« Coopération » et « participation » sont les deux notions autour desquelles s’articule la politique allemande d’intégration, résumée par le « plan national d’action » lancé en 2012, en prolongement d’un premier adopté en 2007. Il consiste en 400 engagements pris par les pouvoirs publics et la société civile pour favoriser l’inclusion des personnes d’origine étrangère dans la société. « Ces acteurs deviennent des partenaires, responsables l’un envers l’autre, ce qui crée une dynamique positive », explique Ulrich Kober, spécialiste des migrations à la Fondation Bertelsmann.
Augmenter la part du personnel issu de l’immigration dans la fonction publique
L’État fédéral a axé ses efforts sur la maîtrise de l’allemand pour lutter contre l’échec scolaire, en promouvant les filières de la « deuxième chance » et en établissant près de 3 000 « Parrains de l’éducation ». Il s’est aussi engagé à augmenter la part du personnel issu de l’immigration dans la fonction publique. Dans la société civile, les chaînes de télévision publiques ARD et ZDF veillent à accorder une meilleure visibilité à la question. Les instances sportives ont accru leur offre dans les quartiers sensibles.
Jusqu’en 1998, l’Allemagne n’est pas un pays d’immigration
« La perception de l’immigration n’a cessé d’évoluer, souligne Ulrich Kober. Jusqu’en 1998, l’Allemagne n’était, selon le discours officiel, pas un pays d’immigration. Avec l’arrivée au pouvoir des sociaux-démocrates et des Verts, le déni a pris fin. Le droit de la nationalité a été réformé en 2000, introduisant le droit du sol, et on a commencé à entendre parler d’intégration. Peu à peu, l’idée fait son chemin que celle-ci n’est pas que l’affaire des immigrés, mais que l’État et la société doivent développer une “culture de l’accueil”. »
Réaction aux problèmes posés par la baisse de la natalité, ce volontarisme est inscrit dans la loi sur l’immigration, entrée en vigueur en 2005. Révisée en 2007, elle soumet les candidats à la naturalisation à un test de langue et un d’intégration, qui porte notamment sur les valeurs de la République. En contrepartie, les pouvoirs publics prennent notamment en charge les cours de civilisation et de langue.
2006-2012 : le taux d’immigrants au chômage est passé de 24 % à 17 %
Cette approche semble porter ses fruits. Le taux d’immigrants au chômage est passé de 24 % en 2006 à 17 % en 2012, contre 11 % à 7 % pour les Allemands. « Le décrochage scolaire, qui concerne en large partie des enfants issus de l’immigration, recule de façon continue et le niveau d’allemand des personnes issues de l’immigration progresse, remarque aussi Ulrich Kober. Mais il reste encore beaucoup de défis, la politique allemande d’intégration est encore jeune. »
8/1/14, CAMILLE LE TALLEC
Source : La Croix