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La Cour des comptes évalue les programmes d’offre culturelle destinés aux Marocains résidant à l’étranger

mardi, 28 août 2018

La mission d’évaluation des programmes d’offre culturelle destinés aux Marocains résidant à l’étranger (MRE), menée par la Cour des comptes au titre des années 2016 et 2017, a permis de soulever plusieurs remarques et d’émettre quelques recommandations.

Manque de coordination entre les acteurs institutionnels

Dans son rapport, la Cour des comptes note que la coordination entre les différents acteurs de l’offre culturelle destinée aux Marocains du monde fait défaut. Le rapport soulève notamment l’insuffisance des mécanismes de coordination et la méconnaissance des attentes et des besoins culturels des Marocains du monde en plus du retard de la mise en œuvre d’une politique culturelle intégrée et concertée destinée aux Marocains à travers le monde.  L’examen de la structure des budgets de plusieurs intervenants institutionnels a, en outre, révélé la difficulté d’arrêter les budgets directement alloués aux activités culturelles en faveur des MRE.

Suite à ces remarques, la Cour des comptes insiste dans ses recommandations sur la nécessité d’élaborer un cadre stratégique d’offre culturelle destinée aux Marocains du monde, en coordination entre les acteurs institutionnels, qui devra être décliné en lignes directrices opérationnelles et plans d’action pragmatiques définissant clairement les principaux objectifs, échéanciers de réalisation et modalités de coopération. Le rapport recommande également d’activer les démarches de contextualisation, d’adhésion et d’appropriation des résultats de l’étude réalisée par le Ministère chargé des MRE et des affaires de migration (MCMREAM) sur la politique culturelle en faveur des MRE par l’ensemble des intervenants concernés, notamment en ce qui concerne l’adoption de ses quatre axes stratégiques et la mise en œuvre des 12 projets qui en sont déclinés. Une vision globale et stratégique pour la numérisation de l’offre culturelle destinée aux MRE devra être mise en place, et ce à travers, entre autres, l’adaptation des outils et des programmes existants à la culture du numérique et l’initiation d’une dynamique de mutualisation des projets, des idées et des moyens visant la création de contenus innovants de haute qualité.

Remarques concernant les partenariats avec la société civile

En ce qui concerne le cadre du partenariat entre le MCMREAM et les instances de la société civile œuvrant en faveur des Marocains du monde, la Cour des comptes a mis le point sur trois remarques essentielles, à savoir l’absence d’une politique de ciblage par pays d’accueil, l’absence de distinction au niveau du financement entre les projets et les activités à caractère ponctuel, l’absence de motivation des décisions de sélection des projets par le Comité d’éligibilité en plus du non établissement des rapports de suivi-évaluation des projets financés.

Sur cette base, les magistrats de la Cour des comptes recommandent tout d’abord d’assoir le processus d’octroi des subventions aux associations œuvrant en faveur des MRE sur des objectifs spécifiques, des indicateurs et des cibles clairement définis permettant de mesurer la contribution des programmes et des actions entreprises en matière de renforcement de l’identité et du rattachement des MRE à leur pays d’origine et au renforcement de l’image du Maroc. Il est ensuite recommandé de veiller à la motivation des décisions d’acceptation ou de refus du cofinancement des projets par le Comité d’éligibilité près du MCMREAM, de mettre en place une démarche formalisée, permanente et adéquate assise sur des indicateurs clairs pour le suivi des projets cofinancés et la mesure de performance et d’impact sur les catégories ciblées et de veiller, en partenariat avec le Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI), à l’établissement de rapports d’évaluation spécifiques à chaque projet ou activité subventionnés.

Evaluation des projets culturels bénéficiant des subventions publiques

Les programmes relatifs aux tournées théâtrales, universités d’Eté, séjours culturels et colonies de vacances ont fait l’objet d’une évaluation dans le rapport précité. Cette évaluation comporte deux axes, à savoir « l’organisation des tournées théâtrales au niveau des pays d’accueil » et « la réalisation des autres activités de soutien culturel des MRE ». En ce qui concerne le premier axe, le rapport fait état d’une ambiguïté du cadre partenarial adopté par le MCMREAM avec les associations théâtrales et de l’insuffisance du suivi de la réalisation des représentations théâtrales. Quant au deuxième axe, le rapport met le point sur l’ambiguïté des objectifs spécifiques assignés à chaque programme, l’absence d’indicateurs de mesure de performance et d’impact en plus l’absence de coordination entre les organismes publics qui réalisent des activités culturelles similaires au profit des MRE.

Pour pallier ces dysfonctionnements, la Cour des compte recommande de procéder à une définition prospective des programmes à même d’assurer une diversité ainsi qu’une visibilité pluriannuelle, à court et moyens termes, notamment en matière de fixation des objectifs, des cibles, des zones géographiques concernées et de la consistance des programmes ; prendre les mesures nécessaires en vue d’assurer une coordination régulière entre les organismes publics qui réalisent des activités culturelles similaires au profit des MRE ; mettre en place une procédure formalisée, régulière et exhaustive de suivi et d’évaluation des représentations théâtrales en coordination avec les services consulaires concernés et enfin de procéder à une définition claire des objectifs spécifiques assignés aux trois programmes : universités d’Eté, séjours culturels et colonies de vacances, et les assortir d’indicateurs de performance et d’impact, de cibles et objectifs temporellement définis, de manière à arrêter leurs consistances et mesurer leurs succès et d’étalonner la progression des réalisations.

Problématiques liées au Programmes d’Enseignement de la Langue Arabe et de la Culture Marocaine (ELACM)

La quatrième partie de ce rapport évalue l’efficacité des Programmes d’Enseignement de la Langue Arabe et de la Culture Marocaine (ELACM). La Cour des comptes y relève les insuffisances de la gouvernance des programmes et la pluralité des intervenants et imprécision de leurs rôles, l’insuffisance des ressources humaines qui y sont affectées et le retard dans la mise en œuvre du matériel didactique et pédagogique et des manuels scolaires relatifs à l’ELACM. Le rapport a aussi mis le point sur le non achèvement du « plan d’urgence de l’ELCAM » mis en place par le MCMREAM ainsi que recours à un marché négocié sans motif valable.

A ce titre, la Cour des comptes recommande de veiller à l’élaboration d’un cadre formalisé visant la coordination des actions des intervenants institutionnels, et la définition d’objectifs spécifiques en matière de gestion du programme ELACM, ainsi que la précision des rôles et des obligations de chacun d’entre eux ; prendre les mesures nécessaires en vue d’améliorer la gouvernance, la traçabilité, le reporting des données et des statistiques afférentes à l’ELACM et d’assurer la qualité des informations collectées de manière à permettre l’analyse, le suivi et le pilotage des actions entreprises et de partager les résultats de l’étude relative au « plan d’urgence de l’ELACM », réalisée par le MCMREAM, avec l’ensemble des intervenants en vue d’assurer l’appropriation des pistes d’amélioration qu’elle a proposé.

Pour consulter le Rapport de la Cour des comptes concernant les programmes d’offre culturelle destinés aux Marocains résidant à l’étranger, cliquez ici

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Les entretiens du symposium

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