lundi 25 novembre 2024 01:39

Rapport sur les migrations et populations issues de l’immigration en Belgique »

Comment la question des migrations est-elle abordée par les Belges ? Plusieurs études récentes, dont le Baromètre social de la Wallonie 2013, ont confirmé que les perceptions correspondent rarement à la réalité. Ce 18 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, le Centre publie son rapport statistique et démographique annuel sur les migrations. Des chiffres qui permettent à chacun de nuancer ses positions et d’envisager le fait migratoire autrement que comme un phénomène menaçant.

Premier rappel chiffré : la migration, ce n’est pas que l’immigration. L’étude des flux migratoires est souvent appréhendée à travers l’immigration étrangère uniquement. Or, les mouvements migratoires en Belgique sont la résultante des entrées et des sorties du pays, effectuées tant par les citoyens belges que par les étrangers. Il est donc important de mettre ces différentes composantes en perspective afin de ne pas tronquer le phénomène migratoire. Ainsi sur 100 migrations en 2012, il y a eu 59 immigrations/entrées et 41 émigrations/sorties.

Ce chiffre de 100 migrations est évidemment très éloigné de la réalité, puisqu’on a en réalité enregistré plus de 250.000 mouvements migratoires en Belgique en 2012 (immigrations et émigrations des Belges et des étrangers) ! Ce qui nous amène à un autre constat. D’un point de vue général, la Belgique connaît depuis plusieurs décennies une mobilité internationale importante et croissante. « Les chiffres montrent avant tout que les mouvements migratoires, dans leur ensemble, sont en augmentation en Belgique comme dans le reste du monde », explique Patrick Charlier, directeur adjoint du Centre. « Ceci nous rappelle aussi que la migration est une des composantes incontournables de la démographie d’un pays, à côté de la natalité et de la mortalité. Or on ne l’aborde encore trop souvent que sous ses dimensions économique, sociale et surtout politique. »

Autre fantasme que les chiffres rectifient illico : l’immigration serait majoritairement (nord-)africaine ou asiatique. Faux, elle est en réalité d’abord intra-européenne (donc couverte par le droit de libre-circuler) ; et quand elle provient des pays-tiers, elle est de plus en plus diversifiée. L’examen des tendances migratoires au cours de ces vingt dernières années indique que la plus grande part de l’immigration est principalement le fait de ressortissants de l’UE. Ainsi en 2011, sur les 138.071 immigrations d’étrangers, 78.473 immigrations correspondaient à des entrées de ressortissants de l’UE-27, soit 56,8%, ce qui représente une augmentation de 6% par rapport à l’année 2010. Ces immigrants citoyens de l’UE proviennent essentiellement des anciens pays membres de l’Union européenne à 15 (47.996, soit 34,8% du total des entrées). La part des ressortissants des nouveaux États membres entrés dans l’Union en 2004 et en 2007 a cependant – et logiquement – plus que doublé, passant de 10 % à 22% entre 2004 et 2011. 2012 confirme la tendance avec 78.480 immigrations intracommunautaires (soit 63% des immigrations, dont 38% de ressortissants des nouveaux États membres).

Nationalité et origine : deux réalités différentes

Parmi les 11 millions d’habitants que compte la Belgique, certains sont Belges, d’autres étrangers. D’autres encore sont des étrangers devenus belges. La nationalité que nous avons a un impact déterminant sur notre quotidien. En effet, selon notre nationalité nous pouvons circuler plus ou moins facilement hors de Belgique, y accéder au marché du travail plus ou moins aisément, y vivre notre vie de famille plus ou moins librement, participer plus ou moins largement à la vie politique, etc.

En Belgique, près d’un cinquième de la population, soit environ 2 millions d’habitants, avait une nationalité étrangère à la naissance. Certains d’entre eux sont nés à l’étranger, d’autres (plus d’un quart) sont nés en Belgique. De ces 2 millions d’habitants, plus d‘1 million ont aujourd’hui gardé leur nationalité étrangère tandis que pratiquement 900.000 sont devenus belges.

Mais la nationalité occulte l’histoire migratoire, et donc l’origine. Parmi les Belges, certains sont des ‘primo-arrivants’ sur le territoire, parce qu’ils sont nés à l’étranger de parents Belges émigrés. D’autres ont une histoire migratoire familiale plus ou moins récente parce qu’ils sont nés de parents ou de grands-parents migrants.

En résumé, sur base de la nationalité, la Belgique compte aujourd’hui 1 habitant étranger sur 10. Sur base de la nationalité à la naissance, près d’1 habitant sur 5 est d’origine étrangère. Et si l’on recherche la nationalité à la naissance des grands-parents des 11 millions d’habitants que compte le pays, c’est alors environ un quart de la population qui s’avère être d’origine étrangère !

17/12/2013

Source : diversite.b

 

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