Organisés jeudi dernier à Casablanca, les premiers Entretiens du Club France Maroc se sont intéressés à la contribution des diplômés marocains de l’enseignement supérieur français au développement économique du Maroc. Le bilan est mitigé…
Retourner au Maroc ou rester en France ? La question est dans la tête de tous les Marocains qui ont quitté leur pays pour poursuivre leurs études supérieures ou renforcer une expérience professionnelle en «Hexagonie». La peur de l’échec se mêle alors à l’envie de rentrer. C’est sur la base de cet intérêt partagé par l’ensemble de la diaspora marocaine que le Club Maroc France a ouvert ses premiers Entretiens, jeudi dernier à Casablanca. A l’ordre du jour, «La contribution des diplômés marocains de l’enseignement supérieur français au développement économique du Maroc». Le constat est clair : les candidats au retour ne le rêvent pas, ils le préparent !
Dans un premier temps, un état des lieux s’impose. Elisabeth Gay, du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Maroc, révèle dans ce sens la tendance de la mobilité étudiante des Marocains de France, pays qui demeure, jusqu’à aujourd’hui, la destination préférée de nos étudiants, qui sont 65% à être séduits par un séjour dans l’Hexagone. Le Maroc est ainsi le premier pays d’origine des étudiants étrangers en France.
Leur donner des raisons de revenir
Seulement, au fil des ans, cette population a connu une mutation. «On a remarqué que non seulement la mobilité des étudiants et professionnels marocains s’accroît, mais aussi qu’ils quittent le Maroc plus tard (pas directement après le baccalauréat), et avec un diplôme en poche». Ce qui les rend plus intéressants aux yeux d’une France prônant l’immigration choisie. Résultat des courses, le taux de délivrance des visas long séjour pour études a atteint 88 % en 2010, ce qui correspond à une hausse de 20% comparé à 2009 ! Mais une fois le CV bétonné, l’idée et l’envie de retourner au Maroc se font de plus en plus ressentir.
On revient pour la famille
L’Association Maroc Entrepreneurs, qui a réalisé une étude sur les ambitions de cette population (datant de 2006), définit les principales raisons qui poussent les diplômés marocains à rentrer au pays. Curieusement, ce sont les raisons personnelles qui dament le pion aux raisons professionnelles. Autrement dit, les étudiants reviennent plus pour leur famille et la qualité de vie qu’offre le Maroc, pays où douceur du climat et chaleur humaine se côtoient intimement, que pour les conditions professionnelles. Le milieu professionnel a d’ailleurs été qualifié de «peu épanouissant» par la majorité des personnes interrogées dans le cadre de l’étude.
Ainsi, si au départ, «les salaires demandés sont importants, supérieurs à 40.000 DH pour 12% des inscrits», comme dévoilé par Philippe Montant, directeur général du site de recrutement ReKrute, les candidats au retour sont prêts à fermer les yeux et à diminuer leurs prétentions au bénéfice d’un meilleur mode de vie. Et les chiffres sur la création d’emplois démontrent qu’ils font bien de diminuer leurs exigences. Le président de l’Observatoire national du développement humain (ONDH), Rachid Benmokhtar, parle en effet «d’un déficit de 400.000 emplois par an au Maroc. Or en 2009, seuls 130.000 emplois ont été créés». Le fossé est donc énorme !
L’un des moyens proposés pour combler ce déficit, miser sur les régions. «Il faut attirer les jeunes vers les régions. Faire preuve de créativité pour créer des possibilités et attirer les compétences», conseille Rachid Benmokhtar. Objectif, répondre à un besoin grandissant des «exilés estudiantins». Car pour ces jeunes, et comme l’a remarqué Bruno Joubert, ambassadeur de France au Maroc, «si l’envie de France perdure, l’envie du retour s’accroît».
