Les mesures très fermes annoncées par le gouvernement, mercredi 28 juillet, à l'issue de la réunion à l'Elysée consacrée aux gens du voyage et aux Roms suscitent l'indignation de l'opposition et de nombreuses associations, tandis que l'UMP a salué un dispositif "juste" et qui "doit s'avérer efficace".
"On est face à un festival de clichés les plus éculés", a réagi le président de SOS-Racisme, Dominique Sopo, fustigeant "une vision de stigmatisation et racialisée de la société". Il juge, en outre, "assez étonnant" que l'on parle de camps illégaux qui, selon lui, "procèdent d'un délit constitué des autorités de la République qui n'appliquent pas la loi" obligeant les mairies de plus de 5 000 habitants à viabiliser des sites pour les gens du voyage.
"Il n'y a rien de nouveau : cela fait huit ans que ces démantèlements existent, avec parfois des destructions de caravanes, et que les expulsions se font", a déclaré de son côté le directeur général de France terre d'asile, Pierre Henry. "En réalité, il y a un problème de gouvernance de l'Union européenne", qui, selon lui, "serait bien avisée de rappeler à un certain nombre de pays, comme la Roumanie, qu'il y a des discriminations contre les Roms", a-t-il ajouté.
De son côté, le Parti socialiste a dénoncé "la dérive sécuritaire et xénophobe du gouvernement" et appelé à un "travail de fond" avec les collectivités locales et les associations. "L'existence même de la réunion du 28 juillet sur les Roms était indigne d'un gouvernement qui se réclame de la République, les annonces faites par Brice HortefeuxPouria Amirshahi, secrétaire national du PS aux droits de l'homme. Selon le PS, "les incidents du Loir-et-Cher auraient dû rester ce qu'ils sont, une affaire de vandalisme à traiter par la justice comme telle. Au lieu de cela, Nicolas Sarkozy a retrouvé ses accents les plus populistes et démagogiques pour faire un amalgame scandaleux entre gens du voyage, Roms, immigration clandestine et violences de tous types". sont dans la continuité", a déploré
L'Union des étudiants juifs de France a affirmé dans un communiqué avoir appris "avec consternation que le gouvernement entend reconduire en Roumanie et en Bulgarie les Roms ayant commis des atteintes à l'ordre public". L'UEJF "rappelle que la majorité des Roms sont français : ces conclusions instaurent une loi d'exception et bafouent le principe d'égalité républicaine".
L'UEJF, SOS-Racisme et la Fnasat (Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les gens du voyage) organiseront d'ailleurs une réunion début septembre sur ces décisions qui "donnent du crédit aux préjugés les plus primaires et éculés", a précisé à la présidente de l'UEJF, Arielle Schwab.
Mercredi matin, des représentants de l'Union française des associations tsiganes avaient demandé à être reçus à l'Elysée, pour instaurer un dialogue, tout en dénonçant une "déclaration de guerre" du gouvernement.
Face à ces critiques, le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a estimé que le PS et les Verts "préfèrent nier la réalité" concernant "les problèmes que pose le comportement de certains" chez les gens du voyage, comme ils le font "pour les questions d'immigration".
Source : Le Monde
Les discriminations dont les jeunes Marocains du Monde se sentent victimes ont été lundi au centre des travaux du premier Forum des jeunes Marocains du monde, ouvert en début de journée à Ifrane.
Au cours de la séance introductive aux débats, Catherine Withol de Wenden, directrice de recherche au Ceri en France, a fait état d'une série de pratiques discriminatoires, notamment policières, dont sont victimes les jeunes immigrés en Europe.
Dans les pays où ils résident, la majorité écrasante des Marocains demandent à être considérés comme des citoyens à part entière tout en s'attachant à leur nationalité d'origine. Ils refusent de sacrifier leur identité marocaine (langue, religion...), ce qui est exploité dans certains cas par l'extrême droite qui n'hésite pas à défendre des positions clairement racistes, a-t-elle avancé.
Lors de la séance «Entreprendre», l'Universitaire Jamal Bouoiyour (Université de Pau en France), a énuméré nombre de comportements discriminatoires dont sont victimes les émigrés, contribuant ainsi à leur marginalisation et leur exclusion du marché du travail.
