Le phénomène migratoire connaît aux niveaux régional et international de profondes transformations. Le Maroc est passé du statut d'un pays émetteur ou de transit à un pays d'accueil des immigrants, une mutation que le Royaume partage avec ses voisins du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne et qui sera débattue lors de cette rencontre.
Myriam Cherti (Royaume-Uni), sociologue et chercheur associée à l'Insitute for public policy research (IPPR), Marcel Amiyeto (Congo), secrétaire général de l'Organisation démocratique des travailleurs immigrés (ODTI), Jean-Marc N'guessan Donald (Côte d'Ivoire), juriste et d'autres militants des droits de l'homme et experts en immigration ont animé cette table-ronde modérée par Ali Lotfi (Maroc), secrétaire général de l'Organisation démocratique du travail (ODT).

Lors de son intervention, Myriam Cherti a fait référence à l'étude réalisée en partenariat avec le CCME dans le cadre du projet beyond irregularity, financé par la Commission européenne. "Faire avancer les débats sur la migration de transit et mesurer l'impact des nouvelles formes de cette migration étaient notre but. Plus de 50 migrants subsahariens ont été interviewé au Maroc, 20 entretiens avec les parties prenantes (politiques et associatifs) ont été réalisées et 2 tables rondes ont présenté les résultats de nos enquêtes" a précisé Myriam Cherti.
L'étude a par ailleurs mis le point sur certaines réalités : "les principaux facteurs répulsifs restent la violence et l'instabilité, les opportunités d'évolution limitées dans les pays d'origine et le besoin de mobilité", relève la sociologie, ajoutant qu'"un quart des migrants environ désirait rester au Maroc et que l'intention de se rendre en Europe reste présente même après une période de transit prolongée chez la majorité des migrants".
L'intervention de Jean-Marc N'guessan Donald a fait l'objet d'un exposé sur la situation de l'immigration en Côté d'Ivoire. "Les populations immigrées que nous accueillons ont surtout le mythe de la prospérité et nous avons beaucoup de difficultés à les assimiler", a-t-il confié. Il a par ailleurs lancé un appel d'aide au CCME en particulier et au Maroc, un pays qui, selon lui, "a abordé la question migratoire avec plus de rationalité" et qui "peut être un modèle à suive par les pays maghrébins et africains".
Une réflexion que Marcel Amiyeto a également soutenu, expliquant que "les dispositions prévues par la nouvelle politique migratoire marocaine sont une chance à saisir par tous les migrants au Maroc" et que "la nouvelle constitution soutient les migrants puisque le Royaume s'engage, dans son préambule, à respecter les conventions internationales". M. Amiyeto a surtout tenu à exprimer sa gratitude à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, "le Roi des sans voix que nous sommes", a-t-il déclaré.