Un trait d’union entre la France et le Maroc
Le Club France Maroc s’est ouvert en mars 2010. Initiative conjointe de l’ambassade de France au Maroc et de la Chambre française de commerce et d’industrie, c’est un réseau numérique qui met en contact l’ensemble des étudiants et diplômés marocains de l’enseignement supérieur français. Le site du Club est ainsi une plateforme mise à la disposition des entreprises marocaines pour faire connaître leurs besoins, et d’accéder directement aux profils de candidats potentiels.
7/2/2011, Selma Tannouche Bennani
Source : Le Soir Echos
Le dernier roman de Fouad aroui réalise des records de vente en France ; Une année chez les Français, édité chez Julliard et nominé au Goncourt 2010, a déjà écoulé à plus de 40 000 exemplaires. Un chiffre exceptionnel pour une œuvre d'un éCrilvain étranger d'expression française.
Source : Tel Quel
La première conférence des journalistes marocains du monde (El Jadida, 4-6 janvier), a permis de réunir près de deux cents journalistes marocains, dont cent exerçant dans des médias étrangers privés et publics. L’objet de la conférence est de cerner les problèmes mais aussi les perspectives et le mode de rehausser le niveau et la qualité de la production des médias nationaux couvrant la question migratoire.
Organisée par le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) et l’Instance chargée du Dialogue national médias et société, la rencontre constitue un défi, celui de traiter de la problématique de l’émigration marocaine avec la participation de Marocains qui sont à la fois des professionnels et des immigrés. Elle a aussi le mérite de démontrer que la Communauté Marocaine à l’Etranger n’est pas exclusivement constituée d’une émigration économique mais qu’elle se compte aussi un impressionnant capital humain et des capacités intellectuelles qui côtoient les professionnels des pays d’accueil.
C’est la raison pour laquelle, les résultats de deux études sur ce collectif et la question migratoire dans la presse marocaine ont été présentés, samedi, pour connaître la composition de ce collectif, les motivations de leur départ à l’étranger et leurs attentes quant à la possibilité d’une réinsertion dans le marché national soit comme investisseurs, dans le secteur des médias soit comme des professionnels dans les différents organismes de la presse écrite et audiovisuelle.
Un sondage, le premier du genre, a été élaboré par le CMF MENA, que dirige Said Soulami, sur la situation et les attentes des journalistes marocains du monde. Ce sondage a révélé que sur l’ensemble de cet échantillon est constitué de 30% sur un total de 180 journalistes marocains à l’étranger, sont des professionnels jeunes et pleinement opérationnels, exercent dans leur majorité dans les pays du Golfe , sont universitaires et multilingues.
Agés entre 35 et 49 ans, ils représentent 62% du total des interviewés, c’est-à-dire qu’ils forment la plus importante tranche d’âge du cycle vital d’un professionnel. De même, 23% exercent au Qatar, 17% aux Emirats Arabes Unis, 12% en Grande Bretagne, 10% en France, 6% aux Etats-Unis, 5% en Belgique et aux Pays – Bas, 5% au Canada. Ceci démontre que la proportion des journalistes marocains à l’étranger ne va pas de pair avec l’importance de la communauté dans les pays où ils exercent. De ce fait, seuls 32% de ces journalistes travaillent en Europe, continent qui concentre la quasi-totalité des ressortissants marocains á l’étranger. Près de 98% sont aussi universitaires, ce qui démontre leur haut niveau culturel et préparation pour exercer soit comme journalistes, soit comme directeurs des programmes dans des médias audiovisuels. Ils se répartissent entre la télévision (41%), la radio (19%), la presse écrite (18%),) ou la formation (3%), cependant, 65% sont journalistes exerçant dans les différentes rédactions.
Les professionnels marocains sont également polyglottes, dont l’arabe est la langue de travail pour la majorité (50%) bien avant l’anglais (22%) et le français. D’autres exercent dans des médias néerlandais (6%), allemands (3%) ou espagnols (2%).
