mardi 26 novembre 2024 05:25

France/Discrimination à l'embauche : Les jeunes issus de l'immigration pas convaincus par les mesures El Khomri

Plusieurs rapports et études l'ont déjà confirmé : en France, pour trouver un emploi mieux vaut ne pas avoir entre autres, un faciès maghrébins ou africain ou encore un nom à consonance arabe. Pour lutter contre ces discriminations, le gouvernement français a lancé ce lundi, une série de mesures. Elles consistent en une grosse campagne de sensibilisation et une opération test pour des entreprises privées et des administrations publiques. Mais les jeunes issus de l’immigration voient dans ces mesures, des artifices ayant des visées électoralistes. L'un d'eux a tenu à répondre au gouvernement point par point.

Une grande campagne de sensibilisation et un testing auprès des entreprises de plus de 1000 salariés. Voilà comment le gouvernement français compte s’attaquer à la question de la discrimination à l’embauche. Des mesures qui trouvent écho sans doute dans un rapport du Défenseur des droits et de l’OIT qui estime que1 personne sur 3 est victime de discrimination à l’embauche et que 4 personnes sur 6 abandonnent leurs recherches d’emplois après avoir été victimes de discrimination. Dans 4 cas sur 5, il est plus difficile pour un chercheur d’emploi d’origine maghrébine ou africaine de trouver un travail. 

Face à ce constat alarmant la ministre française du Travail a annoncé son mini programme de lutte contre cette discrimination déjà bien ancrée en France, rapporte la presse de l’Hexagone. Pendant 15 jours, les panneaux et écrans publicitaires des métros, des gares et autres lieux publics vont être placardés des visuels de la campagne « Les compétences d’abord». Ensuite une dizaine d’entreprises de plus de 1000 salariés et de services de l’administration publique vont recevoir deux CV identiques dont les noms ont été changés pour évaluer ces entités sur  20 motifs de discrimination (âge, sexe, apparence physique, origine géographique, couleur de la peau…).

« Ces discriminations ne sont pas la conséquence de politiques de recrutement ouvertement racistes ou sexistes, mais de successions de petites décisions, de préjugés, parfois de petites lâchetés », reconnait Myriam El Khomri. Si les résultats ne seront disponibles qu’à la rentrée, Myriam El Khomri prévient les entreprises et les administrations qui seront épinglées pour discrimination. Elles se verront imposer « des plans d’actions très concrets ». « Je serai intraitable et je n’hésiterai pas à diffuser les noms publiquement en cas d’immobilisme ou de mesures purement cosmétiques », a prévenu la ministre du travail.

Des mesures peu convaincantes pour les jeunes concernés

Dans les quartiers sensibles en France, on accueille avec réticence, l’annonce en grandes pompes, de ces mesures sensées réduire la discrimination à l’embauche. Pour Aziz Senni, un entrepreneur Franco-marocain issu de l’immigration et du quartier du Val-Fourré, ces mesures sont un écran de fumée destiné à cacher des visées électoralistes. Reprenant point par point, ces mesures annoncées, il démonte sur sa page Facebook, les artifices de ces mesures.

Tout d’abord, Aziz Senni s’interroge sur l’intérêt pour le gouvernement de lancer une étude pour se convaincre de l’existence de la discrimination à l’embauche là où les études des think-thanks, des associations de terrain sont déjà parvenues à cette conclusion. Pour lui, « l'Etat veut dépenser pour avoir sa propre étude et se faire un peu de communication sur le sujet ». Comment ne pas lui donner raison si l’on sait que la mesure sur le CV anonyme n’a pas réussi là où la ministre du Travail espère que ses mesures fonctionneront ?

Sur un autre point, le jeune entrepreneur estime que le gouvernement doit  s’attaquer aux sources premières de la discrimination : le réseautage et la cooptation. « Pourrait-on avoir les noms, CV et photos des collaborateurs de cabinet des ministres et du Président ? Ceux des différents conseils d'administration des institutions dépendants directement de l'Etat (EDF, SNCF, CDC, BPI..)? », ironise le Franco-marocain. Le jeune entrepreneur interprète le lancement de ces mesures dans « une optique électorale » à l’heure où le chômage est grandissant chez les jeunes. « Décidément les discriminations, il y a ceux qui continuent à la vivre et ceux qui continuent à en vivre! », conclut-il. 

Source : yabiladi.com

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