Plus de 15 000 spectateurs ont participé au Tremplin L'Boulvart dans la friche culturelle des abattoirs de Casablanca au cœur du quartier populaire Hay Mohammadi du 21 au 31 mai 2009.
Dimanche 31 mai : Table ronde finale : « Défis, problématiques et pistes d'action »
Synthèse
Les recommandations des ateliers se rejoignent et appellent à la mise en place des principales actions suivantes :
- L'élargissement des conventions de sécurité » sociales aux pays où il n'existe pas d'accord bilatéral en Dimanche 31 mai : Table ronde finale : « Défis, problématiques et pistes d'action »
Synthèse
la matière, tels que la Grande-Bretagne, l'Italie. Toute négociation devrait impliquer les associations. - La création d'un système de prise en charge sociale, particulièrement pour les travailleurs des pays arabes et des pays africains. Dans ce cadre, dans certains pays (Tunisie, Egypte...) les migrants cotisent à une caisse de leur pays d'origine soit pour leur sécurité sociale soit une protection complémentaire.
- La désignation d'un interlocuteur institutionnel unique pour la question des retraités migrants et la création d'un guichet unique pour toutes les questions relatives aux migrants (assistance juridique, procédures administratives..).
- La création d'une plateforme inter-associative euro-marocaine qui permettra de développer des passerelles de communication entre les ONG des pays d'origine et celles des pays d'accueil.
- Le développement d'activités (culturelles, sportives...) pour un meilleur accompagnement des retraités et l'instauration d'un soutien psychologique.
- L'implication des séniors, capital humain riche d'expérience, dans le développement de leur pays et l'institution à leur bénéfice de « tarifs séniors ».
- La prise en charge, pour les nécessiteux, des rapatriements des dépouilles de même que le développement d'actions d'accompagnement en fin de vie.
- La transmission de la mémoire de la migration marocaine aux nouvelles générations.
- La nécessité de faire un état des lieux, qualitatif et quantitatif, par pays en raison des multiples spécificités, particulièrement les pays arabes.
- La création de cahiers de charge sur les maisons de retraite (protocoles de prise en charge).
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Rapporteurs : M. Abderrahim Errabaï, président de l'Association des retraités marocains en France ; Mme Asmae Mouslim et Mme Véronique Manry, chargées de mission au CCME.
Avec la participation de :
- Mme Zineb Doulfikar, directrice de l'association Les Chibanis, France
- M. Mohamed Amri, Association des Anciens Travailleurs de Renault-Billancourt de l'Ile Seguin (ATRIS), France
- M. Abdelkader Amali, Président de l'association des marocains âgés de Tilburg, Pays-Bas
- M. Mohamed Sayem, consultant, Fondation de soutien aux émigrés qui retournent dans leur pays d'origine (SSR Berkane), Maroc
- Mme Rachida El Idrissi, responsable du projet « Seniors sans frontière » à Saint-Gilles, Belgique
Actions des associations
- Les associations axent leurs activités principalement autour des thématiques suivantes :
- Les activités socio-culturelles et sportives ;
- Le soutien psychologique (groupes de parole) ;
- Le recueil et la transmission de la mémoire de l'immigration ;
- L'assistance juridique et l'accompagnement dans les procédures administratives, essentiellement en matière de recouvrement des droits à la retraite et les aides sociales (aide au logement, santé, etc.) ;
- L'intermédiation avec les institutions, autant dans les pays de résidence qu'au Maroc ;
- La participation aux concertations nationales sur les réformes concernant les personnes âgées dans les pays d'accueil.
Propositions de pistes d'action
- Couverture médicale au Maroc :
- Mettre en place un système de cotisation qui permette la prise en charge des frais médicaux des retraités durant leur séjour au Maroc ;
- Négocier des accords entre les caisses de sécurité sociale entre pays de résidence et d'origine.
- Demande d'un interlocuteur institutionnel unique :
- Création d'un guichet unique pour toutes les questions des émigrés retraités
- Problématique des Marocains revenus au pays :
- Problèmes de réintégration socio-économique ;
- Problème de couverture sociale ;
- Problème de circulation des personnes ;
- Nécessité d'études sur la situation et les problèmes spécifiques aux émigrés retraités de retour au Maroc.
- Création d'une plateforme associative euro-marocaine :
- Porte-parole des retraités marocains en migration ;
- Intermédiaire avec les institutions des pays de résidence et du Maroc ;
- Participation aux négociations nationales et internationales sur les questions relatives aux retraités ;
- Cette plateforme pourrait être coordonnée par une sous-commission « Retraités » au CCME.
