"Clés pour l'investissement au Maroc : Deux rives, un marché" est le thème d'un forum, qui s'est ouvert lundi à Las Palmas, avec la participation d'une délégation du Centre régional d'investissement (CRI) de Souss-Massa-Drâa.
Cette rencontre, organisée par le ministère canarien de l'Economie et des Finances et la société canarienne de développement économique (Proexca), vise à informer les hommes d'affaires canariens des "opportunités d'investissement productif dans la région d'Agadir", et à leur présenter les cadres légal, fiscal, économique et financier.
Ce Forum se tient ce lundi à Las Palmas de Grande Canarie, à Santa Cruz de Tenerife (7 juin) et à Lanzarote (9 juin).
Intervenant lors de ce forum, le directeur adjoint du CRI de Souss-Massa-Drâa, M. Khalil Nazih a présenté des données sur la croissance économique dans cette région, notamment dans les secteurs du tourisme, de l'agriculture, de la pêche maritime, de l'industrie, des énergies renouvelables, de l'immobilier et de l'offre offshoring.
Après avoir évoqué le dispositif d'appui à l'entreprenariat, notamment le dispositif juridique et institutionnel pour l'encouragement de l'investissement direct étranger, le responsable a mis l'accent sur le rôle des Fonds régionaux Igrane et Targa, le Fonds pour le développement cinématographique et "Associations Sous Massa Drâa Initiative".
De son côté, le chef de l'annexe du CRI à Taroudant, M. Abdelaziz Ngadi a présenté la stratégie de développement économique et social de la région pour la période 2010-2015, qui s'articule autour du positionnement de la région en tant que 2ème pôle économique du Royaume.
Cette stratégie est axée également sur la promotion des secteurs sociaux avec des modèles innovants de déploiement, le positionnement de cette région comme vitrine pour la préservation du patrimoine culturel et naturel, ainsi que son désenclavement et le renforcement de l'attractivité des villes, a-t-il ajouté.
Cette rencontre a pour but de consolider la coopération entre les deux régions, a souligné, pour sa part, le vice-ministre canarien chargé de l'Economie et des affaires économiques avec l'Union européenne (UE), Ildefonso Socorro Quevedo.
Il a, en outre, indiqué que les relations entre l'Archipel et l'Afrique occidentale, notamment avec le Royaume se sont renforcées, au cours des trente dernières années.
Le président de la Confédération canarienne des entrepreneurs, Sebastian Grisalena Sanchez a, quant à lui, mis l'accent sur la nécessité de renforcer les connexions aériennes et maritimes entre les deux régions.
Il a appelé, dans ce cadre, les hommes d'affaires marocains et canariens à développer davantage leurs liens de coopération.
Le forum s'inscrit dans le cadre du "Programme de soutien à l'intégration régionale et à la dynamisation de la coopération économique et entrepreneuriale Iles Canaries-Souss Massa Drâa, +Moubadara Canarias+", indiquent les organisateurs.
+Moubadara Canarias+ est une initiative du ministère canarien de l'Economie et des Finances qui entre dans le cadre du programme de coopération transfrontalière Espagne-Frontières extérieures (POCTEFEX), cofinancé par le Fond Européen de Développement régional (FEDER).
6/6/2011
Source : MAP
Des organismes qui offrent des services aux nouveaux arrivants dénoncent le gel du budget du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) destiné à l’intégration des personnes réfugiées et immigrantes au Québec, une enveloppe de 10,7 millions $ depuis deux ans.
Près de 1 000 personnes ont manifesté lundi devant les bureaux du MICC à Montréal pour demander un meilleur soutien financier aux organismes qui offrent notamment des services de francisation et d’aide à l’emploi.
Stephan Reichhold, directeur général de la table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, estime que le Québec aurait besoin de 3 millions $ supplémentaires pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants.
« Les moyens financiers ont un impact sur la qualité des services pour ces personnes. En plus, nous avons atteint un taux record de 54 000 immigrants au Québec en 2010 », explique-t-il.
M. Reichhold se demande d’ailleurs comment le gouvernement peut justifier le gel des budgets du Programme d’accompagnement des nouveaux arrivants (PANA), alors que l’accord Canada Québec sur l’immigration prévoit des investissements de 258 millions $ en 2011-2012 pour l’intégration et la francisation des immigrants.
Le PANA finance 61 organismes au Québec qui viennent en aide à près de 40 000 personnes annuellement.
