La marque Zara, filiale de l'espagnol Inditex, est visée par une enquête du ministère brésilien du Travail. Des ateliers clandestins exploitant une cinquantaine d’immigrés Boliviens et Péruviens ont été perquisitionnés dans l’Etat de São Paulo.
rêve de mode. Un fournisseur de l’enseigne de prêt-à-porter Zara est accusé d’avoir exploité des travailleurs migrants outre-Atlantique. Deux ateliers de confections ont été perquisitionnés à São Paulo, et à Americana, à 130 km de la capitale de l’Etat. Le scandale a été révélé par la chaîne de télévision «El Mundo», lors d’un reportage avec une équipe d'inspecteurs du ministère du Travail et de l'Emploi (MTE) en mai dernier. Au total, une quinzaine d’employés –originaires de Bolivie et du Pérou- travaillaient dans les deux premières usines. L’enquête a révélé que 52 personnes étaient exploitées dans l’atelier implanté à Americana.
Pour les deux premiers ateliers clandestins, le ministère brésilien du Travail a établi la responsabilité de la marque Zara. «La conclusion est que la seule responsable de ces deux ateliers est la firme, car ces travailleurs ont produit des pièces pour l'entreprise, suivant ses normes», a déclaré un responsable de l’Inspection du Travail. Lors de la saisie des marchandises, des vêtements griffés Zara ont été confisqués. Lancées dans la production de vêtements depuis deux ans, ces usines du fournisseur AHA avaient déjà reçu 48 amendes pour des infractions, telles que le non respect des congés payés. Dans l’un d’eux, les inspecteurs ont délogé une adolescente de 14 ans.
Une «sous-traitance non autorisée»
Le recrutement de ces travailleurs «esclaves» témoigne d’une triste réalité. L’employeur sillonne les zones les plus pauvres en Bolivie et au Pérou, promettant des meilleures conditions de vie au Brésil. Les migrants doivent en réalité s’astreindre à 16 heures de travail quotidiennes pour une rémunération inférieure au salaire minimum fixé dans le pays –soit 340 dollars par mois. De ce salaire, le fournisseur ne manque pas de déduire le coût du voyage et autres frais de nourriture.
Inditex, géant du textile propriétaire de Zara, a rejeté toute implication concernant l’embauche et les conditions de travail dégradantes des salariés. Dans un communiqué diffusé par la presse brésilienne, la multinationale regrette une «sous-traitance non autorisée» par son fournisseur, exigeant la «régularisation» de la situation. S’engageant à respecter le droit du travail au Brésil et à l’international, Inditex assure que sur les sept millions de pièces produites par les 50 fournisseurs au Brésil, seulement 0,03% provenaient des usines clandestines.
L’affaire pourrait prochainement être renvoyée au parquet. «Le niveau de dépendance économique du fournisseur en relation avec Zara est devenu évident pour les inspecteurs, stipule le rapport d’inspection. «Les travailleurs suivent les directives de l’entreprise. L’existence de vêtement siglés Zara engage l’entreprise à connaître les conditions de production de ses produits», a précisé Cassiano Giuliana Orlandi.
18/8/2011
Source : Paris Match