En Belgique, les immigrés voteront pour la deuxième fois le 14 octobre prochain lors d'élections communales. Verdict ?
"Cher concitoyen, depuis un certain temps, vous participez à la vie de la commune de Schaarbeek où vous êtes installé. Si vous ne possédez pas la nationalité belge, nous vous invitons à participer à la vie démocratique de votre commune en vous inscrivant sur les listes électorales." 8 464 immigrés non européens résidant dans cette commune belge de Schaarbeek, à forte population d'origine étrangère et qui appartient à la ville de Bruxelles, ont reçu ce courrier signé du bourgmestre, Bernard Clairfayt. Ils sont 1 437 à y avoir favorablement répondu. "On est dans la moyenne", constate l'élu libéral, un peu déçu tout de même du manque d'enthousiasme de ses "concitoyens" : "On souhaiterait qu'ils soient plus nombreux. Ça reste décevant au regard de la démocratie."
En France, le gouvernement promet le droit de vote à cette catégorie de la population aux élections municipales en cours de mandature, tandis qu'en Belgique, les isoloirs leur seront ouverts pour la deuxième fois le 14 octobre, à l'occasion des élections communales. Il suffit pour cela de résider officiellement dans le royaume depuis cinq ans minimum, "et de signer une attestation de respect de la déclaration des droits de l'homme ainsi que des lois du peuple belge", précise Bernard Guillaume, élu de Schaarbeek, chargé de l'état-civil.
Désintérêt
Pourtant, l'appel de l'urne ne fait pas recette. Malgré un travail de sensibilisation des élus locaux et de nombreuses associations sur le terrain, 14 % des 150 000 personnes concernées au niveau national ont fait la démarche. Les experts sont nombreux à s'être penchés sur ce relatif désintérêt. Ils évoquent trois catégories de raisons : la démarche doit être "volontaire" (alors que les Belges sont automatiquement inscrits sur les listes, car le vote est obligatoire), l'immigré "non communautaire" a, les premières années de son installation, d'autres priorités comme de s'insérer, trouver un travail, etc., ce qui limite le sentiment d'être un acteur de la vie de la cité. Enfin, le faible niveau de conscientisation politique des Belges se répandrait dans toute la société, résidents étrangers inclus. Certains notent aussi que la possibilité de voter est encore trop récente : Aux Pays-Bas, pionnier en la matière depuis 1986, le taux de participation est deux fois plus élevé.
À Schaarbeek, les noms sur les affiches électorales qui tapissent les vitrines des commerces sont aussi multiculturels que l'ambiance dans les rues. Les électeurs y sont sensibles. Mais on ne peut pas parler de vote ethnique. En tout cas, pas pour tout le monde : "Les Turcs et les Albanais sont plus nationalistes avec un plus fort réflexe communautaire", affirme Bernard Clairfayt. "Les résidents turcs ont aussi tendance à venir nous voir pour nous dire : ok, si je vote pour vous, pouvez-vous me rendre telle ou telle faveur", indique Marc Weber, directeur de cabinet du maire.
"Choix de proximité"
L'approche est différente dans la communauté marocaine : les Marocains, qui ont vu des candidats de même origine leur faire dans le passé des promesses qu'ils n'ont pas tenues, votent plus comme des Belges. "Aux élections locales, on fait des choix de proximité, analyse le politologue Marco Martiniello : la personne visible, le voisin, celui de même origine. C'est une attitude qu'on constate aussi chez les Belges d'origine."
Confirmation, de l'autre côté de la barrière, par la conseillère communale d'origine turque Filiz Gulès : "Je fais naturellement campagne dans la communauté turque et je suis le messager entre mes concitoyens d'origine et les "Belgo-Belges". Mais une fois élue, il faut être ouvert à tous. C'est la condition sine qua non pour durer en politique."
20/9/2012, Alain Franco
Source : Le Point
Le passage Roche est l'une de ces voies anonymes qui bordent des entrepôts industriels. Une ruelle étroite, dans laquelle ne s'engagent souvent que les camions de livraison. Dans ce coin à peine tracé sur les plans survivait un petit bâtiment en longueur au crépi défraîchi.Un lieu qu'avaient investi, jusqu'à la nuit du 27 au 28 septembre 2011, une vingtaine de Tunisiens et d'Egyptiens sans argent, sans papiers et sans toit, évadés des "printemps arabes".
Mgader, Slimane et les autres ...Suite
Près d'un tiers de Russes (31%) souhaitent quitter le pays, révèlent les résultats d'un sondage réalisé par le centre analytique Romir.
Selon l'étude, parmi les personnes les plus désireuses de s'installer dans un pays étranger figurent des hommes ayant une formation supérieure et un haut niveau de revenus, célibataires ou vivant en concubinage. 48% des sondés de 18 à 24 ans voudraient quitter la Russie.
Il y a sept ans, seuls 19% des Russes faisaient état de leur envie de partir, indique Romir.
L'Europe reste la destination prioritaire des émigrés potentiels (37% contre 51% en 2005), suivie par l'Amérique du Nord, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Le sondage a été réalisé auprès d'un échantillon de 1.000 personnes majeures vivant dans des villes de plus de 100.000 habitants dans les huit districts fédéraux du pays.
Les experts considèrent les résultats de l'étude comme inquiétants, principalement en raison du taux de jeunes tentés par l'émigration, et expliquent ces chiffres par une vision pessimiste de l'avenir politique et économique du pays.