Augmentation de la clientèle
Florence Bourdeau, directrice du Carrefour d’aide aux nouveaux immigrants (CANA), indique que l’organisme vient en aide à près de 800 personnes dans le quartier Ahuntsic à Montréal, alors que l’aide gouvernementale peut assurer des services à seulement 375 personnes.
« Le gouvernement nous remercie pour notre travail auprès des immigrants, mais notre implication devient souvent bénévole à cause de la demande », souligne-t-elle. Gary Obas, directeur général du Centre social d’aide aux immigrants, constate le même problème, puisque les subventions du gouvernement ne couvrent que la moitié de ses services.
« Nous n’arrivons plus à suffire à la demande. Nous devons être là pour mieux accompagner les immigrants dans leur démarche d’intégration et cela devient difficile », soutient-il.
La table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes rencontrera la sous-ministre du MICC, Marie-Claude Champoux, cette semaine.
6/6/2011, Josianne Desjardins
Source : Canoë .ca
Les noyades de migrants se suivent et se ressemblent par leur nombre, par la misère des miséreux qui fuient la misère des pays en guerre à bord d’embarcations de misère, les boat people. Et voilà, à la guerre comme à la guerre, que le printemps arabe s’invite dans ces naufrages collectifs. Pendant que les “rivières de sang” promises continuent de ruisseler. Ils sont plus de 1.000 migrants sub-sahariens à avoir rejoint les abysses pour avoir voulu échapper à l’enfer.
Et dire que ce mot boat people (construit à partir des mots anglais bateau et gens) a été prononcé la première fois en 1976, à la fin de l’effroyable guerre du Vietnam. Ainsi, ce qui devait constituer la fin d’un cauchemar-au-napalm qui a traumatisé les Américains eux-mêmes, a été le commencement du calvaire des Vietnamiens, de ceux qui ont fui le nouvel ordre établi par les Rouges, sur des embarcations de misère, les fameux boat people.
Quatre années plus tard Cuba, qui avait pourtant donné tant d’espoirs après s’être débarrassé de la dictature de Batista, allait ramer à contre courant de la révolution. En 1980, le régime de Castro expulse 125.000 personnes accusées de n’être pas suffisamment socialos. Dans les deux cas, l’accueil réservé à ces exilés ne fut pas des plus chauds. Aux USA, les Cubais furent placés dans des camps militaires et des prisons fédérales, et il a fallu le charisme d’un certain Jean-Paul Sartre pour plaider la cause des Vietnamiens en Europe.
Et voilà que l'Histoire se répète telles deux gouttes d’eau de mer, ou presque. Chez les pays arabes en insurrection, on ne chasse pas les gens pour des raisons politiques mais pour des délits de faciès.
“Ô flots que vous connaissez de lugubres histoires…”
7/6/2011, Samir Benmalek
Source : Aufait
Nos émigrants et leurs chants, leur musique : inséparables ! Les émigrants italiens, partis entre le XIXe et le XXe siècle par centaines de milliers vers les destinations les plus lointaines et les plus diverses, ont emporté avec eux peu de bagages, beaucoup de peurs, de grands espoirs et des chants, de nombreux chants de leur terre, qu’ils ont jalousement conservés pendant des décennies. C’est dans le cadre de ce travail sur la mémoire que se situe la production de ce CD de chants italiens d’émigration. ITALIENS, 150 ans d’émigration chantée voit le jour parce que cette mémoire est fragile, parce qu’elle pourrait disparaître avec ceux qui en sont les dépositaires, parce que la vie des immigrés italiens du XXe siècle nous parle de celle des migrants d’aujourd’hui.
Un Patrimoine Unique
Telle est la magie des chants populaires : peu de mots suffisent à tracer une synthèse de l’émigration italienne, bien au-delà des versions édulcorées que nous nous sommes souvent racontées pour atténuer la souffrance ou la honte. Un exode biblique, qui, en l’espace d’un siècle, entre 1876 et 1976 (c’est-à-dire à partir du moment où l’on commença à recenser ceux qui s’en allaient jusqu’à celui où les retours et l’arrivée des immigrés étrangers devinrent supérieurs aux départs), a vu notre pays perdre presque 27 millions de personnes. Autant que les habitants de la péninsule au moment de l’Unité de l’Italie, dont nous fêtons le 150 anniversaire cette année.
