Ils vivent en France depuis des années, ils ont construit leur vie ici ou en ont le projet. Ils aiment la nation au point de demander à en faire partie. Ils souhaitent devenir Français. Longtemps, la naturalisation fut le symbole de l’intégration réussie. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le pouvoir en place multiplie les obstacles pour limiter au maximum le nombre de naturalisations accordées, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant se vantant même d’une baisse de 30 % entre 2010 et 2011. Les candidats à la nationalité se heurtent à une série de barrières. Déposer une demande est déjà une épreuve : heures d’ouverture des préfectures en pointillé, nombre incalculable de documents administratifs à fournir, conditions drastiques à remplir. Depuis peu, il faut aussi valider un test de langue française, niveau troisième. A ces obligations légales s’en ajoutent d’autres, variables au gré des humeurs des préfectures et des objectifs fixés par le ministère.
Mahmoud, Egyptien âgé de 50 ans, vit et travaille en France depuis plus de vingt ans. Pour la quatrième fois, sa demande de naturalisation a été refusée, il a fait appel. Adama est d’origine ivoirienne. Il a fui son pays il y a sept ans. Il raconte la difficulté pour obtenir le statut de réfugié politique et son combat aujourd’hui pour devenir Français. Chacun à leur manière, tous deux témoignent du parcours éprouvant et sans fin pour devenir un citoyen français. Entre espoirs et désillusions.
«Je tourne en rond, je suis bloqué»
Mahmoud, 50 ans, égyptien, en France depuis plus de 20 ans.
« J’ai un travail, je suis employé municipal comme agent d’accueil et de sécurité. J’enchaîne les contrats d’un an renouvelable. La mairie qui m’emploie veut me titulariser comme fonctionnaire mais, pour cela, il me faut la nationalité française. J’en suis à ma quatrième demande de naturalisation. A chaque fois, refus. La première fois, c’était en 1992. J’étais marié à une Parisienne, je vivais en France depuis déjà deux ans. Les démarches sont très longues, il faut fournir tout un tas de documents, parfois difficiles à trouver comme l’acte de naissance des parents. Apporter des justificatifs de domicile de tous les endroits où on a vécu dans sa vie, aussi. Pendant la procédure, ma femme et moi, on s’est séparé. J’ai été honnête, je l’ai dit à l’administration. C’était bête de ma part, ma demande a été rejetée.
J’ai attendu quelques années avant de déposer un nouveau dossier. A l’époque, je vivais dans un foyer de travailleurs immigrés. J’y suis resté treize ans avant d’avoir un vrai logement. C’est long. Ça gâche la vie en partie, on ne peut rien construire. J’ai redéposé une demande en 2006. A chaque fois, il faut tout recommencer. La préfecture garde les justificatifs originaux. La deuxième fois, mon dossier a été refusé parce que j’étais au chômage. J’ai ensuite trouvé un emploi à la mairie, un contrat d’avenir de deux ans. J’ai refait une demande, à nouveau refusée cette fois parce que ce n’était pas un CDI… Mais je ne peux pas être embauché comme fonctionnaire parce qu'il faut être français ! Vous voyez un peu le truc ? Je tourne en rond, je suis bloqué.
Tout ça, ce sont des prétextes. Si j’étais américain ou européen, ce ne serait pas pareil, j’en suis certain. Je suis égyptien, et donc arabe, voilà la raison. Heureusement, j’ai du caractère. Dans une situation pareille, une personne faible, elle pète les plombs. Croyez-moi, il y a de quoi craquer. Surtout, je suis intégré, je vis en France depuis 1990, je ne suis jamais parti. Je n’ai jamais osé retourner en Egypte pour les vacances de peur de ne pouvoir revenir. Ma vie est ici, en France. Mes racines sont là-bas. Lors de ma première demande de nationalité, j’avais coché la case pour franciser mon prénom. Les autres fois, non. J’ai compris que même si j’obtiens le passeport français, je ne serai jamais considéré comme un citoyen à part entière, plutôt comme un Français de deuxième classe.»
«Ce n’est pas un crime de demander à appartenir à une nation»
Adama, 40 ans, d’origine ivoirienne.
«Je suis apatride. J’ai quitté la Côte-d’Ivoire précipitamment en 2005. Je n’y retournerai jamais. Mes parents et toute ma famille ont été décimés. Ce n’est plus mon pays, je ne suis plus ivoirien. Je suis parti avec une valise, sans avoir eu le temps de rien organiser. J’ai choisi la France comme pays de résidence. Parlant la même langue, j’ai cru que ce serait plus facile pour l’intégration. J’ignorais les difficultés administratives qui m’attendaient. Avant de venir, on n’en a pas conscience. Pour obtenir le statut de réfugié politique d’abord, il faut réunir de très nombreux documents, avant d’être convoqué pour un test d’intégration. Puis, il y a la visite médicale. Au total, j’ai mis un an et demi avant d’obtenir le statut de réfugié. J’ai eu de la chance, pour certains l’attente est beaucoup plus longue. Il faut ensuite demander la carte de résident qui donne droit à dix ans sur le sol français. Là encore, ce n’est pas simple, il y a beaucoup de justificatifs à fournir. Cela m’a pris six mois de plus.
Il faut ensuite attendre cinq ans [deux ans quand on est réfugié politique, ndlr] pour déposer une demande de naturalisation. J’ai retiré mon dossier en janvier, j’ai préféré ne pas perdre de temps. Pour moi, c’est primordial. Je le vois comme une nouvelle naissance pour donner une nouvelle orientation à ma vie. Pour l’instant, je ne pense qu’à cela, il y a tellement d’étapes à franchir, jamais je n’aurais pensé que ce serait si difficile. On vous demande tellement de choses : il faut avoir un travail stable, un logement à votre nom… C’est tellement difficile dans le contexte de crise actuel.