Ce sont surtout des motivations d’ordre professionnel qui justifient leur départ à l’étranger pour 42% d’entre eux; d’autres ont motivé leur immigration par l’aspiration à développer leur carrière professionnelle (28%), pour des études (23%) ou pour des raisons familiales (5%). Toutefois, 2% des journalistes marocains sont nés à l’étranger, ce qui démontre le haut degré d’enracinement et l’émergence des deuxième et troisième générations de Marocains aux pays d’accueil.
Selon ce sondage, la plus forte proportion de journalistes marocains à l’étranger avait quitté le royaume entre l’an 2000 et 2004 (27%) alors que ce pourcentage était de 5% entre 1975 et 1979. Toutefois, 48% ont émis l’espoir de retourner au pays et continuer à exercer dans les médias.
Dans la deuxième étude présentée par Driss Aissaoui, directeur du cabinet “A2Z Communication”, sur le traitement de la question migratoire dans la presse marocaine de janvier à mars 2010, il ressort que les quotidiens, hebdomadaires et revues se préoccupent de cette problématique en lui accordant une large place dans leurs éditions.
L’étude, qui est basée sur une analyse de contenu, part d’un constat du CCME qui reprend certaines caractéristiques de la communauté marocaine à l’étranger. Celles-ci révèlent la féminisation croissante de cette communauté; l’émergence de nouvelles générations nées et socialisées dans les pays de résidence et le vieillissement des premières générations; la diversification des profils socioprofessionnels et mobilité croissante des personnes hautement qualifiées; la cohabitation d’une émigration légale et illégale de manière persistante; la diversification linguistique, en termes de modèles d’intégration, sur le plan sociologique; et, l’enracinement dynamique et contrasté dans les pays de résidence et maintien de rapports affectifs très forts avec le Maroc.
Dans ces conditions, il a fallu vérifier trois hypothèses pour voir si les médias marocains répondent-ils aux attentes des populations émigrées? (Aspect offre journalistique); contribuent-ils à donner une image fidèle des mutations en cours ? (Perception) ; et, permettent-ils de maintenir et de renforcer le lien avec les cultures de la terre d’origine ? (Ancrage). Cette approche a pour objectif d’évaluer l’état de l’offre de la presse marocaine (quotidiens, hebdomadaires et autres périodiques) sur la question migratoire.
L’analyse qui a concerné neuf journaux de partis et vingt-six privés (indépendants et étrangers) a concerné une période de basse incidence de l’émigration sur l’espace public du fait de l’éloignement des vacances d’été et des périodes de retour des RME. Les thématiques sont variées puisqu’elles embrassent tous les aspects en relation avec l’émigration: MRE, Immigration et intégration dans les pays d’accueil, MRE et problèmes judiciaires, l’immigration et la question identitaire (le religieux et le culturel), immigration et arts, immigration et culture, immigration et offre de services institutionnels, immigration légale versus illégale, émigrés subsahariens au Maroc, transferts des MRE, l’immigration et le mouvement associatif, l’immigration et la crise économique, SIEL 2010, participation politique des MRE, question migratoire (généralité), immigration et origine, immigration et l’éducation-formation, subsahariens au Maroc, affaires administratives, situation des anciens combattants marocains en France, marocains résidents à l'étranger, prostitution, l'immigration et la discrimination.
Sur un total de 506 articles ventilés, entre janvier et mars, le mois de février a enregistré quelque 231 articles, soit une augmentation de plus de 86% par rapport au mois de janvier (127 articles). Une décrue de Moniz de 36% est ensuite enregistrée pour le mois de mars avec 146 articles. Ceci signifie que les lecteurs avaient une moyenne de six articles par jour durant cette période, soit 42 articles édités par semaine et répartis entre les supports quotidiens (33,6%), les supports hebdomadaires (6.28) et le Broadsheet (2,12%).
Selon la représentation des affiliations, les supports indépendants remportent la palme avec une proportion de 69%, face à 23% pour la presse pro-gouvernementale et 8% pour la presse indépendante. 82% des articles paraissent à la Une et 43,8% sont élaborés grâce à des sources propres du journal.
