vendredi 29 novembre 2024 23:02

Ce livre traite de la question de la parenté et son rôle dans l’évolution de la migration des Figuiguiens. Il s’agit d’une recherche académique de terrain menée conjointement à Paris et à Figuig. Son auteur Abdelkrim SAA, un natif de Figuig s’intéresse à cette question depuis 1986, lors de sa préparation d’un mémoire de DEA de Sociologie rurale, sous la direction du sociologue Mohammed Guessous, sur l’émigration des Figuiguiens vers l’intérieur du Maroc…Suite

COMMUNIQUE DE PRESSE

 Commémoration du centenaire de Cherif Mohamed Ameziane

Du 10 au 16 mai 2012 à Nador

Une cérémonie de commémoration en hommage à Cherif Mohamed Ameziane aura lieu du 10 au 16 mai 2012 à Nador. Figure incontournable de la résistance contre la colonisation et doté d’un leadership exemplaire, Cherif Mohamed Ameziane a su stimuler les sentiments nationalistes et patriotiques des tribus du Rif afin de contribuer à libérer la nation. Il fut enterré dans sa région natale. :!

L’Université Internationale de Rabat organise le Mercredi 16 Mai une rencontre autour de l’œuvre du regretté Edmond Amran El Maleh…Consulter le programme

La Conférence internationale sur les Droits des migrants : Femmes migrantes et travailleurs domestiques, a entamé ses travaux, jeudi à Nairobi, avec la participation du Maroc.

Une attention particulière sera accordée aux femmes migrantes et aux travailleurs domestiques, étant donné que la protection des femmes au sein des migrants internationaux en Afrique augmente de façon continue. En 2010, les estimations ont montré que 46,8 pour cent des 19,2 millions de migrants internationaux en Afrique étaient des femmes.

Engagées dans des travaux domestiques, les travailleuses migrantes restent le groupe le plus vulnérable parmi les travailleurs migrants et sont victimes de discrimination et d'abus sexuels et physiques commis par des agents et des accompagnateurs durant leur transit, soulignent des participants à la conférence.

Ils font observer que dans les pays hôtes, beaucoup de femmes migrantes occupent des emplois relativement peu spécialisés dans les industries manufacturières, les travaux domestiques ou les secteurs des loisirs et souvent sans statut légal avec un accès limité aux services de santé.

Ces femmes et ces filles n'ont pas souvent connaissance de leurs droits, ce qui augmente ainsi leur vulnérabilité du fait de l'absence de mécanismes juridiques nationaux qui reconnaissent et protègent leurs droits, déplorent les participants.

Initiée dans le cadre du Partenariat Afrique-Union européenne Migration, Mobilité, Emploi (MME), la rencontre réunit les Etats membres de l'Union africaine, de l'UE, des Communautés Economiques Régionales Africaines (CER), des ONG et Organisations Internationales qui plaident pour les droits des migrants, ainsi que certains acteurs privés.

La conférence est un cadre de discussion, de dialogue et d'échange d'expériences pour renforcer le soutien à la protection des droits des migrants lors de l'élaboration des politiques de migration, notent les organisateurs.

Les participants engageront des discussions sur les problèmes et les principaux défis que présente la protection des droits des migrants, y compris les femmes migrantes et les travailleurs domestiques.

En outre, ils examineront les voies et moyens à même de promouvoir les cadres juridiques et institutionnels, en vue de faire face aux violations et sécuriser la protection des femmes migrantes et des travailleurs domestiques.

Il s'agit en fait d'établir une justice sociale pour les travailleurs domestiques et de promouvoir l'autonomisation économique des femmes migrantes, en vue de leur contribution au développement des pays d'origine et des pays d'accueil.

Les deux jours de la conférence vont ainsi permettre aux participants d'avoir un regard plus profond sur les droits des migrants, le cadre juridique et institutionnel régional et international, l'autonomisation économique des femmes migrantes et des travailleurs domestiques et les meilleures pratiques et les leçons apprises en Afrique et en Europe . Le Royaume est représenté à cette rencontre par M. Mohammed Baallal, responsable de la Coopération au Ministère de l'Emploi.

10 mai 2012

Source : MAP

La hausse des arrivées des marocains résidant à l'étranger (MRE) de 11,8 pc avait permis d'atténuer les arrivées des touristes étrangers au niveau des arrivées globales qui s'étaient raffermies de 3,7 pc.

Le Produit intérieur brut (PIB) aurait progressé de 2,2 pc au premier trimestre 2012, en glissement annuel, selon le Haut-commissariat au Plan (HCP).

Compte tenu des indicateurs de conjoncture disponibles à fin mars, le rythme de croissance de la valeur ajoutée hors agriculture aurait ralenti à 4,3 pc au premier trimestre de l'année en cours contre 5,6 pc un trimestre auparavant, indique le HCP dans un point de conjoncture pour le mois d'avril.

Ce ralentissement est attribuable à la décélération des activités secondaires, dont le rythme d'évolution n'aurait pas dépassé 1,9 pc durant cette période contre 5,7 pc au quatrième trimestre de l'année précédente.

Les activités tertiaires auraient, à l'inverse, conservé leur orientation favorable, contribuant à trois points à la croissance économique globale, précise le HCP.

Pour sa part, la valeur ajoutée agricole, ayant subi les effets du déficit pluviométrique, aurait accusé une baisse de 11,7 pc au cours de la même période en variation annuelle.

