C'est pour le travail que la majorité des personnes issues de l'immigration se tournent vers la Suisse ; et pour cette même raison qu'ils repartent. Une étude de comparis.ch, menée auprès de plus de 1000 immigrants, a démontré que la majorité d'entre eux ne souhaite s'établir que de manière provisoire et, la plupart du temps, pour cinq ans au maximum. D'après les résultats de cette enquête, les débats houleux autour des 1,8 million (1) d'étrangers en Suisse ne laissent pas de marbre : une personne sur deux exprime de la compréhension pour les arguments et presque autant souhaiteraient participer au processus politique.
Trop d'immigrants en Suisse ? Profitent-ils du système social ? Ne seraient-ils pas au contraire l'un des moteurs de notre économie ? Les débats politiques autour de telles questions ne cessent de faire rage, à droite comme à gauche. Et ce thème est fréquemment mis en avant dans le cadre des élections de 2011. Souvent, les politiciens manient habilement les chiffres de l'immigration : on en oublierait presque qu'une grande partie quitte aussi la Suisse. Plus précisément, si en 2009, plus de 140 000 personnes se sont établies en Suisse, nombre d'entre elles sont reparties. Ainsi, le taux net d'immigration s'élève en fin de compte à peine à 80 000 personnes (2).
Les immigrants ont bon dos, mais il est très rare qu'ils aient eux aussi la possibilité de s'exprimer. C'est pourquoi, comparis.ch, le comparateur sur Internet, leur a donné la parole au moyen d'un sondage. Les questions tournaient autour de la durée de séjour prévue, de leurs sentiments face aux débats politiques les concernant ainsi que des motifs qui les poussaient à rester en Suisse ou à repartir. En septembre 2011, 1085 immigrants vivant en Suisse depuis 2006 au plus tôt ont pris part à cette enquête, alors disponible en ligne dans la section sur mesure « S'installer en Suisse ». 85 % des personnes interrogées sont originaires des pays européens bénéficiant de l'accord de libre circulation avec la Suisse (UE-17/AELE) depuis le 1er juin 2007. 56 % sont allemands, 7 % sont italiens et 7 % français. 91 % exercent une activité lucrative ; 82 % travaillent à temps plein.
La plupart veulent repartir, et ce après cinq ans au maximum
L'enquête montre clairement que les immigrants n'envisagent qu'un séjour à court terme en Suisse. Seul 19 % désirent y rester pour toujours. 51 % affirment au contraire ne souhaiter y résider que pour une durée limitée. En ce qui concerne, les 29 % restant, ils n'ont pas encore de projets. Les étrangers souhaitant repartir veulent le faire ces prochaines années. Près d'un immigrant sur trois affirme avoir dans l'idée de quitter la Suisse dans cinq ans au plus tard.
Une analyse de ces données par rapport au temps que les ressortissants étrangers ont déjà passé en Helvétie confirme qu'ils prévoient plutôt des séjours de courte durée. Toutefois, leurs plans changent dès qu'ils y ont vécu quelques années. Les étrangers résidant en Suisse depuis longtemps déjà souhaitent également y rester à plus long terme. Parmi les personnes ayant immigré en 2010 et en 2011, 32 % indiquent qu'ils repartiront dans les cinq prochaines années. Par contre, il ne sont plus que 24 % parmi ceux étant arrivés en 2006 et en 2007. À l'inverse, la part de ceux qui aspirent à rester en Suisse à long terme, voire pour toujours, augmente proportionnellement à la durée de leur séjour.
Au fil du temps, les immigrés semblent apprécier de plus en plus leur nouveau chez-eux. Richard Eisler, CEO de comparis.ch, à ce sujet : « Plus les résidents étrangers apprennent à connaître les gens et le pays, plus il leur est difficile de dire aurevoir. » L'intégration (professionnelle et sociale) jouerait ici un rôle considérable.
Une personne sur deux dit comprendre les arguments des débats
La volonté d'intégration des immigrants interrogés est également illustrée par le fait que les débats politiques parfois houleux ne les laissent pas de marbre. Seul 8 % affirment que ces discussions leur sont égales. À l'inverse, 50 % des personnes sondées comprennent les arguments. 44 % trou-vent dommage de ne pas pouvoir prendre part au processus politique. 34 % ressentent ces débats comme pénibles et désagréables. Le nombre d'immigrants qui se sentent personnellement concernés se révèle également considérable : 27 % se sentent blessés dans leur personne et même 18 % se sentent menacés.
