Image du Maroc et de sa culture en Afrique et dans le monde arabe

lundi, 10 février 2020

Le pavillon du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) a abrité, lundi 10 février 2020, une table-ronde sur l’ « Image du Maroc et de sa culture en Afrique et dans le monde arabe ». Abderrahmane Ngaïdé, historien et enseignant-chercheur au Sénégal, Ayman Ali Abdelaziz, écrivain et journaliste égyptien, Noufissa Dahbi, professeur d’histoire à « l’Université Ibn Tofail de Kénitra, Hanaa Trifiss, lauréate de Sciences Po Paris et militante associative et Rachid Id Yassine, maître de conférences à l’Université Gaston Berger au Sénégal sont intervenus à cette rencontre modérée par Omar El Mourabet, membre du CCME.

Rachid Id Yassine

Rachid Id Yassine : la religiosité marque positivement l’image du Maroc en Afrique

Selon le sociologue Id Yassine, l’image s’articule sur quatre caractéristiques, à savoir l’objectivité, la subjectivité, l’interactivité et la capacité évolutive puisqu’elle doit s’entretenir en permanence. Elle aussi composé de deux éléments essentiels que sont le regard et le jugement au sens où le regard, qui est objectif, charrie toujours un jugement qui est subjectif.
Porter un regard engage donc une relation interactive entre deux entités, le « regardé » et le « regardant », ce n’est donc pas monolithique.

L’image du Maroc en Afrique et dans le monde arabe est différente de celle véhiculée en Europe puisque le Royaume fait partie de la culture africaine et arabe-musulmane. L’image du Maroc auprès des autres africains se distingue par sa singularité, « on définit le Maroc comme un état lourd historiquement, stable politiquement, un état fort, qui arrive à allier démocratie et modernité ».

Dans le domaine commercial, les visites du Roi Mohammed VI ont laissé une impression de rayonnement qui aura un impact sur le développement de tout le continent. Le domaine cultuel donne aussi une image rayonnante du Maroc, la personnalité du commandeur des croyants est d’ailleurs extrêmement respectée par les citoyens africains. La religiosité marocaine imprègne ainsi l’Afrique qui se sent spirituellement plus proche du Maroc au vu de leur histoire commune que des pays arabo-musulmans.

D’un autre coté, Rachid Id Yassine soulève le fait que « le regard que le Maroc porte sur l’Afrique ne témoigne pas toujours d’une profonde connaissance de la richesse culturelle du continent ».

Hanaa Trifiss 1

Hanaa Trifiss : le Maroc est une interface des échanges sud-sud

Pour cette militante associative, spécialiste des des sciences politiques, l’image est d’abord ce que l’on construit de l’intérieur d’un pays, avant de s’exporter au-delà des frontières. L’image du Maroc à l’étranger passe donc « par la réputation qu’on a de nos services et de notre développement à l’intérieur du pays ».

Cette image se décline sur le plan politique, culturel, diplomatique et économique à travers les investissements. En ce sens, le Maroc devient en Afrique une référence et une interface des échanges sud-sud. Elle note par ailleurs que l’image du Maroc en Afrique francophone est définie par une longue histoire millénaire, par un passé colonial et une langue commune, tandis qu’en Afrique anglophone l’image du Maroc est moins travaillée.

Abderrahmane Ngaïdé

Abderrahmane Ngaïdé : la culture est le seul moyen de corriger les stéréotypes

Pour le chercheur sénégalais, l’image que l’on se fait d’un pays relève plus de l’individuel du collectif. Il distingue entre l’image que veut véhiculer un pays et l’image que les citoyens de ce pays vont construire auprès des autres nationalités à travers les échanges personnelles. Il précise à cet effet que « l’image que l’on se fait du Maroc à travers nos échanges avec les Marocains résidant en Afrique ou à l’étranger en général est façonné par leurs expériences personnelles et ne présente pas souvent celle que son pays voudrait exporter ».

Il invite ainsi à investir le domaine culturel car il est le « seul canal à même de créer une interaction avec l’autre et de neutraliser les stéréotypes que nous avons parfois nous mêmes fabriqués ». « La connaissance de soi et de l’autre puisée dans l’histoire et la littérature est indispensable pour donner une image objective de son Maroc et fructifier ses relations avec ses voisins ».

Ayman Ali Abdelaziz

Ayman Ali Abdelaziz : le Maroc a profondément contribué au rayonnement de la culture arabo-musulmane

« La relation du Maroc avec l’Égypte est profondément historique et marquée par la fibre cultuelle depuis la création de l’Université Al Quaraouiyine et celle de l’Université Al Azhar, 60 ans plus tard », explique le journaliste et écrivain égyptien.

Les voyageurs marocains ayant investi l’Égypte pour étudier, qui s’y sont arrêtés en escale pour accomplir le pèlerinage ou pour des objectifs commerciaux ont également marqué les relations entre les deux pays, qui se sont engagés dans une coopération pour le rayonnement de la culture arabo-msulmane. Cette coopération s’est ancrée dans des ouvrages historiquement connus sur le rite malékite, la lecture du coran et les études linguistiques.

Pour ce qui de l’histoire contemporaine des relations marocaines avec l’Orient, on peut distinguer deux aspects : l’image au quotidien auprès de la population orientale, et notamment égyptienne, et l’image dans les écrits académiques. « La première est submergée par les stéréotypes et les jugements négatifs », explique Ayman Ali Abdelaziz qui interpelle dans ce cadre « les médias marocains à être plus proches de leurs voisins du monde oriental ». Pour la production littéraire et académique, l’écrivain explique que « la quantité des ouvrages marocains dans l’histoire orientale atteste de la contribution du Maroc dans le rayonnement de la culture arabo-musulmane, depuis l’histoire antique à nos jours ».

Noufissa Dahbi

Noufissa Dahbi : le soufisme marocain a fédéré les populations musulmanes en Afrique

Das son intervention, Noufissa Dahbi affirme que « l’histoire africaine dégage une image rayonnante sur le Maroc dans le continent et dans le monde arabe ». Elle explique que la géographie constitue un élément essentiel de cette image puisqu’elle fait du Maroc un pivot entre l’Occident, l’Afrique et l’Orient. « Une image indépendante et spécifique marquée par la diversité des courants et des civilisations qui l’ont historiquement traversée ».

Elle explique également que le soufisme marocain a joué, en plus du rôle spirituel, un rôle de catalyseur et d’unificateur des populations musulmanes dans le continent africain, citant l’exemple de la « zaouia naciriya » qui s’est culturellement étendue jusqu’à Médine et de la « zaouia tijania » qui a également joué et continue de jouer un rôle de fédérateur en Afrique.

CCME

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