Cette situation se serait accompagnée par un creusement du déficit commercial agricole, au terme des deux premiers mois de l'année en cours durant lesquels les quantités exportées des agrumes et des primeurs se sont fléchies de 16 pc et 2 pc respectivement en glissement annuel.

Quant au secteur de la pêche, sa valeur ajoutée aurait connu, au premier trimestre une contraction de 9,4 pc en variation annuelle.
Cette contreperformance fait suite à une progression de 2,5 au dernier trimestre de l'année précédente, due principalement à l'amélioration respective des débarquements des poissons pélagiques et des crustacés de 16,5 pc et 8,2 pc.

Concernant la valeur ajoutée minières, elle aurait baissé de 9,4 pc au premier trimestre en glissement annuel, sur fond des effets de la baisse de la production phosphatière et la décélération de la demande internationale des fertilisants.

La valeur ajoutée des industries de transformation, hors raffinage, aurait également, inscrite en baisse avec un repli de 0,8 pc au premier trimestre 2012 par rapport au dernier trimestre de l'année précédente.

En revanche, la valeur ajoutée du Bâtiment et travaux publics (BTP) aurait progressé de 6 pc au premier trimestre de l'année en cours tout en prévoyant une hausse de 6,5 pc pour le deuxième trimestre de la même année, ajoute la même source.

Ainsi, les ventes du ciment ont progressé de 2,3 pc au premier trimestre, en glissement trimestriel.

Quant à elle, la valeur ajoutée énergétique, est restée dynamique au début de 2012, affichant une hausse de 8,6 pc contre 9,3 pc au quatrième trimestre de l'année écoulée, en glissements annuels.

S'agissant de la valeur ajoutée des secteurs de l'hébergement et de la restauration, hors effets saisonniers, ils ont enregistré une hausse respective de 1,5 pc et 0,4 pc pour les premier et deuxième trimestres 2012 contre une baisse de 1,6 pc au quatrième trimestre de l'année précédente, en variation trimestrielle.

Il en est de même pour les nuitées réalisées dans les établissements d'hébergement touristique classés, qui avaient affiché un recul de 3,9 pc, suite au repli de 4,6 pc des nuitées des non-résidents et de 1,9 pc de celles des résidents.

Les arrivées des touristes étrangers s'étaient également inscrites en baisse (-2,7 pc en variation trimestrielle), subissant le recul des arrivées en provenance de l'Europe.

La hausse des arrivées des marocains résidant à l'étranger (MRE) de 11,8 pc avait permis, toutefois, d'atténuer cette baisse au niveau des arrivées globales qui s'étaient raffermies de 3,7 pc.

Pour ce qui est de la valeur ajoutée des transports, elle aurait progressé de 2,7 pc au premier trimestre 2012 contre une baisse de 0,8 pc un trimestre auparavant.

09 mai 2012

Source : MAP

L'Espagne est durement accusée par des ONG pour la vulnération des droits sociaux d'immigrés alors que les conditions de travail ne cessent de se dégrader et rendre encore délicates les conditions de séjour des étrangers.

Après la France et le Canada, c'est au tour du gouvernement espagnol de procéder à un durcissement des conditions financières pour les étudiants étrangers issus des pays hors Union européenne…Suite

Les Français résidant à l'étranger peuvent élire pour la première fois 11 députés. Dans la neuvième circonscription recouvrant le quart Nord-Ouest du Continent Africain (incluant le Maroc), le premier tour aura lieu le 3 juin prochain. En course, une dizaine de candidats Franco-Marocains…Suite

La journée sera marquée par la présence d'investisseurs étrangers et de Marocains résidant à l'étranger.

Une journée d'études sur le développement au Rif sera organisée, le 26 mai au centre culturel de Nador, à l'initiative de l'association "Rif pour le développement et la solidarité" (ARID).

Cette rencontre, qui se veut un prolongement de la première rencontre de l'investissement tenue en mars 2008 à Al Hoceima, se penchera notamment sur les actions de développements dans les régions de Nador, Al Hoceima et Driouch, indiquent les organisateurs dans un communiqué.

Lors de cette journée, à laquelle prendront part des responsables des départements concernés, plusieurs exposés seront présentés sur les différents aspects du développement du Rif et les actions réalisées, ainsi que sur les contraintes et les potentialités de la région.

Les recommandations formulées à l'issue de cette rencontre, qui sera marquée par la présence d'investisseurs étrangers et de Marocains résidant à l'étranger, serviront de plate-forme pour les débats et concertations dans la perspective de promouvoir davantage la région.

09 mai 2012

Source : MAP


La communauté algérienne établie au Maroc continuait mercredi à accomplir son devoir électoral pour les législatives 2012, afin de choisir les représentants de la "zone géographique trois" à l'Assemblée populaire nationale (APN) malgré l'éloignement des bureaux de vote installés à cet effet de leurs lieux de résidence, a-t-on indiqué au sein de la circonscription de Rabat.

"En dépit de leur éloignement par rapport aux bureaux de vote et de leur dispersion, autour des grandes villes du Maroc, les membres de la communauté nationale répondaient à l'appel du devoir national depuis le premier jour du scrutin (samedi) pour élire leurs députés", a-t-on précisé de même source.

La communauté nationale résidant dans le royaume est éparpillée autour des grandes villes du centre (Rabat, Salé, Casablanca), du nord (Tanger-Tétouan) de l'est et nord-est (axe Fès-Oujda) et sud (Marrakech-Agadir), souligne-t-on.