«Dans les vallées des Alpes et des Apennins, mais aussi dans les plaines, de l’Italie méridionale en particulier, et même jusque dans certaines régions parmi les mieux cultivées d’Italie du nord, surgissent des taudis, où dans une pièce unique et enfumée, sans air ni lumière, vivent ensemble hommes, chèvres, cochons et volaille. Et de telles baraques se comptent peut-être par centaines de milliers. » C’était en 1880, lorsque le député Stefano Jacini présenta à la presse le compte-rendu final de l’enquête parlementaire sur les conditions de vie du monde paysan en Italie. 1880, c’était aussi l’année durant laquelle, à Chicago, démarrait la course futuriste à qui construirait le gratte-ciel le plus haut. L’Europe était passée, en quarante ans, de 1 700 à 101 700 milles de chemins de fer, Thomas Edison avait allumé la première ampoule électrique, et cela faisait déjà vingt ans que le fax avait été inventé (qui, depuis 1865, était à la disposition du public aux guichets des Postes françaises de Paris et de Lyon), et vingt-quatre, le téléphone.
Pourtant, une grande partie de l’Italie était clouée à une misère désespérée et médiévale.
Faire planer un rêve au-dessus des places de ces villages misérables, affamés, décimés par les maladies, c’était comme jeter une torche dans une grange. Toute la péninsule était en effet parcourue par des vendeurs de rêves qui parlaient de terres lointaines, comme écrivait Charles Dickens, où les routes étaient pavées d’or et il y avait des maisons et du travail pour tous. Et ils vendaient le rêve de forêts tropicales sans vipères et sans moustiques, d’hivers canadiens où « il est vrai qu’il neige beaucoup mais la neige est moins gênante», et de montagnes sans rudesse ou de déserts australiens au climat tempéré. Nos grands-parents ne demandaient pas autre chose qu’un rêve. Et ils partaient véritablement « avec les charrettes de gitans », poursuivant les rêves semés autour d’eux par ces escrocs qui promettaient terres fertiles, brises printanières et cerisiers, même en Nouvelle-Guinée ! Et le coeur gonflé d’espoir, ils tombaient dans les pièges les plus infâmes, ils partaient pour les pays les plus improbables, ils voyageaient sur de vieux rafiots, qui servaient auparavant pour transporter les esclaves Noirs. Au cours de ces voyages infernaux, ils pouvaient perdre jusqu’à six de leurs onze enfants, comme cela arriva à Bortolo Rosolen, de Vicence, qui raconta son histoire dans une lettre déchirante aux membres restants de sa famille. Ou bien ils défiaient clandestinement les neiges des Alpes, accompagnés par des passeurs sans scrupule qui les obligeaient à s’habiller comme pour une promenade afin d’avoir l’air de touristes, même pendant les nuits glaciales de l’hiver.
Ils allaient au devant des désillusions les plus cuisantes, comme celle d’être renvoyés par les autorités brésiliennes ou américaines, comme ce fut le cas pour Lorenzo Di Renzo, un jeune homme qui, par un matin de juillet 1914, pour ne pas retourner en Italie, se suicida sur le bateau en regardant la statue de la Liberté.
Beaucoup ont réussi, encore plus ont échoué. Et ils sont restés vivre à l’autre bout du monde, le coeur plein de regrets, d’angoisses et d’une nostalgie dévorante. Et ils étaient un peu partout les victimes de campagnes xénophobes fondées sur les stéréotypes de l’Italien sale, violent, paresseux, exploiteur d’enfants, ivrogne, superstitieux, attaché à une religiosité populaire païenne. Campagnes aboutissant çà et là à des massacres sanglants : des États-Unis (où la communauté italienne fut la plus touchée par les lynchages après la communauté noire) à la France d’Aigues-Mortes où, en 1893, une dizaine d’ouvriers piémontais furent lynchés par la population qui voyait en eux des voleurs de terre et de travail.
Tout effacé, refoulé, ignoré. C’est à ceux-là, à tous ceux qui n’ont pas réussi, que sont dédiés, en grande partie, les chants de notre émigration. Ces chants extraordinaires ont accompagné l’histoire du grand exode italien, comblant le vide souvent laissé par les grands écrivains, la rhétorique de l’historiographie officielle, l’école, la politique.