Dans l’analyse des tendances, 43% des articles analysés portent un signe positif, contre 21% négatif, 11% neutre et 25% mitigé. Pourtant, la quasi-totalité des commentaires sont signés par leurs auteurs (71%), dont 74% sont de sexe masculin. Seuls 21% sont produits par des correspondants.
Le total des articles se répartit, concernant la presse partisane, à parts inégales qui vont de 17% pour Al Ittihad Alichtiraki a`6,5% pour Al Bayane. L’intérêt des auteurs portent surtout sur les pays avec une forte présence marocaine telle la France (qui absorbe 42% de la production totale), suivie de l’Espagne (41%), de l’Italie (7%) et du Benelux (3%).
Le débat autour de ces deux études a été complété, samedi après midi et dimanche matin, au niveau de quatre ateliers qui ont permis un intense échange de points de vue et réflexions entre journalistes marocains. Ces ateliers ont porté sur la contribution des journalistes marocains du monde au développement du secteur des médias au Maroc; les médias communautaires marocains et programmes spécifiques dans les pays de résidence, dynamique et enjeux ; le traitement de l’immigration par les médias nationaux publics et privés; et, les professionnels marocains dans les médias internationaux: situations et défis.
Outre les interventions et ateliers de travaux, le collectif des journalistes marocains dans le monde et au Maroc ont saisi l’occasion pour rendre hommage, samedi soir, à quatre de leurs collègues qui ont marqué de leur empreinte le journalisme marocain de par leur professionnalisme et qualités humaines. Il s’agit de Mohamed Larbi Messari, Abdallah Stouki, Fatima Belarbi et Mustapha Iznassi.
Dimanche en fin d’après, le rideau a été tiré sur le premier forum des journalistes marocains du monde avec la présentation des conclusions des quatre ateliers de travaux et une table ronde finale avec la participation de journalistes et professionnels qui exercent dans différents médias de différents continents.
7/2/2011, Mohamed Boundi
Source : Al Bayane
La diaspora marocaine, qui fait habituellement l'objet de débats, a pour une fois créé elle-même le débat. 180 journalistes marocains du monde ont été conviés, à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et de l'Instance du dialogue national «Médias et société», à se pencher sur la problématique grandissante de la question migratoire et le traitement journalistique qui lui est accordé dans les médias nationaux et internationaux.
Organisée à la veille de la publication du livre blanc issu du débat national sur les médias et la société, cette rencontre inédite se veut, selon Driss El Yazami, «un espaces d'échanges libres et constructifs autour des mutations que connaît désormais l'immigration» et des changements qu'elle implique notamment dans le champ médiatique. La présence en force de professionnels des médias exerçant en Allemagne, en Espagne, en Belgique, au Canada, au Danemark, aux Emirats Arabes Unis, etc., est une illustration de la diversification socioprofessionnelle de l'immigration et son rôle plus prégnant dans les supports de presse généralistes et surtout communautaires. De même l'intérêt soutenu de cette diaspora pour l'évolution du champ médiatique du pays d'origine et sa volonté de s'y investir intellectuellement et financièrement a contribué, dans une large mesure, à la mise en place de cette conférence des journalistes du monde.
Pour les besoins de la conférence, deux enquêtes ont été réalisées par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger portant sur le traitement de la question migratoire par la presse écrite marocaine durant le premier trimestre 2010. La seconde étude a, quant à elle, contribué à esquisser le profil des journalistes marocains de la diaspora, de leurs conditions de travail mais aussi et surtout leurs attentes et aspirations dans leur pays d'accueil autant que dans leur pays d'origine.