Au bureau de vote de la circonscription électorale de Rabat, Mme Nadia Mezioud habitant Salé (ville jumelle de Rabat) a accompli l'acte de vote entre midi et heure, après avoir achevé leurs taches ménagère, a-t-elle indiqué à l'APS.

"J'ai décidé d'accomplir mon devoir électoral en choisissant le moment où je suis libre de tout engagement pour me déplacer", a déclaré a-t-elle déclaré en considérant que "l'éloignement ne peut être un prétexte pour ne pas accomplir mon devoir".

Elle a estimé que "le vote de cette fois-ci est vraiment très important car l'Algérie a besoin de changement mais dans le renforcement et la stabilité de ses institutions".

Habitant pas très loin du bureau de vote, une dame et sa belle-mère venaient de voter en faisant, néanmoins, une remarque qui revient comme un leitmotiv durant ces jours de scrutin, celui de l'absence de campagne électorale des candidats.

"Certes nous ne sommes pas confrontées au problème de l'éloignement qui, de toutes les façons, ne nous aurait pas dissuadé de voter mais nous devons reconnaître l'absence de campagne électorale de la part des candidats", a déclaré Mme Mouna Idrissi.

Interrogés sur ce problème d'éloignement, des membres du bureau de vote de Rabat ont indiqué qu'ils s'attendaient à une montée crescendo de l'opération de vote d'ici la fin du scrutin (jeudi).

"En prenant en considération le nombre d'appels reçus, depuis mardi, dans les circonscriptions consulaires, de la part des membres de la communauté, sur les modalités de vote et sa durée ainsi que sur les lieux du scrutin, l'on peut dire que la participation des Algériens du Maroc à ces élections sera appréciable", a estimé un membre du bureau de vote.

La communauté algérienne établie au Maroc accomplit son devoir électoral dans les onze bureaux de vote installés à Casablanca, Agadir et Marrakech (circonscription de Casablanca) à Rabat, Fès et Tanger (circonscription de Rabat) et Oujda (trois), Ahfir et Taza (circonscription d'Oujda).

Le nombre global des électeurs algériens inscrits sur les listes électorales au Maroc est de 11 351 avec respectivement 2 287 électeurs dans la circonscription de Rabat, 3104 à Casablanca et 5 960 à Oujda.

Six partis et une liste indépendante sont en lice pour deux sièges en compétition pour cette zone trois.
Ces partis sont le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national indépendant (RND), le Mouvement populaire algérien (MPA), l'Alliance de l'Algérie verte, le Parti Adala, le Rassemblement algérien (RA) et la liste indépendante "El Assala Oua Mouassara".

09/05/12

Source: APS


Les immigrés de Belgique désirent autant que la population générale voter ou s'affilier à des partis politiques, selon une enquête présentée mercredi à Bruxelles et menée par la Fondation Roi Baudouin (FRB) et le Migration Policy Group auprès de 1.027 étrangers nés dans un pays non-européen et en situation régulière dans les villes de Bruxelles, Liège et Anvers. L'enquête axée sur l'emploi, les langues, la participation civique et politique, le regroupement familial, le séjour de longue durée et la citoyenneté a abouti "à des résultats étonnants qui nuancent le débat sur les immigrés", selon Françoise Pissart, directrice de la fondation.
Près de 35,7% des Anversois, 29,2% des Bruxellois et 15,5% des Liégeois interrogés se sentent trop qualifiés par rapport à l'emploi qu'ils exercent. Près de sept immigrés sur dix en possession d'un diplôme étranger n'entament cependant pas les démarches pour que celui-ci soit reconnu. "Le taux d'obtention est pourtant plutôt élevé pour les personnes qui se lancent dans la procédure" selon le sociologue de l'ULB Dirk Jacobs, responsable de l'enquête belge. Les immigrés interrogés considèrent leurs faibles connaissances linguistiques comme le principal obstacle au monde du travail. Ils apprécient ainsi énormément les cours de langue qui favoriseraient leur intégration socio-économique, selon l'enquête. La plupart des immigrés seraient pourtant davantage polyglottes que le reste de la population. Les principales difficultés évoquées lors de l'apprentissage d'une langue supplémentaire sont le manque de temps, le coût élevé, l'insuffisance d'information ou l'absence de motivation.

| 09 Mai 2012

Source : RTL.BE/ Belga

3 questions à Jean-Luc Bodson, ambassadeur de Belgique au Maroc. Il détaille les conditions de l’accord signé par le Maroc et la Belgique dans lequel le Maroc a accepté de recevoir dans ses prisons des prisonniers marocains condamnés en Belgique pour des crimes commis en Belgique. Mercredi 2 mai. La ministre belge de la Justice, Annemie Turtelboom, a annoncé que 6 Marocains allaient, à ce titre, être rapatriés au Maroc.

Yabiladi : Comment a été décidé cet accord d’expulsion ?

Jean-Luc Bodson : C’est une négociation que l’on a mené de longue date avec nos amis Marocains, partant du principe que nous avons une population carcérale d’origine marocaine assez importante, en Belgique. Il y a des gens qui sont en Belgique de façon illégale, qui sont arrêtés pour un méfait ou un autre et qui doivent purger une peine de prison dans un pays qui n’est pas le leur et qui seront expulsés à la fin de leur période de rétention. Est-ce que ce n’est pas mieux qu’ils rentrent dans leur pays et qu’ils puissent y purger leur peine ? Il y a aussi le fait que nos prisons sont surpeuplées.