21/9/2012
Source : RIA Novosti
A l’occasion de ses 25 ans, l’association Génériques, avec le soutien de la Direction de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté (DAIC) du ministère de l'Intérieur, organise les 10 et 11 décembre 2012 à la Maison de l'Europe à Paris (4e arr.) un colloque européen sur le thème du patrimoine de l’immigration.
Ce colloque a pour objectif non seulement de développer la connaissance sur le patrimoine de l’immigration mais aussi d’interroger et de croiser les pratiques de ceux et celles qui y travaillent au niveau local, national, transnational et européen (associations, pouvoirs publics, acteurs culturels, institutions patrimoniales, chercheurs...).
Les personnes intéressées sont invitées à envoyer une proposition de communication avant le 11 octobre 2012 à…Suite
L'UMP a annoncé mercredi le lancement d'une pétition nationale contre le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, "une perspective extrêmement inquiétante pour la cohésion nationale".
Le principal parti d'opposition de droite a mis le texte sur internet en fin d'après-midi. Il y dénonce une initiative contraire à la tradition républicaine française et relevant du "cynisme électoraliste".
"La gauche donne le droit de vote aux étrangers dès 2013 pour empêcher une vague bleue aux municipales de 2014", lit-on dans cette pétition. "Favoriser le vote communautariste pour compenser la perte du vote populaire, c'est le calcul d'une gauche qui sacrifie l'intérêt général pour garder le pouvoir."
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a confirmé mercredi matin sur RTL la préparation d'un projet de loi pour 2013 instaurant un tel droit. Il n'a pas exclu la possibilité d'organiser un référendum - que réclame la droite - sur cette promesse de campagne du président François Hollande.
"C'est là pour nous un point de rupture majeur sur lequel il est capital que le peuple français se prononce", a déclaré le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, lors d'un point de presse.
Le bureau politique de l'UMP s'est prononcé à l'unanimité pour le lancement d'une pétition nationale invitant Françaises et Français "à faire connaÂŒtre directement (...) leur opposition" à ce projet, a-t-il précisé.
"Cette démarche de notre part est une manière aussi de rappeler qu'il y a un parcours d'intégration à accomplir, que chacun de celles et ceux qui sont étrangers non communautaires sur notre territoire peuvent engager un processus de naturalisation et ainsi d'accession (...) à la citoyenneté française et dès lors à l'ensemble des droits et devoirs afférents", a-t-il ajouté.
Selon un sondage Ifop pour le site Atlantico diffusé mercredi, seuls 39% des Français - contre 55% en décembre 2011 - sont favorables au droit de vote aux élections locales pour les étrangers non européens résidant depuis plus de cinq ans en France.
19 septembre 2012, Emmanuel Jarry
Source : Reuters
Cherifa, Françoise Altlan et Tooria Hadraoui ouvriront le bal le 3 octobre prochain. 150 artistes marocains et bel gomarocains prendront part à la prochaine édition du Festival « Daba Maroc » dont le coup d'envoi sera donné le 3 octobre prochain à Bruxelles...Suite
Cinéaste et réalisatrice marocaine, Myriam Bakir s'est faite connaître grâce à son 1er long métrage «Agadir-Bombay». Qui avait en ligne de mire la prostitution dans le Sud marocain. Elle a récemment participé à une résidence d'écriture exclusivement dédiée au film documentaire qui s'est déroulée …Suite
Ce salon cible la communauté marocaine qui dépasse les 4S 000 personnes, en plus des Émiratis amis du Maroc...Suite
L’immigration irrégulière via la frontière algéro-marocaine s'est intensifiée ces derniers mois. Plusieurs facteurs y ont contribué: drames sociaux, guerres civiles et crises économiques. Pour contenir les flux migratoires plusieurs approches ont été expérimentées et appliquées. Pour les seuls trois derniers mois, les différents services de sécurité, au niveau de l'Oriental, ont procédé à l'arrestation et le refoulement de plus de 5400 immigrants clandestins de diverses nationalités africaines la plus part des mineurs. La majorité, une fois sur le territoire algérien, retoume au Maro...Suite
"L'herbe est toujours plus verte sur l'autre rive". Ce dicton semblait pouvoir s'appliquer un peu partout dans le monde. Il n'épargne pas l'Autriche, un pays pourtant si ... vert.
Et pourtant... Selon "Die Presse" , l'Autriche souffrirait d'une hémorragie des diplômés. Chaque année, un quart des diplômés autrichiens, soit 20.000, tentent leur chance en dehors du pays. Une moyenne annuelle de 5.000 ne reviennent plus. Paradoxe des paradoxes, ce pays tenant tout son charme de leur nombre, moins d'un étudiant étranger sur 5, originaire de pays en dehors de l'UE, a postulé en 2011 pour un emploi en Autriche à la fin de ses études universitaires. Le solde entre ceux qui restent et ceux qui partent, nationaux et étrangers confondus, est négatif pour l'Autriche.
Comment un pays aussi attractif, s'interroge Die presse, peut-il perdre autant de ses diplômés et avec eux, les compétences dont le pays a besoin et dont la formation est d'un coût très lourd pour le pays?
Sur les 222 étudiants étrangers, hors UE qui en 2011, ont postulé pour un emploi, 188 ont obtenu un poste conforme à leurs qualifications. A noter que le caractère attractif de l'Autriche joue de manière diverse selon les nationalités. C'est ainsi que 67, soit 31%, de ces diplômés sont bosniaques. Arrivent, en seconde position... les très inattendus chinois suivis respectivement des russes, indiens et des turcs. Il est à noter que ces derniers n'arrivent qu'en dernière position alors que leur compatriotes représentent la communauté étrangère résidant en Autriche de loin la plus importante.