Quant aux débats en plénière, elles ont ipso facto abordé les conditions de contribution des journalistes marocains du monde au développement du secteur des médias au Maroc et de la politique à adopter en matière de mobilisation des compétences au profit des médias nationaux, par ces mêmes professionnels. Il a également été question de mesurer la fonction et l'impact réel des médias communautaires face à leur émergence, notamment en Europe et d'étudier la possibilité de mutualiser leurs moyens pour une mise en réseau plus large. Autres questionnements, celui du traitement de l'immigration par les médias nationaux publics et privés et les pistes d'amélioration de cette représentation médiatique.
Le rôle des professionnels marocains dans les médias internationaux a également été soulevé comme un rempart aux fausses représentations véhiculées autour des populations immigrées et des discours xénophobes. Bouda Ahmed, présent à la conférence, n'a pas attendu l'engouement de la presse nationale pour «le fait médiatique immigré» pour créer sa propre station de radio en Belgique. Basée à Bruxelles depuis 20 ans, la station pluraliste émet dans toute l'Europe en français, en arabe et en amazigh et touche plus de 300 000 auditeurs. Ahmed confesse que cela n'a pas été une sinécure mais insiste sur la double allégeance vis-à-vis des deux sociétés, belge et marocaine. « La loyauté pour l'un n'est pas incompatible avec notre volonté de promouvoir le pays d'origine en vue de pérenniser notre patrimoine culturel pour notre descendance », plaide Ahmed.
En effet, l'objectif de cette conférence est de réunir ces expériences diversifiées dans les médias étrangers ou nationaux en vue de créer, à terme, un lobby susceptible de défendre les intérêts nationaux et de sauvegarder des relais d'informations socioculturels pour les générations futures.
QUESTIONS À : Mohammed Tijjini, fondateur et PDG d'Al Maghreb TV
« J'ai lancé Al Maghreb TV car il faut prendre son destin en mains »
Vous venez de lancer Al Maghreb TV à Bruxelles, la première chaîne de télévision maghrébine en Europe, pouvez-vous nous en parler ?
Le lancement de AMTV a eu lieu le 31 janvier dernier. La chaîne est dédiée à la culture belge et maghrébine. J'ai voulu promouvoir un nouveau concept de télévision thématique, indépendante, urbaine et surtout de proximité. La programmation sera dans un premier temps essentiellement musicale, avec des plages horaires consacrées à l'actualité culturelle « maroxelloise », mais aussi à la musique et au folklore marocains. Mais je tiens également à ce que AMTV soit une plateforme pour la jeune création bruxelloise et notamment pour les jeunes groupes issus de l'immigration. Je veux donner plus de visibilité à cette « contre-culture » qui se tourne vers Internet, faute d'opportunités sur les chaînes nationales.
Quelles sont les sources de financement de AMTV ?
Le financement de la chaîne est cent pour cent belge. Le capital est financé par des fonds propres et des aides publiques, dont le programme Start créé par la Région wallonne et la Communauté française pour soutenir les entrepreneurs culturels. Par ailleurs, nous avons des partenaires notamment Universal Music et Euronews qui nous accompagnent dans la mise en place de notre programmation.
Ainsi, Euronews, la chaîne d'information européenne, nous fournira des émissions culturelles en arabe.
Elle a compris l'intérêt de travailler avec nous, car en plus nos programmes seront diffusés en langues arabe, française, amazighe et en néerlandais ou sous-titrés en cette langue, c'est vous dire les parts d'audience que cela représente !!!
Pourquoi avoir opté pour l'audiovisuel après avoir officié durant de nombreuses années dans le domaine politique ?