Sur quels critères ont été sélectionnés les 6 condamnés marocains qui vont revenir au Maroc ?

Les critères sont très strictes c’est pour cela que l’on n’a pas tellement de cas [seulement 6, ndlr]. Il faut qu’ils soient illégaux en Belgique et qu’ils aient une peine d’une certaine longueur, au moins trois ans, si je ne me trompe pas, car avec une peine de 6 mois ou d’un an, le temps de mener la procédure à terme, ils seront déjà sortis. Ils ne doivent avoir, également, aucune attache, de la famille, un conjoint, une compagne, en Belgique. Avant, cette possibilité existait déjà sur une volontaire, ici, c’est sur une base non volontaire.

Combien de personnes peuvent être concernées.

On a introduit 9 dossiers, je crois. Il y a l’un ou l’autre qui a été éliminé pour des raisons légales, donc 6 ont été retenus finalement. Dans les années qui suivent, il y aura peut être quelques dizaines [ de cas de Marocains condamnés en Belgique et finalement expulsés vers le Maroc pour y purger leur peine, ndlr]. Je ne sais pas si c’est 50, 60 ou 80. Ce n’est pas un nombre important.

Surpopulation carcérale deux fois plus importante au Maroc qu'en Belgique

63 124 est le nombre de personnes détenues en prison au Maroc, fin septembre 2011, selon les statistiques de la délégation générale de l’Administration pénitentiaire. Ces prisons sont prévues pour accueillir 40 000 détenus, la surpopulation carcérale est donc de 57%.

11 500 est le nombre de personnes détenues en prison en Belgique, fin 2011, selon un rapport de la Cours des comptes. Les prisons sont prévues pour accueillir 9571 détenus ; la surpopulation carcérale est donc de 20%.

En Belgique, un quart des détenus sont de nationalité étrangères et un dixième de nationalité marocaine. Les 80 détenus Marocains qui seraient concernés par l’accord d’expulsion belgo-marocain représentent à 0,7% de la population carcérale totale de la Belgique.

9/5/2012, Julie Chaudier

Source : Yabiladi

Les Voyageurs sans bagage, avec le soutien du CCME, présentent la pièce théâtrale « La Vie c’est comme un arbre », Une comédie burlesque sur l’immigration marocaine, ce jeudi 10 mai 2012 au théâtre Mohamed V de Rabat.

L'extrême droite est en passe de réussir une incroyable mystification idéologique. Le syllogisme est d'une simplicité effrayante : le Front national fait de l'immigration son obsession ; son poids électoral augmente régulièrement, jusqu'à atteindre près d'un électeur sur cinq ; donc les Français sont obnubilés pas l'immigration. Ce qui laisse une gauche un peu désemparée, et une droite virvouchant comme un poulet sans tête.

Et si tout cela n'était qu'un malentendu ? L'Histoire nous appelle à la prudence.

Gary King (université d'Harvard) et ses collègues ont analysé les élections qui se sont tenues en Allemagne entre 1924 et 1933 dans un article ("Ordinary Economic Voting Behavior in the Extraordinary Election of Adolf Hitler", Journal of Economic History, 2008). Ils ont montré que le parti nazi n'avait pas suscité le même degré d'adhésion au sein de tous les groupes sociaux.

Les travailleurs pauvres indépendants (artisans, petits commerçants), dont le statut était menacé par la crise, ont massivement soutenu le parti nazi.

En revanche, les chômeurs, tout aussi durement frappés par la crise, mais qui n'avaient plus rien à perdre, se sont largement tournés vers l'extrême gauche. Il se pourrait donc que l'adhésion à l'extrême droite soit motivée par la peur de perdre un statut fragilisé.

Ingo Geishecker (université de Göttingen) et Thomas Siedler (German Institute for Economic Research) ont confirmé cette hypothèse en s'appuyant sur des données allemandes couvrant la période 1993-2009 ("Job Loss Fears and - Extreme - Party Identification", CEGE Discussion Paper, 2011).

Ils ont établi que, toutes choses égales par ailleurs, un habitant d'Allemagne de l'Ouest avait 48 % de chances de plus de s'identifier à un parti d'extrême droite lorsqu'il se disait très préoccupé par le risque de perdre son emploi. Il est intéressant de noter au passage qu'ils n'observent aucun effet sur la probabilité de s'identifier à un parti d'extrême gauche.

LA MONTÉE DU FRONT NATIONAL

Ces éléments fournissent une grille de lecture alternative du vote d'extrême droite. En effet, la menace de perdre son statut est d'autant plus grande que l'on risque de tomber bas dans l'échelle sociale. A cet égard, la montée du Front national est à rapporter à la dégradation de la situation des catégories de la population les plus fragiles depuis dix ans.

Ainsi, par exemple, la proportion de personnes disposant de moins de 40 % du revenu médian a augmenté de 85 % entre 2002 et 2010, en France selon Eurostat, passant de 2 % à 3,7 %. Dans le même temps, le taux de pauvreté des personnes seules avec enfants à charge est passé de 29 % à 35,7 %. Le filet de protection sociale ne parvient donc plus à remplir son rôle. A cela s'ajoute la stigmatisation des bénéficiaires de la solidarité nationale, rendant le déclassement social d'autant plus douloureux.

