samedi, 11 mai 2024 22:04

« Ce que je sais de M. Jacques », un roman d’apprentissage et d’empathie Spécial

Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) a reçu, samedi 11 mai 2024 au pavillon commun au Salon du livre à Rabat, l’écrivaine franco-marocaine Leila Bahsaïn, venue présenter au public son dernier ouvrage « Ce que je sais de Monsieur Jacques », paru aux éditions Albin Michel. Elle a été interviewée par la journaliste Ghita Zine.

« Ce que je sais de Monsieur Jacques » est l’histoire d’une adolescente, « Loula », qui déménage de sa ville natale vers une ville touristique qu’elle observe curieusement afin de s’approprier son nouvel espace de vie, jusqu’à découvrir son voisin « Monsieur Jacques », un étranger aux agissements mystérieux et criminels, une expression, selon l’écrivaine « des dominations que subissent les jeunes et les adolescents ».

Contrairement à ce que l’on peut conclure, explique-t-elle, cet ouvrage est un roman d’apprentissage car « il ne traite pas uniquement un thème, ici celui de la pédophilie, c’est un travail sur la langue, qui suit des personnages comme dans la vraie et les expose en toute sincérité ». C’est aussi un ouvrage qui alerte les adultes et les plus jeunes sur le mal « qui peut se présenter sous une apparence belle et attractive et sur les malfaiteurs qui peuvent être très sympathiques, comme M. Jacques dans le roman ».

C’est aussi un exercice d’empathie, un récit sur « l’enfance et sur la société vue et vécue par les enfants qui questionne le positionnement des adultes par rapport aux plus jeunes » car, « en tant qu’adultes, nous sommes en permanence en train de jouer le jeu social, on tient tous un rôle, notamment dans la vie des enfants à la pensée beaucoup plus aiguisée qu’on ne le croit ».

Quand « Loula », la narratrice se réfugie dans les livres et les expressions artistiques, elle soulève un constat societal « celui qui fait de la langue un marqueur social, faisant la différence entre les missionnaires (élèves de la mission française), qu’elle côtoie, et les indigents, qui n’ont pas eu accès à l’éducation et qui sont, en plus d’être pauvres, privés du langage et démunis des moyens d’exprimer leurs vies et d’évoluer ».

Comme « Loula », Leila Bahsaïn pense que l’écrivain est finalement un témoin, « plus sensible que ses concitoyens aux aléas de la vie » et qui « endosse la responsabilité de transmettre cette sensibilité par rapport à la réalité au lecteur ».

Leïla Bahsaïn est aussi l’auteure du Ciel sous nos pas, prix du livre Européen et Méditerranéen et prix Méditerranée du premier roman 2019, qui a été en lice pour une dizaine de prix littéraires. Après La théorie des aubergines (2021), Ce que je sais de monsieur Jacques est son troisième roman. Tous sont publiés chez Albin Michel.

CCME

Dernière modification le samedi, 11 mai 2024 22:08
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