La politique d’accueil des migrants a donné lieu dimanche à la première passe d’armes des débats de la primaire de la gauche, opposant Manuel Valls à plusieurs de ses concurrents.
L’ancien Premier ministre a défendu avec vigueur l’attitude de la France, qui a accueilli depuis 2015 moins de migrants que d’autres pays, l’Allemagne au premier rang, et s’est vu attaquer en particulier par Benoît Hamon et Vincent Peillon.
« J’en ai assez qu’ici comme ailleurs on mette toujours cause la France », a dit Manuel Valls. « Ou on ouvre les frontières ou on est capable de les maîtriser ! »
Il a reconnu que la France n’avait pour l’heure accueilli que 5.000 réfugiés sur les 30.000 qu’elle a promis d’accueillir, et défendu cet objectif, plus faible s’il est rapporté au nombre d’habitants que celui promis ailleurs, en expliquant que les Français ne souhaitaient pas un accueil massif.
« La France a eu raison de mener cette politique », a-t-il déclaré sur les chaînes d’information, en jugeant que « l’histoire nous a donné raison », sans préciser en quoi.
« Avec cette politique, sommes-nous à la hauteur de nos valeurs ? » s’est interrogé Benoît Hamon, en répondant par la négative.
« Nous pouvons accueillir davantage de migrants », a-t-il assuré, en expliquant vouloir « dire à Manuel Valls » que l’honneur de la France était de faire vivre ses valeurs.
La France est l’un des pays « les moins volontaires pour faire face à ce qu’était cette détresse », a déploré l’ancien ministre de l’Education nationale, qui propose notamment un « visa humanitaire » permettant d’accueillir temporairement les réfugiés.
Avec Manuel Valls, « nous avons un désaccord profond » sur l’accueil des réfugiés, a expliqué Vincent Peillon, reprochant à l’ancien Premier ministre d’avoir fait « la leçon » en Allemagne à la chancelière Angela Merkel, qu’il avait accusée devant des journalistes d’avoir ouvert les portes de l’Europe aux migrants.
La candidate du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, a rappelé la tradition « humaniste et digne » de la France et appelé à une meilleure réponse européenne, en prônant en particulier la création d’un droit d’asile européen.
L’écologiste François de Rugy a porté la critique la plus dure contre le candidat de la droite François Fillon, qui a selon lui ressorti le mot d’ordre du Front national : « immigration zéro ».
François Fillon a promis mercredi à Nice de reprendre, s’il est élu président de la République, le contrôle de l’immigration pour la réduire « au strict minimum ».
15 janvier 2017(Jean-Baptiste Vey, édité par Simon Carraud)
Source : Reuters