J’ai aussi dû passer les nouveaux tests de langue, obligatoires depuis peu. Toute une histoire. D’abord, il faut trouver un organisme agréé, il y en a peu et des mois d’attente. Cela m’a coûté 110 euros, j’attends les résultats. C’était dur. Déjà, le test se fait sur ordinateur, donc il faut un minimum de maîtrise informatique. Il y a énormément de questions et il faut répondre en un temps record. A chaque réponse erronée, c’est des points en l’air.
Vraiment, acquérir la nationalité française, c’est un combat. A vrai dire, je ne comprends pas pourquoi c’est si difficile. Ce n’est pas un crime de demander à appartenir à une nation. Manifester la volonté d’appartenance, c’est la preuve que l’on aime le pays... Pourquoi ne pas nous dire bienvenue ? Quand on arrive au bout de toutes les épreuves, même si toutes les conditions sont respectées, la bataille n'est pas gagnée. Le préfet peut vous refuser la nationalité, il fait ce qu’il veut avec votre destin. J’ai ça en tête.»
21/4/2012, Par MARIE PIQUEMAL
Source : Libération
Trois Britanniques ont été condamnés, vendredi, à la prison à perpétuité pour le meurtre d'un adolescent marocain dans une station de métro à Londres.
Sofyen Belamouadden, âgé de 15 ans, a été poignardé à mort en mars 2010 dans la gare de Victoria, au centre de Londres, devant des centaines d'usagers du transport en commun de la capitale britannique.
Un groupe de jeunes en uniforme scolaire avait poursuivi la jeune victime avant de lui assener plusieurs coups de couteau dans l'enceinte de la gare. Les assaillants, qui avaient planifié l'attaque sur le site social de Facebook, ont ensuite pris la fuite en laissant Sofyen gisant au sol.
Dans son verdict, la cour d'Old Bailey a souligné que les trois mis en cause: Obi Nwokeh (19 ans), Christopher Omoregrie et Samson Odegbune, (18 ans) doivent purger une peine d'emprisonnement d'au moins 18 ans.
La cour a qualifié le meurtre du jeune ressortissant marocain d'"attaque sans merci", commise devant les usagers du transport en commun.
Sofyen Belamouadden, dont le meurtre a suscité une vague d'indignation dans son quartier d'Acton (ouest de Londres), était promis à une belle carrière footballistique.
La presse londonienne avait rapporté que le club de Chelsea était sur les traces du jeune marocain.
20/4/2012
Source : MAP
En cinq ans, en matière d'immigration, les verrous ont sauté les uns après les autres. Le quinquennat s’est ouvert avec la création du très contesté ministère de l’Identité nationale et s’achève avec la circulaire Guéant, qui ferme la porte de la France aux étudiants étrangers. Entre-temps, le gouvernement a réussi un tour de force : expulser 33 000 étrangers en 2010. Un record.
Suspicion sur des «mariages gris», traque des Roms et des «fraudeurs»: de discours stigmatisants en tour de vis législatifs, de coup de butoirs en coups médiatiques, le gouvernement a fait la chasse aux étrangers en situation irrégulière... et régulière.
Ministère de l'Identité nationale : les étrangers dans le viseur
A l’origine, une promesse de campagne
C'est une proposition avec laquelle le candidat à la présidentielle a fait un tabac de meeting en meeting. Tout juste élu, Nicolas Sarkozy crée un ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement. Un intitulé explosif et contesté.
La mise en œuvre, du bruit pour pas grand-chose
Pour ce poste très emblématique et politique, il choisit un fidèle lieutenant, Brice Hortefeux. D’entrée, une première loi sur l'immigration est adoptée le 20 novembre 2007, permettant, entre autres, le recours aux tests génétiques dans la procédure de regroupement familial. La proposition suscite une levée de boucliers. Artistes, médecins...de nombreuses personnalités demandent le retrait de la mesure.
Automne 2009. C’est finalement Eric Besson, transfuge du PS et successeur d’Hortefeux, qui annonce la tenue d’un «grand débat sur les valeurs de l'identité nationale». Dans le plan com, trois mois de débats locaux et un site internet avec «grille de réflexion» et appel à contributions...
Conséquences, pas mal de dégâts
Dans les faits, le débat se transforme en polémique incessante, entre les membres de la majorité qui prennent soigneusement leurs distances comme Jean-François Copé ou Jean-Pierre Raffarin, et les débats locaux propices aux dérapages (mention spéciale à Nadine Morano et l'affaire de la casquette). Tout ça pour quelques mesurettes symboliques annoncées à un mois des régionales.
Sur le fond, pas grand-chose donc. Mais le message politique est passé, les étrangers se sentent visés. Fin 2010, Nicolas Sarkozy supprime finalement le ministère de l’Immigration. Ses missions sont transférées au ministère de l'Intérieur.
Jungle de Calais : des centaines de migrants dans la nature
A l’origine, la fermeture de Sangatte
Il faut remonter à 2002 pour comprendre. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, ordonne la fermeture du centre d’hébergement de Sangatte, près de Calais, où transitent les migrants de passage en France et candidats à l’exil vers l’Angleterre. Ces clandestins, Afghans, pour la plupart, se retrouvent dans la nature. Ils se regroupent dans ce qui devient «la jungle de Calais», le bois où se sont dispersés des milliers de migrants après la fermeture de Sangatte.
La mise en œuvre, un coup d’éclat médiatique
Sept ans plus tard, le 22 septembre 2009 exactement, nouveau coup d’éclat. Le ministre Eric Besson ordonne le démantèlement de «la jungle». L’opération est minutieusement orchestrée, ultramédiatisée : 500 policiers évacuent en deux heures les 1200 migrants qui vivaient là dans des conditions très précaires.
Conséquences, l'éparpillement des migrants
L’évacuation est aussi symbolique qu’inefficace, puisque le problème des migrants reste entier. Ils seraient encore 400 dans la région, dont 150 à Calais, dispersés en petits groupes pour échapper à la pression policière.
A lire aussi : le livre de notre correspondante à Lille, Haydée Saberan, retraçant le parcours de migrants. [Extraits].