Ainsi, la plupart des immigrants s'intéressent aux débats les concernant. Toutefois, seul une minorité a peur que ces discussions ne viennent durcir les conditions de leur droit de séjour. 74 % ne craignent pas que leur droit de séjour soit supprimé pour de bon à l'avenir.
Emploi déterminant ou : la caravane du nomade moderne
Dans le cadre de ce sondage, les immigrants se sont également exprimés quant aux motifs qui les poussent à rester en Suisse ou à repartir. Puis, ils ont évalué l'importance qu'ils apportent à chacune de ces raisons. Les perspectives professionnelles, les loisirs et l'environnement social pèsent tous presque autant lourd dans la balance. La compagne ou le compagnon ainsi que la famille ne jouent ici qu'un rôle secondaire. Richard Eisler explique que « la plupart du temps, les étrangers viennent en Suisse pour des raisons professionnelles mais repartent exactement pour les mêmes motifs. Évidemment, ils veulent aussi se sentir bien. »
D'après l'enquête (voir graphique 1), neuf immigrants sur dix citent d'excellentes perspectives pro-fessionnelles comme raison importante les poussant à rester en Suisse. Aucun autre facteur n'a fait l'objet d'un tel engouement. Arrive en deuxième position l'offre de loisirs (lacs, montagnes, ski, offre culturelle). La médaille de chocolat revient à l'énonciation suivante : « J'apprécie mon entourage social, j'ai trouvé des amis ici ».
Un tableau similaire se profile au niveau des arguments poussant ces mêmes personnes à quitter la Suisse (voir graphique 2). 62 % considèrent le chômage comme une raison de taille pour repartir de la Suisse ; 57 % invoquent de meilleures perspectives professionnelles dans un autre pays. Richard Eisler constate que « si les nomades modernes ne trouvent plus de travail en Suisse ou reçoivent une offre plus intéressante ailleurs, ils repartent. La caravane met le cap vers un nouvel emploi. » Partant, d'après l'étude de comparis.ch, c'est bel et bien triplement que la Suisse profite de cette situation : aucune formation à payer, les immigrants cotisent à l'assurance-chômage et, lorsqu'ils se retrouvent sans emploi, ils ne demandent aucune indemnité. Les facteurs tels que « pas trouvé d'amis » ou « difficultés au niveau culturel » constituent également des motifs de grande importance lorsqu'il s'agit de repartir. Ainsi, outre le travail, l'aspect culturel compte aussi.
Chocolat et situation géographique
En dehors de ces raisons rationnelles, le côté émotionnel joue évidemment aussi un rôle. Ainsi, dans les champs libres, certains ont noté des formules simples et claires, telles que « I love Switzerland » ou, encore plus précis, « I love Swiss chocolate ». Une ressortissante d'Allemagne a finalement mentionné parmi les avantages de la Suisse « la proximité avec l'Allemagne ».
4/10/2011
Source : ne.presseportale
Nassreddine Dchar, un jeune comédien néerlandais d'origine marocaine, talentueux et prometteur, a été sacré meilleur acteur lors du Festival du film néerlandais, vendredi 30 septembre à Amsterdam. Lors de la cérémonie de remise des prix, il a fait part de sa fierté d’être d’origine marocaine et de confession musulmane, en réponse au discours radical de la droite néerlandaise, dont des membres font partie du gouvernement néerlandais. Il s’est adressé en ces termes au premier Ministre néerlandais : "Monsieur Verhagen, et avec vous Geert Wilders et tous ceux qui vous soutiennent, je suis un Néerlandais et je suis très fier de mon sang marocain (origines). Je suis un musulman et je suis debout ici, et j’ai entre mes mains le "veau" d’or, le prix du meilleur acteur de l'année".
Nassreddine Dchar a été récompensé pour son interprétation dans le film Rabat, un long métrage qui relate les péripéties de voyage de trois jeunes néerlandais d'origine marocaine, entre Amsterdam et Rabat. Le film sera distribué dans 7 pays ... parmi eux le Maroc !