Ce qui a fait dire à Mohamed Madaoui, sociologue au Centre national des arts et métiers (France), que les jeunes marocains portant des noms arabes mettent trois fois plus de temps pour trouver un poste d'emploi en France même s'ils sont diplômés de grandes écoles. Ils rencontrent aussi énormément de difficultés pour trouver un logement.
Plusieurs témoignages rendus à cette occasion ont dénoncé cette tendance dans nombre de pays européens, où l'extrême droite marque de plus en plus de points, aidée en cela par une certaine radicalisation des positions, selon le démographe français Jean Luc Richard.
Dans son témoignage, Rachid Bakhalq, P.-D.G. de la société Hal'shop, a indiqué avoir rencontré en France «de gros freins qui n'existent pas ailleurs» pour créer son unité. Il s'est également plaint du comportement de l'inspection du travail, des services d'hygiène, du fisc et de l'administration en général.
Pour l'universitaire Driss Guerraoui (conseiller social auprès du Premier ministre), il est inéluctable de changer l'offre des politiques publiques à l'égard des jeunes, dont les attentes et la demande ont évolué du fait de l'extension des libertés individuelles et collectives au Maroc à l'heure de l'internet, du portable et des chaînes satellitaires.
Il est, également, indispensable, a-t-il estimé, de bien écouter les jeunes Marocains du monde pour mieux comprendre leurs préoccupations relatives aux discriminations, dont ils sont victimes en ce qui concerne l'accès au travail et au logement et le respect de leur dualité.
Quelque 3,4 millions de Marocains résident actuellement à l'étranger, alors que leur nombre n'était que de 1,3 M dans les années 90.
Plus de 450 jeunes Marocains venus d'une trentaine de pays étrangers participent à cette rencontre, organisée par le ministère chargé de la Communauté marocaine à l'étranger et le Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (CCME), sous le haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI.
Source : Le Matin
Le ministre français de l’Immigration, Eric Besson, a demandé aux préfectures de faciliter l’entrée et le séjour des scientifiques étrangers en France, afin d'attirer des chercheurs de haut niveau dans le pays, a indiqué jeudi son ministère.
La circulaire envoyée aux préfectures, préparée en concertation avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, précise les conditions de délivrance de la carte de séjour temporaire portant la mention +scientifique+, selon un communiqué.
Les scientifiques étrangers souhaitant s'établir en France "vont bénéficier de modalités d’entrée et de séjour simplifiées, avec notamment une convention d’accueil qui constitue un document unique, sans nécessité préalable d’obtenir une autorisation de travail", précise un communiqué.
Leurs conjoints, qui ne sont pas soumis aux conditions du regroupement familial, bénéficieront d’un titre de séjour temporaire vie privée et familiale, les autorisant à travailler.
Les scientifiques admis à séjourner dans un autre pays européen bénéficieront d’un véritable droit à la mobilité en France.
"Notre devoir est d’attirer les plus hauts potentiels scientifiques, et de leur réserver le meilleur accueil possible", a déclaré Eric Besson, selon lequel ces chercheurs "contribueront en retour au rayonnement de la France dans le monde".
Source : AFP
Des parlementaires de la droite britannique plaident pour l'interdiction du voile intégral dans les lieux publics au Royaume-Uni, mais leur combat trouve peu d'écho politique dans un pays réticent à encadrer les cultes et soucieux de ménager ses minorités.
Après son ministre de l'Immigration Damian Green qui a tancé "l'agressivité laïque de l'Etat français", le Premier ministre conservateur David Cameron a balayé l'hypothèse d'une large interdiction de la burqa ou du niqab sur le modèle français en défendant, dans le port du voile, un "choix personnel".
C'est le tonitruant député conservateur Philip Hollobone qui, le premier, s'est fait l'avocat d'une telle interdiction en déposant un projet de loi en ce sens à la chambre des Communes.
"C'est un problème qui ne disparaîtra pas et il semble même qu'il y ait de plus en plus de femmes portant le voile (intégral). Cela devient commun dans certains quartiers de villes ou même certaines agglomérations", a-t-il expliqué dans un entretien à l'AFP.