Déchéance de la nationalité : l'amalgame immigration-criminalité
A l’origine, le discours de Grenoble
En déplacement à Grenoble, au milieu de l’été 2010, Nicolas Sarkozy annonce une batterie de mesures sécuritaires ciblant les immigrés. Il demande que la nationalité française puisse «être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte» à la vie d'un policier ou d'un gendarme. Filant le cliché de l'immigré fraudeur, il souhaite qu'on évalue les «droits et prestations auxquels ont aujourd'hui accès les étrangers en situation irrégulière.»
La mise en œuvre, contrariée par les députés
L’extension de la déchéance de nationalité figurait dans le projet de loi Besson sur l’immigration. Etaient visées les personnes naturalisées depuis moins de dix ans et condamnées pour meurtre ou violences contre un représentant de l’autorité publique. Cette mesure a finalement été abandonnée au dernier moment par les députés… qui ont voté en échange le durcissement du dispositif d’expulsion pour les sans-papiers. [Les détails ici]. Les autres mesures.
Conséquences, un virage assumé
Ce discours de Grenoble marque un tournant. Pour la première fois de son mandat, Nicolas Sarkozy a fait le lien de manière explicite entre délinquance et immigration. Suivra l’attaque en règle contre l’aide médicale d’Etat, qui permet aux sans-papiers de se faire soigner.
Autre reliquat du discours de Grenoble, l’amalgame fait entre l’immigré et le fraudeur. En novembre dernier, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, annonçait «qu'à partir de janvier 2012» les fichiers des étrangers résidant en France et de la sécurité sociale seraient croisés pour lutter contre les fraudes sociales imputables aux étrangers.
Reconduites à la frontière : un record d'expulsions
A l’origine, la volonté d'être ferme
A peine élu, Nicolas Sarkozy, qui fut locataire de la Place Beauvau, décide de doubler de manière volontariste le nombre des reconduites à la frontière. De quelque 12 000 par an, rythme moyen adopté sous le gouvernement Jospin, il veut arriver à environ 25 000 reconduites.
La mise en œuvre : l'affichage des «objectifs chiffrés»
Hortefeux fixe ces «objectifs chiffrés», dans un projet de loi-programme pluriannuelle 2009-2012. Un nombre de reconduites à la frontière est défini chaque année depuis cinq ans, toujours plus élevé. 23 000 expulsions en 2007. 33 000 en 2011, un record… La chasse aux sans-papiers est ouverte.
Pour tenir les objectifs, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, n'hésite pas à remettre en cause des droits fondamentaux. Ainsi, après modification de la loi, les sans-papiers placés en rétention en attendant leur expulsion ne peuvent voir un juge des libertés qu’après un délai de cinq jours au lieu de deux, histoire de limiter les remises en liberté.
Les conséquences, une politique coûteuse et peu efficace
Le nombre d'expulsions est un élément important de la communication du gouvernement. Mais en observant le détail des reconduites à la frontière, on s'aperçoit que ces chiffres sont structurellement gonflés par le très grand nombre de Roms reconduits. Ces citoyens européens, souvent Roumains et Bulgares, peuvent être expulsés facilement... mais ont le droit de revenir en France en vertu de la libre circulation dans l’espace Schengen. [Notre enquête à lire ici]
Cette politique du chiffre est coûteuse. Le budget annuel du ministère de l’Intérieur pour la rétention et la reconduite à la frontière des sans-papiers est estimé à 500 millions d’euros par la Cour des comptes. Selon le grand audit mené l’année dernière sur la politique migratoire, l’expulsion d’un sans-papiers coûte à l'Etat français 26 000 euros (policiers mobilisés, maintien en rétention, charter…)
Immigration légale : de «choisie» à honnie
A l'origine, des quotas
Dans sa lettre de mission de juillet 2007, Brice Hortefeux reçoit la mission de doper l’immigration professionnelle pour la porter à 50% du total de l’immigration légale. Nicolas Sarkozy veut, à cette époque, une immigration «choisie» et non plus «subie».
Plus généralement, le Président veut instaurer des quotas annuels d’immigrés admis à séjourner en France. Début 2008, il mandate Pierre Mazeaud, ex-président du Conseil constitutionnel, pour réfléchir au cadre constitutionnel d'une politique migratoire basé sur des quotas, par profession et en fonction du pays d'origine... à la fois «irréalisable et opportuniste», jugera la commission quelques mois plus tard. Un camouflet.
La mise en œuvre, tous dans le même panier
Le gouvernement veut assouplir (un peu) les conditions d’entrée des travailleurs et publie des listes de métiers susceptibles d'être ouverts. On est à l'automne 2007, quelques mois après son élection.
En bon soldat, Hortefeux fait de son mieux pour remplir les objectifs de sa feuille de route : en mettant dans le sac de l’immigration professionnelle le maximum de catégories : actifs non salariés, saisonniers, travailleurs temporaires et étudiants devenus salariés. Avec cette méthode, Brice Hortefeux se félicite en février 2009 d’avoir accordé 33 000 titres de séjour au titre de l’immigration de travail.
Les conséquences, le reflux
Trois ans plus tard, Claude Guéant, le nouveau ministre de l'Intérieur qui a récupéré le portefeuille de l'immigration, donne, lui, le chiffre de 9 154 titres de séjour au titre de l’immigration de travail. Que s'est-il passé ? La méthode de calcul a changé. Claude Guéant n’a retenu qu’une des catégories de l’immigration professionnelle, les premiers titres de séjour salariés et a exclu les autres. C'est qu'entre-temps, les objectifs ont changé. Il ne s'agit plus de densifier l'immigration professionnelle mais de la faire baisser.
Diplômés étrangers : la nouvelle cible de l'Intérieur
A l’origine, la circulaire Guéant
La circulaire du 31 mai 2011 invite les préfets à une interprétation restrictive des règles de délivrance des cartes de séjour «salarié» et de changement de statut pour les étudiants souhaitant devenir salarié.