30/9/2011
Source : You Tube
La population active devrait augmenter en France métropolitaine de 6,5 % entre 2010 et 2030, passant de 29,4 millions à 31,4 millions, la hausse étant particulièrement vive dans des régions du Sud et de l'Ouest, selon une étude de l'Insee.
L'essentiel de l'augmentation de la population active – qui comprend les personnes en emploi et les chômeurs – aurait lieu entre 2010 et 2025, du fait notamment de la hausse du taux d'activité des seniors sous l'effet des réformes des retraites de 1993, 2003 et 2010.
Après 2025, sous l'effet conjugué du retrait du marché du travail de ces seniors et l'arrivée aux âges de forte activité des générations creuses nées pendant les années 1980-1990, la population active se stabiliserait pendant une décennie. Elle progresserait de nouveau après 2035 avec l'entrée dans la vie active des générations nombreuses nées après 2000.
Dès lors, jusqu'au début des années 2020, la population active vieillirait dans toutes les régions et l'âge moyen des actifs passerait de 39,6 ans en 2010, à 40,6 ans en 2022. En 2030, un rajeunissement sera amorcé (40,5 ans).
ÉVOLUTION DIFFÉRENTE SELON LES RÉGIONS
L'évolution serait différente d'une région à l'autre du fait notamment des comportements d'activité et des migrations interrégionales, signale l'étude dont le scénario s'appuie sur un maintien du taux de fécondité au niveau de 2007 dans chaque région et un solde migratoire de 100 000 personnes par an. Ainsi, la population active progresserait vivement de plus de 15 % en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées pendant les deux prochaines décennies. En Aquitaine, Pays de la Loire, Bretagne et Rhône-Alpes, la hausse serait autour de 10 à 12 %.
Mais, alors qu'en Languedoc-Roussillon et en Midi-Pyrénées la tranche d'âge la plus active (entre 30 et 49 ans) sera dynamique, du fait des migrations préalables de jeunes à l'âge des études, dans l'Ouest cette tranche stagnerait.
En Corse et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), la population active progressera de 8 % à 10 % en vingt ans et en Poitou-Charente de 6 %. Dans la moitié nord, en Ile-de-France, elle augmenterait significativement (6 %).
Dans d'autres régions principalement situées dans le Nord, dans le centre et dans l'Est, la population active évoluerait de façon plus atone, amorçant même une période de baisse durable avant 2030. Déjà engagée en Champagne-Ardenne, cette baisse pourrait intervenir dès 2013 en Lorraine et vers 2025 pour les autres.
Dans ces territoires, "déficit migratoire chez les jeunes et vieillissement de la population active actuelle se cumuleraient", souligne l'Insee.
Ces écarts de croissance entre la population active et la population âgée, en nette progression partout, pourraient accentuer des déséquilibres locaux entre les besoins des populations et la main-d'œuvre disponible, estime l'étude, pour laquelle des "tensions sur l'emploi dans certains secteurs, tels que les services aux particuliers, pourraient survenir".
4/10/2011
Source : Le Monde/AFP
Alors que nous éprouvons toujours des difficultés à nous accepter comme un continent d'immigration, voilà qu'il nous faut à nouveau nous penser comme un continent d'émigration.
La crise financière et économique et sa traduction en termes de précarité et d’inégalités sociales génèrent dans la population des incertitudes et des préoccupations multiples quant au présent et à l’avenir. Dans ce contexte, l’immigration et la présence des immigrés (et de leurs descendants) sont souvent présentées comme des problèmes et des dangers. Les discours et les politiques d’immigration deviennent de plus en plus durs, voire carrément hostiles aux boucs-émissaires que redeviennent les migrants au gré des nécessités de la politique interne aux pays européens. Les politiques d’intégration des migrants deviennent de plus en plus des outils de mise en conformité sociale et culturelle des nouveaux migrants. Comment sélectionner et intégrer les heureux élus parmi la multitude des immigrants potentiels non désirés ? Comment se débarrasser de ces derniers ? Des formations politiques inspirées par le nationalisme et un certain populisme se sont emparées de ces débats en donnant des réponses simplistes à des questions migratoires complexes qui divisent par ailleurs tant la gauche que la droite.
