Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) a organisé, samedi 19 avril 2025 au Salon international de l’édition et du livre (SIEL) à Rabat, une présentation de l’ouvrage Fatema Mernissi for Our Times, rassemblant les travaux d’un groupe international de chercheurs et édité par Minoo Moallem, Professeur d’études sur le genre et les femmes à l’Université de Californie à Berkeley.

Rabéa Naciri, militante féministe marocaine et experte de la question du genre et des droits des femmes, Layla Chaouni, éditrice et féministe marocaine et Zakia Salime, professeur à l’Université de Rutgers aux États-Unis, ont connu Fatema Mernissi. Chacune d’entre elles racontera son histoire avec elle tout en interrogeant sa pensée à la lumière des défis contemporains. 

Fatema Mernissi for Our Times, rend hommage aux travaux de la sociologue qui ont profondément influencé l’activisme féministe et civique dans les sociétés musulmanes et arabes et au-delà.

Modérant cette table-ronde, Hayat Zirari, Professeur d’anthropologie sociale à l’Université Hassan II de Casablanca, a affirmé que ce livre présenté aujourd’hui « n’est qu’un prétexte pour se rappeler la trajectoire de cette intellectuelle engagée et médiatrice culturelle à voix multiples qui a su allier savoir, réflexion et action ». 

L’ayant côtoyé pendant plus de 35 ans, Layla Chaouni a toujours été, comme Fatema El Mernissi, soucieuse de rendre l’écriture et la lecture à la portée de tous car ces formes d’expression « ne doivent pas être un privilège mais un bien commun ».

Telle qu’elle l’a connue, « elle débordait d’idées et d’énergie et savait fédérer autour d’elle, avec une conviction profonde, celle que le livre est un outil d’émancipation et en particulier pour les femmes ». 

Elle avait aussi à cœur de transmettre le pouvoir de l’écriture, « une arme de pouvoir pacifique à même de changer le monde », et avait réuni dans des ateliers des mères de famille, des enseignantes, des anciennes détenues et des militantes de l’ombre pour raconter leurs histoires. 

Après le 11 septembre nous avons créé la collection « Islam et humanisme » pour donner à entendre un Islam éclairé et humaniste car « Fatema Mernissi voulait toujours porter un regard d’un angle différent de tout ce qui marquait l’actualité ».

Pour Rabea Naciri, le point fort de Fatema Mernissi a été de « savoir se situer entre deux mondes, un monde savant et un monde militant sans que l’un l’emporte sur l’autre ». En tant qu’académicienne, « elle a été pionnière dans la deconstruction des interprétations patriarcales des sources et patrimoines musulmans » et cela « nous a énormément aidé en tant que militantes féministes et nous a donné du courage ». 

Elle voulait que « toutes ces femmes qu’elle a poussé à écrire puissent sortir de l’invisibilité et sachent que tout ce qu’elles vivent compte ».    

Zaki Salime, l’une des co-autrices du livre Fatema Mernissi for Our Times, et aussi autrice de Between feminism and Islam paru en 2011 et de plusieurs ouvrages sur les droits des femmes, dit « s’inspirer encore de la pensée de Fatema Mernissi » et « devoir énormément aux espaces qu’elle a créés ».

Elle lisait « les orientalistes du point de vue de la rationalité islamique et assumait le fait qu’une lecture féministe peut aussi être faite dans le cadre de l’Islam ». 

Ses écrits répondaient à des conjonctures, comme « la montée du conservatisme, la guerre en Irak », elle « écrit en toutes circonstances et nous poussent aussi à écrire », a-t-elle conclu. 

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