La mise en œuvre, face à la fronde
Dès l’été 2011, les jeunes étrangers, fraîchement diplômés souvent de prestigieuses universités ou de grandes écoles (HEC, Sciences-Po, les Ponts et Chaussées…) sont coupés dans leur élan. Ils ont décroché un emploi, un CDI souvent, dans des grandes entreprises françaises mais sont privés de travail, faute de titre de séjour. Appliquant la circulaire à la lettre, la plupart des préfectures font de l’excès de zèle et traînent dans l’examen des dossiers. En face, la fronde s’organise, un collectif est créé pour défendre ces diplômés non grata. Voir aussi les vidéos de parrainage publiées sur le site de Libé.
Conséquences, retropédalage et arbitraire
Devant le tollé que suscite cette chasse à l’immigré diplômé, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant fait mine de rétropédaler : un nouveau texte est publié en janvier 2012, censé clarifier les critères. Sur le terrain, rien ne s’est véritablement amélioré, d’une préfecture à l’autre, les réponses varient. L’arbitraire reste la règle.
20/4/2012, CHARLOTTE ROTMAN, CORDÉLIA BONAL, MARIE PIQUEMAL
Source : Libération
Le Maroc est l’hôte d’honneur de la 26ème édition du Salon international du livre et de la presse de Genève qui se tiendra du 25 au 29 avril 2012 à Genève. La programmation du stand du Maroc, qui s’étend sur une superficie de 2000 m², est conçue sur six espaces allant du livre aux arts plastiques, du cinéma à la gastronomie, un musée ouvert, un espace jeunesse et un espace de rencontres et de débats.
Une nouvelle qui ne risquera pas de réjouir les saisonnières agricoles marocaines. Le gouvernement espagnol a décidé de diminuer leur effectif pour la campagne agricole 2012. Cette année, elles ne seront que 2.547 à se rendre à Huelva pour la récolte des fraises…Suite
Mohamed Dahiri, docteur en philosophie et lettres de l'Université espagnole de Séville, se distingue en tant que professeur universitaire et chercheur par une riche production dans des publications spécialisées. Depuis 2006, il fait partie de l'équipe d'enseignants de la Chaire UNESCO de Résolution de conflits de l'Université de Cordoue…Entretien
Un haut responsable catalan a vivement salué, mercredi, le rôle que jouent les immigrés pour le développement de la Catalogne, soulignant que cette région du nord-est de l'Espagne "a survécu grâce aux immigrés".
"La Catalogne a survécu grâce aux immigrés et non pas à leur détriment", a indiqué le directeur général de l'Immigration au sein du gouvernement catalan, Xavier Bosch lors de la cérémonie de lancement, à Barcelone, des candidatures aux prix de la Fondation Lluis Carulla récompensant les ONG Âœuvrant en matière d'immigration.
La diversité "n'est pas incompatible avec la catalanité", a encore estimé le responsable catalan, ajoutant que l'initiative de la Fondation Lluis Carulla qui bénéficie de l'appui financier du gouvernement régional, témoigne du "dynamisme" de la société civile dans cette communauté autonome et son souci constant pour promouvoir la "cohésion et l'entente" entre l'ensemble des communautés.
Il a également exprimé son soutien à toutes les initiatives "volontaristes" visant à promouvoir les droits des immigrés à la dignité et à l'emploi et à lutter contre le racisme, ajoutant que les prix de la Fondation Lluis Carulla se veulent une "reconnaissance au rôle des entités, des institutions et des médias en matière d'intégration des immigrés et de promotion de la cohabitation sociale".
Doté d'une valeur symbolique de 15.000 euros chacun, les cinq prix de la Fondation Lluis Carulla ont été remis l'année dernière, entre autres, à la section catalane de SOS Racisme et à la municipalité de Tarrega.
19 avril 2012
Source ; MAP
En dépit de la crise et de ses répercussions économiques et sociales, la population immigrée en Espagne ne quitte pas pour autant le pays et seules 50.000 personnes étrangères sont parties l'année dernière, selon l'annuaire 2011 de l'immigration présenté jeudi à Madrid.
La crise économique et financière qui sévit en Espagne n'a pas provoqué une sortie massive des immigrés comme cela était attendu et le solde négatif de l'immigration a été très modeste avec le départ du pays de 50.000 immigrés, soit seulement 1 pc de l'ensemble de la population immigrée, ont précisé les auteurs de cet annuaire qui analyse les principales caractéristiques et tendances de l'immigration et les politiques de l'immigration en Espagne durant l'année écoulée.
L'annuaire, présenté à l'initiative notamment du centre d'études et de documentation internationale de Barcelone (CIDOB) souligne, face à cette nouvelle donne, l'importance de promouvoir des politiques d'intégration en matière d'immigration.
Les immigrés ne quittent pas l'Espagne malgré la crise et le pays continuera à avoir besoin des immigrés en raison, entre autres, de la baisse de la natalité de la population autochtone, d'où la nécessité plus que jamais de politiques d'intégration, affirment les auteurs de cet annuaire.
L'étude a également analysé les retombées de la crise sur la population immigrée qui a vu son taux de chômage grimper à 31 pc en 2011 face à 23 pc chez la population native. Selon l'annuaire, près de la moitié des 1.358.000 immigrés sans emploi durant le troisième trimestre de 2011 étaient des chômeurs de longue durée et près de 300.000 familles immigrées composées de 700.000 personnes, ont l'ensemble de leurs membres actifs au chômage.
L'annuaire relève, enfin, la solidité de la paix sociale en Espagne en dépit de la gravité et de la longue durée des retombées économiques et sociales de la crise, affirmant que les prédictions annonçant de profondes fractures sociales et une forte augmentation de la xénophobie en Espagne ne se sont pas vérifiées pour le moment.
19 avril 2012
Source ; MAP
Le Maroc sera l'invité d'honneur de la 26ème édition du Salon International du Livre et de la Presse de Genève (25/29 avril), un évènement phare de cette cité internationale.