J'ai été certes juriste et conseiller ministériel pendant plusieurs années, mais je me suis toujours intéressé au paysage audiovisuel. J'avais déjà produit en 2006 sur TV Bruxelles, une émission « Arabesques » consacrée à la communauté marocaine. Mon projet a mûri et a donné AMTV car j'avais à cœur de répondre aux attentes culturelles de la communauté maghrébine et de permettre à cette communauté de garder des attaches avec la culture d'origine tout en assurant la promotion des artistes belgo-maghrébins et des productions artistiques touchant à cette communauté. Il faut qu'à un moment ou un autre, on prenne son destin en mains ! Cette télévision c'est un peu ça…
Source : Le Matin
Le CCME prévoit la création d’un fonds national pour la recherche sur l’immigration. L’annonce faite par Driss El Yazami, samedi dernier à El Jadida, lors de la Première conférence des journalistes marocains du monde (voir en page 21), répond ainsi à la nécessité de mettre en place plus d’études portants sur les attentes des Marocains du monde et leurs différentes réalités. Selon le président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, ce fonds verra le jour en décembre 2011.
Source : Les Echos
Les moyens de créer du commun sont toujours les mêmes : le travail, l’école et une laïcité conquérante.
Le politiquement correct nous interdit de parler de problèmes ou de craintes à propos de l’immigration, préférant le jugement porté sur les mentalités, à condition que ce jugement soit sans ambiguïté. C’est pourquoi ceux (le sociologue Éric Fassin par exemple) qui font de l’immigration l’obsession malsaine des Français soutiennent qu’il est scandaleux de discuter de l’identité nationale, donc de la mentalité même dont ils dénoncent les effets. En fait, le politiquement correct ne connaît pas d’autre stratégie que la culpabilisation de la majorité. Cette stratégie de redressement des mentalités par l’intimidation, on voit de plus en plus qu’elle a des effets contraires aux intentions : l’opinion majoritaire y réagit en se rétractant, alors que chez les nouveaux venus, on encourage des comportements de fermeture. Ce choix de la facilité a donc produit un cycle d’accusations et de contre-accusations dont on ne peut sortir qu’en revenant aux faits, aussi tristes qu’ils soient, en n’oubliant pas cette recommandation du sociologue Hugues Lagrange (1) : « Parler par euphémismes compromet la confiance dans les institutions. »
1. Le premier fait est qu’il n’y a pas d’immigration en général, mais des immigrations, différentes selon les origines, les stratégies poursuivies, les modes d’entrée, les compétences apportées. L’immigration portugaise hier, la chinoise aujourd’hui, sont différentes de l’immigration malienne. Il y a des immigrations plus ou moins instruites, celle qui arrive actuellement, selon Christophe Giully (2), l’est bien moins que celle qui arrive aux États-Unis et en Angleterre. Il y a eu des immigrations politiques, il y a eu une immigration de travail, il y a aujourd’hui une immigration familiale, dont fait partie le mariage au pays, qui entretient son flux. Elle est d’emblée moins instruite et plus en marge de la société d’arrivée que les précédentes. Cette immigration, étudiée par Hugues Lagrange, n’est pas toute l’immigration, mais la dernière couche, celle qui pose les problèmes les plus flagrants, qui se concentre dans les zones urbaines sensibles (ZUS) où elle attire les suivants, où elle garde (polygamie, famille patriarcale et autoritaire, natalité élevée, culture musulmane) les mœurs du pays d’origine. Les enfants de cette immigration, dit Lagrange, ont été particulièrement actifs pendant les émeutes de 2005.
2. La mobilité chez les immigrés. On connaît la rengaine : depuis cinq (ou sept) ans, rien n’a changé à… La Courneuve, Clichy, etc. En fait, si la situation est la même, la population n’est pas la même. Une majorité des habitants a déménagé, quittant une de ces zones de relégation dont on s’obsède, mais qui sont pour beaucoup des sas, des lieux de passage. S’il doit y avoir intégration, elle se passera ailleurs, dans ce que certains appellent « la France périphérique » (cf. Christophe Giully [2]), les grandes banlieues pauvres où des immigrés originaires du Maghreb côtoient des autochtones et espèrent comme eux une promotion scolaire pour leurs enfants. L’obsession journalistique des ZUS est donc trompeuse. Cette hétérogénéité nouvelle du territoire rend encore plus néfastes les effets d’un système scolaire trop unifié, aux défauts duquel l’activisme pédagogique ne remédie pas.