Gian Antonio Stella
À l’exception des études spécialisées (parfois trop) des historiens, celle qui a été la grande et tragique épopée italienne du dernier siècle a été incroyablement sous-estimée, quand ce n’est pas tout simplement ignorée, par l’école, la presse, le cinéma, la télévision, en somme, par tous ceux qui construisent une culture commune, partagée, populaire. Dans ce vide, les seuls qui semblent avoir accompli leur devoir jusqu’au bout ont été les auteurs des chants de l’émigration. Des dizaines et dizaines de chants composés dans une langue italienne pauvre et remplie de fautes de grammaire, la langue d’un pays qui comportait, il y a un siècle, un grand nombre d’analphabètes, mais aussi en vénitien archaïque, parlé aujourd’hui encore dans certaines régions du Brésil, ou en dialecte napolitain dans « lacreme napulitane », en un langage politique au ton rageur des anarchistes ou des soixante-huitards, ou encore dans le langage, simple et immédiat, de la musique (presque) légère des années soixante et soixante-dix. Ces chants ont accompagné toutes les douleurs, les tragédies, les désillusions, les fureurs, les rébellions, les espoirs ou les rêves d’une époque. C’est là, dans ce patrimoine populaire jauni et recouvert d’une couche de poussière, tombé dans l’oubli, que Gualtiero Bertelli et RADICI sont allés récupérer une série de chants magnifiques. Un précieux travail de recherche et de documentation historique et musicale.
Une oeuvre douce et impétueuse, exaltée, mélancolique et joyeuse. Indispensable, plus encore que tant de livres et documents, pour comprendre ce morceau de notre histoire. Un patrimoine unique qui vaut la peine d’être jalousement conservé. Avec amour.
Source : Radici
Entretien avec Fatima Houda Pépin, première vice-présidente de l'Assemblée nationale du Québec et députée de la Pinière
Soucieuse du rapprochement des différentes communautés au Québec, Fatima Houda Pépin nous parle de la situation des immigrants au Canada. Cette politologue québécoise fait une «analyse» des méthodes d'intégration et des attitudes à éviter à ce niveau.
LE MATIN: Que pouvez-vous nous dire sur l'immigration au Canada ?
FATIMA HOUDA PEPIN: L'immigration au Canada est une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et le gouvernement des provinces. Le Québec est la première juridiction non fédérale qui s'est approprié la compétence de l'immigration depuis les années 60. On voulait non seulement accueillir mais aussi intégrer. Dès le départ on s'est donné des outils, on a créé le ministère de l'immigration qui est devenu plus tard le ministère de l'Immigration et des Communautés Culturelles. On a mis en place des règlements et des consultations concernant l'immigration. Contrairement à l'Europe où les gens vont pour travailler, au Canada on ne peut pas venir sans avoir un statut régularisé.
Ici, il y a différentes catégories d'immigrants. On a ainsi les indépendants, qui se destinent au marché du travail. Ils sont sélectionnés selon une grille de points et doivent réussir toutes les étapes pour pouvoir arriver au Canada avec le statut d'immigrants. Il s'agit généralement d'une immigration jeune et qualifiée dont 70% est sous le contrôle du gouvernement du Québec. Il y a aussi les revendicateurs de statut de réfugiés qui cherchent la protection et les immigrants qui viennent dans le cadre de la réunification de la famille. Cette immigration se féminise de plus en plus et elle vient des quatre coins du monde.
L'immigration clandestine n'a donc pas de place sur le territoire canadien ?
Il n'y a pas d'immigration illégale. Les gens ne peuvent pas venir avec un statut de visiteur touriste et rester ici. Nous avons choisi au Canada de nous considérer officiellement comme un pays d'immigration. Nous valorisons l'immigration, nous la cherchons partout au monde parce que nous avons compris que sans l'immigration on ne peut pas assurer un niveau de développement économique important.
Quelle part occupe la communauté marocaine au sein de cette stratégie de développement ?
Les Marocains ont un profil professionnel assez élevé; ce sont des gens qui s'intègrent généralement bien sur le plan social et culturel grâce à la proximité culturelle et la connaissance de la langue française.
S'agissant de la recherche d'emploi, il y en a qui rencontrent des difficultés. Il est à noter que quand on cherche des immigrants destinés au marché du travail il faut les accompagner lorsqu'ils arrivent pour leur donner la formation linguistique, les méthodes de recherche d'emploi ainsi que les appuis au niveau du logement et les mettre en contact avec les organismes financés par le gouvernement du Québec qui les prendront en charge.