Dès lors, la question qui se pose, pour s'arrêter un instant sur cette communauté est celle de la distinction entre les étudiants et l'immigration turque en Autriche. Les étudiants d'origine turque sont- ils issus de l'immigration turque ou bien viennent-ils de leur pays pour leurs études avant de rentrer chez eux, une fois ces dernières achevées alors que leurs compatriotes issus de l'immigration bénéficieraient moins de la promotion sociale par les études supérieures?.
Pour avoir une idée précise de la question, il faudrait aussi intégrer dans les calculs, les étudiants d'origine turque qui, une fois naturalisés ne sont pas pris en compte dans ces statistiques.
Magrit Kreuzhuber, déléguée pour la migration et l'intégration de la chambre autrichienne du commerce, insiste sur la nécessité d'une importante opération de communication afin d'améliorer le nombre des postulants de manière significative (!). Les syndicats universitaires désignent les critères quasi impossibles à satisfaire qu'oppose l'administration pour la régularisation de la situation des postulants éventuels.
Il nous semble important de comprendre ce qui exprime une doléance et un regret de la part d'un quotidien représentant l'aile plutôt conservatrice de l'opinion publique généralement prompte, quand elle a des regrets à exprimer en la matière, à se désoler de ce que les étrangers ne repartent pas chez eux.
L'explication est que la démographie en Autriche comme en Allemagne connait une phase de "récession" inédite. Le nombre des naissances baisse de manière significative depuis quelques années. C'est ainsi que la moyenne des naissances par femme est de 1,3 ce chiffre incluant les communautés étrangères. Il signifie un déficit de la natalité aggravé par le vieillissement de la population. Dès lors ce phénomène de fuite des cerveaux, généralement jeunes, est doublement pénalisant pour le pays.
20 sept. 2012, Abdallah BOUHAMIDI
Source : MAP
Attaques de magasins, menaces ou harcèlement policier: la vie n'est pas simple pour les immigrés installés en Afrique du Sud, dont les représentants accusent les autorités de légitimer la xénophobie.
La situation s'est certes calmée depuis les violentes émeutes anti-étrangers qui avaient fait 62 morts en 2008. Mais des incidents sporadiques n'ont pas cessé dans les townships.
"L'Afrique du Sud est un pays assez xénophobe", témoigne Gwada Majange, porte-parole du Consortium pour les réfugiés et les migrants (CoRMSA). "Cette année, par exemple, nous avons eu de nombreuses attaques dans le pays, ciblant principalement les propriétaires d'épiceries".
Leurs magasins sont régulièrement pillés. Les agresseurs sont souvent des concurrents locaux, ou des chômeurs leur reprochant de voler le travail des Sud-Africains.
En juillet, 500 personnes ont ainsi été déplacées après des attaques à Botshabelo, une township de l'Etat libre (centre), tandis que des boutiques ont été incendiées dans la banlieue du Cap.
Les victimes sont surtout des Bangladeshis, Somaliens ou Ethiopiens. Leur tort? S’associer pour acheter en gros et vendre moins cher, faire crédit aux clients fidèles, ouvrir tôt, fermer tard...
En ville, il y a moins d'agressions physiques, mais on reproche aussi d'être là au jardinier malawite ou à la secrétaire congolaise, dont le quotidien est une suite sans fin de vexations et de harcèlements policiers.
Car si l'Afrique du Sud fait figure d'eldorado et de havre de stabilité sur le continent, le taux de chômage officiel y dépasse les 25%.
"Ils arrêtent les gens qui n'ont pas de papiers, et même ceux qui en ont", raconte Jean-Pierre Lukamba, vice-président du Forum de la diaspora africaine, une fédération d'associations de réfugiés et d'immigrés.
"Il y a des rafles, comme jeudi dernier: ils disent +vous allez montrer vos papier au juge lundi+, et vous restez au poste le vendredi, le samedi et le dimanche. Et on vous refuse tout contact avec le reste du monde! Des fois, on ne vous dit même pas pourquoi vous êtes arrêté. Certains policiers peuvent même déchirer vos papiers", dit-il.
"C'est comme à Paris, on vous arrête à tous les coins de rue. Mais ici, les policiers sont noirs aussi", confirme Elisabeth Mozanga, une Congolaise.
La discrimination ne s'arrête pas là, comme le note Marc Gbaffou, président du Forum: "Quand tu vas à l'hôpital, si tu n'as pas de papiers sud-africains, ça devient très lent... Il y a une femme qui a perdu son enfant comme ça".
"Et pour le travail, c'est un autre problème: sur beaucoup d'offres, il y a marqué "SA only" ou "Bring your ID" (Sud-Africains seulement, apportez vos papiers sud-africains, ndlr). Les immigrants sont exclus!"
"Il n'y a pas de menaces directes ici en ville, pas comme dans certaines townships (...) Mais si tu sors, il vaut mieux ne pas oublier tes papiers! Et pour le business, les autorités font du zèle. Par principe, pour eux, on est des voleurs", ajoute un Camerounais de Johannesburg, qui n'a pas voulu donner son nom.
Les autorités sont accusées de laxisme, voire de complicité latente.
"Le gouvernement est en train de légaliser les attaques xénophobes. C'est la grande menace", souligne Marc Gbaffou.
En cause notamment, un projet de résolution de l'ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud. Regrettant que le pays ait signé la convention de Genève sur les réfugiés, l'ANC prône une immigration choisie.
"Les non Sud-Africains ne devraient pas pouvoir acheter ou gérer des épiceries ou des entreprises plus grandes sans s'être conformés à certaines dispositions législatives", écrit-il notamment, sans autre précision.
