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La culture d'origine dans l'écriture des Marocains du monde

samedi, 09 février 2019

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) a organisé, samedi 9 février 2019 au Salon du livre de Casablanca, une table-ronde sur « la culture d'origine dans l'écriture des Marocains du monde ».

L’écrivain-journaliste Mohamed Ahroba (Allemagne), le romancier et scénariste Rachid Santaki (France), M.Dahiri Mohamed, professeur et écrivain (Espagne) et l’écrivaine franco-marocaine Hamisultane Maï-Do ont animé cette rencontre modérée par l’écrivain journaliste Maati Kabbal.

Mohamed Dahiri : l'immigration est une source inépuisable d'inspiration 

Dans son allocution, Mohamed Dahiri a tenu à remercier le CCME qui, en plus d'animer un événement culturel national incontournable, crée des liens et des rencontres entre les différents acteurs littéraires Marocains dans le monde et les incitent à développer des projets pour la promotion de la culture marocaine dans leurs pays d'accueil.

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Selon le professeur marocain en Espagne, "l'immigration a été la source d'inspiration par excellence de la majorité des écrivains du monde" : "les écrivains les plus importants du monde arabe comme l'égyptien Ahmed Chaouki ou le saoudien Abderrahmane Mounif ont puisé leur profondeur et leur pertinence dans l'exil et la migration en France, en Espagne ou en Syrie".

La littérature arabe de l'immigration a connu ses débuts dans la première moitié du 19e siècle en Egypte. Une deuxième génération des écrivains de l'exil, devenue célèbre dans la deuxième moitié du 19e siècle, a été marquée par les écrit de Taha Hussein, installé à Paris, qui s'est beaucoup inspiré des théories de Kant dans sa critique de littérature Arabe.

Plusieurs écrivains libanais se sont également inspirés de leurs voyages comme Jibran Khalil Jibran qui était installé à New York et qui a pu être vendu à plus de 9 millions d'exemplaires pour un seul roman.

La littérature marocaine fait partie des écritures arabes qui témoignent d'une grande diversité de la mémoire de par la pluralité des langues d'expressions et la multiplicité des genres littéraires. "Les écrivains marocains ont pu écrire en arabe, en espagnol, en flamand, en anglais et dans d'autres langues. Ils ont touché à tous les genres littéraires comme la nouvelle, la poésie, le conte... Leurs écritures se sont toujours adaptées à leurs environnements, elles ont traité des questions contemporaines comme le racisme, l'islamophobie, l'intégration, l'apprentissage de la langue arabe et de la religion musulmane".

Mohamed Ahroba : la migration est une expérience qui laisse des traces indélébiles 

Dans son intervention, Mohamed Aroba a mis en valeur l'importance de l'autre dans notre imaginaire et dans notre écriture. 

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"Toute réflexion à nos origines sans y voir participer l'autre aboutit au cloisonnement", a-t-il affirmé expliquant que "quand on parle de migration, on parle surtout d'une migration culturelle et d'une plaie qui est restée ouverte et que l'on cherche par nos écritures à guérir". 

"La migration est une expérience qui laisse une trace indélébile", selon lui surtout que l'on y amené à se toucher à l'autre qui fait partie de nous : "Je suis inévitablement lié à l'autre, l'autre est mon miroir".

Le journaliste marocain a le Deutsche Welle a conclu son intervention par un questionnement sur la place de la culture de l'immigration dans l'estrade des cultures internationales : "comment donc est-ce que des preceptes culturels puisés dans le cloisonnement  résisteraient à la puissance des cultures occidentales ouvertes et partagées?".

Hamisultane Maï-Do : le mal de mon pays m'a poussé à me confier dans l'écriture 

La psychiatre vietnamo-marocaine a mis en valeur ce qui rapproche la littérature de la psychiatrie :  "l'écriture et la psychiatrie se rapprochent dans l'action de se confier à l'autre. L'intérêt de la littérature est de montrer que les choses ne vont pas de soi et que la vie ne correspond pas toujours à ce que l'on attend".

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Elle explique que "composer une identité est un aller-retour entre ce que l'on vit et ce que l'on doit vivre". Une action qui "soulève des questionnements et des souffrances qui nous poussent à nous livrer dans l'écriture qui devient une sorte de thérapie psychiatrique".

"L'intimité des personnages qui nous est révélée dans des images sociales  renseigne beaucoup sur la profondeur d'esprit de l'écrivain qui s'identifie souvent aux personnages qu'il crée". L'écrivaine s'est rappelé en ce sens la citation la plus célèbre de Flaubert "Madame Bovary, c'est moi".

Au cours de son intervention, Maï-Do Hamisultane a à maintes reprises évoqué sa plus grande source d'inspiration, sa marocanité  : "j'avais la nostalgie qui s'est transformé en mal viscéral de mon pays". 

Rachid Santaki : la différence est une  valeur ajoutée certaine 

Rachid Santaki a expliqué l'importance de la banlieue dans ses écrits : "la banlieue est un espace où l'on développe des codes et un langage spécifique qui m'ont permis de me démarquer".

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"Écrire sur ma banlieue, Seine-Saint-Denis, m'a permis de retirer l'étiquette de l'isolement sur la littéraire de l'immigration", explique l'écrivain.

Rachid Santaki a aussi mené plusieurs projets pour s'ouvrir au public comme celui de la dictée au stade de France ou l'on réunit un public de tous les âges pour prouver que la langue française peut être maîtrisée par des usagers de différents horizons.

Dans son parcours, Rachid Santaki a réalisé que le jeunes public ne lit pas forcément de la littérature sur papier puisqu'il est tourné vers le digital. Il a donc décidé de produire un polar sur application où il a pu " imaginer une façon différente d'approcher la littérature et où par exemple le lecteur peut choisir la fin de l'histoire".

"J'ai compris qu'il faut aller à la rencontre du public, j'ai fait le Tour de France dans un camion. J'ai été chercher de nouveaux codes pour m'approcher du public qui est de plus en plus tourné vers le numérique", a poursuivi l'écrivain qui fait profiter plusieurs catégories vulnérables de ses projets novateurs. "Je me suis engagé dans le social et dans sensibilisation des détenues dans différentes maisons d'arrêt en France".

Grâce à son approche singulière de la culture, Rachid Santaki a été contacté par les services pénitenciers du Val-de-Marne pour mettre en valeur l'apport de l'écriture dans la lutte contre l'isolement et l'ouverture sur d'autres horizons et possibilités.

Il a également dévoilé ses projets futurs : " ce que j'aimerais faire c'est écrire sur moi pour comprendre mes origines et pour voir plus clair la direction que j'aimerais prendre. Je réalise que la différence est une valeur ajoutée certaine".

CCME

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