Une fois que la personne est passée à travers toutes ces étapes, le reste lui appartient. L'immigrant rencontre alors les mêmes difficultés que tous les Québécois dans la recherche d'emploi. Beaucoup d'entre eux réussissent mais d'autres ont des difficultés à s'intégrer dans le marché du travail. Il faut savoir aussi que 60% de l'immigration est indépendante. Les Marocains et Maghrébins sont totalement désemparés lorsqu'ils arrivent au Canada. Ils ont beaucoup de difficultés à comprendre le système et à avoir des repères parce que la société canadienne fonctionne différemment de la société marocaine. Je leurs dis alors qu'il faut s'impliquer, d'abord dans leur localité. Ils peuvent lire le journal, entrer en contact avec les organismes de leur milieu et travailler bénévolement pour acquérir de l'expérience. C'est ainsi qu'ils peuvent se faire connaitre et se faire apprécier parmi les gens qui ont des postes de responsabilité.
Dans quelles conditions vivent ces personnes qui rencontrent des difficultés ?
Selon les besoins, ces personnes ont accès à des services pour les accompagner. Leur cheminement va peut être prendre un peu plus de temps pour trouver l'emploi qui correspond à leurs qualifications. Parfois les gens arrivent au Canada avec des doctorats, maîtrises, diplômes d'ingénieurs, d'architecte etc.…mais ils ne peuvent pas exercer automatiquement avec ces profils parce qu'il y a des corporations professionnelles qui exigent la validation de la formation acquise à l'étranger.
Il ne s'agit pas pour autant d'un processus discriminatoire pour les immigrants; généralement ceux qui réussissent à se qualifier sont à pied d'égalité avec tous les autres citoyens mais ceux qui ne réussissent pas devraient retourner étudier pour avoir les qualifications requises ou changent carrément de discipline.
Le Maroc essaie d'avoir l'équivalence des diplômes marocains qu'en pensez-vous ?
Le Maroc n'est pas le seul pays à vouloir avoir l'équivalence parce que nous avons signé une entente avec la France pour la reconnaissance des acquis professionnels et des compétences. Il faut savoir qu'au Canada, le diplôme en soi n'est pas la clé qui donne accès au marché du travail. Il faut avoir une expérience de travail canadienne et connaitre la culture institutionnelle de l'entreprise. Certains immigrants acceptent de travailler dans un domaine connexe pour acquérir cette expérience de travail alors que d'autres choisissent d'étudier parallèlement. Lorsqu'ils sont prêts au bout de deux ou trois ans, ces derniers sont mieux outillés pour entrer sur le marché du travail. Je tiens à souligner que les Québécois d'origine marocaine nés au Canada ou arrivés petits sont parmi les meilleurs sur le niveau académique.
Ils réussissent bien à l'école, au marché du travail et s'intègrent bien grâce à leur connaissance de la culture et les références canadiennes. Ils n'ont pas besoin de rattraper le retard.
Estimez-vous que les Marocains sont assez impliqués dans le domaine politique au Canada ?
Les Marocains ont différentes histoires à succès à raconter au Canada. On les trouve dans les différentes sphères de la société : ce sont des médecins, des ingénieurs, des gestionnaires brillants dans l'administration publique et bien d'autres profils intéressants. L'exploration de la politique par la communauté marocaine est plus récente, il y a eu quelques candidats qui ont essayé de se présenter sous la bannière de différents partis politiques au niveau municipal et provincial. D'une manière ou d'une autre ce sont des gens qui essaient mais le résultat n'est pas encore là.
Parcours de femme
Première vice-présidente de l'Assemblée nationale du Québec et députée de la Pinière, Fatima Houda Pépin œuvre au rapprochement des différentes communautés. En 1994, elle était la première femme musulmane élue au Canada. «Tout le monde était sceptique que je puisse réussir mais j'ai gagné avec 10.000 voix de majorité et j'ai dépassé le député québécois francophone qui était avant moi. Je suis dans une circonscription majoritairement francophone avec 70 communautés culturelles différentes et à l'époque la communauté marocaine ne représentait même pas 50 votes », nous confie-t-elle. Impliquée dans le bénévolat au cours de ses études au Canada, entre 1976 et 1982, cette mère de deux filles voulait se destiner à l'enseignement universitaire et à sa famille.
Après avoir refusé plusieurs propositions pour entrer dans monde de la politique active, cette titulaire d'un doctorat en politique internationale a dû céder à la pression du Parti libéral du Québec pour remporter ainsi sa première victoire, et pas la dernière, dans le domaine de la politique. Elle a été la dernière candidate à avoir été annoncée par le Premier ministre du Québec.
6/6/2011, Nadia Ouiddar
Source : Le Matin
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