Le Royaume qui a choisi de placer sa participation à ce prestigieux événement dans le cadre du cinquantenaire des relations d'amitié maroco-suisse, compte marquer sa présence avec un important pavillon qui présentera "une vitrine exceptionnelle" pour découvrir la richesse et la diversité du patrimoine culturel du Maroc, pays connu et apprécié des Suisses.
Etendu sur une superficie de 2000m2, cet imposant pavillon se déclinera en plusieurs espaces, pour célébrer le Maroc dans sa dimension historique et culturelle, dans sa singularité et son universalité, dans la diversité de son identité, de sa richesse créatrice et de son raffinement.
Outre les séances de dédicace et de débats avec les auteurs, plusieurs thèmes de l'actualité politique et culturelle seront abordés par des conférenciers de haut niveau. Des hommages posthumes seront rendus aux écrivains disparus et une place de choix sera réservée à la littérature féminine, aux jeunes talents, aux écrivains de la diaspora, sans oublier les espaces pour enfants où sont prévues plusieurs activités dont une initiation à la calligraphie arabe.
Ainsi, l'Espace "Kitab", dédié à l'exposition et à la vente de livres et catalogues présentés par des éditeurs, verra la participation d'une pléiade d'écrivains et d'auteurs marocains de grand renom et de jeunes talents.
A L'Espace "Qalam" seront exposés, à la joie des amateurs, des objets patrimoniaux tels que des manuscrits et des livres anciens, ou encore des plumiers, des encriers, reliures et des tablettes.
L'Espace "Diwan" sera, lui, consacré aux beaux livres qui seront accompagnés d'objets d'artisanat et d'installations scéniques en relation avec les thèmes illustrés. Un diaporama défilera sur écran géant des images, mettant en exergue les aspects du Maroc ancestral mais aussi ceux du Maroc moderne, tourné vers l'avenir, notamment les villes impériales, les sites antiques et les grands chantiers du Maroc au 21ème siècle.
L'Espace "Founoun" mettra en valeur un siècle de créativité plastique marocaine, à travers l'exposition d'une collection d'’œuvres des plus grands peintres gracieusement offertes par des fondations nationales.
L'Espace "Hiwar" sera réservé à l'organisation de tables rondes et de débats articulés autour de thèmes d'actualité qui intéressent le Maroc et la Suisse notamment le printemps arabe, l'immigration, la condition des femmes, la nouvelle constitution, avec la participation de célèbres écrivains, diplomates, académiciens et intellectuels marocains.
Quant à l'Espace "Douiria", il célèbrera le raffinement de la cuisine marocaine à travers des ateliers d'art culinaire animés par des chefs sous la houlette du traiteur connu Rahal Diafa.
Par ailleurs, le cinéma marocain ne sera pas en reste dans cette manifestation, puisque la projection d'une série de films marocains est programmée dans le cadre du Festival International du Film Oriental de Genève (FIFOG), où le grand public suisse aura l'opportunité de découvrir l'actualité récente et le développement de l'industrie cinématographique du Maroc.
19 avril 2012
Source ; MAP
Le procureur de Civitavecchia, près de Rome, a ouvert une enquête sur le cas de deux immigrés clandestins algériens rapatriés mardi dernier sur un vol Rome-Tunis, ruban adhésif sur la bouche et poignets ligotés de fil en plastique, et qui a soulevé une vague d'indignation en Italie, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Les deux clandestins qui étaient accompagnés de policiers italiens en civil, avaient été pris en photo par un réalisateur italien qui se trouvait par hasard, à bord de l'avion et qui a publié la photographie sur sa page Facebook, suscitant des réactions de désapprobation des internautes, des ONG pro-immigrés et de la classe politique.
"Regardez ce qui est arrivé aujourd'hui (mardi) sur le vol Tunis-Rome de 9h20. Deux citoyens tunisiens expulsés d'Italie et traités comme des animaux", écrit sur sa page de Facebook, le photographe Francesco Sperandeo, ajoutant que les deux immigrés clandestins avaient du ruban adhésif sur la bouche et les poignets liés par des attaches en plastique".
Finalement, après vérification, les deux clandestins concernés étaient des ressortisants algériens et non Tunisiens, comme rapporté par le réalisateur et les médias italiens.
Dans son commentaire, le réalisateur avait estimé que le comportement des policiers était celui de "la civilisation et la démocratie européennes", soulignant que "le plus grave est que tout cela s'est passé dans l'indifférence totale des passagers à bord".
Le témoin qui avait dénoncé "ce traitement humain", s'était vu intimé l'ordre de "regagner sa place, parce que c'était-là une opération de police normale", selon sa version.
En réaction, le vice-président de la Commission des Affaires européennes et membre de la Commission sénatoriale des relations étrangères du Parti de l'Italie des valeurs (IDV), Stefano Pedica, a qualifié d'indécent", ce fait, annonçant qu'il allait interpeller le gouvernement au Parlement, à ce sujet.
"Je suis profondément indigné. Nous avions assisté à des abus de ce genre, à Guantanamo", a-t-il dit, relevant que c'est là "une violation des droits humains fondamentaux, mais aussi du bon sens humain ordinaire et de la décence".
D'autres politiques italiens ont fait part de leur indignation face à ce comportement policier qui portait atteinte à la dignité et aux droits des personnes.
Le président de la chambre italienne des députés, Giofranco Fini, a invité le gouvernement à fournir les explications nécessaires sur cette affaire, lors d'une séance parlementaire.
Par ailleurs, le chef de la police italienne, Antonio Manganelli a demandé un rapport initial à la police des frontières de l'aéroport de Fiumicino, où ont eu lieu les faits ayant soulevé "une bourrasque de polémique", selon l'agence Ansa.
Une source diplomatique alégrienne à Rome, a précisé à l'APS, que l'Algérie allait demander des explications à Rome sur ces cas, ajoutant que la représentation diplomatique attendait une notification officielle des autorités italiennes sur cette affaire.