"Ils veulent institutionnaliser la xénophobie. Si même les policiers et le gouvernement vous attaquent, ça vous rend bien plus vulnérable", déplore M. Gbaffou.
"On attend le document final pour faire du tapage", ajoute-t-il.
L'ANC préfère ne faire aucun commentaire sur ce texte qui ne doit être adopté que lors de son congrès en décembre.
L'Afrique du Sud compterait un peu moins de 2 millions d'immigrés, soit 3 à 4% de la population selon des statistiques très incomplètes sur le sujet.
Quant aux étrangers blancs, ils ne sont pas inquiétés.
20/9/2012
Source : Libération/AFP
Arrivés dans les années 1970 pour construire les villes nouvelles, de nombreux travailleurs migrants vivent encore isolés dans des foyers Adoma. Une expo leur est consacrée à Evry.
Taieb retire son bonnet et avant de prendre la pose, solennel, passe sa main dans ses cheveux blancs. A bientôt 70 ans, cet Algérien n’a pas perdu en coquetterie, à moins que ce ne soit de la pudeur. La pudeur de ceux qui se sont faits petits durant trop longtemps et qui, à force, n’ont jamais vraiment pris leur place. Celle de Taieb Ben Hafed fait 7 m2. Une chambre qu’il occupe depuis 1977 au foyer Adoma des Miroirs à Evry, comme tant d’autres qui ont construit la France des 30 Glorieuses.
Ce sont les « chibanis », les vieux travailleurs migrants restés en France. Jusqu’au 27 septembre, une exposition de photographie les met à l’honneur à la maison départementale de l’habitat à Evry.
Au cœur du quartier des Pyramides, plus de la moitié des 267 résidants du foyer des Miroirs ont maintenant plus de 60 ans. Soixante d’entre eux ont même dépassé les 80 ans. « J’ai laissé ma femme et mes six enfants pour venir travailler en France en 1970 », explique Taieb comme une évidence. « J’ai travaillé partout, j’ai construit Evry-Village, la préfecture, les Tarterêts… A l’époque, c’était des champs et des bois », se souvient le chibani, les yeux perçant de fierté.
Après une vie de labeur, il vit aujourd’hui avec 800 € par mois. Une petite retraite, une aide de la CAF et le minimum vieillesse. Seulement, pour ne pas les perdre, Taieb doit justifier de six mois de résidence en France par an. « Je fais des allers-retours entre l’Algérie et ici, mais j’aime bien voyager, c’est pas grave », raconte-t-il sans ressentiment. « Il est jeune lui, ça lui fait du bien de bouger », se moque Saïd, son voisin croisé dans le hall de la résidence. Construite en 1970 pour accueillir les travailleurs migrants dont la France avait besoin, elle n’a depuis pas fait l’objet de réhabilitation. « Cela commence à être problématique, le bâtiment n’est pas adapté à une prise en charge des personnes âgées », avoue Eric Poli, responsable du foyer des Miroirs. « Autrefois, nous avions une cafétéria où les chibanis se retrouvaient tous les jours et échangeaient avec les plus jeunes, mais plus personne ne vient, on l’a fermée », lance-t-il, premier déçu. Avec sa collègue, ils s’occupent en ce moment de faire venir une aide à domicile, « pour un résidant qui perd la tête ». Les autres chibanis sont encore autonomes.
Dans sa chambre, Saïd M’Barek, 65 ans, ne manque de rien. Un petit lit, un frigo, et surtout des dizaines de photographies de sa famille, restée au Maroc. Sur les murs aux couleurs tièdes, les calendriers des dernières années passées ici. « Trente-neuf ans, ça fait beaucoup mais j’aime la France, je veux garder ma piaule », lâche le bientôt retraité. Arrivé en France en 1973, il a travaillé à la construction du centre commercial Parly 2 (Yvelines), à la gare d’Evry et a « fabriqué des 4L » chez Renault à Boulognes-Billancourt (Hauts-de-Seine). « Ma vie est ici, les jeunes du quartier, je les connais depuis qu’ils sont tout petits. » Surtout, il faut entretenir sa famille restée « là-bas ». De famille, Khemiri Bel Hassen, 70 ans, n’en a plus. Ni en Tunisie ni en France. Les 300 € de loyer payés, il ne lui reste pas beaucoup plus pour vivre avec sa petite retraite de manutentionnaire. Alors, depuis 1983, il se satisfait de sa chambre et a trouvé ses repères au foyer. « C’est petit, mais où aller? Ma vie, elle est ici malgré tout, non? » Demande-t-il le souffle court, avant de se dérober rapidement malgré un pas hésitant.
19.09.2012, Marion Kremp
Source : Le Parisien
L'histoire émouvante de la tata de Djelika relatée cette semaine dans Le Devoir est une affaire courante devenue une source de tristesse et de frustration pour beaucoup d’immigrants. Par exemple, l’ambassade du Canada à Rabat a rejeté la demande de visa d’une mère de 75ans qui n’a pas vu sa fille depuis cinq ans et qui ne connaît pas ses petits-enfants !
La raison : la vieille femme n’a pas convaincu le consul qu’à l’issue de son séjour, elle retournerait au Maroc ! Pourtant, cette femme visite régulièrement ses deux autres filles en Espagne et en Allemagne.
Farid, un ingénieur à la retraite, au Canada depuis 32ans, a invité pour les vacances sa nièce, étudiante en médecine. La demande a été rejetée également. La raison : on craint que la jeune fille risque de rester illégalement au Canada.
