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29 juillet - Rabat - Le modèle alsacien de tolérance

mercredi, 29 juillet 2009

Une dizaine de responsables religieux et politiques strasbourgeois se sont rendus la semaine dernière au Maroc pour y témoigner du « modèle alsacien de tolérance » entre catholiques, protestants, juifs et musulmans.

■ Les responsables de l'association de la grande mosquée de Strasbourg ont voulu montrer aux dirigeants marocains qu'en Alsace, les trois grandes religions vivent en harmonie. Avec la bénédiction des autorités civiles : Ville, Département, Région et Conseil de l'Europe. Les Alsaciens rencontreront Ahmed Taoufik, le ministre des « Habous », les biens musulmans, Ahmed Guitaae, secrétaire général du ministère de la Culture, André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI. Une reconnaissance infinie au roi Mohammed V A chacun, les Alsaciens décrivent le dialogue interreligieux et interculturel en Alsace. Jean-François Collange, président de l'Église protestante d'Alsace et de Lorraine (EPAL), met en avant « les valeurs fondamentales » communes aux trois religions du Livre et qui peuvent « permettre au monde d'affronter l'avenir de façon constructive. » Il constate que face aux « tentatives extrémistes », le Maroc « s'efforce d'ancrer un islam paisible, pacifique et ouvert. » Le grand rabbin du Bas- Rhin, René Gutman, rappelle que le grand-père du roi actuel, Mohammed V, avait protégé les juifs pendant la guerre, refusant de les livrer au régime de Vichy. « Nous en gardons une reconnaissance infinie. » Il fait l'éloge de l'islam fait « d'ouverture et de tolérance » et rappelle qu'à Strasbourg vivent de nombreux Juifs originaires du Maroc. Le vicaire épiscopal Étienne Uberall, qui effectuait son premier voyage en terre d'Afrique, a découvert « l'âme marocaine » dont André Azoulay a parlé avec tellement de « passion ». Il évoque le dialogue entre responsables religieux à Strasbourg et qui permet aux uns de « s'enrichir de ce qu'il y a chez les autres. » Le président de la grande mosquée, Saïd Aalla, décrit la « concorde » qui règne entre les religieux. « Ils ont appuyé le projet de grande mosquée dès 1998. » Il rappelle l'aide financière de la Ville, du Département et de la Région. Il explique à ses interlocuteurs marocains le Concordat qui gère les grandes religions alsaciennes et qui a été signé le 15 juillet 1801... « Je connaissais Baudelaire et Proust, mais pas la langue de mon père » On parle aussi de cette idée de loi sur la burka, qui chatouille une partie de l'opinion française. Habiba, une jeune Franco-marocaine, estime que « c'est un phénomène marginal. Il ne faut pas de loi. » Le voile est souvent le fait de femmes en quête d'identité et qui passent « d'un extrême à l'autre », de la burka à la minijupe. Si l'on veut éviter que les jeunes se retrouvent dans « les filets de l'extrémisme », il faut leur permettre de découvrir leur double identité. « Je connaissais Baudelaire,
Proust, Verlaine, mais je ne connaissais pas la langue et la culture de mon père. » Quand elle a découvert la richesse de sa culture d'origine, Habiba s'est sentie apaisée. Elle
conclut : « Si les gens savent d'où ils viennent, ils sont moins réfractaires aux autres cultures. » Exactement ce que dira un peu plus tard un autre Marocain de Strasbourg établi maintenant à Rabat, Driss Ajbali : « Lorsqu'on est en paix avec ses racines, on peut être ouvert aux autres. »

Roger Wiltz

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Abdellah BOUSSOUF

« Ce que Strasbourg m'a appris »

Abdellah Boussouf: les musulmans de Strasbourg sauront qu'ils ont « les mêmes droits et aussi les mêmes devoirs » que les autres citoyens « Au Maroc, dit Abdellah Boussouf, je suis un Alsacien, en Alsace, je suis un Marocain. » Après 20 ans de vie à Strasbourg, il est rentré au pays. C'est lui qui a lancé le projet de grande mosquée. Arrivé à Strasbourg en 1986, Abdellah Boussouf y a « appris énormément de choses ». Il ne fait pas allusion à sa thèse d'histoire sur le Bassin méditerranéen au 13e siècle. Il a découvert à Strasbourg, « le débat contradictoire (...) On n'avait pas ça dans le monde musulman ». Dans l'Occident, il n'a pas vu le diable, il a découvert la laïcité. « C'est une chance pour l'Islam. Les musulmans doivent défendre la laïcité et s'attacher à la liberté. » L'espace public « nous appartient à tous », la vie spirituelle, c'est pour « la sphère privée ». Abdellah Boussouf estime qu'il a pu pratiquer sa religion « de manière assez correcte ». Mais, il a trouvé que l'islam avait droit, lui aussi, à une place au soleil. En coopération avec la municipalité de l'époque, il a lancé l'idée de la grande mosquée.

Car Abdellah Boussouf est d'abord un « religieux ». Président de l'association de la mosquée de l'Impasse de Mai en 1993, il a été élu vice-président du Conseil français du culte musulman en 2002. En 2006, il est parti pour la Belgique, à l'Institut d'études islamiques de Bruxelles. En décembre 2007, retour au pays, comme secrétaire général du Conseil de la communauté des Marocains de l'étranger (CCME). De là, Abdellah Boussouf « continue de soutenir le projet de la grande mosquée de Strasbourg. » Il y voit « un lieu pour les musulmans, mais aussi pour l'ensemble des Strasbourgeois, un lieu pour le dialogue interreligieux et interculturel. » Mais dans l'esprit d'Abdellah Boussouf, la grande mosquée de Strasbourg permettra à l'islam «d'être reconnu au même titre que les autres religions » et les musulmans de Strasbourg sauront qu'ils ont « les mêmes droits et aussi les mêmes devoirs » que les autres citoyens. Il se réjouit de revenir à Strasbourg pour l'inauguration de la grande mosquée, l'an prochain. Et, il sera encore plus « fier d'être Alsacien ». Inch'Allah.

RW

Source : les Dernières Nouvelles d'Alsace www.dna.fr

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