- Réduction des frais de transports :
- Mise en place de tarifs seniors (transport aérien ou maritime)
Ce séminaire a pour objet d'ouvrir le débat à travers un panel très large d'intervenants venus de plusieurs pays de l'immigration (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Pays-Bas) et de spécialiste de la retraite au Maroc même. On aura l'occasion de voir dans les différents espaces plusieurs initiatives qui participent du soutien et de l'accompagnement de ces populations.
Des éléments de connaissance en terme statistiques, d'analyses et d'expériences de terrain ont été rassemblés. Nous avons découvert des problématiques partagées mais nous nous sommes, aussi, trouvés confrontés à une grande diversité des situations.
Vous aurez l'occasion d'en débattre dans plusieurs tables rondes et ateliers.
A ce titre, et bien que l'émigration des anciens est massivement masculine, il nous a semblé essentiel de mettre l'accent sur la problématique des femmes même si cette question est transversale à tous les sujets qui seront traités durant ces deux jours.
En effet, même si ce n'est pas un sujet de recherche très développé, nous avons suffisamment de données, aujourd'hui, pour savoir que les femmes constituent certainement la frange la plus fragile de la population âgée dans la mesure où leur parcours migratoire les rend plus vulnérables quant à l'accès à certaines prestations. Elles se retrouvent dans des situations de très grande précarité voire d'indigence. A ce titre une réflexion particulière se devait d'être menée.
Nous avons fait le choix, également, de laisser une large place au travail remarquable de veille et d'actions des associations. Je tiens à remercier très chaleureusement tous les représentants des associations présents qui donnent une dimension certaine à ce séminaire et leur dire qu'au CCME, ils sont chez eux.
Ces deux jours de travail doivent déboucher sur des propositions concrètes permettant de contribuer à une politique publique cohérente, ambitieuse et équilibrée entre le droit commun et le spécifique et entre ce qui relève des pays de résidence et ce qui relève du pays d'origine, permettant de concevoir une citoyenneté dans le vieillissement.
En marge de ce séminaire, plusieurs expositions photographiques proposées dans des lieux culturels à Casablanca et à Rabat rendront hommage à ces pionniers de l'émigration.
Merci à tous d'avoir répondu à notre invitation.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter, à nous souhaiter d'excellents travaux.
Merci
Amina Ennceiri
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«L'islam en Europe : Quel modèle? ». Dans le contexte actuel, le débat autour de cette problématique est nécessaire voire primordial. Aujourd'hui, l'islam apparaît, de plus en plus dans les pays de résidence, comme un élément constitutif de l'identité européenne et une préoccupation des communautés et des acteurs publics en Europe, mais aussi de leurs opinions. L'islam interpelle donc l'Europe. A l'inverse, la société européenne interpelle aussi l'islam.
La problématique religieuse a été toujours au centre des réflexions et des priorités de cette institution consultative et de prospective auprès de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Fidèle à sa philosophie et la nature de ses missions, le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger organise un colloque international sous le thème : « l'islam en Europe : quel modèle ? », les 20 et 21 juin 2009 à Casablanca.
La tenue de cette manifestation vise à enrichir et à approfondir le débat sur le culte musulman en Europe et plus particulièrement sur le modèle européen de l'islam. Prendront part à ce colloque, des experts et des spécialistes, des responsables cultuels et des acteurs du terrain, issus de l'émigration ou résidant au Maroc.
Au programme de cette rencontre, un état des lieux du modèle ou des modèles du culte musulman au sein des pays d'immigration et une analyse de la problématique du référentiel chez les musulmans en Europe. Les travaux de ce colloque porteront sur trois thématiques clés : la géographie de l'islam en Europe, l'islam européen et la problématique du référentiel et le modèle cultuel marocain et le contexte européen.
Au menu également, l'organisation d'une table ronde portant sur le thème du référentiel et pratiques chez les femmes et les jeunes musulmans en Europe.
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Boussouf Abdellah, historien, a soutenu une thèse de doctorat sur les relations dans le bassin méditerranéen au XIIIème siècle en 1991.
En 1993, il était président de l’association de la mosquée de l’impasse de Mai de Strasbourg. On lui doit la construction de la Grande mosquée de Strasbourg. Il s’agit du premier lieu conçu dès l’origine pour le culte musulman à Strasbourg. Boussouf a fait voter le projet au parlement européen en novembre 1996.