Les deux ressortissants algériens rapatriés, qui n'étaient pas installés en Italie, mais avaient obtenu des visas de transit par ce pays, auraient tenté en vain, d'échapper à la vigilance de la police des frontières dans la zone internationale de l'aéroport de Rome pour s'évanouir dans la nature.
Ils avaient pris un vol de Tunis pour la Turquie, le 15 avril, qui a fait une escale technique à Rome d'où ils ont refusé à deux reprises de réembarquer dans l'avion et poursuivre le voyage vers leur destination initiale, selon la version de la police italienne des frontières, qui a procédé à leur réadmission vers la Tunisie.
"C'est-là une +technique courante+ (le visa de transit) à laquelle ont recours les candidats à l'immigration clandestine pour tenter de s'installer clandestinement en Italie. L'an dernier, plus de 140 cas similaires ont été interceptés par la police italienne et rapatriés", a indiqué cette source.
19 avril 2012
Source : APS
Le nombre de travailleurs marocains affiliés à la sécurité sociale en Catalogne (nord-est de l'Espagne) a atteint, jusqu'à fin mars, 45.849 personnes, selon des chiffres officiels.
Les travailleurs marocains venaient en tête des contingents étrangers inscrits lors du premier trimestre 2012 à la sécurité sociale espagnole dans cette région autonome avec 12,4 pc de l'ensemble des affiliés étrangers, originaires de l'Union européenne (UE) et de pays extra-communautaires, indique le ministère espagnol de l'Emploi et de la Sécurité sociale dans un communiqué.
Les travailleurs roumains occupaient la seconde place avec 32.854 affiliés (8,9 pc), suivis du continent chinois avec 22.746 affiliés (6,1 pc), a ajouté le communiqué, précisant que le nombre total des étrangers inscrits à la sécurité sociale en Catalogne s'est établi à 370.229, en baisse de 5,26 pc par rapport à la même période de l'année précédente.
Selon la même source, la communauté autonome de Catalogne occupait la première position en termes d'affiliation des travailleurs étrangers à la sécurité sociale en Espagne avec 21,9 pc, suivie de celle de Madrid (21,5 pc) et de l'Andalousie (+13 pc).
Sur le total des affiliés étrangers, 106.324 sont originaires de l'UE (28,7 pc), alors que 263.905 proviennent de pays extra-communautaires (71,3 pc).
D'après des chiffres publiés par l'institut catalan de statistiques, les Marocains constituent la plus forte communauté étrangère en Catalogne avec environ 230.000 personnes.
19 avril 2012
Source : MAP
Les Marocains sont toujours au 1er rang des travailleurs étrangers extra-communautaires affiliés à la sécurité sociale en Espagne avec 202.902 personnes recensées à fin mars dernier, selon des statistiques officielles publiées jeudi à Madrid.
Les ressortissants équatoriens viennent en deuxième position avec 117.759 travailleurs affiliés à la sécurité sociale, suivi notamment des Colombiens (86.426 travailleurs) et des Chinois (85.461 travailleurs), ajoute le ministère espagnol de l'Emploi et de la sécurité sociale.
Concernant les migrants originaires des pays membres de l'Union européenne (UE), les Roumains sont toujours au premier rang avec 273.149 travailleurs affiliés, suivis des Italiens (59.510 travailleurs) et des Bulgares (53.640 travailleurs), précise la même source dans un communiqué.
Le ministère espagnol a fait savoir, en outre, que le nombre total de travailleurs étrangers affiliés à la sécurité sociale espagnole s'est établi à 1, 69 million de personnes en mars dernier, enregistrant ainsi une légère hausse de 0,55 pc par rapport au mois précédant.
Les régions autonomes de la Catalogne et de Madrid concentrent 43,5 pc du nombre de travailleurs étrangers légaux établis en Espagne.
19 avril 2012
Source : MAP
Les questions de l'intégration et de la participation politique de la communauté marocaine résidant en Espagne sont au centre d'un atelier qui se tient actuellement à Cadix (Sud de l'Espagne), avec la participation de sociologues, anthropologues, écrivains, journalistes et universitaires marocains et espagnols.
Inaugurée mercredi, cette rencontre de deux jours, organisée à l'initiative de la Fondation des trois cultures de la Méditerranée, est axée sur la thématique de la participation politique des Marocains résidant en Espagne, ainsi que sur celles des relations bilatérales entre les deux pays et des réformes engagées dernièrement par le Royaume.
Selon un communiqué de l'Université de Cadix, co-organisatrice de cet atelier, la conférence inaugurale a été donnée par l'anthropologue espagnol, Javier de Lucas, sur le thème "pas de citoyenneté sans intégration".
La rencontre constitue une occasion également, souligne la même source, d'analyser l'évolution de la migration marocaine en Espagne, ainsi que l'interaction culturelle entre les sociétés des deux pays.
Cet atelier s'inscrit dans le cadre du programme d'activités de l'Observatoire pour la migration et la promotion du dialogue interculturel (MENARA) relevant de la Fondation des trois cultures de la Méditerranée et qui a pour mission notamment la promotion des échanges interculturels entre le Maroc et l'Espagne, à travers la recherche, l'information et la formation.
19 avril 2012
Source ; MAP
Des milliers de jeunes, la plupart qualifiés, quittent l'Espagne et le Portugal. L'Europe n'a pas besoin d'eux alors que l'Afrique et l'Amérique du Sud les accueillent à bras ouverts.
Ana Ferreira déborde d'optimisme. Cette jeune femme de 26 ans, originaire des Açores, est installée en Afrique depuis presque quatre ans. Elle a d'abord résidé en Angola puis au Mozambique. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Ana n'est pas une bénévole mais une employée travaillant pour le service des ressources humaines d'une entreprise privée.
“Quand je vois mes amis au Portugal qui vivent de bourses étudiantes, font des petits boulots et enchaînent les diplômes, je me dis qu'ils sont déconnectés de la vie réelle, déclare-t-elle. Moi, je suis à Maputo et tout va bien pour moi, je progresse même au plan professionnel. Pourquoi est-ce que je voudrais rentrer ?”