Le député qui avait estimé en début d'année que porter un voile revenait "à se promener avec un sac en papier sur la tête", a fait savoir qu'il refuserait à l'avenir de recevoir à sa permanence les femmes au visage dissimulé.
Le Royaume-Uni, à majorité anglicane, compte plus de 2,5 millions de musulmans, selon le Conseil musulman britannique (MCB). Moins de 1% (12.500) des musulmanes y résidant portent un niqab ou une burqa, soit six fois plus qu'en France, selon des chiffres du gouvernement français.
Il n'est pas rare de rencontrer des femmes portant le hijab (voile qui couvre les cheveux) derrière les guichets des administrations publiques ou aux caisses des magasins, et de nombreux chauffeurs de bus londoniens portent une calotte ou le turban hindou.
"La vie en Grande-Bretagne est beaucoup plus accueillante et saine que dans n'importe quel autre pays européen", résume Farooq Murad, le secrétaire général du MCB.
Le projet de loi de Philip Hollobone doit être examiné en décembre. Mais le texte a peu de chances de passer, une majorité de parlementaires étant réticents à légiférer sur ce type de dossiers.
Pour le ministre de l'Immigration, "dire aux gens ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas porter quand ils marchent simplement dans la rue est une manière de procéder qui n'est pas vraiment britannique".
"La culture politique française est très différente. L'Etat (français) est agressivement laïque", a déclaré M. Green au journal Sunday Telegraph.
Lord Pearson of Rannoch, chef du parti britannique indépendantiste (UKIP) --la seule formation prônant une interdiction du port du voile intégral--, accuse les conservateurs et les libéraux-démocrates de la coalition gouvernementale de "se dérober" à des fins uniquement électoralistes.
"Ils ne veulent pas perdre les voix des musulmans et ne pensent pas plus loin que cela", a-t-il dit à l'AFP.
Pour Philip Hollobone, le gouvernement "est en décalage avec l'opinion publique".
Selon un récent sondage de l'institut YouGov, deux Britanniques sur trois sont favorables à l'interdiction du voile intégral dans les lieux publics comme les banques ou les aéroports, pour des raisons essentiellement liées à la sécurité.
Les Britanniques restent, cinq ans après, sous le choc des attentats suicide du 7 juillet 2005, perpétrés par de jeunes hommes de confession musulmane nés en Grande-Bretagne et qui avaient fait 52 morts dans les transports en commun de Londres.
Une enquête de l'institut Harris publiée en mars par le Financial Times plaçait toutefois les Britanniques parmi les Européens les plus tolérants à l'égard du voile intégral, avec seulement 57% d'opinions favorables à son interdiction, contre 70% en France ou 65% en Espagne.
Source : Le Point
Le Réseau euro-méditerranéen Migration et Développement a appelé les gouvernements des pays à ratifier et à respecter les chartes internationales relatives aux droits des immigrés, ainsi que les conventions et accords y afférents.
Le réseau a insisté, dans sa Déclaration publiée à l'issue de sa troisième rencontre, les 24 et 25 juillet à Larache, à oeuvrer de concert avec l'ensemble des potentialités et acteurs de la société civile à l'échelle mondiale en vue de ratifier ces conventions pour la préservation des droits des travailleurs immigrés, l'actualisation de l'arsenal juridique pour protéger l'immigré tant dans les pays d'accueil que de transit.
Dans un communiqué parvenu mardi à la MAP, les participants ont, par ailleurs, souligné la nécessité de mettre en place une bonne gouvernance concernant l'immigration basée sur la préservation de leurs droits et acquis.
Ils ont appelé, lors de cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre des préparatifs au Forum mondial Migration et Développement, prévu les 8 et 9 novembre au Mexique, les gouvernements des pays y participant à considérer la société civile en tant qu'acteur essentiel en la matière et à tisser des partenariats entre les gouvernements et celle-ci devant être fondés sur une conception de l'immigration dans ses multiples dimensions de développement.