En 2002, il a été élu Vice-président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM).
En 2006, il est parti pour la Belgique, à l’institut d’études islamiques de Bruxelles. Il a également occupé le poste de directeur du Centre Euro-islamique pour la culture et le dialogue, basé à Charleroi (Belgique).
En 2007, il a été nommé par sa majesté Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger CCME. Poste qu’il occupe jusqu’à aujourd’hui.
Boussouf prône un islam modéré et un dialogue ouvert entre les religions et les civilisations. Dans ses nombreuses interventions nationales et internationales, Boussouf ne cesse d’inviter à la découverte de l’Autre et au rapprochement
Président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger et de la Fondation euro- méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme, Driss El Yazami a siégé à l’Instance Équité et Réconciliation (IER), la Commission de vérité marocaine, et à la Commission consultative de révision de la constitution (2011). Ancien responsable du Pôle société civile de la COP22, M. El Yazami a présidé de 2011 à 2018 le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). Ancien Délégué général de Génériques, association spécialisée dans l’histoire des étrangers et de l’immigration en France, rédacteur en chef de la revue Migrance et Commissaire général de plusieurs expositions, M. El Yazami a coordonné ou contribué à la publication de plusieurs ouvrages dont entre autres, Pour Les Droits de l’Homme (Paris, 1989), Les étrangers en France, guide des sources d’archives publiques et privées (XIXe- XXe siècles), Le Paris-Arabe (La Découverte, 2003), et Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France (Gallimard, 2009).
Madame La Conseillère de Sa Majesté Le Roi
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'étranger,
Mesdames, Messieurs les Représentants du Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme,
Excellences, Mesdames et Messieurs
Mes concitoyennes de tous les horizons,
Il m'est particulièrement agréable d'échanger aujourd'hui avec vous sur une question qui a de l'avenir puisqu'il s'agit d'une part, de nous interroger sur l'état d'avancement de la grande marche des Marocaines vers la citoyenneté pleine et l'autonomisation assumée et d'autre part, de développer des idées pour que les Marocaines d'ici et d'ailleurs puissent porter ensemble et de concert, le message du Maroc d'aujourd'hui c-à-d un pays suffisamment confiant dans son identité et sa vérité culturelle pour oser s'engager dans la quête de la modernité et dans la construction d'une gouvernance démocratique basée sur l'équité de genre et la consolidation continue des droits humains.
Mon propos ne sera pas du tout de faire l'inventaire des acquis mais d'essayer de relever le sens de certaines avancées pour mieux nous représenter les évolutions encore à venir et les changements encore à produire.
Le sujet et la configuration même du débat d'aujourd'hui sont significatifs de la détermination du Maroc à mobiliser toutes les ressources, à ne se priver d'aucune opportunité et à n'oublier personne dans la réflexion comme dans l'action dans ce chantier décisif de la promotion des droits de la femme marocaine.
Les mutations et dynamiques migratoires font apparaître une formidable émergence de talents, d'expériences, de compétences au sein de la nouvelle génération de femmes marocaines émigrées. Battantes, inspirées, persévérantes, à la fois marocaines et citoyennes du monde, elles ont forcé le succès et se sont construit un destin dans plusieurs domaines : économique, socioculturel, politique ou syndical. Tout en s'impliquant dans leur société d'accueil, Beaucoup d'entre elles, se sont investies de la plus belle des manières dans le domaine du développement humain de leur pays d'origine.
Mesdames et messieurs,
Le regard que notre pays porte sur ses émigrants a évolué. C'est désormais un lien régénéré et mouvant que le Maroc a avec ses expatriés. C'est une relation sincère et nourrie par les évolutions du pays, ses acquis de bonne gouvernance et son respect des choix de chacun et chacune. La qualité de ce lien ne peut en outre qu'être rehaussée et confortée par la convergence de nos énergies et de nos talents autour de questions aussi décisives pour le devenir de notre pays que la promotion de la femme et l'habilitation globale de notre société.
De grandes pistes s'ouvrent devant nous grâce à la dynamique vertueuse ouverte par les réformes démocratiques initiées depuis l'accession de SM Le Roi au trône.
Si aujourd'hui le Maroc a pu lever pour caducité, les réserves enregistrées au sujet de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme, c'est parce notre choix de société nous a permis de produire des législations avancées notamment en matière de code de la famille et de loi sur la nationalité.
