vendredi 19 avril 2024 18:56

25 juin - Bruxelles - Citoyenneté : Large étude de la Fondation Roi Baudouin sur l’identité

jeudi, 25 juin 2009

L'étude réalisée par la Fondation Roi Baudouin, en collaboration avec l'Université de Rabat, auprès de la population d'origine marocaine vivant en Belgique, souligne la précarité de leur statut socio-économique.

Ainsi, 31,7 % seulement des 400 personnes interrogées jouissent d'un contrat fixe ; 5 % exercent des travaux temporaires ; 21 % bénéficient du chômage et 5 % ne reçoivent pas d'allocations. Les personnes interrogées évoquent surtout les discriminations à l'embauche pour justifier leurs difficultés d'insertion sur le marché de l'emploi.

La proportion des femmes exerçant une activité professionnelle est sensiblement plus faible que celle des hommes (38,3 % contre 55,4 %). La proportion des femmes belgo-marocaines sans emploi est aussi supérieure à celle des hommes (33,3 % contre 28,7 %). La proportion des femmes inactives (pour raisons familiales ou autres), en marge du marché de l'emploi, s'élève à 62 %. Par ailleurs, la proportion des femmes nées au Maroc et exerçant un travail (22 %) est plus de deux fois inférieure à celle des femmes nées en Belgique (46 %).

Les personnes récemment naturalisées sont souvent marginalisées sur le marché de l'emploi ou débusquent des petits boulots et des... petits salaires. Du coup, certains Belgo-Marocains se tournent vers le travail au noir pour survivre, tout en bénéficiant des allocations de chômage. Comme le confirme une des personnes interrogées dans l'étude : « J'habite près de Liège. La plupart des Marocains sont au chômage... Les gens, dès qu'ils touchent des allocations du chômage, arrêtent de travailler, parce qu'un maçon qualifié touche 1.500 euros et un chômeur, chef de famille, en touche 1.200. Je connais des parents qui passent leur journée au café... ».

Ces difficultés d'insertion sur le marché du travail se répercutent sur le niveau de vie des Belgo-Marocains (lire ci contre).

Une proportion importante des ménages interrogés entre dans la catégorie de la population dite « à risque de pauvreté » - détenteurs d'un revenu égal ou inférieur à 860 euros par mois. Plus de la moitié (53 %) des Belgo-Marocains vivrait ainsi sous le seuil de pauvreté dans notre pays. Avec des disparités régionales : leurs revenus sont les plus élevés en Flandre, les moins élevés en Wallonie.

Les problèmes les plus fréquemment évoqués par les personnes interrogées, outre le chancre du chômage, sont liés à l'identité ethnique et religieuse : le fait d'être traité comme étranger (lire ci-contre) est la critique la plus fréquemment avancée.

Le manque de respect à l'égard de leur religion et l'inadéquation des valeurs morales avec les leurs sont aussi largement mis en avant.

Les personnes interrogées pointent, au Maroc, les institutions religieuses, devant la Monarchie, comme étant les deux institutions les plus dignes de leur confiance. En Belgique, ce sont les mosquées qui trônent largement en tête de leurs suffrages, relevant l'importance majeure qu'ils accordent au religieux.

Au-delà de l'identité nationale, l'identité religieuse l'emporte sur toutes les autres : plus d'un tiers (36 %) des sondés répond sans hésiter qu'ils préfèrent d'abord être reconnus comme musulmans. 68 % déclarent essayer d'obéir aux préceptes religieux. En dépit du fait que la majorité des personnes interrogées a la nationalité belge, 7 % seulement manifestent le besoin de s'identifier à notre nationalité.

Parmi les 400 personnes interrogées dans cette large enquête, 68 % ont rejoint un des membres de leur famille qui avait immigré en Belgique. Les 32 % restants sont arrivés les premiers dans notre pays. Et l'étude relève que les membres de la deuxième génération se disent plus heureux que ceux de la première génération.

D'une manière générale, le modèle traditionnel du ménage - le couple marié avec enfants - s'effrite au profit du célibat ou de la cohabitation. Dans l'échantillon de l'étude, 55 % des Belgo-Marocains n'ont pas d'enfants ; parmi les 45 % restants, moins de la moitié a en moyenne 1 à 2 enfants, 30 % 3 à 4 enfants et 7 % 7 enfants ou davantage.

On notera que les Belgo-Marocains privilégient le mariage non mixte au mariage mixte. L'idée que les hommes et les femmes épousent des personnes qu'ils font venir de leur pays d'origine est approuvée par plus de 50 % des personnes interrogées. La majorité d'entre elles (62 %) s'opposent au mariage d'une femme musulmane avec un non-musulman et 45 % n'admettent pas que les hommes se marient à une non-musulmane.

29 % des Belgo-Marocains sont propriétaires de leur logement en Belgique, contre 52 % qui sont locataires et 15 % vivant dans le logement familial.

Si une minorité de l'échantillon a acquis un logement en Belgique, 60 % sont en revanche propriétaires d'un bien au Maroc.


Méthodologie

L'étude

La Fondation Roi Baudouin a demandé à l'Université de Rabat de réaliser une étude sur les personnes d'origine marocaine vivant en Belgique. Cette étude, réalisée auprès de 400 personnes d'origine marocaine établies dans les trois régions du pays, porte à la fois sur leur attitude envers la Belgique et ses institutions, les processus et les difficultés de leur intégration, leur situation socio-économique et professionnelle souvent précaire, leur forte identité religieuse, plus élevée à Bruxelles que dans les deux autres régions.

Ce portait des Belgo-marocains révèle aussi que 86,4 %

ont des conjoints d'origine marocaine contre 8,5 % qui sont mariés à des Belges.

Combien sont-ils ?

Depuis la signature de la convention de main-d'œuvre entre le Maroc et la Belgique en 1964, le nombre de Marocains n'a cessé d'augmenter en Belgique. De 461 en 1964, ils étaient 106.822 en 2001. Leur nombre décroît dans les années suivantes, suite à l'importance du nombre de naturalisations.

73 %

en chiffres

des personnes interrogées, hommes ou femmes, désapprouvent les relations sexuelles des filles avant le mariage. 60,7 % adoptent la même attitude à l'égard des garçons.

52 %

considèrent que la liberté sexuelle en Belgique a atteint un degré d' immoralité.

53,4 %

estiment que l'homosexualité est l'un des dangers les plus importants pour la morale.

54,5 %

se prononcent contre l'idée d'obliger les jeunes à se marier à des personnes qu'elles ne connaissent pas. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à s'opposer au mariage forcé ou arrangé que les hommes (59,4 % contre 49,7 %).

21,9%

C'est le taux de confiance accordé aux mosquées, pointée comme l'institution la plus digne de confiance par les personnes interrogées, suivie des établissements de soins de santé (21,4 %) et le gouvernement belge (13,2 %). En queue de liste, la police n'obtient qu'... 1,7 % de taux de confiance. Elle précède le Parlement belge (1,5 %) et, fermant la marche, les médias (1 %).


Source : Quotidien Le Soir : http://archives.lesoir.be/citoyennete-large-etude-de-la-fondation-roi-baudouin_t-20090624-00NT24.html?query=Belgo+marocains&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=Belgo+marocains&pos=0&all=2872&nav=1

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

Les entretiens du symposium

Google+ Google+