lundi 25 novembre 2024 15:29

Faire connaître encore plus les auteurs marocains de l’étranger

Le Salon International de l’Edition et du Livre de Casablanca organisé en l’honneur des « Marocains du monde » en partenariat entre le ministère de la Culture, le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger et le ministère chargé de la Communauté marocaine à l’étranger se poursuit depuis le 12 février et jusqu’à ce dimanche 21 avec un programme d’animation où l’on a beaucoup parlé du rapport entre émigration et création où des auteurs ont pu exprimer la force de leur créativité qui ne pouvait exister sans l’apport spécifique de leurs racines marocaines.

Comme annoncé dans ces mêmes colonnes les œuvres d’auteurs marocains à l’étranger sont parues successivement avec un léger retard au cours du salon du livre de Casablanca. Ainsi on a pu voir au stand du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) les œuvres de Abdellatif Laabi en coffret, des œuvres publiées par les éditions de la Différence : « L’œil et la nuit », « Le Chemin des ordalies » récit, « Les Rides du lion » roman et « chronique de la citadelle d’exil » lettres de prison 1972-1980 avec une préface de Claude Ollier. Autre œuvre de Laabi, un récit, « Le Livre imprévu » en première édition par les éditons de la Différence et sa traduction en arabe par Rose Makhlouf aux éditions Ward (Syrie). Autres ouvrages parus en coédition entre le CCME et les éditeurs Marsam, Le Fennec et la Croisée des Chemins : « Le Sommeil de l’esclave » de Mahi Binebine roman traduit en arabe par Abdelhadi Idrissi, « Les Vertus immorales » de Kebir Mustapha Ammi traduit en arabe par Abdelkrim Jouiti. D’autres publications attendues « Les Chroniques parisiennes » de Mohamed Bahi, « Je hais l’amour » poésie de Taha Adnane en édition bilingue arabe et français, « Actualité de la pensée d’Abdelmalek Sayad » par l’association des amis d’Abdelmalek Sayad, « C’est par l’autre qu’on se connaît soi-même » par Yamila Idrissi et Tessa Vermeiren texte traduit du néerlandais en français.

Des publications d’autres œuvres se poursuivront au-delà du SIEL. Ainsi on attend la traduction en arabe du roman de Salim Jay « Tu ne traverseras pas le détroit », la parution en édition originale arabe de « Comment devenir Français en cinq jours et sans professeur de Jamal Boudouma des textes parus en feuilleton dans la presse marocaine, « Couscous le dimanche » de Khadija Arib traduit du néerlandais vers le français, « Nous sommes des Maures » de Anouar Majid traduit de l’anglais en français, « Marocains d’ici et d’ailleurs-Une diaspora à venir » par Zakia Daoud, et puis ce projet passionnant qui va vers la mémoire de l’émigration pour décrire l’histoire de l’implantation de la communauté marocaine en Hollande : « Marocains aux Pays-Bas, des pionniers racontent » par Nadia Bouras, Anne-Marie Cottar et Fatiha Laoukili, texte traduit du néerlandais en français.
« Anthologie des écrivains marocains de l’émigration » par Salim Jay

Très attendu pour le salon parmi les autres ouvrages publiés avec le concours du Conseil de la Communauté Marocaines à l’Etranger, l’Anthologie des écrivains marocains de l’émigration réalisée par l’écrivain Salim Jay (photo) est sortie seulement ce mercredi. C’est un panorama de quelques cinquante auteurs romanciers, nouvellistes et poètes « vivant ou ayant vécu à l’extérieur du pays ou né à l’étranger »

Il y a des auteurs écrivant en arabe, en tachelhit comme Ali Azyko ou Ali Amayou, des francophones comme Driss Chraïbi et Edmond Amran El Maleh, Tahar Benjelloun, Abdelhak Sarhane, Abdellatif Laabi et d’autres comme Mustapha Kebir Ammi, ainsi que des auteurs d’origine marocaine anglophones comme Anouar Majid, d’autres écrivant en néerlandais traduits en français comme les désormais connus Abdelkader Benali « Noces à la mer » 1996, Hafid Bouazza et Saïd El Haji avec son « Les Jours du shaytan » (2000).

L’anthologie réalisée dans un ordre chronologique commence par le grand précurseur Driss Chraïbi et son célèbre roman « Les Boucs » publié pour la première fois chez Denoël en 1955. Il faut attendre 1969 pour voir le texte suivant qui est un poème émouvant de Ali Azyko « Gennevilliers » traduit du tachelhit par Claude Lefébure. Ensuite Khair-Eddine dont les textes exubérants sont émaillés de descriptions et dénonciations fulminant contre les conditions des travailleurs marocains à l’étranger et Salim Jay choisit un extrait du « Déterreur » (1973). Dans le même ordre chronologique des parutions il y a Brick Oussaid avec un long extrait de « Les Coquelicots de l’Oriental » (Maspéro 1984, réédité par l’éditeur casablancais Toubkal en 1988) , Edmond Amran El Maleh avec le remarquable roman « Le Retour d’Abou El Haki » (1990). Mohamed Leftah est cité pour « L’enfant de marbre » (2007). Des femmes Laila Alami qui écrit en anglais, Fatima Elayoubi, Najat El Hachimi qui écrit en catalan pour « Le Dernier patriarche » et bien d’autres.

La majorité des textes cités dans l’anthologie sont datée à partir des années 90. Soit on écrit relativement plus soit on publie plus qu’avant. A coup sûr il y a récemment plus de textes et auteurs répondant à la thématique de l’émigration.
Salim Jay a pu dire avoir des regrets de ne pas avoir inclus Abdelmajid Benjelloun auteur de « Fi attoufoula ».

« Souvent nos auteurs ont un regard sur les sociétés d’accueil qui pourra apparaître déroutant de franchise… le regard de beaucoup d’auteurs est incisif et généreux, l’émotion et l’humeur l’emportent bien souvent sur l’amertume causée par telle ou telle situation cruelle ou quelque obstacle injuste »

L’anthologie est très riche et permet une bonne promenade parmi des auteurs connus et d’autres complètement avec des évocation parfois très surprenante comme celle du texte de Faouzi Boubia jeune marocain qui avait appris la langue allemande sous la poussée de son père en passant par « Par-delà le bien et le mal de Nietzsche et qui s’expatrie, écrit un texte en allemand et finit, déçu, par revenir au Maroc.

Source : L’Opinion

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