Dans le même temps il est important de rappeler que ces deux réformes comme bien d'autres encore ont été l'aboutissement d'un débat social intense, d'une admirable militance associative, d'un travail parlementaire passionné. Ces réformes valent donc autant par leur contenu et leur portée que par le processus démocratique authentique qui les a sous-tendues. Le partenariat entre l'Etat marocain et la société civile plurielle et l'appropriation par les citoyens de l'agenda démocratique de notre pays sont deux signes majeurs des choix de la nouvelle ère marocaine.
En matière de droits de la femme le Maroc a changé également de culture et d'échelle. Désormais, nos politiques publiques ciblent la femme dans ses rôles multiples et ses contributions sociales diverses car le modèle de développement que l'on s'est donné est égalitaire, centré sur la personne et exige une redistribution du pouvoir à tous les niveaux et dans tous les secteurs.
Du fait de son caractère transformateur, l'autonomisation de la femme satisfait les intérêts stratégiques de notre société et augmente notre potentiel d'action collective contre la pauvreté, l'ignorance, la corruption, l'exclusion, la régression, etc.
Le ciblage préférentiel des femmes par l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) initiée par SM Le Roi comme un grand projet structurant et inclusif pour lutter contre la vulnérabilité sociale participe de cette même analyse.
Comment ne pas signaler aussi qu'à travers sa conduite d'un processus de Budgétisation Sensible au Genre depuis 2002, couronné depuis 2005 par l'élaboration du Rapport Genre et par la recommandation de l'utilisation de l'approche genre, pour la première fois dans la lettre de cadrage de la loi de Finances 2007 du Premier Ministre, le Maroc réalise une avancée significative qui lui confère un leadership régional en la matière.
Autre décision lourde de sens et porteuse d'espoir : l'implication des femmes dans la réforme du champ religieux.
La nomination de femmes au sein des Conseils des oulémas et la formation depuis 2006 par le Ministère des Habous et des Affaires Islamiques de dizaines de "Mourchidate" de l'islam est tout sauf une décision anodine.
Les Marocaines investissent progressivement le domaine de la représentation diplomatique, en tant qu'ambassadeures, consules, expertes auprès d'organisations internationales, etc. Elles portent ainsi sur la scène internationale l'image d'un pays qui se fait et se dit par les femmes comme par les hommes.
Mesdames et messieurs,
Le chemin parcouru n'annule pas celui qui reste à faire. Notre avenir dépendra de notre persévérance à aller de l'avant.
De nombreux défis restent à relever mais UNE grande cause est encore à défendre, sans relâche, et sans complexe, par tous ceux qui portent l'amour du Maroc en eux, et l'éprouvent sous toutes les latitudes du monde. Il est en effet insupportable et répréhensible à tous les égards, que nos concitoyennes sahraouies continuent à être séquestrées dans les camps de la honte et des pires exactions. Après qu'on ait confisqué leur droit à une vie décente parmi les leurs et dans leur pays, elles sont aujourd'hui empêchées de saisir l'occasion historique qui leur est offerte dans le cadre de l'inititiative marocaine d'offrir une autonomie à nos provinces du sahara d'accéder à leur citoyenneté et à leurs droits légitimes. Cyniquement, leur peine, leurs souffrances, leurs rêves confisqués sont instrumentalisées au bénéfice de visées séparatistes et mercenaires.
Mesdames et messieurs,
La promotion de la participation politique des femmes est un chantier majeur dans le Maroc d'aujourd'hui. A ce niveau, malgré tous les acquis, il nous faut encore élargir les espaces et les stratégies.
Car en dépit des efforts, initiatives et stratégies publiques et associatives, des résistances persistent pour l'empowerment de la femme. Les femmes ne sont pas toujours considérées comme des agents politiques légitimes et il n'est pas encore admis par tous que leur présence est essentielle pour la démocratie. Peut être faudra t-il mieux procéder pour convaincre de l'incidence réelle d'une augmentation de la participation des femmes aux postes de prise de décision et de l'impact avéré sur le développement de l'introduction d'une gouvernance sensible aux sexospéficités ?
Bientôt nous aurons à vivre ensemble l'expérience des prochaines élections communales et à tirer les conclusions des résultats du scrutin. L'enjeu est important car l'impact du leadership féminin dans la gouvernance locale est avéré. Il a encore été rappelé par le Souverain dans le discours du 6 novembre dernier où il avait à une collaboration constructive entre le gouvernement et le parlement pour la mise en place de mécanismes efficients à même de favoriser une représentation adéquate et une présence plus large des femmes au sein des conseils communaux, tant pour ce qui concerne les candidatures qu'au niveau du scrutin.
