Après le lancement de l’opération de régularisation de la situation des immigrés en séjour irrégulier, le Maroc tend à mettre en place une politique migratoire d’intégration.
L’idée est de non seulement donner une carte de séjour aux personnes concernées mais aussi de les doter des moyens nécessaires pour qu’elles puissent s’intégrer dans la société marocaine. C’est ce qu’a souligné le ministre chargé des Affaires de la migration Anis Birou, le jeudi 27 mars à Rabat.
Selon lui, cette politique d’intégration passe par plusieurs volets, notamment la scolarisation des enfants des immigrés, la formation des adultes pour pouvoir accéder à l’emploi, l’accès à la santé, l’apprentissage de la langue arabe ou dialectale (darija).
"Il s’agit de munir le migrant de tous les outils pour pouvoir vivre en sérénité au sein de la société marocaine. Le Maroc doit être un modèle en la matière", déclare Birou.
"Pour pouvoir réussir le pari, nous avons examiné plusieurs expériences internationales, même celles qui n’ont pas réussi, pour en tirer les enseignements nécessaires", souligne le ministre.
Les immigrés en situation irrégulière se félicitent de cette initiative qui va leur donner une nouvelle chance au Maroc.
Moussa Alobe est un Congolais qui attend de voir sa situation régularisée après quatre années de clandestinité passées au Maroc. Au départ, il nourrissait l’espoir de pouvoir accéder à l’autre rive de la Méditerranée. Mais il en a vite été dissuadé, compte tenu de la difficulté d’atteindre son objectif. Depuis qu’il est venu au Maroc, il enchaîne les petits boulots pour pouvoir survivre.
"Cette initiative d’intégration est très importante. Tous les volets s’avèrent une nécessité. Je salue particulièrement la scolarisation des enfants ainsi que l’apprentissage de la langue et la formation pour l’accès au marché du travail", dit-il, l'air optimiste.
Ils sont nombreux à applaudir cette nouvelle stratégie. Il s’agit d’un nouveau projet de société basé sur la mixité sociale, l’inter-culturalité et la tolérance pour mieux vivre ensemble, selon le sociologue Brahim Maaroufi.
Il signale que la mise en place de mesures visant à faire intégrer les immigrés dans la société est une nécessité car le Maroc n’est plus une simple terre de passage, mais est devenu un pays d’accueil.
Aussi, "le royaume doit-il agir pour accompagner les immigrés et prévenir plusieurs problématiques. Un immigré bien intégré devient un citoyen au service de la société. Au contraire, ceux qui sont en situation irrégulière constituent un risque pour la sécurité. Il faut s’inspirer d’autres pays pour pouvoir relever le défi", dit-il.
Du côté des citoyens, la politique d’intégration des immigrés est saluée par plusieurs personnes contactées par Magharebia. Pour Majda Cherrat, employée, cette nouvelle politique d’insertion des migrants rentre dans le cadre du respect des droits de l’Homme.
"Bien qu’ils soient en situation irrégulière, les immigrés doivent avoir accès à des droits de base comme la santé. Je pense que personne ne peut être en désaccord avec cette stratégie qui permettra à des milliers de personnes de vivre dignement dans la société, sans peur et sans humiliation", dit-elle.
Même son de cloche auprès de Mohcine Mbarki, étudiant, qui tient à saluer particulièrement le volet de l’apprentissage de la langue arabe qui est, selon lui, un élément clé pour s’insérer dans la société et connaître ses rouages.
28/03/2014, Siham Ali
Source : magharebia.com