3. Contrairement à ce que l’on fait croire, pauvreté et immigration ne se recouvrent pas. Selon Giully, 85 % des pauvres de France ne sont pas dans les ZUS. Le département de la Seine-Saint-Denis n’est pas le plus pauvre ; la Creuse, le Cantal et d’autres le sont plus, il y a des cités en province qui, bien que peuplées d’autochtones, sont plus démunies, plus dépourvues de services sociaux, que celles de la banlieue de Paris ou de Lyon. Ce qu’il faut affronter, c’est la séparation géographique - souvent volontaire - entre deux catégories de pauvres, les autochtones et les arrivants, une fracture sans précédent au sein du peuple. Avec l’école élémentaire commune et l’esprit d’entreprise des immigrants (les Portugais par exemple), la cohabitation ouvrière à l’usine et dans le quartier a été (avec l’école élémentaire) la matrice de l’intégration française. La base de cette mixité était la prépondérance reconnue de la culture nationale, telle que l’histoire l’a produite. Cette prépondérance étant en cause, un refus de cohabiter se répand de part et d’autre, une redoutable allergie mutuelle consacrée par la séparation territoriale.
4. On voit donc que le multiculturalisme souvent évoqué est le nom d’une séparation, d’un problème, et non d’une solution. Qu’il y ait, qu’il y ait toujours eu, de l’hétérogénéité sociale et culturelle n’empêche pas qu’il y a nécessité et urgence de développer du commun, faute de quoi le multiculturalisme produit une libanisation et non l’enrichissement mutuel promis. Les moyens de créer du commun sont toujours les mêmes : le travail, l’école, une laïcité non pas défensive mais conquérante, interpellatrice, capable, s’appuyant sur la culture commune de faire bouger, de faire entrer dans une logique de dialogue civique les particularités culturelles et religieuses. Le dialogue du politique démocratique avec le religieux, qui s’est poursuivi d’une manière implicite quand il s’agissait du catholicisme, doit devenir explicite avec un islam qui vient de l’extérieur.
6-2-2011, Paul Thibaud
Source : Marianne
Nous le savons tous, nous vivons dans une société multiculturelle, multiconfessionnelle, mondialisée, où la cohabitation peut s'avérer difficile. Cette réalité implique une politique attentive au vivre-ensemble qui ne va pas sans heurts, sans peur, sans crainte des ghettos communautaires, sans réactions racistes.
C'est pour discuter de cette situation que Frédéric Joignot, du "Monde Magazine", a rencontré l'historien Pap Ndiaye, maître de conférence à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), auteur de La Condition noire. Essai sur une minorité française (Calmann-Lévy, 2008), où il montre combien l'ostracisme envers les Noirs résiste dans la société française, même s'il ne se dit plus "racial".
Que nous dit Pap Ndiaye ? D'une part, il constate la montée d'un nouvelle extrême droite européenne, qui brouille les pistes : "Ces mouvements ne s'appuient plus explicitement sur l'appareil idéologique ouvertement raciste issu du premier XXe siècle, mais sur la défense radicale de thèmes souvent marqués à gauche, en tout cas clairement opposés aux obsessions recuites de l'extrême droite historique : les 'valeurs républicaines', la laïcité, les droits des femmes, voire des homosexuels, etc., menacés par 'eux'. Le 'eux' incluant les immigrés post-coloniaux et leur descendance, dont on déplore avec hypocrisie le 'manque d'intégration', le 'comportement délinquant', etc."
Pap Ndiaye rappelle aussi que tous les clichés de la nouvelle extrême droite sur l'impact économique désastreux de l'immigration – qui volerait du travail aux nationaux – comme sur une nouvelle "invasion" associée aux crises politiques et au réchauffement climatique ont été contredits par toutes les enquêtes.