Mais une question est complètement ignorée dans les débats sur les migrations en Europe : celle des effets de la crise mondiale et de ses avatars en Europe sur les mouvements migratoires à partir de ce continent. En d’autres mots, alors que l’Europe se préoccupe de l’immigration, ne devient-elle pas à nouveau un continent d’émigration ? Ne voit-on pas déjà les premiers signes d’un nouvel exode européen comme réponse à la crise économique qui touche l’Europe et à ses conséquences sociales et politiques pour une jeunesse européenne de plus en plus privée d’opportunités d’insertion sur un marché de l’emploi très tendu ?
Prenons quelques exemples pour illustrer ce propos. Lors d’un récent voyage à Dublin, je me suis par hasard retrouvé en plein milieu d’une manifestation devant le Parlement irlandais. A ma grande surprise, les slogans étaient "Stop Emigration", "Keep our Youth Home" ("Garder notre jeunesse à la maison"). En effet, depuis que le tigre celtique est redevenu un petit chaton, de nombreux jeunes Irlandais, souvent avec un haut niveau d’éducation et d’excellentes compétences professionnelles, quittent le pays en lequel ils ne croient plus. L’Australie et le Canada notamment sont pour eux des destinations de choix.
Plus au sud, la Grèce. De nombreux jeunes Grecs envisagent à terme de ne pas rester dans un pays à la dérive. Eduqués ou pas, issus des classes populaires ou des classes moyennes et même supérieures, femmes et hommes, insulaires ou continentaux, ils se considèrent comme des migrants potentiels. Certes, tous n’auront pas les ressources nécessaires pour partir, mais nombreux sont ceux qui le font déjà. D’aucuns vont rejoindre la diaspora grecque en Australie. D’autres se lancent vers des destinations improbables comme le Liban. En Italie, les jeunes diplômés italiens n’en sont plus à la phase des projets migratoires. Ils partent, qui vers le nord de l’Europe, qui vers les pays émergents comme le Brésil, l’Inde et la Chine. Chez nous, les candidats italiens sont de plus en plus nombreux pour les postes universitaires et les postes de recherche. "Vous êtes notre Lampedusa" aurait dit un de ces candidats à l’émigration scientifique à un de mes collègues !
Les jeunes Portugais redécouvrent quant à eux des pays comme l’Angola, le Cap-Vert, mais aussi le Brésil. Au Portugal aussi, l’avenir semble bouché. Ces jeunes ne sont pas les "heróis do mar" du XXIe siècle, ni des néocolons, mais tout simplement des personnes souvent très bien éduquées qui ont perdu l’espoir de pouvoir se construire un avenir chez eux. Les Français aussi semblent de plus en plus tentés par l’émigration. Entre 2006 et 2010, le nombre de Français dans le monde est passé de 1 340 000 à 1 470 000.
Chez nous, plusieurs centaines de Belges quittent chaque année le pays. Au-delà de la crise financière et économique, la laborieuse transition politique qui s’éternise est aussi de nature à éveiller des vocations à l’émigration, surtout chez les Belges les plus qualifiés. C’est notamment le cas de chercheurs universitaires, d’artistes et d’hommes d’affaires. Aujourd’hui déjà plus de 300 000 Belges ont décidé de vivre à l’étranger.