Il y a quelques années, à Damas, l’ambassade du Canada a refusé d’accorder le visa à ma soeur de 60 ans. La raison : elle n’est pas propriétaire d’une maison. Comme si un locataire n’a pas le droit de voyager. Pourtant, elle est déjà venue au Canada à deux reprises auparavant.
Soupçonnés d’illégalité
Tous les jours, des frères, des soeurs, des oncles, des tantes, des grands-parents sont empêchés d’assister aux mariages ou à d’autres événements familiaux pour des raisons farfelues et sans fondements qui remettent en question l’honnêteté et la crédibilité des citoyens sans histoire en les soupçonnant de faciliter l’immigration illégale.
Pourtant, tous les Canadiens ne vivent pas cette situation. Les immigrants originaires des pays occidentaux peuvent recevoir, quand ils veulent, n’importe qui, n’importe quand, même sans liens familiaux et sans aucune preuve ou justifications. Une grand-mère française ou allemande peut décider le jour même de prendre l’avion pour voir sa fille et ses petits-enfants installés au Canada.
Le refus d’accorder le visa canadien à un certain nombre de personnes est devenu tellement arbitraire et sans fondement qu’il sent désormais le racisme et de la discrimination dans le pays du multiculturalisme et de la Charte des droits et des libertés.
Il est temps que les Canadiens de toutes origines mènent la bataille afin que le droit de visite des parents soit inconditionnel et que les autres membres de leurs familles puissent venir les visiter s’ils réunissent les conditions normales (billets aller-retour, prise en charge, etc.) avec l’engagement de celui qui les invite que ses hôtes respectent les conditions de séjour au Canada et quittent le pays à l’expiration de leur visa.
20 septembre 2012, Hassan Jamali
Source : Le Devoir.com
Le Maroc dispose de trois atouts majeurs pour attirer les investissements des Marocains résidant à l’étranger: un cadre économique favorable, une main d'œuvre compétitive et qualifiée et un positionnement géographique stratégique. La diaspora marocaine peut, sur ce plan-là, être d’un grand apport pour l’économie nationale. Afin de l’encourager et de l’accompagner dans sa volonté d’investir dans le royaume, d’importants efforts économiques, fiscaux et douaniers ont été consentis par l’Etat.
Pourquoi investir au Maroc ?
Le Maroc s’est engagé dans un ambitieux programme de réformes structurelles dans plusieurs domaines axés sur la libéralisation de l’économie et l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Ces dernières années, plusieurs accords d’association et de libre-échange ont été signés, contribuant ainsi à l’ouverture de son économie. Pour attirer les investisseurs étrangers, le royaume développe une stratégie d’attraction qui repose sur un cadre institutionnel et légal plus incitatif à l’égard de ces derniers. Le Maroc a considérablement progressé pour ce qui est de la stabilité macroéconomique avec des taux d’inflation faibles et une maîtrise de la balance des paiements. Des accords bilatéraux de protection et garantie des investissements ou de non double imposition ont été conclus avec plus de 30 pays. Enfin, le pays a développé des infrastructures d’accueil conformes aux standards internationaux telles que le grand port Tanger Méditerranée, des zones industrielles entièrement aménagées, des techno parcs, des zones franches d'exportation et logistiques et des places offshore dans les principales villes du royaume.
Ainsi, son emplacement stratégique (à seulement 14 kilomètres de l’Europe), son économie croissante, le développement des infrastructures et les accords commerciaux avec plus de 40 pays font du Maroc une plateforme par excellence ouverte aux investissements et à l'exportation vers les pays de l'Union Européenne, l’Amérique du nord, le Moyen Orient et l'Afrique.
Environnement favorable pour l’investissement MRE.
Partout dans le monde, la diaspora marocaine développe aujourd’hui une expertise et un savoir-faire qui lui ont permis d’investir et de maîtriser les domaines à haute valeur ajoutée. Parallèlement, le Maroc s’est engagé, depuis plus d’une décennie, dans de vastes chantiers structurants touchant l’ensemble des secteurs économiques en vue de développer des pôles de compétitivité visant à le repositionner sur l’échiquier économique international, créant ainsi d’importantes opportunités d’investissement. Pour permettre aux Marocains du Monde de saisir ces opportunités d’investissement tout en faisant bénéficier leur pays de l’expertise qu’ils ont acquise, l’Etat a mis en place un dispositif exceptionnel pour les inciter à investir dans leur pays d’origine. En effet, en plus des exonérations fiscales octroyées dans le cadre du droit commun, la réglementation marocaine prévoit des avantages spécifiques d’ordre financier, fiscal et douanier accordés aux investisseurs dans le cadre de conventions ou contrats d’investissement à conclure avec l’Etat. Celui-ci contribue à certaines dépenses liées à l’investissement via le Fonds de Promotion de l’Investissement (FPI) et contribue également à certaines dépenses pour la promotion de l’investissement dans des secteurs industriels déterminés à travers le Fonds Hassan II pour le Développement Economique et Social. Aussi, les investisseurs bénéficient-ils au Maroc de certaines exonérations dont les principales sont l’exonération des droits de douane et l’exonération de la TVA à l’importation. A noter que ces quatre avantages sont cumulables au titre d’un même projet d’investissement.
19/9/2012, Mouna Lahrach
Source : Protail des Marocains du monde
La Suisse est de plus en plus masculine. Le marché du travail attire plus d'hommes que de femmes de l'étranger. En Suisse centrale, les hommes sont déjà plus nombreux que les femmes.
