Les discriminations portant sur le sexe, l origine, ou l état de santé, continuent à affecter significativement les chances d obtenir un emploi, un bon salaire ou un logement en France.
C est ce que dévoile une étude publiée dans un numéro spécial de la revue de l Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), intitulé "Economie et Statistique, Inégalités et discriminations : questions de mesure", qui indique que près de 15 ans après le lancement d une politique de lutte contre les discriminations, celles-ci "continuent à bien se porter en France".
Le numéro se présente comme une compilation des études sur les discriminations liées à l origine, au sexe, à l orientation sexuelle, à l état de santé ou au handicap, dans le domaine de l emploi, de l éducation ou du logement.
Ainsi, dans les enquêtes par testing utilisant de faux CV, les recruteurs rappellent plus volontiers un candidat au nom français qu un candidat identique portant un nom d origine étrangère, à même niveau de qualification.
De même, l accès au logement social est plus long pour les ménages d origine non européenne sans qu il soit possible de l expliquer autrement que par une pénalité liée à leur origine.
Il en est de même pour les femmes. L étude confirme aussi que celles-ci perçoivent des rémunérations plus faibles que les hommes à travail égal.
Le deuxième apport des analyses présentées dans cette étude réside dans la manière dont elles rattachent la question des discriminations à la thématique plus générale des inégalités sociales.
Il apparait ainsi que les discriminations ne sont pas comprises comme des pratiques individuelles et isolées mais s inscrivent au cœur du fonctionnement des institutions de l’Etat.
L’étude démontre alors que l école, par exemple, ne parvient pas à alléger le poids des héritages familiaux sur le parcours des élèves et la reproduction des inégalités sociales concerne plus encore les descendants d immigrés qui, dans, l ensemble sont plus souvent en difficulté scolaire en raison de la précarité de leur situation.
Le troisième enseignement de ces travaux portés par cette étude souligne que la multiplicité des domaines et des critères où s observent les discriminations dévoile que les politiques engagées depuis le début des années 2000 "ne sont pas suffisantes".
L étude indique aussi qu alors que la mobilisation des pouvoirs publics dans le champ du handicap et celui de l égalité entre les femmes et les hommes s est traduite par des "avancées juridiques et la mise en place d actions politiques concrètes", en revanche, il n existe pas de politique spécifique pour lutter contre les inégalités dues à l origine.
La même étude souligne que sur ce terrain plus que sur les autres, "l insuffisance" de l action publique est "étroitement liée" aux lacunes des dispositifs de mesure.
Ainsi, l origine immigrée n est toujours pas repérable dans le recensement de la population ou les statistiques d entreprise. Les grandes enquêtes, qui contiennent des informations sur l origine des parents, ne permettent de décrire la situation des minorités ethniques que de manière partielle et imparfaite, révèle par ailleurs l étude.
23 avr. 2014
Source : APS