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Le chômage frappe trois fois plus les immigrés africains

On pouvait s'en douter, mais peut-être pas à ce point. La population active immigrée est deux fois plus touchée par le chômage. En 2011, 16,3 % de ses travailleurs figuraient sur les listes des demandeurs d'emploi, contre 8,5 % pour le reste de la population non immigrée, selon une étude que vient de publier le ministère du Travail.

Plus frappant, ses auteurs pointent une sorte « d'inégalité dans l'inégalité » des immigrés par rapport à l'emploi. Le taux de chômage des ressortissants du Maghreb se chiffrait ainsi à 23 % l'an dernier, soit un niveau presque trois fois plus élevé que chez les non-immigrés. Les travailleurs originaires d'Afrique ne sont pas loin derrière, à 22 %.

Autre surprise, la crise de l'emploi touche moins les Portugais et les Espagnols installés en France que la population non immigrée de celle-ci. Seuls 5,6 % des premiers et 7,4 % des seconds étaient au chômage l'an dernier. Les Italiens ont fait un peu moins bien : 8,5 %.

Statistiquement, les Asiatiques originaires d'Indochine (Laos, Vietnam, Cambodge) occupent une position intermédiaire. Avec un taux de demandeurs d'emploi de 11,4 %, ils se situent entre les Européens du Sud et les immigrés venus du Maghreb. Autre constat, la précarité de l'emploi touche plus souvent les travailleurs nés en Afrique : 20 % sont en contrat temporaire. C'est deux fois plus que ceux originaires de la communauté européenne.

Ségrégation professionnelle

La ségrégation qui s'exerce au niveau des professions exercées, selon que l'on soit immigré ou non, est élevée. Un tiers des emplois de maison et 29 % des agents de gardiennage et de sécurité se recrutent parmi les immigrés. Ceux-ci sont également surreprésentés dans le bâtiment, les travaux publics, les ouvriers du textile et du cuir, les cuisiniers ou encore les agents d'entretien, proportionnellement à leur nombre.

En 2011, l'Hexagone comptait 4 millions d'immigrés âgés de 15 à 64 ans, soit 10 % de la population en âge de travailler. Parmi eux, 30 % viennent de l'Union européenne, 31 % du Maghreb, 15 % d'Afrique subsaharienne et 24 % d'un pays européen situé hors UE ou d'un continent autre que l'Afrique. Enfin, la participation des immigrés au marché du travail est comparable à celle des non-immigrés pour les hommes, mais inférieur pour les femmes.

05/11/2012, Joel Cossardeaux

Source : Les Echos.fr

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