Le réseau a également mis en avant le rôle joué par l'Etat marocain pour faire face aux politiques des pays d'accueil, en défendant les droits de sa communauté et ses acquis dans les pays de résidence et appelant à mettre en place une charte relative à la communauté qui définit les droits et devoirs.
Le réseau a, en outre, plaidé pour la consécration de la pleine citoyenneté des immigrés à travers la participation politique et électorale et l'association de la société civile aux préparatifs du forum mondial Migration et Développement, prévu en 2012 au Maroc.
Il a, en outre, appelé à simplifier les procédures en vue de faciliter le mouvement des immigrés, à respecter leurs spécificités et à mettre en place des politiques prenant en compte les services qu'ils ont rendus aux pays d'accueil.
Source : MAP
Dans la cité industrielle de Kawasaki, l'air de samba qui envahissait les rues, mi-juillet, invitait à une certaine réjouissance. Mais ce rythme enivrant ne saurait faire oublier que la communauté brésilienne du Japon, la troisième étrangère derrière les Chinois et les Coréens, a beaucoup souffert de la crise commencée à l'automne 2008. Si la baisse de 1,4 %, à 2,2 millions, du nombre d'immigrés en 2009 - le premier recul depuis 1961 - doit beaucoup au rapatriement d'expatriés envoyés par de grands groupes, elle est surtout liée au départ des ressortissants brésiliens. En un an, leur nombre a reculé de 14,4 %, à 267 456.
Essentiellement constituée de travailleurs peu qualifiés et de leur famille, la population brésilienne de l'Archipel se concentre dans les grandes cités industrielles : 54 % travaillent en usine (contre 38,9 % des immigrés en général), le plus souvent dans des conditions très précaires.
La plupart sont des nikkeijin, des descendants de Japonais ayant émigré en Amérique du Sud dès 1908. Ils sont venus au Japon en profitant de la révision en 1989 de la loi sur l'immigration, qui leur a permis d'avoir des visas de travail même en l'absence de qualification particulière. La mesure devait compenser la baisse de la population active, amorcée au Japon dans les années 1980. Moins de 4 000 avant 1990, les nikkeijin étaient plus de 310 000 à la fin de 2007. Leur intégration a parfois été difficile, notamment dans les années 1990, ponctuées de troubles sociaux.
Dès le début de la crise de l'automne 2008, les industriels se sont séparés en priorité de cette main-d'oeuvre. Le taux de chômage de la communauté aurait atteint 40 %, contre 5 % avant la crise. L'afflux de ces nouveaux chômeurs, sans qualification et parlant mal le japonais, dans les centres Hello Work de recherche d'emplois a provoqué une certaine panique. Le gouvernement en est même venu à créer un programme d'aide financière au retour. Déjà, 11 300 nikkeijin en auraient profité.
Aujourd'hui, la situation semble stabilisée. A Hamamatsu, ville de la préfecture de Shizuoka qui abrite des usines Suzuki ou Yamaha, la HICE, la fondation locale chargée des échanges internationaux, signale que "leur taux de chômage est revenu à des niveaux traditionnels". L'organisme note cependant que "les Brésiliens étaient 14 655 en juin, contre plus de 20 000 il y dix-huit mois". Quelque 5 000 d'entre eux sont partis et, manifestement, le besoin de les remplacer ne se ressent guère. Le plan quinquennal de contrôle de l'immigration, rendu public en mars, appelle même à une réflexion sur les conditions d'octroi de visas aux nikkeijin.
"La crise a fait prendre conscience de combien coûte le fait d'accepter des travailleurs étrangers d'un point de vue économique et social", a réagi Masahiko Yamada, ministre du travail. Elle a ravivé le débat sur l'immigration alors que la population active pourrait tomber à 55,8 millions de personnes en 2030, contre 66,6 millions en 2006. Un déclin propre à accentuer les déséquilibres des comptes sociaux déjà déficitaires, qui menace le développement économique du pays.
En dix ans, le nombre d'immigrés a progressé de 40,5 % en dix ans, mais ils ne représentent encore que 1,71 % de la population totale. Rien n'indique qu'ils vont augmenter sensiblement. L'objectif de la politique japonaise reste d'attirer des personnes hautement qualifiées et des étudiants - en priorité asiatiques pour favoriser les échanges avec une zone en plein essor - à même de suivre des cursus de haut niveau dans des universités.