Certes, ces faits n’ont pas comme tels de valeur scientifique. Ils devraient toutefois nous encourager à examiner de manière plus globale les multiples facettes de la question migratoire. Nous avons encore du mal à nous accepter comme un continent d’immigration, voilà qu’il nous faut à nouveau nous penser comme un continent d’émigration. La chose est difficile mais elle est pourtant indispensable. Elle devrait aussi nous engager à mieux réfléchir à nos politiques publiques dans le domaine de l’immigration et de l’intégration dont certaines pourraient se retourner un jour contre nos futurs émigrants européens. Que diraient les Européens si la Chine adoptait un jour des politiques d’intégration des nouveaux migrants Européens aussi rigides que celles qui se développent en Europe pour les candidats à l’immigration en provenance de pays du Sud ? Que dirions-nous si les pays émergents avaient des exigences à l’égard des émigrants européens analogues à celles que nous avons des candidats à l’immigration en Europe ? Que penserions-nous s’il fallait prouver une maîtrise la langue et de la culture chinoise et des institutions du pays avant de pouvoir y travailler en tant qu’Européen, même qualifié ? Il faut y réfléchir et ne pas oublier, lorsque nous construisons des politiques d’immigration et d’intégration, que peut-être un jour beaucoup d’entre nous Européens seront à nouveau des migrants. En effet, les flux migratoires sont de plus en plus multidirectionnels à l’ère de la mondialisation. A une économie dérégulée correspond une mobilité humaine de plus en plus dérégulée malgré nos politiques migratoires restrictives. La plupart des pays sont à la fois des pays d’immigration, d’émigration et souvent de transit. L’Europe reçoit des migrants plus ou moins qualifiés et éduqués du monde entier. Mais elle perd une partie de sa jeunesse souvent très qualifiée pour d’autres contrées où l’avenir semble plus prometteur. Or, cette question de la nouvelle émigration européenne n’est jamais discutée. Elle est totalement ignorée. D’une part, nous éprouvons encore d’énormes difficultés à nous accepter comme un continent d’immigration.
D’autre part, nous refusons de voir que l’émigration au départ de l’Europe est une réalité non négligeable qui est destinée à croître si nous ne sortons pas du marasme économique et politique actuel par le haut en construisant une Europe économique et politique plus forte, unie et solidaire avec les autres grandes régions du monde. Plus que jamais, une approche globale des migrations (immigration-émigration-transit-intégration, etc.) mise en relation avec les grands déséquilibres du monde est nécessaire.
30/9/2011
Source : Lalibre.be
Nous sommes en 2008. Nicolas Sarkozy est à l'Elysée, Michèle Alliot-Marie est Place Beauvau. Dans une circulaire non publiée que Le Monde a pu consulter, la ministre de l'intérieur adresse aux préfets et aux directeurs de la police et de la gendarmerie nationale, le 4 mars, les "objectifs 2008 en matière de sécurité intérieure", les premiers de la présidence Sarkozy. Ce texte, et les notes de service qui en découlent à chaque échelon hiérarchique, illustre concrètement la "culture de la performance" qui doit s'instaurer dans les forces de l'ordre.
Les objectifs de Mme Alliot-Marie sont chiffrés mais généraux : - 3 % pour la délinquance générale, - 5 % pour la délinquance de proximité. Et le taux d'élucidation (36,11 % en 2007) doit atteindre 40 %. Suit une série de priorités : les violences aux personnes, le terrorisme, les violences urbaines et la criminalité organisée (notamment le trafic de drogue).
Dix jours plus tard, le directeur central de la sécurité publique envoie aux directeurs départementaux et aux préfets "la déclinaison des objectifs" fixés par la ministre. Il reprend les thèmes de la circulaire, demande pour cela un accroissement de 5 % de la présence sur la voie publique.
Puis il va au-delà, dans la catégorie "Divers". Apparaissent ainsi le développement de "contrôles afin de rechercher les individus en situation irrégulière", et la poursuite de l'effort sur les trafics, mais aussi les usages de stupéfiants, là où la ministre défendait l'"action en profondeur engagée contre les réseaux et les filières". Objectifs fixés : "Une progression de 5 % des IRAS (infractions révélées par l'action des services) dans ces catégories".
Les IRAS sont l'un des quatre grands ensembles qui constituent les chiffres de la délinquance. Pour moitié, il s'agit d'"ILS" (infractions à la législation sur les stupéfiants) et pour un quart d'"ILE" (infractions à la législation des étrangers). Des flagrants délits qui présentent l'avantage statistique d'afficher 100 % de taux d'élucidation. C'est le "dada du président", explique un directeur départemental de la sécurité publique. Mardi 27 septembre, devant la commission des lois, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, s'est félicité que les "actions d'initiatives se poursuivent à un niveau élevé" (+17 % entre 2004 et 2010).
