L'Insee a publié une étude dressant le profil de l'immigration dansla région et soulignant les difficultés d'accès à l'emploi des immigrés, en particulier ceux qui sont originaires du Maghreb et de Turquie.
Première surprise de l'enquête réalisée par l'Insee régional : le nombre des immigrés (1) présents dans la région est nettement inférieur à la moyenne nationale, établie à 8,3 %. En 2007, le Nord - Pas-de-Calais comptait 182 900 immigrés, soit 4,5 % de la population. Cette réalité est toutefois non uniforme puisque l'étude montre que l'immigration se concentre surtout sur la métropole lilloise, le bassin minier du Pas-de-Calais et la frontière franco-belge.
Des implantations localisées résultant de vagues successives d'immigration italienne, allemande, polonaise, puis portugaise, algérienne et marocaine, et liées à l'histoire économique de la région : reconstruction après les deux conflits mondiaux, exploitation minière et sidérurgie, guerre d'Algérie. La dernière « vague », après 1999, s'expliquerait par la reprise économique. En 2007, la population immigrée dans la région est plus importante qu'en 1999 mais moins qu'en 1990 et 1982.
En terme d'origines géographiques, les Africains sont les plus nombreux, avec 52 % de la population immigrée : 41 600 Algériens, 36 100 Marocains et 3 540 Tunisiens. Les Européens, eux, représentent 39 % du total, avec les Belges en première position (19 000), devant les Italiens (13 000), les Portugais (11 800) et les Polonais (9 900).
Le diplôme ne protège pas du chômage
La seconde partie de l'étude insiste sur les difficultés d'accès à l'emploi des immigrés et sur les inégalités dont sont victimes ceux qui sont originaires du Maghreb et de Turquie. Globalement, et ce n'est pas une surprise, à diplôme équivalent, les immigrés sont davantage touchés par le chômage que le reste de la population. Mais là où réside l'intérêt de cette enquête, c'est en ce qu'elle révèle une double inégalité. D'abord, les immigrés originaires du Maghreb et de Turquie souffrent plus du chômage que les immigrés européens, généralement plus diplômés, et parmi lesquels le taux d'actifs est similaire à celui de la population régionale. Pire, chez les premiers, même les hauts diplômes ne protègent pas du chômage, et les diplômés de l'enseignement supérieurs accèdent moins souvent que les autres à des emplois qualifiés : 20 % d'entre eux sont ouvriers. « On s'en doutait, mais on est surpris par l'ampleur du phénomène, commente Fadela Benrabia, de la direction régionale de la jeunesse et de la cohésion sociale. Il faudra que cette étude provoque un effet d'interpellation pour les pouvoirs publics et pour les employeurs. »w (1) Par « immigré », l'Insee entend les étrangers nés à l'étranger et les immigrés français par acquisition. Les descendants d'immigrés naturalisés ne sont donc pas comptés, pas plus que les étrangers nés en France.
L'étude est disponible dans son intégralité sur le site de l'Insee du Nord - Pas-de-Calais.
5/4/2011, Bruno Renoul
Source : Nord éclair