Cela doit nous amener à réévaluer notre politique de lutte contre la pauvreté. Depuis une quinzaine d'années, cette dernière a été inspirée par les dispositifs mis en oeuvre aux Etats-Unis. Il s'agit de mettre en place des mécanismes destinés à inciter les pauvres, supposés manquer de motivation, à travailler davantage. Ces dispositifs sont complétés par des allocations spécifiques relativement généreuses à l'égard de groupes spécifiques, notamment les personnes âgées et les handicapés.

Yonatan Ben-Shalom (Mathematica Policy Research/National Bureau of Economic Research, NBER) et ses collègues ont dressé un bilan de cette démarche ("An Assessment of the Effectiveness of Anti-Poverty Programs in the United States", NBER Working Paper, 2011). Il en ressort deux enseignements.

D'une part, les modifications de comportements induites par ces dispositifs n'ont qu'un effet marginal sur la pauvreté. Il ne s'agit donc pas là d'un levier efficace.

D'autre part, la concentration des ressources sur les dispositifs incitatifs a bénéficié aux personnes qui étaient les plus proches du seuil où l'on sort de la pauvreté, au détriment de celles qui en étaient le plus éloignées. Il en est résulté une aggravation de la grande pauvreté. Seules les catégories bénéficiant de transferts ciblés ont échappé à cette évolution.

Il s'agit donc d'un renoncement radical au caractère universel de la solidarité. Ces résultats sont conformes à ceux dont on dispose pour le RSA, et sont probablement valables, dans leur ensemble, pour la France.

Faire reculer la grande pauvreté et rendre aux plus démunis la reconnaissance sociale dont ils n'auraient jamais dû être privés constitue le moyen le plus efficace d'enrayer la progression de l'extrême droite.

Cela ne sera possible qu'à la condition de tourner le dos à la stratégie adoptée depuis quinze ans, et dont le RSA est l'avatar le plus récent.

L'objectif doit être d'aider les pauvres, et non de les inciter à travailler : la lutte contre le chômage relève, elle, d'une autre logique, et requiert d'autres instruments. Cela passe, nécessairement, par une revalorisation significative des minima sociaux. C'est un impératif moral et un devoir démocratique.

9/5/2012, Thibault Gajdos, CNRS

Source : Le Monde

Le 8 mai 1945 était signée la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie. Aujourd'hui, après 5 années de xénophobie d'Etat et une campagne électorale durant laquelle, une droite - dont les composantes de droite extrême n'ont plus rien de républicaines - ainsi que le Front National - ont rivalisé dans l'abject. C'est ainsi qu'ont été tour à tour désignés « l'autre » - étranger, immigré, musulman ou supposé tel - ainsi que le Rom, à la vindicte populaire dans des discours d'exclusion dont la haine constitue le fil directeur.

Le MRAP se doit de rappeler qu'à cette victoire sur le IIIe Reich et le fascisme ont contribué, à côté des alliés -Soviétiques, Américains et Anglais pour la plupart - de nombreux immigrés venus d'Afrique noire et du Maghreb mais aussi de l'Europe toute entière.

Les uns avaient fui l'idéologie fasciste qui avait d'abord triomphé en Italie, puis en Allemagne et en Espagne ; d'autres, colonisés, espéraient que leurs peuples bénéficieraient eux aussi de cette liberté chèrement acquise pour sortir du statut colonial et devenir des citoyens de leur propre patrie.

On ne demandait pas alors aux combattants étrangers de la résistance s'ils mangeaient de la viande hallal ou s'ils avaient des papiers ! Qu'il s'agisse des Algériens, Marocains, Tunisiens, Africains, Antillais , Malgaches, de ceux du groupe Manouchian de la Main d'oeuvre Immigrée (MOI) désignés comme « terroristes » sur l'Affiche rouge, ou encore de ceux qui, dans des chars baptisés Guadalajara Ebro, Teruel, Brunete, Madrid - mais également Don Quijote ou Durruti - ont contribué à libérer Paris.

« Pourrions nous accepter que nos cimetières où se mêlent par milliers les croix chrétiennes, les étoiles juives et les croissants de l'Islam, soient ensevelies sous l'oubli et l'ingratitude ? », interrogeait le Général De Gaulle le 23 avril 1968.

Aujourd'hui un très grand nombre d' enfants et petits enfants de ces combattants morts pour la France sont sans papiers, sans droits, sans reconnaissance. Et ceux d'entre eux qui sont de nationalité française sont trop souvent victimes du racisme, de la relégation, de la discrimination.

Le MRAP tient également à rappeler que non seulement ces « indigènes » ont été exclus du défilé de la victoire du 8 mai 1945 à Paris, mais que, ce même jour, une répression terrible s'abattait en Algérie, sur la région de Sétif, parce qu'un drapeau algérien, symbole de l'indépendance, était brandi au cours d'un défilé célébrant la victoire. Il y eut alors des milliers de morts.

En ce 8 mai 2012, le MRAP tient à rendre hommage à tous ces combattants venus d'ailleurs, « à ces étrangers et nos frères pourtant », qui ont lutté pour que la devise Liberté, Égalité, Fraternité ne soit pas un vain mot. Et quel meilleur hommage que de continuer leur lutte pour une société plus juste d'où le racisme aura enfin disparu, où le « vivre ensemble » l'emportera sur toutes les peurs et les haines.