L'immigration doit compenser des besoins réels et identifiés par les autorités. Les Accords de partenariat économique conclus avant la crise avec les Philippines et l'Indonésie en sont l'illustration. Ils prévoient la venue chaque année de dizaines d'aides-soignants de ces pays afin de compenser le manque de personnel dans les hôpitaux. Il y avait urgence, mais leur arrivée est déjà remise en cause : la crise incite les Japonais à s'orienter vers ce métier, que le gouvernement s'efforce de revaloriser.
Tout cela montre que, avant de faire venir des étrangers, il faut, comme le confirme la nouvelle stratégie de croissance finalisée en juin, "encourager les personnes ayant des capacités non exploitées, comme les jeunes, les femmes et les personnes âgées, à s'engager sur le marché du travail". Pour M. Yamada, l'adoption de mesures adéquates dans ce sens doit "stabiliser la population active pour les dix années qui viennent".
Le soutien public à la recherche en robotique semble être aussi un moyen d'éviter de recourir aux travailleurs venus d'ailleurs.
Plus généralement, les débats montrent que le Japon reste réticent à ouvrir ses frontières, et pas seulement pour des raisons économiques. L'image de l'étranger reste plutôt négative dans un pays qui se perçoit comme ethniquement homogène. Et le fondement de la politique migratoire demeure la création d'un "consensus public" sur l'influence de l'installation d'étrangers "sur le marché du travail, mais aussi sur la sécurité sociale, l'éducation, la communauté ou encore la sécurité".
Source : Le Monde
A l'image de l'immigration marocaine, nos sportifs du monde ont pris le train des mutations. Aujourd'hui, la question de l'identité sportive se pose avec acuité.
juillet à Casablanca. Et pour cause, ce colloque a vu la participation de pas moins de 150 personnes venues du Maroc et de 13 autres pays du monde.
Un public des plus éclectique composé de sportifs marocains en activité ou à la retraite, de proches de sportifs décédés, d'historiens du sport et de journalistes spécialisés a répondu présent à l'invitation du CCME visant à retracer l'histoire de la diaspora sportive marocaine et à penser son avenir et les problématiques qu'elle pose. Celles-ci sont vraiment de taille. Si les conférenciers ont été unanimes sur le fait que le sport représente un véritable « vecteur de promotion qui conforte la position de notre pays sur l'échiquier international», il n'en allait pas de même pour la question de l'identité sportive qui a fait débat durant le colloque. Il s'agit, en effet, d'analyser le choix de carrière de la nouvelle génération des sportifs marocains du monde entre appartenance à leur pays d'origine qui est le Maroc ou à leurs pays de résidence, voire de naissance.
«C'est un choix des plus difficiles, dicté par la vague de la mondialisation et le recours massif à la naturalisation qui accroît le déracinement », estime Karim Aqary, secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des Sports qui formule, à ce propos, son souhait de « voir nos sportifs du monde s'impliquer dans la nouvelle stratégie sportive nationale». En effet, le sport, à l'image du mouvement migratoire, a pris le train des mutations. Aujourd'hui, on assiste à une juvénilisation de l'immigration, sachant que les jeunes représentent actuellement près de la moitié de la population migratoire marocaine.
Dans ce cas de figure, on ne parle plus de pays d'accueil, mais de pays de naissance et de résidence. Par voie de conséquence, il arrive que le lien avec ces pays soit plus fort qu'avec le pays des parents ou des grands-parents. Pas de surprise donc quand nombre de ces jeunes ayant fait du sport leur gagne-pain, préfèrent le maillot de leur pays de résidence à celui de leur pays d'origine. D'où l'importance de «promouvoir le Maroc auprès de cette jeune population» d'après Younes Ajarrai, Président du groupe de travail Culture, Education, Identités. Pour y arriver, il est indispensable de faire connaître auprès des jeunes MRE certaines grandes figures de la diaspora sportive marocaine, afin qu'ils prennent exemple sur eux. Jeter la lumière sur les parcours pionniers de certains sportifs marocains du monde qui ont jalonné l'histoire du sport international, était en effet l'une des ambitions du colloque. L'exemple de Larbi Ben Barek est à cet égard édifiant. Le parcours atypique de « Larbi le Marseillais », « La perle noire de la France » ou encore « le magicien de la balle ronde » a été mis à l'honneur à travers des exposés académiques et des témoignages. Ainsi, Laurent Bocquillon, doctorant à l'Université de Nice en France, classe Ben Barek parmi «les meilleurs footballeurs français jusqu'à aujourd'hui».