La Suisse ne compte plus que 110'000 femmes de plus que d'hommes, avertit mercredi le Tages-Anzeiger. Depuis 2001, la part des femmes à l'ensemble de la population est passée de 51,1% à 50,7%. Non pas qu'elles vieillissent moins bien: cette tendance reflète l'impact de l'Accord sur la libre circulation des personnes.
Depuis l'ouverture du marché du travail, la Suisse a attiré plus d'hommes que de femmes de l'étranger. Au point que si la tendance actuelle se maintient, les femmes pourraient perdre tantôt la part majoritaire à la population qu'elles ont prise depuis les années 50 du fait du vieillissement de la population, confirme l'Office fédéral de la statistique (OFS) dans une évaluation effectuée à la demande du quotidien zurichois.
Avec l'immigration, le marché du travail est responsable de ce mouvement de rééquilibrage hommes-femmes. La finance, la construction, l'industrie et le commerce de matières premières sont des secteurs qui recrutement fortement à l'étranger, explique le professeur François Höpflinger, de l'Institut de sociologie de l'Université de Zurich. Et classiquement, ces branches engagent plutôt des hommes.
Le Jura, Fribourg et le Valais
La Suisse latine n'est pas la plus exposée au phénomène: la proportion d'hommes y est encore de 48,9%. Mais le Jura (49,2%), le Valais (49,4%) et surtout Fribourg (49,8%) se rapprochent de la parité hommes-femmes, selon les chiffres de l'OFS pour 2011 compilés par Le Matin.
Outre-Sarine, seuls les deux Bâle et Berne connaissent encore, comme la plupart des Romands, une nette surreprésentation de femmes. Partout ailleurs, la proportion d'hommes est de 49% et plus.
Elle est même aujourd'hui supérieure à 50% dans les cantons de Suisse centrale, ainsi que dans les deux Appenzell et en Thurgovie. Schwytz (51,1%) détient le record de Suisse. Il y manque déjà 3200 femmes.
Pour le travail et la vie citadine
Ces cantons sont largement tournés vers l'industrie et l'agriculture, expliquent les spécialistes. Comme celles issues de l'immigration, les jeunes femmes qui y grandissent quittent leur région pour s'établir dans les centres urbains, attirées notamment par des possibilités de formation et d'emploi nettement plus importantes.
Les professions de la santé, où les femmes sont fortement représentées, sont par exemple largement inscrites dans les tissus urbains. Ce mouvement vers les villes explique aussi pourquoi les femmes restent majoritaires à Bâle, Berne et Zurich, ainsi qu' à Genève et dans le canton de Vaud.
19.09.2012, Marc-Henri Jobin
Source : Le Matin.ch/(Newsnet)
Une forte participation marocaine est prévue pour cette deuxième édition du Festival de Malmo en Suède qui aura lieu du 28 septembre jusqu'au S octobre prochain…Suite
L'Opération Tiansit-2012, qui a pris fin dimanche dernier, s'est déroulée dans des conditions normales, a indiqué une source officielle proche du ministère espagnol de l'Intérieur, dans un communiqué, remis à AI Bayane…Suite
Le Conseil Français du Culte Musulman a appris avec une profonde consternation la publication mercredi par l’hebdomadaire Charlie Hebdo de dessins insultants à l’égard du prophète de l’islam.
LE CFCM condamne avec la plus grande vigueur ce nouvel acte islamophobe qui vise à offenser délibérément les sentiments des Musulmans.
Le CFCM exprime sa profonde inquiétude face à cet acte irresponsable qui, dans un contexte très tendu, risque d’exacerber les tensions et de provoquer des réactions préjudiciables.
Le CFCM, profondément attaché à la liberté d’expression considère que rien ne peut justifier l’insulte et l’incitation à la haine.
Le CFCM lance un appel pressant aux musulmans de France à ne pas céder à la provocation et les exhorte à exprimer leur indignation dans la sérénité par des moyens légaux.
18/9/2012
Source : Site du CFCM
Les migrations et la sécurité ont été au coeur du tout premier forum parlementaire organisé entre l'Espagne et le Maroc.
Les autorités marocaines ont tenté de mettre un frein à l'immigration clandestine, en expulsant près de cinq cents migrants entrés illégalement sur le territoire depuis le début de ce mois, a rapporté l'AFP ce mardi 18 septembre.
Ces contrevenants ont été généralement expulsés du pays à partir d'un poste frontière situé à proximité d'Oujda, le long de la frontière algérienne, qui, s'il est officiellement fermé depuis 1994, est toutefois devenu la porte d'entrée principale ouverte sur le Maroc et utilisée par les migrants africains.
L'Espagne s'est également placée en première ligne en termes de répression, Madrid et Rabat ayant coopéré pour expulser des dizaines de migrants qui avaient rejoint à la nage un petit îlot espagnol, tout proche des côtes marocaines.
Les responsables des deux pays se sont rencontrés en début de mois pour s'entretenir des efforts conjoints dans la lutte contre l'immigration clandestine.
"Il est nécessaire d'appréhender les questions migratoires de façon équilibrée et dans un esprit de responsabilité partagée", a relevé le ministre délégué marocain aux Affaires étrangères et à la Coopération, Youssef Amrani, lors du premier forum parlementaire maroco-espagnol organisé le 5 septembre.
La lutte contre les migrations clandestines n'est pas une tâche aisée, a déclaré le diplomate, en soulignant les efforts déployés par le Maroc pour combattre ce phénomène.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo a pour sa part salué le niveau de coopération avec le Maroc en matière de lutte contre l'immigration clandestine.
Cette coopération doit rester permanente, selon le président de la Chambre des représentants Karim Ghellab. La question de l'immigration clandestine ne doit pas uniquement être traitée sous un angle sécuritaire, mais aussi orientée selon une perspective économique de co-développement.