« Notre dessein ultime, avait indiqué Sa Majesté le Roi, est de garantir une représentation équitable des femmes au niveau des collectivités locales et, surtout, de permettre aux conseils locaux de se prévaloir de l'apport de la femme marocaine qualifiée, connue pour son intégrité, son réalisme et sa fibre sociale ».
Sur un autre plan, il est culturellement payant de veiller à inclure dans toute stratégie de promotion des droits de la femme, un volet impliquant l'action médiatique et la circulation de l'information.
Dans un monde globalisé, qui appartient aux plus visibles et aux plus audibles, le rôle des médias est à prendre en permanence en compte à ce niveau.
Certes, partout dans le monde, les femmes ont encore besoin de s'approprier par de multiples moyens, le langage qui les dit et les recrée comme telles, mais dans des pays comme le nôtre, l'accès au pouvoir de produire ses propres représentations du monde et d'elles-mêmes, est un moyen d'intervention contre la régression et la minorisation obscurantiste des femmes.
Au Maroc, l'Agir Féminin a besoin encore de plus de visibilité sociale pour accélérer la révolution des mentalités et l'amendement des comportements.
A cet égard, je formule le voeu que soit activée dans les meilleurs délais et dans le respect de la liberté d'expression et de création, la charte nationale pour l'amélioration de l'image de la femme dans les médias, conclue en 2005 entre l'Etat, représenté par les ministères de la Communication et de la Culture, et les professionnels de l'information, de la communication et de la publicité.
Par ailleurs, l'accès des femmes aux postes de décision médiatique est susceptible d'infléchir les politiques rédactionnelles pour une meilleure intégration de l'approche genre dans la sélection et le traitement de l'information. Les efforts publics en la matière sont donc à soutenir.
Pour que les femmes gagnent de la force et de la légitimité dans les espaces publics, elles ont besoin d'être mieux formées et mieux acceptées socialement en tant qu'acteurs politiques, culturels, sociaux, et économiques, pour ne plus être catégorisées inconsciemment ou sciemment comme un groupe subordonné.
A cet égard, il y a certainement moyen d'associer davantage ce formidable réseau des Marocaines du monde à la promotion des échanges et à l'effort de réseautage à l'échelle internationale pour renforcer les synergies déjà existantes en matière de développement durable et d'autonomisation de la femme marocaine.
Le principe féministe de l'éducation et du mentorat nous impose de saisir toutes les opportunités pour conseiller, entraîner, offrir des tutorats, transmettre un savoir-faire, partager nos compétences.
En butte à de nombreuses iniquités dans la société en général, la femme risque fort d'être la grande exclue de la société de l'information. Si la fracture numérique sépare les riches et les pauvres, elle sépare aussi les hommes et les femmes.
C'est pourquoi, l'accès et l'utilisation des TIC comme outils pour le renforcement du pouvoir d'action politique et sociale des femmes est un projet gagnant qui pourrait fédérer nos efforts dans le cadre de programmes de coopération internationale.
Mesdames et messieurs,
Grâce à l'engagement royal, grâce au dynamisme associatif, grâce au volontarisme de notre action publique, l'idée que les femmes sont des citoyennes à part entière et des êtres politiques compétents progresse.
L'idée qu'elles sont au coeur du développement économique et social aussi. Mais ce qui ajoute à ma satisfaction et à mon optimisme c'est que cette prise de conscience est désormais une donnée structurelle, une tendance de fond.
Ce qui m'autorise à affirmer ceci : ensemble nous pourrons.
Je vous remercie de votre bienveillante attention
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Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger a choisi d'organiser ce colloque sur la situation juridique de l'Islam en Europe comme préambule à ses activités et travaux qui concernent l'Islam en Europe. A cet égard, le Conseil a consacré un programme diversifié pour étudier et débattre sur la question de l'Islam en Europe.
Pourquoi la situation juridique de l'Islam en Europe? Nous savons tous que les pays européens n'ont pas pris l'Islam en considération dans leurs législations. La question se pose donc sur la capacité de ce dispositif juridique à s'adapter à ce nouveau phénomène qu'est l'Islam.
