elle est la moins favorable. Parmi l’ensemble des pays sondés, l’Égypte, la France et le Royaume accorde la meilleure impression sur Maroc tandis que la Suède lui confère la moins bonne réputation.

L’étude attire également l’attention sur le fait que les perceptions qu’ont les Marocains de leur propre pays est plus favorable en interne qu’en externe. A l’étranger, les Marocains se plaignent d’une mauvaise qualité des services dans leur pays d’origine et de la lenteur du rythme du développement technologique. Il convient également de préciser que l’impact de la réputation sur la création de valeur touche plus particulièrement les secteurs du tourisme et du commerce extérieur.

Amal Oummih : il n’y a pas de discrimination à l’encontre des Marocains aux USA sur la base de la nationalité d’origine

Amal Oummih s’est intéressée dans son intervention à l’image des Marocains résidant aux États-Unis, mettant notamment l’accent sur les ressources mises à leur disposition pour leur intégration, sur la question de la discrimination et sur l’impact des relations d’amitié entre les deux pays sur les ressortissants marocains.

Dan s’une première partie, Amal Oummih a exposé les grandes lignes qui caractérisent l’immigration américaine aux USA . « Les années 90 ont connu le flux le plus élevé de la migration marocaine aux USA grâce à la loterie et au regroupement familial, ils sont aujourd’hui estimés à 300.000. La plupart d’entre eux résident dans trois états, à savoir New York, Florida et Massachusetts et près de 70% d’entre eux ont immigré depuis 1990 et ont déjà obtenu leur nationalité, ce qui explique qu’ils sont actifs sachant que beaucoup d’entre ont un niveau d’études élevé avec des revenus souvent plus élevés que le niveau moyen du citoyen américain, ils sont donc influents en termes de lobbying et d’aide pour leur pays ».

Concernant l’intégration, Mme Oummih précise qu’il il y a plusieurs ressources pour la faciliter, comme le guide d’accès aux droits sociaux touchant les différentes aspects de la citoyenneté, des droits sur lesquels les immigrés sont souvent mal informés. Pour ce qui est de la discrimination à l’encontre des Marocains, la panéliste précise que la plupart d’entre ne sont pas susceptibles d’être objets de discrimination sur la base de la nationalité ou de la religion et qu’il est « inimaginable dans un pays comme les USA d’interdire aux femmes de porter le hijab ou de construire une mosquée ».

Enfin, Amal Oummih affirme que la qualité des relations maroco-américains a un impact positif sur la communauté marocaine : il y a un traité d’amitié entre les deux pays, le plus ancien de l’histoire de l’Amérique, qui s’est traduit par une longue histoire de coopération.

Marouane El Mahibba : l’image du monde arabe dans les médias, focus sur le Maroc

Dans son intervention, Marouane El Mahibba a présenté une lecture des sujets repris les média latins, à savoir en Espagne et en Amérique latine. Il explique que « le printemps arabe a été à l’origine de l’intérêt de la presse latino-américaine pour les pays arabes et musulmans à partir de 2011 » et qu’entre 2000 et 2013, l’intérêt de la presse a fluctué en rapport avec les événements politiques comme la crise politique du Maroc avec l’Espagne, les attentats, le terrorisme et le conflit arabo-israélien.

« Ce que l’on peut retenir est que le journaliste latino-américain évoque moins les sujets sociaux que les sujets politiques », affirme cet expert des nouvelles technologies, ajoutant que « concernant le Maroc, il y a des mots et des sujets qui se sont répétés au fil des articles comme « Ceuta », « l’île de Leila », la visite du Roi Espagne à Ceuta et Melilla (2005), le terrorisme, Casablanca, le séisme de la ville de Hoceima ».

Il précise notamment que l’année 2011 a connu un changement positif dans l’image du Maroc à l’étranger grâce aux réformes politiques entreprises, notamment celle de la nouvelle Constitution.

Monsef Derraji : la communauté marocaine est fortement impliquée dans la société canadienne

Pour le député canadien d’origine marocaine, la communauté marocaine résidant au Canada est fortement impliquée dans la société canadienne, et ce dans plusieurs domaines de la vie publique. Une population jeune dont près de 40% ont entre 25 et 44 ans, presque aussi masculine que féminine avec 51% d’hommes et 49% de femmes. Les deux tiers de cette population font partie de la première génération, c’est donc une immigration plutôt récente, les Juifs séfarades marocains étant les premiers à avoir immigré au Canada notamment dans des états comme le Québec et Toronto.

Dans le domaine culturel, notamment en littérature, on compte plusieurs écrivains d’origine marocaine engagés en tant que membres de plusieurs associations francophones québécoises. La richesse de ces écrivains, en plus de leur double-culture, est l’intérêt qu’ils portent aux affaires publiques de leur société d’accueil, ce qui a sans doute facilité leur intégration.

« L’image est une construction influencée par plusieurs facteurs, en l’occurrence par les média où les Marocains sont très présents, notamment à la radio et à la télévision », s’est réjoui Monsef Derraji qui salue également la forte implication des jeunes et moins jeunes marocains dans la politique canadienne : « on compte un marocain dans presque tous les paliers politiques au Canada, au niveau local et fédéral ».

Les Marocains du Canada sont aussi actifs dans le domaine économique, il note à titre d’exemple que « le Québec est aujourd’hui un des plus importants exportateurs du couscous qui allie la qualité du blé canadien au savoir-faire marocain, avec comme premier client importateur les USA ». Il précise également qu’au niveau de la société civile, « les causes sociales canadiennes interpellent fortement les Marocains, il n’y a donc pas de communautarisme ».

Mohamed-Ali Adraoui : le Maroc, un pays stable mais peu connu aux Etats-Unis

Pour ce spécialiste des relations internationales, en fonction de leur puissance, tous les pays essayent de vendre une image à l’étranger. Il cite l’exemple des États-Unis qui font de la promotion de la démocratie dans le monde arabe un élément essentiel de leur image et de leur politique étrangère, l’Arabie saoudite qui fait de l’islam un élément important de son identité ou la Tunisie, qui renvoie l’image d’un pays test de la démocratie ayant réussi à dépasser les conséquences de la révolution.

Pour le Maroc, il construit son image autour de la promotion de l’islam d’un juste milieu, qui ne maltraite pas ses minorités, qui valorise la femme. Un pays n’exporte pas l’extrémisme, se définissant comme une voie de synthèse entre les principes de modernité politique et l’héritage arabo-musulman.

Aux États Unis, et du point de vue américain et du département d’état plus précisément, le Maroc est d’abord un retentissement de la civilisation arabo-musulmane, un pays qui renvoie, de par ses origines arabo-musulmanes, à l’exportation de problèmes sécuritaires, de pauvreté, de migration au conflit israélo-palestinien.

Est-ce qu’il faut voir dans le Maroc une exception avec cette recette qui a été capable de garantir sa stabilité malgré les crises politiques dans les pays arabes ? Du point de vue géopolitique oui, car la stabilité en est l’élément essentiel, mais, associé au Maghreb, le Maroc reste relativement peu connu surtout après le cas tunisien qui a fait l’objet d’un fort investissement intellectuel depuis la révolution. Pourtant, le Maroc fait partie, selon un rapport de la Carnegie institution, des pays les plus stables de la région qui sont arrivés à assurer une « certaine régulation du fait islamiste ».

CCME

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