Femmes et hommes politiques marocains du monde : expériences croisées

vendredi, 15 février 2019

« Femmes et hommes politiques marocains du monde : expériences croisées » est le thème de la deuxième table-ronde organisée au pavillon du CCME ce vendredi 15 février. Nadia El Yousfi (Belgique),  Salwa El Gharbi (Espagne), Mustapha Laabid (France) et Rachid Moktadir (Maroc) ont animé cette table-ronde modérée par Abdelghani Dades, membre du CCME.

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La rencontre a pu mettre en valeur la singularité des parcours qui y ont pris part, ceux d’élus issus de la diversité culturelle de divers pays européens. Elle a également mis en exergue la valeur ajoutée que tous les Marocains du monde infuse dans les sociétés d’accueil. 

Rachid Moktadir : l'intégration de la question migratoire reste limitée dans les stratégies nationales

De son point de vue de chercheur, Rachid Moktadir a félicité le CCME de cette rencontre et invité à encourager la mise en valeur “des compétences marocaines à l'étranger pour face à l'action des courants d'extrême droite qui sévissent en Occident”. 

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Il note à cet effet que “l'intégration de la question migratoire reste limitée dans les stratégies nationales et les études académiques ” malgré le traitement qualitatif qui lui a été réservée par l’institution royale : “les discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ont, depuis 2005, conféré une attention particulière aux Marocains du monde et reconnu leur valeur ajoutée incontestable dans le développement du pays”.

Cet intérêt s'est traduit dans les dispositions institutionnelles et constitutionnelles qui ont “reconnu la citoyenneté complète aux Marocains du monde à travers notamment leur participation politique” et “ancré dans la Constitution une institution aussi importante que le CCME qui oeuvre pour la participation des Marocains du monde dans le développement de leur pays tout en encourageant leur intégration dans les pays de résidence”.

Un effort qui doit être d’ailleurs “consacré dans des procédés  facilitant l’accès de la communauté marocaine de l’étranger aux différentes représentations dans les institutions afin de rendre leur contribution effective”. 

Nadia El Yousfi : j’ai puisé dans l’injustice la force de mon engagement

Née à Casablanca, Nadia El Youfsi a rejoint avec sa famille son père en 1974 en Belgique. “Mes premières années en immigration ont été marquées par la transposition de mon Maroc avec son système de solidarité et de chaleur familiale dans mon quartier à Bruxelles”, a-t-elle affirmé.

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“Ma famille a subi le racisme de la police et nous avons été la première famille à déposer une plainte contre les autorités’, poursuit Nadia El Yousfi précisant qu’elle puise la force de son engagement dans cette injustice”. 

Nous avons pris conscience en 1991 de l'importance de l'engagement de la communauté marocaine qui a, en partie, été à l'origine de la création des médiateurs communaux. Un métier que Nadia El Yousfi a exercé pendant 14 ans pour “améliorer l'accès à la naturalisation tant au niveau des frais que des procédures”.

Son engagement social dans le cadre d’associations et institutions de médiation l’a “naturellement conduit en 2004 à une aventure politique”. Elle devient en cette année députée socialiste du Parlement de la Région Bruxelles Capitale. Elle devient aussi déléguée à la Communauté française de Belgique en 2013 et sénateur de la communauté française en 2014. 

Mustapha Laabid : ma double identité a toujours été une force

Mustapha Laabid est né à Rennes. Il est depuis 2 ans député de la République française et président du groupe d'amitié France-Maroc. 

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Il affirme dans son allocution que “sa double identité a toujours été une force” : “je suis Français, Breton et Marocain sans aucun souci d’incompatibilité”, explique Mustapha Laabid qui “travaille en tant que député sur tous les sujets notamment sur l'Islam de France” précisant qu’aucun “sujet ne lui est interdit en référence à ses origines”.

“J'ai eu l'impression que je n’étais pas tout à fait Français, ni tout à fait Marocain. J’ai réalisé que un plus un est égal à trois et j'ai donc créé ma propre identité”, a-t-il poursuivi.

Il qualifie toutefois son expérience de “retour au Maroc” d’un demi-échec, compte-tenu du “choc qu’il a eu à interagir avec une culture qu’il ne comprenait pas réellement”. Il revient donc en France en 2005, en pleine crise des banlieues et s’est engagé dans l’action sociale pour faire face à la discrimination et à l’exclusion sociale à travers le sport. 

Il explique qu’au “vu de son engagement social remarquable, la députation lui été proposé’. Il devient donc le deuxième élu issu de l’immigration de l’histoire de la Bretagne.

Mustapha Laabid saisit cette occasion pour inciter “ les jeunes à franchir le seuil et s'engager en politique pour représenter leurs concitoyens mais aussi la richesse de leur culture d’origine”.

Salwa El Gharbi : je suis marocaine, catalane, porteuse des valeurs de part et d'autre de la Méditerranée 

Salwa El Gharbi est députée en Catalogne depuis janvier 2018. Elle a été activement engagée dans la société catalane depuis 1993.

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"Je suis partie du Maroc avec un sentiment de culpabilité", a confié Salwa El Gharbi qui fait dès son arrivée ses débuts dans l'engagement au sein de l'association SOS racisme. "Ça m'a éclairé sur les souffrances des migrants même si je n'ai pas forcément subi ce racisme et m'a aussi replongé dans la nostalgie de mon pays".

"Quand on est discriminé, on devient coupable de rejeter l'autre à son tour, on se replie sur soi pour se défendre de l'autre et l'on tombe dans le problème de l'exclusion sociale", explique Salwa El Gharbi.

Pour "accomplir ma part d'engagement dans le processus d'intégration, j'ai voulu démolir le premier obstacle, celui de ne pas maîtriser la langue".

Elle intègre ainsi le centre UNESCO de la Catalogne en 1999 et "participe aux première actions pour l'interculturalité. Cette expérience l'a "mené à affirmer sa double culture" : "je ne me revendiquais pas d'un côté ou d'un autre, je suis marocaine, catalane et porteuse des valeurs de part et d'autre de la Méditerranée".

Son travail dans la médiation culturelle "a été enrichissant mais incomplet" car elle "voulais nourrir ce besoin de s'engager dans la vie sociale et politique". Elle décide donc de s'engager dans la politique et devient député.

"Les élus de la diversité doivent garder à l'esprit qu'en plus de promouvoir leur culture d'origine, ils doivent aussi défendre toutes les causes des nations qu'ils représentent", a-t-elle conclu.

CCME

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