Par ailleurs, le président du sénat espagnol, Pio Garcia Escudero Marquez, a assuré que les huit cent mille Marocains résidant en Espagne ont parfaitement le droit, au même titre que les Espagnols, aux aides pour atténuer les effets de la crise économique dans ce pays.
La coopération sécuritaire ne touche pas uniquement les migrations, mais s’étend aussi à la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, les trafics d’armes et de drogue, selon les responsables des deux parties.
Pour sa part, Enrique Cascallana Gallastegui, porte-parole de la commission de l'Intérieur au sénat espagnol, a salué la collaboration fructueuse en matière de lutte contre le terrorisme, qui a permis de démanteler plusieurs groupes terroristes internationaux.
Il a appelé au développement économique et social pour traiter les causes du terrorisme, qui n'est pas un phénomène touchant uniquement le Maroc et l'Espagne, mais un problème plus global.
La question de la sécurité requiert une approche régionale, a-t-il ajouté. Ce qui se passe dans la région sahélo-saharienne, avec l'arrivée d'éléments terroristes liés aux réseaux de narcotrafiquants, ne menace pas uniquement les pays de la région, mais ses effets d'entraînement touchent aussi la rive nord de la Méditerranée et particulièrement l'Espagne.
Une vision partagée par Alejandro Munoz-Alonso Ledo, président de la commission des Affaires étrangères au sénat espagnol. Il a affiché son inquiétude quant à l'insécurité au Sahel, rappelant l'enlèvement de ressortissants espagnols dans les camps de Tindouf par al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
18/09/12, Siham Ali
Source : Magharebia
Eux sont tout sauf des fils à papa. Enfants de l’immigration, gamins des banlieues ouvrières, jeunes délinquants repentis, ils ont dû s’accrocher pour gravir une à une les marches de l’échelle sociale. La preuve que, même affaiblie, l’école de la République peut encore jouer son rôle...
Mourad et Yahia Benamer n’ont, pour leur part, jamais beaucoup aimé l’école. Nés à Aubervilliers, dans le «neuf trois», ces fils d’immigrés marocains ont en revanche toujours adoré le business. Ils ont d’abord ouvert des sandwicheries aux abords des facs parisiennes, dont ils avaient judicieusement négocié les tarifs avec les syndicats étudiants, avant de récidiver avec un concept de resto japonais qui a fait florès. Eat Sushi aligne aujourd’hui 35 points de vente et ambitionne d’en ouvrir dix de plus chaque année.
Ça rassurera plus d’une famille : dans la France de 2012, il est encore possible d’aller loin en partant de pas grand-chose. Certes, la montée est devenue plus délicate du fait de la crise : le chômage bouche les horizons, les discriminations sociales et ethniques entravent les progressions et l’école républicaine, qui ploie littéralement sous les difficultés, peine à jouer son rôle d’intégration. Si bien que l’ascension vers les hautes couches se fait désormais plutôt par l’escalier qu’en ascenseur, comme du temps des Trente Glorieuses. Mais les histoires de réussites au talent et à l’arrache égaient toujours les quartiers défavorisés. Les quelques portraits que nous vous présentons dans ces pages prouvent que ces hommes et ces femmes d’exception ne sont pas seulement courageux. Ils sont aussi sympathiques.
De la cité HLM à la start-up à succès
Lorsqu’ils ont débarqué du Maroc en 1965, ses parents ne parlaient pas un mot de français. Ils l’ont appris en même temps que leurs six enfants. «On peut tout faire si l’on s’en donne les moyens», répétait inlassablement Abdelkebir Khallaf à sa fille. Leïla Khallaf a suivi son conseil. Après avoir obtenu son master à l’Efap (l’école des métiers de la com), la gamine des HLM de Vélizy a fait une belle carrière en entreprise, où elle s’est imposée comme gestionnaire de la communication et du marketing on line. Après six années chez Areva, elle a créé en 2008 son cabinet, baptisé Manufactur-e. Aujourd’hui, elle réalise des projets multimédias pour Carrefour, Veolia, Total, Alcatel-Lucent… Son père, qui a ouvert un commerce de voitures d’occasion après sa retraite de chauffeur de poids lourd, peut être fier de la réussite de Leïla. Comme de celle de ses frères et de sa sœur, tous devenus entrepreneurs.
De Tourcoing la sinistrée à la présidence de Mallyance
Sa vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. Elevé à la Marlière, le quartier de Tourcoing où Etienne Chatiliez a tourné son film, Farid Echeikr mène, à 38 ans, plusieurs existences de front : patron de Mallyance, un groupe de SSII parisiennes qui emploie 60 ingénieurs et réalise 4 millions d’euros de chiffre d’affaires, business angel dans une start-up aux Etats-Unis, vice-président du club de basket de sa ville natale, animateur d’associations d’aide aux jeunes en difficulté, maire-adjoint socialiste de Fosses (Val-d’Oise), enfin mari et père de deux enfants. Durant ses études – ses parents, ouvriers dans le textile qui ont connu le chômage, contrôlaient de près ses résultats – cet ingénieur en informatique a lu «Gagner», d’un certain Bernard Tapie, dont il n’avait jamais entendu parler. «Ça a été une révélation», en sourit-il aujourd’hui. Il espère cependant ne pas tomber dans les travers de son mentor…
De la prison de Moulins à l’histoire médiévale
Depuis des mois, Philippe Maurice épluche les archives de la Lozère pour suivre l’ascension sociale des familles du Gévaudan. Chargé de recherches au CNRS et enseignant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Philippe Maurice est un de nos plus brillants médiévistes. Il a déjà signé cinq volumes, dont une biographie de Guillaume le Conquérant, mais aussi un livre titré «De la haine à la vie» (Le Cherche-Midi, 2001), dans lequel il revient sur son itinéraire personnel. Car, avant de devenir historien, il fréquentait le milieu de la grande délinquance, au point d’avoir été… condamné à mort en 1980 pour le meurtre d’un policier. Gracié par François Mitterrand, c’est le garde des Sceaux, Robert Badinter, qui lui a annoncé cette décision à la prison de Moulins (Allier), en l’exhortant à reprendre des études. Muni de son seul CAP d’aide-comptable, Philippe Maurice s’est aussitôt mis à bûcher, obtenant le bac, une licence d’histoire, un DEA, puis une thèse avec la mention «très honorable». Ce parcours d’excellence, c’était sa contribution au combat des abolitionnistes. Sa façon à lui de montrer que, si mal partie soit-elle, une destinée peut toujours s’inverser.