9/5/2012

Source : Newspress

La compagnie maritime italienne "Grandi Navi Veloci-GNV" (Grands navires rapides) a annoncé l'inauguration, le 26 mai prochain, de deux nouvelles dessertes à destination du Maroc.

Citée mardi par l'agence Ansa, la compagnie a indiqué dans un communiqué avoir reçu l'agrément des autorités marocaines à la demande qu'elle avait introduite à ce sujet en février dernier.

Les nouvelles dessertes devraient relier les villes de Tanger et Nador et le port français de Sète.

La liaison Tanger-Sète (passagers et fret) sera assurée au début à raison d'une fois par semaine, mais sera portée, dès la mi-juin, à deux fréquences hebdomadaires, précise la compagnie. Celle de Nador-Sète sera aussi d'une rotation par semaine.

Ces deux liaisons devront répondre aux demandes des ressortissants marocains résidant en France et offrir un service plus complet à ses clients en Afrique du nord, a affirmé la compagnie, précisant que les deux dessertes viennent s'ajouter aux trois autres que GNV assure chaque semaine à destination du Maroc, à partir de Gênes (nord-ouest de l'Italie) et de Barcelone.

Au total, 16 dessertes hebdomadaires à partir et vers le Maroc seront ainsi assurées.

08 mai 2012

Source : MAP

Le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger (MRE), Abdellatif Maâzouz, s'est entretenu, mardi à Rabat, avec le ministre flamand de l'Intégration civique, Geert Bourgeois, des moyens de renforcer la coopération bilatérale en matière d'intégration sociale des Marocains résidant en Belgique, en particulier ceux établis en Flandre.

Les entretiens entre les deux parties ont également porté sur plusieurs questions intéressant les membres de cette communauté, la première hors UE en Belgique, dont l'amélioration des conditions d'intégration requiert l'adoption de mesures nécessaires et d'une politique qui va de pair avec le respect de l'identité religieuse, culturelle et linguistique du pays d'origine.

M. Maâzouz a souligné, à cette occasion, l'importance d'améliorer les conditions des Marocains de Belgique et de ceux désirant s'y installer à travers la mise en place d'une série de mécanismes susceptibles de faciliter leur intégration, notamment en matière culturelle et linguistique, précisant qu'une telle panoplie de mesures leur permettra de participer activement à la vie communale dans le pays d'accueil, tout en préservant leur attachement et liens avec la Patrie d'origine.

Il a insisté, dans ce sens, sur la nécessité de l'apprentissage de la langue arabe et de la culture marocaine qui, a-t-il affirmé, constitue le référentiel pour cette communauté appelée, plus que jamais, à contribuer au bannissement des clichés et stéréotypes et au développement et à la valorisation de l'image des Marocains résidant à l'étranger.

De son côté, M. Bourgeois a souligné l'importance de la politique inclusive élaborée par son gouvernement en vue de soutenir des projets favorisant l'intégration sociale des étrangers, notamment les Marocains, la lutte contre les formes de discrimination et la promotion du dialogue interculturel.

Un coffret intitulé "Migrer vers la Flandre", qui constitue une base "volontaire" et "gratuite" et un pré-parcours d'intégration pour les candidats à l'émigration vers la Flandre, a été lancé par le gouvernement, a précisé M. Bourgeois.

Destinée aux personnes disposant de visa et qui comptent émigrer en Flandre dans le cadre d'un regroupement familial, cette brochure a été présentée à la presse, lundi à Casablanca.

Ce coffret d'introduction, qui contient des informations abordant différents thèmes, dont l'intégration, le travail et l'enseignement, permettra à ces candidats à l'émigration de se préparer, volontairement et gratuitement, à leur arrivée et leur intégration au nord du pays. Et de boucler dès lors plus rapidement leur parcours d'intégration civique une fois sur le sol flamand.
Ce projet, dans une phase expérimentale, se concentre pour l'heure sur la Turquie, le Maroc et la Russie, pays qui fournissent le plus grand nombre de migrants en Belgique.

08 mai 2012

Source : MAP

De jeunes taekwondoïstes marocains établis dans la province du Québec ont fait très bonne figure et laissé leur marque avec des médailles, lors de la 8ème édition du tournoi du Grand Montréal Métropolitain "Coupe Es Sabbar", disputé dimanche à Montréal.
Le Marocain Abdelilah Es Sabbar et son école des champions olympiques de Taekwondo ont marqué encore une fois l'histoire du taekwondo québécois en récoltant vingt-sept médailles, lors de ce tournoi devenu un événement sportif incontournable.

Organisée par l'Ecole des champions olympiques de taekwondo en collaboration avec l'Association canado-marocaine de promotion de taekwondo, cette édition a réuni des athlètes de différents âges et grades provenant de la grande région montréalaise ainsi que de la province québécoise.

Cet évènement tant attendu par le milieu sportif amateur a rassemblé 220 athlètes issus de 30 clubs de la grande région montréalaise ainsi que de la province du Québec. Les jeunes athlètes marocains représentaient 20 pc des participants, selon Abdelilah Es Sabbar.

Lors de ce tournoi, de jeunes athlètes marocains se sont distingués par leurs accomplissements sportifs. L'équipe de l'Ecole des champions olympiques de taekwondo composée de 34 participants a gagné 7 médailles d'or, 10 d'argent et 10 de bronze.

L'école est affiliée aux fédérations québécoise, canadienne et panaméricaine de taekwondo ainsi qu'à la Fédération mondiale de cette discipline.