De 1938 jusqu'aux années 50, le jeune marocain a fait une ascension fulgurante au sein de l'Olympique de Marseille et est devenu sa star incontournable, forçant l'admiration par la finesse de son jeu, son «goût inné de l'offensive» et «sa simplicité et fraîcheur d'âme», tels que décrits par Faouzi Mahjoub, journaliste sportif tunisien. Malgré son talent et ses performances indéniables qui étaient salués par tous, l'immigré casablancais n'a pas pu échapper aux critiques souvent malveillantes de la presse française. Celle-ci se déchaînait sans cesse sur son origine nord-africaine et sa nationalité marocaine qu'il avait gardée jalousement.
«La merveille noire» du football français est morte en 1992, et avec elle est morte une partie de sa gloire. Il est grand temps, d'après Mustapha Benbarek, son fils, de raviver son souvenir. «Bientôt, cela fera 18 ans que mon père est décédé.
Beaucoup de jeunes marocains ne savent pas aujourd'hui qui était Larbi Ben Barek. Dernièrement, j'ai été reçu en Espagne, ainsi qu'en France par le comité de l'Olympique de Marseille qui a rendu un vibrant hommage à mon défunt père. Cela fait vraiment de la peine de voir comment le monde entier salue le souvenir de mon père alors qu'il n'en est rien dans son pays natal», déplore-t-il.
Le journalisme sportif à l'honneur
Ce ne sont pas que les sportifs marocains du monde qui ont été consacrés pendant ce colloque. Le journalisme sportif a été également mis à l'honneur, en la personne de l'un des ses piliers, feu Abdellatif El Gharbi qui est décédé cette année. C'était à M. Bendeddouch, son compagnon de route, de livrer un témoignage émouvant exposant les qualités humaines et professionnelles de «l'un des fondateurs du journalisme sportif au Maroc». «Abdellatif El Gharbi a fondé une école à part entière dans le domaine de la presse sportive, une école qui compte aujourd'hui plusieurs jeunes adeptes. Ce journaliste de la radio marocaine était une mémoire vivante de l'histoire du sport marocain, de ses dates et de ses personnages. De plus, feu El Gharbi était très doué dans les langues arabe et française », témoigne M. Bendeddouch en brandissant, de temps à autre, des photos du défunt. Et de conclure par cette phrase pleine de sens : «Feu Abdellatif El Gharbi, jamais nous ne t'oublierons ».
Repères
Pays participants
Des participants de 13 pays du monde, plus le Maroc ont pris part à ce colloque : la Belgique, l'Espagne, la France, l'Italie, la Suède, l'Angleterre, l'Irlande, le Qatar, les Pays-Bas, les Émirats Arabes Unis, l'Algérie, le Canada et les Etats-Unis.
Objectifs
D'après le communiqué de presse du CCME, ce colloque « entend contribuer à l'écriture de la longue histoire des sportifs marocains de l'étranger, allant du milieu des années 1930 aux nouvelles générations de sportifs marocains issus de l'immigration en passant par les figures légendaires des années 1950 et 1960». Outre ce volet historique, les travaux du colloque seront axés sur les enjeux actuels de la diaspora sportive marocaine.
Source : Le Matin
Ce mardi a eu lieu à Ifrane, la première séance des débats dans le cadre du premier Forum des jeunes Marocains du monde. Si ces derniers sont à l'honneur, les jeunes Marocains résidant au Maroc ne sont pas en reste car bien que la problématique soit très différente de part et d'autre des deux rives, la solution prônée par les observateurs reste la même: réajuster les politiques publiques.