D’un guichet du Crédit lyonnais à la direction de BNP Paribas
Avec ses diplômes, lui avait-on fait savoir, le mieux qu’Alain Papiasse pouvait espérer était d’obtenir la direction d’un petit groupe d’agences bancaires à la fin de sa carrière. Trop peu pour lui. A 57 ans, il a aujourd’hui la haute main sur tout le financement des entreprises et les activités de marché de sa banque, BNP Paribas. Et il figure dans le top 5 de l’établissement, avec la responsabilité de 20 000 salariés. Tout commence en 1973. Le bac en poche, il signe pour un job à temps plein et se retrouve aux écritures dans une agence du Crédit lyonnais de la place de la Nation, à Paris. Ensuite, son talent et ses bonnes fées, qui ont repéré un brillant employé, feront le reste. Au fil des ans et des promotions, Alain Papiasse passe par tous les postes de l’entreprise ou presque, accumulant un savoir-faire et un background exceptionnels. A 37 ans, après être sorti major de formations en cours du soir, il se voit confier la direction de la filiale new-yorkaise. En 2005, il quitte LCL pour la BNP, qui l’accueille directement au sein de son comité exécutif, excusez du peu.
Des bidonvilles du Laos à l’agrégation de philo
«Je suis né dans un caniveau de Vientiane», commence le philosophe. C’est René Péchard, le fondateur de l’association humanitaire Enfants du Mékong, qui l’arrache à la misère. Daniel Truong-Loï finit par arriver en France en 1974, à l’âge de 8 ans, accompagné de sa mère. Ils passent de foyers de la DDASS à des piaules insalubres, jusqu’à ce qu’elle soit embauchée à Nantua (Ain) comme ouvrière plasturgiste. Le petit Daniel peut enfin suivre une scolarité normale, et enchaîner les étapes d’un parcours d’exception : bac scientifique avec mention très bien, fac de Lyon, cinquième place à l’agrégation de philo. Désormais professeur de khâgne à Bordeaux, il prépare ses élèves au concours de Normale sup. Ce qui ne l’empêche pas de militer avec ses amis du Club XXIe siècle, qui regroupe des personnes issues de la diversité sorties du lot grâce à l’école de la République.
D’un milieu ouvrier au monde de la finance
Né à Chamonix en 1966, Lorenzo Bergomi a attendu l’école maternelle pour apprendre le français. Ses parents étaient immigrés de trop fraîche date pour abandonner l’usage de l’italien. «Mais ils avaient choisi la France parce qu’ils croyaient à son modèle d’intégration fondé sur l’école», se souvient leur fils. Pendant que son père trimait comme ouvrier d’entretien au téléphérique de l’aiguille du Midi, sa mère s’occupait de l’éducation des quatre enfants. Résultat : Lorenzo est devenu ingénieur télécoms, avant de faire un DEA de physique, une thèse au Commissariat à l’énergie atomique, et de filer aux Etats-Unis compléter sa formation au MIT, la célèbre université de Boston. C’est là qu’il découvre la haute finance. De retour à Paris en 1996, Lorenzo Bergomi devient spécialiste des produits dérivés à la Société générale. Dix ans plus tard, la profession le désignera «Quant of the Year» 2009, une sorte de champion du monde dans ce domaine. Aujourd’hui, il dirige la recherche sur les modèles mathématiques liés aux marchés des capitaux, une activité dont sa banque est le leader planétaire.
D’un village sénégalais au caviar de Petrossian
A la maison, Rougui Dia ne cuisinait jamais. C’est sa mère qui préparait le «tiep bou dien», le riz au poisson sénégalais, selon la recette de ses grands-parents restés au village, dans le nord du pays. On imagine donc la surprise d’Aïssata lorsque, en 1989, sa fille, alors âgée de 13 ans, lui a demandé de l’inscrire dans un CAP de cuisine. Elle et son mari, ouvrier dans une fabrique de cintres, ont pourtant répondu oui sans hésiter. Quelques années plus tard, CAP, BEP, et même bac pro en poche, Rougui Dia se lance sur le marché du travail. Et se heurte à la discrimination. «Lorsqu’on me voyait arriver, la place était toujours prise», se souvient-elle. Cela ne l’a pas empêchée de percer. Remarquée par deux virtuoses des pianos parisiens, Sébastien Faré et Philippe Conticini, elle les accompagne dans plusieurs grands établissements. Avant d’entrer chez Petrossian, le roi du caviar, dont elle tient depuis 2005 les rênes du restaurant.
18/9/2012, Etienne Gingembre
Source : Capital
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