A 28 ans, Gonçalo Jorge, responsable marketing installé à Lisbonne, ne se battait pas contre le chômage mais contre la frustration. Une fois diplômé, il avait décroché un poste dans une société de transports publics. “Je voulais faire des choses mais mon avenir se résumait à me tourner les pouces”, explique-t-il. Et quand il a trouvé un autre travail qui l'intéressait vraiment, c'étaient les termes du contrat qui ne convenaient pas: il était embauché pour un an seulement. Il a donc décidé de partir en Angola et aujourd'hui, il est le représentant d'un producteur de vin portugais. Il est responsable de la totalité des activités de l'entreprise en Angola et gagne quatre fois plus que ce qu'il touchait au Portugal.
Le Portugal a déjà perdu 10% de ses jeunes diplômés du supérieur. Cela fait plusieurs années que cet exode se poursuit car la crise et le chômage ont frappé le Portugal bien avant le reste de l'Europe. Le taux de chômage des jeunes atteint 34,5% au Portugal et plus de 50% en Espagne. Sans l'émigration, ces chiffres seraient encore plus élevés.
“Des jeunes gens avides d'expériences”
Tous ces ingénieurs, ces architectes, ces ouvriers dont l'Europe n'a pas besoin, sont accueillis à bras ouverts en Afrique et en Amérique du Sud. Le Brésil est en pleine préparation pour la coupe du monde de football de 2014 et les jeux olympiques de 2016. Le pays recrute massivement des ingénieurs et des architectes pour des projets publics, dont certains contrats représentent près de 200 milliards de dollars dans le secteur de l'énergie. L'année dernière, le Brésil a enregistré un taux de croissance de 3%. En Argentine, la croissance atteint les 8% et le chômage est à 7%, soit trois fois plus faible qu'en Espagne.
Doté d'importantes ressources naturelles (notamment de pétrole et de diamants), l'Angola affiche aujourd'hui l'un des taux de croissance les plus élevés au monde. Le taux de croissance est de 15% et près de 3 000 entreprises portugaises sont présentes dans le pays pour construire des routes, des ponts, des tours, des voies ferrées et des oléoducs. Ravagé pendant trente ans par une guerre civile qui s'est achevée il y a tout juste dix ans, l'Angola manque de ces spécialistes dont le Portugal ne sait que faire.
“Cela fait plusieurs années que l'on trouve des offres d'emploi en Angola dans les journaux portugais, souligne Pedro Gois, spécialiste des migrations à l'université de Coimbra. Les deux catégories les plus touchées par l'exil sont les personnes âgées qui veulent faire des économies et les jeunes qui cherchent l'aventure autant que les opportunités professionnelles”.
Si les Portugais se sentent comme chez eux en Angola, ils s'adaptent encore plus facilement à la vie au Brésil. D'après les chiffres de l'Observatorio da Imigraçao de Lisbonne, plus de 700 000 émigrés portugais seraient actuellement installés au Brésil.
En Espagne – pays qui a accueilli près de cinq millions d'immigrés d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine au cours des dix dernières années -, la question de l'émigration vers les anciennes colonies est un phénomène trop récent pour être l'objet d'étude par des spécialistes. Les chiffres parlent toutefois d'eux-mêmes: d'après les représentants espagnols en Argentine, près de 1 200 compatriotes viendraient s'installer chaque mois dans cette ancienne colonie.
“L'émigré type est un homme âgé de 25 à 35 ans, souvent un ingénieur, un architecte ou un professionnel des nouvelles technologies", explique Marta Lopez-Tappero, spécialiste de la mobilité internationale chez Adecco. "Bref, il s'agit de jeunes gens avides d'expériences et de défis”.
Retournement des tendances migratoires
La barrière de la langue n'est pas un problème et l'adaptation culturelle se passe en douceur dans les anciennes colonies. Tout particulièrement à Buenos Aires.
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, près de 2 millions d'Espagnols sont venus s'installer en Argentine. La plupart étaient originaires de Galicie, une région agricole pauvre, et ont fait le voyage en troisième classe. C'est pour cette raison que les Espagnols sont appelés gallegos en Argentine aujourd'hui. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, la dictature puis la crise des années 90 ont poussé les Argentins vers l'Europe. Mais aujourd'hui, les migrations s'inversent à nouveau.
“L'invasion européenne”, le “nouvel Eldorado”, “l'aventure” sont autant de concepts déjà vus et qui doivent résonner de manière étrange aux oreilles européennes. “Non, il n'y a pas de raison de parler de seconde colonisation, affirme cependant Pedro Gois. Je crois que nous assistons plutôt à l'émergence d'une nouvelle classe mondiale de migrants qui ne s'installeront jamais définitivement nulle part. Tôt ou tard, ils finiront toujours par partir pour un autre pays leur proposant de meilleures perspectives”.
Peut-être ce retournement des tendances migratoires est-il le symptôme de changements plus profonds encore. L'équilibre des pouvoirs entre l'Occident et le reste du monde, ou plutôt entre le Nord et le Sud, est en train de changer.
19/4/2012, Aleksandra Lipczak
Source : Presseeurope
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Une vieille démocratie généreuse, ouverte, mais tentée par un repli sur soi sous la pression de la crise: la France, dans le regard d'étrangers qui y vivent, est devenue un pays inquiet, dont le rêve d'égalité s'est trop souvent fracassé sur la réalité.
"Il y a en France une richesse intellectuelle et une stabilité politique qui en font une grande démocratie. Ca repose des coups d'Etat tous les cinq ou dix ans", résume Jamal Sow, étudiant mauritanien de 35 ans, qui termine à l'université de la Sorbonne sa thèse de philosophie sur "l'essence de l'homme".
Mais "on idéalise aussi beaucoup ce pays", ajoute-t-il. "Quand on y est, on se rend compte qu'il est difficile de trouver un travail, un logement". Lui a dû une fois "fouiller dans les poubelles" pour se nourrir.
