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« Migrations et développement : quel regard portent les diasporas originaires d’Afrique sur leurs contributions ? »

dimanche, 05 juin 2022

« Migrations et développement : quel regard portent les diasporas originaires d’Afrique sur leurs contributions ? » est le thème de la conférence qui a réuni ce samedi 4 juin 2022, au stand du CCME au Salon du livre.

Khady SAKHO NIANG, experte et consultante en « Migrations, Genre et Politiques de Développement » (Sénégal), Keltoum ROCHDI, élue à la ville de Cergy et de l’agglomération de Cergy Pontoise (France) France, Farid HOUSNI, cadre de la fonction publique et à la Mairie de Bagneux (France). La rencontre a été modérée par Hakim MOUKHLISS, coordinateur de la clinique juridique de Droit de Casablanca et chargé d'études (Maroc).

Les invités ont appréhendé de différentes manières la contribution des migrants au développement de leurs pays d’accueil et d’origine.

Pour l’experte sénégalaise Khady SAKHO NIANG, le seul apport qu’on peut quantifier en chiffres reste les transferts financiers alors qu’il ne « s’agit que d’une partie infime de la contribution des migrants comparés à tout l’apport immatériel lié à tous les domaines de la vie et que les gouvernements peinent encore à canaliser et à optimiser ».

Khady SAKHO NIANG préfère la notion du vivre-ensemble à celle de l’intégration. « L’intégration nous incite à nous fondre dans une normalité alors que le vivre ensemble nous incite toujours à apprendre de l’autre et lui apprendre notre culture », explique-t-elle ajoutant que « grâce au vivre-ensemble, les pays d’accueil profitent du brassage des cultures et de leur apport immatériel incontournable pour leur évolution ».

Des notions qui nous amènent à « la réduction du sens de mots comme “diaspora ou migrants“ qui seront remplacés par la “citoyenneté universelle“ car la plus importante qualité de notre époque est désormais “la mobilité“ ».

Sur la même lancée, Keltoum ROCHDI affirme que « la diaspora est nécessaire autant pour le pays d’accueil que d’origine ».

Pour elle, « la contribution des Marocains du monde s’opère à différents niveaux qui sont toujours liés entre eux ». « Derrière nos transferts financiers qu’on quantifie avec des chiffres, il y a des histoires, il y a la volonté d’aider, la volonté de partager, la volonté de nourrir ses racines qu’on ne saurait quantifier ».

Contribuer, selon elle, est une action qui se répète au quotidien « en apportant de soi à ses deux pays en s’appropriant le rôle de transmission et de lien social, menant une lutte contre les différentes inégalités qui existent et en s’appropriant l’identité de deux pays ce qui implique un double engagement ici et là-bas ».

« On évolue dans les sociétés d’accueil, on en devient partie intégrante et on s’y engage en tant que citoyen mais nous réalisons que la richesse ultime est de constituer un trait d’union entre nos deux pays ».

Pour une contribution plus effective, Keltoum Rochdi appelle à l’accompagnement des MRE afin simplifier et accélérer la procédure par la création d’un guichet unique car « encore aujourd’hui, plusieurs d’entre nous sont vite dissuadés d’investir au Maroc à cause de la lenteur de l’administration », d’une part, et invite les Marocains du monde à s’investir dans la société civile et à « travailler en transversalité pour Faire évoluer les mentalités et les mœurs, notamment au niveau de l’éducation ».

« Nous sommes venus, dans le cadre d’une action associative, avec des collégiens de Cergy en pleine décrochage, mais ils se sont vite rendus compte qu’ils pouvaient beaucoup apprendre de leurs semblables qu’on a pu visiter à Souk Larbaa au Maroc, qui vivaient dans l’indigence mais nous ont impressionné par leur générosité, leurs ambitions et leurs rêves ».

Pour sa part, Farid HOUSNI s’est longuement exprimé sur la double appartenance. « Je suis un citoyen à part entière et je réclame cette citoyenneté au Maroc et en France ».

Il évoque l’ouvrage du sociologue, Abdelmalek Sayad, « Double absence » pour s’interroger sur l’existence « d’une identité immigrée ». « C’est une question qui vit en nous toute la vie, jusqu’à l’enterrement, même mort un émigré hésite à être inhumé ici ou là-bas. La lutte de tous les migrants se résume à transformer la double absence en double présence ».

Pour poursuivre le débat sur le développement, Farid HOUSNI affirme à son tour qu’« il n’y a pas que le côté économique dans le développement, il est temps qu’on s’organise activement pour mettre en œuvre nos compétences afin de déployer ces transferts financiers ».

« Les transferts des Marocains du monde ont battu tous les records. Nous en sommes fiers mais nous avons l’ambition de voir ces sommes se déployer pour le bien-être de nos familles qu’on a laissé au Maroc, de pouvoir les voir évoluer aussi ».

Il pointe du doigt la « disparité territoriale et appelle pour y parer à une solidarité nationale à un investissement social permettant d’harmoniser à l’échelle nationale le déploiement des transferts financiers ».

CCME

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