Fin mars 2008. Un peu plus de dix jours après avoir reçu leurs instructions du directeur central, c'est au tour des directeurs départementaux d'adresser aux responsables locaux leurs objectifs. Exemple en Seine-et-Marne. Dans sa note de service, la directrice de la sécurité publique rentre, à l'unité près, dans le détail. Un tableau résume, par infraction, les objectifs. 1633 sans-papiers mis en cause en 2007 ? La hausse doit être de +4 %, et la responsable réclame donc "1 698" interpellations. Pour l'aide au séjour, les policiers doivent passer de 21 infractions en 2007 à 24 en 2008, pour respecter l'objectif national de + 12,5 %.
Concernant les stupéfiants, le texte reconnaît que la progression de 1,5 % entre 2006 et 2007 est "largement alimentée par l'activité en matière d'usage simple" (les interpellations de consommateurs). Les mises en cause pour reventes ou pour trafic ont baissé, elles, de 27 %. La directrice recommande donc de redresser la barre et de passer de 283 à 297 affaires. Sur les routes, elle fixe un objectif de 51 tués contre 52 en 2007 dans le département, et de 6 tués (contre 12 en 2007) dans le massif de Fontainebleau. "Une hérésie", pour l'un de ses confrères.
Ce degré de détail est-il l'apanage de la Seine-et-Marne ? Un autre directeur affirme qu'il n'a "pas besoin de ça pour que les équipes travaillent" mais précise aussi : "Mes chefs de service savent que le ministre veut que les IRAS augmentent." Il défend toutefois les interpellations pour usage de stupéfiant : "On "signalise" le mis en cause, on prend ses empreintes et, parfois, on découvre des types qui ont commis d'autres faits. Ou, plus tard, on les connaît s'ils commettent d'autres faits."
Un échelon plus bas, la circonscription de sécurité publique, c'est-à-dire le commissariat. Dans l'une d'elles, en Seine-et-Marne, le chef répercute les consignes de sa hiérarchie. Pour les sans-papiers, écrit-il dans une note de service, "il conviendra de maintenir le niveau obtenu en 2007", c'est-à-dire 67 interpellations (contre 29 en 2006). La méthode : les "contrôles en gare", qui "seront effectués sur le même rythme qu'en 2007". Côté drogues, "au-delà des objectifs fixés" au niveau départemental, il souhaite "au moins 2 faits de trafic, 8 faits d'usage-revente et 160 faits d'usage".
Un gardien de la paix du département, qui a accepté de témoigner sous couvert de l'anonymat, et dont le témoignage est corroboré par un officier, confirme que, depuis dix ans, les attentes de la hiérarchie n'ont fait que croître. En Seine-et-Marne, depuis 2002, les ILS ont doublé et les ILE presque quintuplé. "Chaque mois, il faut un peu plus de ci, un peu plus de ça : ILS, ILE, etc.", explique-t-il. C'est même chaque semaine que les commissariats sont tenus de faire remonter leurs statistiques.
La méthode de base, pour ces infractions, c'est le contrôle d'identité. Les services de police demandent donc de plus en plus de réquisitions aux procureurs, base juridique indispensable. Ce qui exaspère le parquet de Meaux, qui dénonce, dans une note au préfet, en 2007, la "lourde charge" que cette explosion des demandes fait peser sur ses services en réclamant que les demandes soient "motivées". Le parquet rappelle que ces requêtes sont passées de 7 000 à 15 000, dans le ressort de Meaux, entre 2005 et 2006...
En l'absence de réquisition, pour atteindre les objectifs, notamment sur les stupéfiants, il y a une autre méthode : selon le policier de Seine-et-Marne, certaines équipes multiplient les contrôles et les palpations "sans raison" et les fouilles de véhicules "illégales" à l'issue des contrôles routiers. "Une fois au commissariat, on trouve un motif. On met "a tenté de dissimuler", mais c'est faux." Et pour les sans-papiers, le "travail en gare" est "ciblé"...
03.10.11 , Laurent Borredon
Source : Le Monde
Depuis 2007 où elle s'est fait remarquer du côté du Qébec en battant campagne pour le candidat Sarkozy,Khadija Doukali est restée en retrait de la vie publique marocaine. Elle qui, à la tête de la société de pêche familiale et dans les différentes associations et fédérations, a déroulé son parcours devant les caméras, les micros et les plumes, a depuis lors, préféré l'ombre…Suite
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