Es Sabbar, ceinture noire gradée sixième dan, a fait ses débuts au Maroc avant de fonder en 2001, une année après son arrivée à Montréal, l'école des champions olympiques de taekwondo qui compte aujourd'hui plus de quatre-vingt élèves.

Natif de Rabat, Abdelilah Es Sabbar est un ancien membre de l'équipe nationale marocaine de taekwondo qui fait actuellement partie de la troisième génération de taekwondo au Québec, la première étant représentée par Maître Chong Lee (9ème Dan), fondateur de taekwondo au Canada, et la deuxième par Maître Guy Labatt (7ème Dan).

Fondateur de l'Association canado marocaine de promotion du taekwondo, Maître Es Sabbar se consacre particulièrement à la formation des jeunes au taekwondo et met également son savoir et sa compétence au service de programmes municipaux de prévention de la violence et de la délinquance juvénile.

08 mai 2012

Source : MAP

Les personnes non-européennes vivant en Belgique participeront pour la deuxième fois aux élections locales. La campagne des municipales bat son plein à Bruxelles pour le scrutin d'octobre 2012. Quelles sont les leçons à tirer des Belges ? Notre confrère de France 2 a rencontré une candidate belge d'origine africaine à Bruxelles et les autorités de la ville d'Anderlecht…Suite

L'importance du vote pour Marine Le Pen accable et surprend. On cherche des explications. Le personnel politique y va de sa sociologie portative : la France des gens d'en bas, des provinciaux égarés, des ouvriers, des sous-éduqués, effrayée par la mondialisation, le recul du pouvoir d'achat, la déstructuration des territoires, la présence à leurs portes d'étranges étrangers, veut se replier sur le nationalisme et la xénophobie.

C'est déjà du reste cette France "retardataire" qu'on accusait d'avoir voté non au référendum sur le projet de Constitution européenne. On l'opposait aux classes moyennes urbaines éduquées et modernes, qui font tout le sel social de notre démocratie bien tempérée.

Disons que cette France d'en bas est quand même, en la circonstance, le baudet de la fable, le pelé et le galeux "populiste" d'où nous vient tout le mal lepéniste. Etrange, au demeurant, cette hargne politico-médiatique contre le "populisme". Le pouvoir démocratique, dont nous sommes si fiers, serait-il allergique à ce qu'on se soucie du peuple ? C'est l'avis dudit peuple, en tout cas, et de plus en plus. A la question "les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ?", la réponse entièrement négative "pas du tout" est passée de 15 % de l'ensemble en 1978 à 42 % en 2010 ! Quant au total des réponses positives ("beaucoup" ou "assez"), il est passé de 35 % à 17 % (on se reportera, pour cette indication statistique et d'autres d'un très grand intérêt, au numéro hors série de la revue La Pensée titré "Le peuple, la crise et la politique" et réalisé par Guy Michelat et Michel Simon). La relation entre le peuple et l'Etat n'est pas faite de confiance, c'est le moins qu'on puisse dire.

Faut-il conclure que notre Etat n'a pas le peuple qu'il mérite, et que le sombre vote lepéniste atteste cette insuffisance populaire ? Il faudrait alors, pour renforcer la démocratie, changer le peuple, comme le proposait ironiquement Brecht...

Ma thèse est plutôt que deux autres grands coupables doivent être mis en avant : les responsables successifs du pouvoir d'Etat, de gauche comme de droite, et un ensemble non négligeable d'intellectuels.

En définitive, ce ne sont pas les pauvres de nos provinces qui ont décidé de limiter autant que faire se peut le droit élémentaire d'un ouvrier de ce pays, quelle que soit sa nationalité d'origine, de vivre ici avec sa femme et ses enfants. C'est une ministre socialiste, et tous ceux de droite ensuite qui se sont engouffrés dans la brèche. Ce n'est pas une campagnarde sous-éduquée qui a proclamé en 1983, que les grévistes de Renault - en effet majoritairement algériens ou marocains - étaient des "travailleurs immigrés (...)agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises".

C'est un premier ministre socialiste, bien entendu à la grande joie de ses "ennemis" de la droite. Qui a eu la bonne idée de déclarer que Le Pen posait les vrais problèmes ? Un militant alsacien du Front national ? Non, c'est un premier ministre de François Mitterrand. Ce ne sont pas des sous-développés de l'intérieur qui ont créé les centres de rétention pour y emprisonner, hors de tout droit réel, ceux qu'on privait par ailleurs de la possibilité d'acquérir les papiers légaux de leur présence.

Ce ne sont pas non plus des banlieusards excédés qui ont ordonné, partout dans le monde, qu'on ne délivre aux gens des visas pour la France qu'au compte-gouttes, pendant qu'on fixait ici même des quotas d'expulsions que devait à tout prix réaliser la police. La succession des lois restrictives, attaquant, sous prétexte d'étrangeté, la liberté et l'égalité de millions de gens qui vivent et travaillent ici, n'est pas l'oeuvre de "populistes" déchaînés.

A la manoeuvre de ces forfaits légaux, on trouve l'Etat, tout simplement. On trouve tous les gouvernements successifs, dès François Mitterrand, et sans répit par la suite. En la matière, et ce ne sont que deux exemples, le socialiste Lionel Jospin a fait savoir dès son arrivée au pouvoir qu'il n'était pas question d'abolir les lois xénophobes de Charles Pasqua ; le socialiste François Hollande fait savoir qu'on ne décidera pas les régularisations de sans-papiers autrement sous sa présidence que sous celle de Nicolas Sarkozy. La continuité dans cette direction ne fait aucun doute. C'est cet encouragement obstiné de l'Etat dans la vilenie qui façonne l'opinion réactive et racialiste, et non l'inverse.