Il voit chez les Français une "sorte de crispation, une angoisse" plus forte qu'il y a neuf ans, à son arrivée. Dans un pays où le chômage a explosé et touche désormais plus de 4 millions de personnes s'est installé "le sentiment qu'on peut perdre son boulot, du jour au lendemain".
Une peur vertigineuse du déclassement ou de l'exclusion que perçoit aussi le psychiatre Foad Sabéran qui est né en Iran, a grandi en Tunisie et exerce dans un quartier chic de la capitale.
"Chez les gens de 50 ans, c'est comme si tout pouvait dégringoler", dit ce médecin. De ces angoisses naissent une "certaine frilosité" dans le rapport à l'autre qui peut aller jusqu'à l'exclusion, la recherche de boucs émissaires.
"Certains rouspètent contre la solidarité nationale qui existe, contre les chômeurs qui touchent des allocations, contre l'Etat qui finance des fainéants. Il y a une plus forte pression sur les faibles, les marginaux. Il fut un temps, c'était dirigé contre les communistes, les syndicats. Ces dernières années, c'est contre les Maghrébins, les Roms...", relève le psychiatre de 70 ans.
Pour beaucoup, les diatribes anti-immigrés parfois entendues dans la campagne présidentielle sont porteuses d'une "haine" qu'ils ne ressentent "pas du tout" au quotidien et ne ressemblent pas à la France qu'ils connaissent.
"La France, c'est un pays où tu peux parler sans regarder par dessus ton épaule. La vie est dure, il faut se battre. Mais c'est ici que nos enfants auront le choix de leur vie entre leurs mains", tranche Ahmed, maraîcher marocain de 35 ans, père de trois enfants, tous nés à Paris.
Mais pour Salomé Anaba, assistante maternelle camerounaise de 45 ans, le "rêve" français d'une "société plus égalitaire" n'a pas tenu ses promesses. "Liberté, égalité, fraternité, c'est un slogan vide. C'est vrai pour les riches, une toute petite minorité, mais pas pour les autres. Cette société est injuste: à diplôme égal, un petit noir de banlieue aura moins de chance de trouver un emploi qu'un petit parisien blanc."
Sa collègue Tess Espinoza, Philippine de 38 ans, s'interroge sur la schizophrénie de la société française. Elle garde un bon souvenir de ses quatre accouchements dans un hôpital parisien -- "le service public, c'est une grande chose" -- mais elle reste marquée par "la violence" dont est capable l'Etat: "un jour, raconte-t-elle, toute la famille a été embarquée dans un fourgon de police pour une histoire de défaut de papiers de mon mari".
Dentiste à Paris, originaire de Roumanie, Tudor Vaideanu voit toujours la France comme une terre d'opportunités. Un de ses amis roumains s'est vu récemment "dérouler le tapis rouge" par l'hôpital universitaire de Brest (ouest) qui avait un besoin urgent de chirurgien orthopédiste. "La question de la nationalité de s'est pas posée."
"C'est quand même plus facile pour les blancs", tranche l'étudiant mauritanien. "La France n'est pas un pays raciste. Mais il y a ici un problème de représentativité des minorités visibles. A la base, la France est plurielle, cosmopolite. Au sommet, on ne retrouve pas cette pluralité".
Pour le docteur Sabéran, "c'est le grand contraste de la France, qui l'avait déjà frappé quand il y débarquait en 1961: "à la fois le pays de la liberté, de Victor Hugo, et l'Etat colonialiste embourbé dans la guerre d'Algérie".
19 avril 2012 Sofia BOUDERBALA
Source : AFP
L'image d'un Algérien, scotch sur la bouche, rapatrié de force sur un vol Rome-Tunis vers son aéroport de départ, suscitait jeudi un tollé et des demandes d'explications de différents partis sur les pratiques de la police italienne.
Ce cliché a été pris sur un vol de la compagnie Alitalia par un cinéaste, Francesco Sperandeo, avant d'être posté sur Facebook et reproduit dans toute la presse.
Ce sont au total deux hommes, tous deux Algériens, qui ont fait l'objet de cette mesure de contrainte dans le cadre d'un rapatriement forcé vers Tunis, mardi dernier.
Ils étaient partis dimanche de Tunis sur un vol direct à destination d'Istanbul. Mais l'appareil avait effectué une escale technique dans la capitale italienne, occasion qu'ils avaient saisie pour sortir de la zone d'embarquement et tenter de rester. Les deux hommes auraient alors refusé de réembarquer pour la Turquie.
"La chose la plus grave était la totale indifférence des passagers", a confié le cinéaste qui, parlant aux policiers qui accompagnaient ces hommes, s'était vu répondre qu'il s'agissait "une opération de police normale", selon le quotidien La Stampa.
Le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, a demandé au gouvernement de Mario Monti de "rendre compte urgemment" de ce qui s'est passé.
Des responsables de plusieurs partis, du Parti Démocratique à l'Italie des Valeurs ont aussi appelé le gouvernement à apporter des explications sur ces "images de la honte", selon l'expression de la présidente du PD Rosy Bindi.
"Il faut éviter que se répêtent des épisodes de ce genre, car l'Italie a été plusieurs fois sanctionnée pour sa gestion de l'immigration et nous ne voulons pas que se renouvellent les comportements du passé", a-t-elle dit.
Le chef de la police italienne Antonio Manganelli a demandé un rapport à la police des frontières de l'aéroport de Rome-Fiumicino.
Selon des sources de la police, la décision de baillonner les deux hommes avec des rubans adhésifs aurait été prise parce qu'ils avaient tenté de se blesser à la bouche en se mordant et voulaient cracher leur sang vers les autres passagers, pour éviter ainsi d'embarquer.
La justice pourrait se saisir de ce cas, un traitement de ce type étant inconstitutionnel.
Le refoulement musclé d'immigrés clandestins vers l'Afrique du Nord, arrivés surtout par mer, a souvent été critiqué, notamment à l'époque du gouvernement de Silvio Berlusconi, par les organisations de défense des droits de l'homme.
19 avril 2012
Source : AFP