Discriminations en ce qui concerne l'accès au travail et au logement, et quête de considération aussi bien dans leur pays d'origine que celui de résidence. Voici brièvement exposées, les principales difficultés auxquelles doivent faire face les jeunes marocains expatriés. Pour ceux résidant ou Maroc, les problèmes sont tout autres.
Selon le professeur Driss Guerraoui, intervenant mardi, lors de l'introduction aux débats du premier Forum des jeunes Marocains du monde, pour comprendre la problématique de la jeunesse au Maroc, quatre constats sont fondamentaux.
Primo, “il y a un véritable décalage entre les mutations profondes que connaît depuis un certain nombre d'années la société marocaine et la connaissance de ces mutations”, explique-t-il.
Deuxio, “on assiste à l'émergence d'une nouvelle génération de jeunes, produit de l'extension des libertés individuelles et collectives, le développement d'internet, du portable et aux différentes chaînes satellitaires... Tous ces changements ont conduit à une nouvelle sociologie de comportements des jeunes marocains avec une nouvelle conception également des valeurs des droits humains, de la religion, du mariage, de la famille, des loisirs, de la société civile...”, soutient M. Guerraoui.
Tertio, compte-tenu de ces différentes mutations, les jeunes marocains aujourd'hui vivent autrement, “réfléchissent, s'amusent, se marient, divorcent, contestent, font de la politique et bien sûr, rêvent différemment”.
Et, last but not least, ces nouveaux comportements ont entraîné un changement radical des attentes et de la demande des jeunes sur tous les plans. Et par conséquent, “changer l'offre des politiques publiques à l'égard de ces jeunes est devenue inéluctable”, estime Driss Guerraoui.
Des défis disparates mais une même solution
Si les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes Marocains résidant à l'étranger d'une part et les jeunes Marocains vivant au Royaume d'autre part ne sont pas identiques, la solution, elle, reste la même de part et d'autre, à savoir un réajustement des politiques publiques.
Pour les premiers, ils attendent de leur pays d'origine davantage de considération, de facilitation des démarches administratives, de poursuite de l'évolution/modernisation des institutions marocaines principalement, la police et la justice étant toujours moins appréciées que celles des pays de résidence.
Concernant leur pays d'accueil, ils s'attendent à ce que les politiques publiques mettent fin aux discriminations dont ils se sentent victimes et acceptent une fois pour toutes la dualité de leur identité.
“Compte-tenu de ces nouvelles donnes, nous avons aujourd'hui, besoin d'un diagnostic approfondi de la problématique, la société marocaine ainsi que l'État doit apporter une politique publique de jeunesse en phase avec tous ses bouleversements et les besoins de nos jeunes”.
Driss Guerraoui, professeur à l'Université Mohamed V et conseiller social auprès du Premier ministre
Pourtant, déjà à partir du début des années 90, les pouvoirs publics commencent à prendre conscience de l'importance de la jeunesse à cause notamment du fort taux de chômage à l'époque qui touchait les jeunes diplômés et la publication de recherches démographiques qui ont démontré justement cette importance du capital jeunesse dans le développement d'un pays.
De 1999 à aujourd'hui, on assiste aux premières ébauches de politiques publiques à l'égard de la jeunesse avec des programmes spécifiques et ciblés, des objectifs arrêtés et des budgets substantiels. “Malheureusement, malgré un fort esprit volontariste, cette politique en faveur des jeunes est restée très sectorielle, peu encline aux besoins réels de nos jeunes, avec des résultats très décevants que ce soit sur le plan éducation, santé... et sans implication réelle des premiers concernés à savoir les jeunes eux-mêmes”, regrette M. Guerraoui.
En définitive, tout comme pour les jeunes expatriés marocains, il est urgent de repenser la politique générale en faveur des jeunes Marocains qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs. A ce propos, dans une récente interview accordée à notre quotidien, le ministre délégué chargé des MRE parlait lui-même d'un programme jeunesse renouvelé sur la base des conclusions du Forum d'Ifrane. Et ce dès 2011.
Rendez-vous est pris.
Source : aufait
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