Je ne crois pas être suspect d'ignorer que Nicolas Sarkozy et sa clique ont été constamment sur la brèche du racisme culturel, levant haut le drapeau de la "supériorité" de notre chère civilisation occidentale et faisant voter une interminable succession de lois discriminatoires dont la scélératesse nous consterne.

Mais enfin, nous ne voyons pas que la gauche se soit levée pour s'y opposer avec la force que demandait un pareil acharnement réactionnaire. Elle a même bien souvent fait savoir qu'elle "comprenait" cette demande de "sécurité", et a voté sans état d'âme des décisions persécutoires flagrantes, comme celles qui visent à expulser de l'espace public telle ou telle femme sous le prétexte qu'elle se couvre les cheveux ou enveloppe son corps.

Ses candidats annoncent partout qu'ils mèneront une lutte sans merci, non tant contre les prévarications capitalistes et la dictature des budgets ascétiques que contre les ouvriers sans papiers et les mineurs récidivistes, surtout s'ils sont noirs ou arabes. Dans ce domaine, droite et gauche confondues ont piétiné tout principe. Ce fut et c'est, pour ceux qu'on prive de papiers, non l'Etat de droit, mais l'Etat d'exception, l'Etat de non-droit. Ce sont eux qui sont en état d'insécurité, et non les nationaux nantis. S'il fallait, ce qu'à Dieu ne plaise, se résigner à expulser des gens, il serait préférable qu'on choisisse nos gouvernants plutôt que les très respectables ouvriers marocains ou maliens.

Et derrière tout cela, de longue date, depuis plus de vingt ans, qui trouve-t-on ? Qui sont les glorieux inventeurs du "péril islamique", en passe selon eux de désintégrer notre belle société occidentale et française ? Sinon des intellectuels, qui consacrent à cette tâche infâme des éditoriaux enflammés, des livres retors, des "enquêtes sociologiques" truquées ? Est-ce un groupe de retraités provinciaux et d'ouvriers des petites villes désindustrialisées qui a monté patiemment toute cette affaire du "conflit des civilisations", de la défense du "pacte républicain", des menaces sur notre magnifique "laïcité", du "féminisme" outragé par la vie quotidienne des dames arabes ?

N'est-il pas fâcheux qu'on cherche des responsables uniquement du côté de la droite extrême - qui en effet tire les marrons du feu - sans jamais mettre à nu la responsabilité écrasante de ceux, bien souvent - disaient-ils - "de gauche", et plus souvent professeurs de "philosophie" que caissières de supermarché, qui ont passionnément soutenu que les Arabes et les Noirs, notamment les jeunes, corrompaient notre système éducatif, pervertissaient nos banlieues, offensaient nos libertés et outrageaient nos femmes ? Ou qu'ils étaient "trop nombreux" dans nos équipes de foot ? Exactement comme on disait naguère des juifs et des "métèques" que par eux la France éternelle était menacée de mort.

Il y a eu, certes, l'apparition de groupuscules fascistes se réclamant de l'islam. Mais il y a tout aussi bien eu des mouvements fascistes se réclamant de l'Occident et du Christ-roi. Cela n'empêche aucun intellectuel islamophobe de vanter à tout bout de champ notre supérieure identité "occidentale" et de parvenir à loger nos admirables "racines chrétiennes" dans le culte d'une laïcité dont Marine Le Pen, devenue une des plus acharnées pratiquantes de ce culte, révèle enfin de quel bois politique il se chauffe.

En vérité, ce sont des intellectuels qui ont inventé la violence antipopulaire, singulièrement dirigée contre les jeunes des grandes villes, qui est le vrai secret de l'islamophobie. Et ce sont les gouvernements, incapables de bâtir une société de paix civile et de justice, qui ont livré les étrangers, et d'abord les ouvriers arabes et leurs familles, en pâture à des clientèles électorales désorientées et craintives. Comme toujours, l'idée, fût-elle criminelle, précède le pouvoir, qui à son tour façonne l'opinion dont il a besoin. L'intellectuel, fût-il déplorable, précède le ministre, qui construit ses suiveurs.

Le livre, fût-il à jeter, vient avant l'image propagandiste, laquelle égare au lieu d'instruire. Et trente ans de patients efforts dans l'écriture, l'invective et la compétition électorale sans idée trouvent leur sinistre récompense dans les consciences fatiguées comme dans le vote moutonnier.

Honte aux gouvernements successifs, qui ont tous rivalisé sur les thèmes conjoints de la sécurité et du "problème immigré", pour que ne soit pas trop visible qu'ils servaient avant tout les intérêts de l'oligarchie économique ! Honte aux intellectuels du néo-racialisme et du nationalisme bouché, qui ont patiemment recouvert le vide laissé dans le peuple par la provisoire éclipse de l'hypothèse communiste d'un manteau d'inepties sur le péril islamique et la ruine de nos "valeurs" !

Ce sont eux qui doivent aujourd'hui rendre des comptes sur l'ascension d'un fascisme rampant dont ils ont encouragé sans relâche le développement mental.

05.05.2012 , Alain Badiou, philosophe, dramaturge et écrivain

Source : Le Monde

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