15 juillet - Bruxelles - Visas : l'UE fait un geste controversé en faveur de la Serbie

mercredi, 15 juillet 2009
La Commission européenne a proposé mercredi d'exempter de visa dans l'UE les ressortissants de trois pays des Balkans, dont la Serbie, mais pas la Bosnie, une distinction qui suscite des critiques au moment où l'on commémore le massacre de Srebrenica.

Les deux autres pays à pouvoir bénéficier de cette faveur sont la Macédoine et le Monténégro.

"Nos experts ont évalué les progrès faits par l'ARYM (Ancienne République yougoslave de Macédoine, ndlr), le Monténégro et la Serbie, et au vu des progrès réalisés nous pouvons aujourd'hui proposer (...) la suppression des visas au 1er janvier 2010", a déclaré le commissaire européen chargé des questions d'immigration, Jacques Barrot.

Ces Etats remplissent à ses yeux les conditions posées : établissement de passeports biométriques, renforcement des contrôles aux frontières, lutte contre la corruption et le crime organisé. Les ministres de l'Intérieur de l'UE vont à présent devoir avaliser la proposition.

"C'est une étape historique dans nos relations avec les pays des Balkans occidentaux", a ajouté M. Barrot au cours d'une conférence de presse.

Le commissaire à l'Elargissement, Olli Rehn, a parlé de son côté d'un "grand jour". "Nous savons à quel point cette décision est importante aux yeux" des pays concernés, a-t-il dit.

En revanche, deux autres pays des Balkans, dont le cas a été examiné, ne sont pas retenus, faute de progrès suffisants notamment dans la mise en place de passeports biométriques : l'Albanie et la Bosnie-Herzégovine. Bruxelles leur fait miroiter une suppression de visas à l'été 2010 si les réformes nécessaires sont mises en place d'ici là.

Cette différence de traitement laisse un goût amer à certains, 10 ans après les bombardements de l'Otan sur la Serbie pour mettre fin à l'offensive de Belgrade contre les Albanais du Kosovo, et à un moment où les Musulmans bosniaques commémorent le massacre en 1995 d'environ 8.000 d'entre eux par les forces serbes à Srebrenica.

"La décision de la Commission d'exclure la Bosnie-Herzégovine de la libéralisation des visas ajoute l'insulte à l'offense pour des gens qui ont le plus souffert de la guerre qui a fait rage il y a moins de 20 ans de cela", a dénoncé le coprésident des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit.

En cause : le fait que les Serbes de Bosnie pourront voyager librement dans les pays de l'UE car ils détiennent aussi des passeports serbes. Alors que les Bosniaques musulmans, eux, devront obtenir un visa. Les Croates de Bosnie voyagent aussi librement, grâce à des passeports fournis par Zagreb.

"C'est une erreur politique incroyable", s'est aussi emporté l'ancien Haut Représentant de la communauté internationale et de l'UE en Bosnie, Christian Schwarz-Schilling, dans une interview publiée mardi par le quotidien allemand Bild-Zeitung.

"La Bosnie a été le théâtre à cause de l'agression serbe du pire génocide commis en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale" et aujourd'hui la Commission décide "que les Serbes pourront voyager librement mais pas les citoyens de Bosnie-Herzégovine ni du Kosovo", a-t-il ajouté.

Pour Belgrade, en revanche, la dispense de visa dans l'UE est un geste très attendu au moment où le pays est confronté à un blocage de son processus d'intégration à l'UE. Et une forme de compensation en attendant mieux.

Les Pays-Bas s'opposent en effet au dégel d'un accord de stabilisation et d'association (ASA) entre la Serbie et l'UE, première marche vers le rapprochement avec l'Union, tant que l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, n'aura pas été arrêté.

Or, un tel dégel nécessite l'unanimité des 27 Etats de l'Union européenne.

AFP

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