Pap Ndiaye montre encore que ces discours sur l'immigré incapable de s'intégrer et d'accepter les mœurs ou la démocratie européenne supposent un Autre à jamais "étranger", borné et incapable de changer ou d'apprendre. "Une telle conception néglige les changements profonds que connaissent les pays et les populations du Sud avec la mondialisation du commerce, l'incroyable brassage des cultures et des informations via Internet, l'urbanisation rapide, la diffusion massive des nouvelles technologies de communication. Une telle vision méconnaît encore ce que l'expérience migratoire apporte aux migrants, les bouleversements qu'elle suscite, les reconfigurations culturelles, religieuses, familiales, et ses effets sur les cultures européennes, particulièrement celles des jeunes urbains."
Enfin, sans renier les problèmes soulevés par le "vivre-ensemble" dans une société multiculturelle, Pap Ndiaye soutient la nécessité d'une politique qui défendrait certains droits d'expression des minorités.
Frédéric Joignot
Source : Le Monde
Une centaine de journalistes marocains du monde ont assisté le week-end dernier à El Jadida, au colloque organisé par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), en partenariat avec l’instance chargée du "Dialogue national médias et société". Une occasion pour ces professionnels des médias de débattre de différents sujets clefs à travers des ateliers thématiques.
Les participants à la première rencontre des journalistes marocains du monde, tenue du 4 au 6 février 2011 à El Jadida./MAP
Les 4, 5 et 6 février, El Jadida a abrité la première rencontre des journalistes marocains du monde. L’événement a suscité de vives réactions parmi la centaine de journalistes marocains de la diaspora qui y ont participé.
Les professionnels des médias ont saisi l’opportunité pour débattre de leur rôle, échanger sur leurs expériences, apporter des recommandations, entre autres.
La présentation d’une étude intitulée “Situation et attentes des journalistes marocains du monde” a soulevé une question controversée: celle de la contribution des journalistes marocains du monde au développement des médias communautaires nationaux à l’étranger pour remédier aux préjugés, voire améliorer l’image du Maroc.
Les médias communautaires
Dans l’assemblée, des journalistes ont d’abord tenu à rappeler leur rôle: un rôle social et non celui de porte-parole de leur pays d’origine. L’impact social et professionnel des médias communautaires a lui aussi fait polémique. Alors que pour certains, il s’agit de “supports ghettos”, où la cible est cloisonnée dans des problématiques intracommunautaires au détriment d’autres sujets pouvant les aider à évoluer ou mieux s’intégrer dans leur pays de naissance ou d’accueil, ils constituent pour d’autres un frein en termes de perspectives professionnelles.
Nombre de journalistes travaillant dans ce genre de supports affirment rencontrer des difficultés à percer par la suite dans des médias d’actualité plus générale. En bref, plusieurs journalistes ont dit vouloir être intégrés dans un processus de collaboration (par l’échange des expériences et des connaissances), et non dans un processus de développement de supports communautaires à l’étranger. Selon eux, ils stigmatisent à la fois les professionnels des médias et le public.
Remédier aux stéréotypes
Dans ce sens, des recommandations ont été faites non pas pour “améliorer l’image du Maroc” mais pour remédier aux stéréotypes véhiculés par des médias étrangers. Ainsi, certains intervenants ont demandé le développement de la formation par la mise à disposition de fonds aux journalistes marocains de la diaspora, une sorte de bourse qui leur permettrait de revenir au pays dans le cadre du travail, et de traiter ainsi des réalités du pays depuis l’intérieur. Ces informations devraient par la suite être diffusées ou publiées dans les médias étrangers pour lesquels ils travaillent.
Reste à définir le statut du journaliste marocain expatrié ou d’origine marocaine. Quelles formes prendront ces collaborations? Se feront-elles sous forme de partenariat avec des médias étrangers ou sous forme de collaborations ponctuelles entre le journaliste et le média marocain quand il s’agira, par exemple, de traiter de sujets sensibles? Reste alors à définir le rôle du journaliste, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.
Source : Aufait
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