Cependant, il ya une deuxième question fondamentale qui concerne cette nouvelle expérience que vit l'Islam, en tant que religion minoritaire, dans des sociétés laïques, qui croient aux valeurs de modernité, de démocratie et de pluralité des religions. L'Islam dispose-t-il d'une capacité à l'intégration? Peut-il répondre aux interrogations de ces sociétés?
D'ailleurs, l'Europe se caractérise par la pluralité de ses expériences sociales et chaque pays européen se distingue par une expérience particulière en matière de laïcité. De même, les composantes de la communauté musulmane en Europe prennent des formes différentes selon le pays d'accueil. Comment trouver les réponses appropriées à ce contexte de pluralité et de différence?
Nous ne sommes pas sans savoir que certains pays européens ont depuis longtemps reconnu l'Islam, notamment l'Espagne qui a signé une convention avec la communauté musulmane en 1992, la Belgique qui a reconnu l'Islam en 1975 et l'Autriche qui reconnaît l'Islam depuis l'Empire Ottoman. Cependant, il faut souligner que la majorité de ces conventions ou des termes de ces actes de reconnaissance sont restées inappliqués, à tire d'exemple, la reconnaissance de l'Islam par la Belgique. Quant aux termes mis en exécution, ils ne concernent que l'institution d'un « organe exécutif », chargé de la gestion de la question religieuse au niveau laïque, c'est-à-dire une administration religieuse, alors que la plupart des dispositions de cette convention n'ont pas été mises en application et pareillement pour l'Espagne.
Par ailleurs, il ya des pays européens qui ne reconnaissent pas l'Islam, ou qui n'ont pas des relations officielles avec l'Islam, et qui ont pourtant enregistré une avancée remarquable sur de nombreuses questions concernant l'Islam, tels que la France qui a fait des réalisations plus importantes que les pays qui reconnaissent l'Islam. La Belgique, pour sa part, n'a pas encore réussi à mettre des guides religieux à la disposition des soldats musulmans, alors qu'en France, les soldats musulmans disposent de guides religieux. Plusieurs responsables religieux musulmans qui travaillent dans de nombreux établissements pénitentiaires français, alors que d'autres pays, comme l'Espagne et la Belgique, n'en sont qu'au début.
Ainsi, la reconnaissance juridique ne signifie certainement pas l'accès aux exigences de ces lois, mais plutôt, qu'il faut mettre en œuvre tous les moyens pour réaliser nos objectifs avec l'accompagnement de la société.
L'Islam est confronté à beaucoup de questions en Europe. En premier lieu, la question de la capacité de l'Islam à l'intégration dans des sociétés qui ont leurs propres caractéristiques et sur son aptitude à réagir aux défis lancés par celles-ci. Concernant la formation des cadres religieux, est-ce que l'Islam est disposé à dispenser un cadre religieux adapté avec des sociétés de pluralisme religieux, culturel, identitaire et ethnique? Et quel serait le contenu pédagogique qui conviendrait à ces sociétés? Est-ce que le contenu pédagogique en usage aux pays musulmans peut satisfaire aux besoins des musulmans résidant dans les pays européens?
Les musulmans doivent mener une réflexion profonde pour trouver les cadres appropriés et aptes à s'inscrire et à s'intégrer positivement dans les sociétés européennes, et garantir un encadrement qui favorise aux prochaines générations une insertion totale dans les sociétés auxquelles elles appartiennent.
Suivant les statistiques disponibles, l'Union Européenne comprend des millions de musulmans ; ce qui signifie que l'Islam est devenu une composante fondamentale des sociétés européennes. Ainsi, ces millions de musulmans doivent être pris en compte comme ils doivent de leur côté prendre cette réalité en considération.
Par ailleurs, on demande actuellement à l'Islam en Europe de fournir des réponses précises. A cet égard, Napoléon, lorsqu'il a décidé d'octroyer la nationalité française aux juifs, leur a posé douze questions dont : « Que pensez-vous de la polygamie ? Quelle est votre position à l'égard de la fidélité à la nation? Est qu'un juif né en France considère celle-ci comme sa patrie? Qui nomme les rabbins? Est-ce qu'une juive peut se marier à une personne non-juive en France? ». Je crois que ce sont les mêmes questions qui se posent aujourd'hui aux musulmans ; la communauté juive avait donné sa réponse d'une façon claire dans un livre publié.
Pour sa part, le musulman doit fournir une réponse claire sur la question de la laïcité dans le contexte des revendications de l'application de la Charia musulmane, lancées en Europe et au Canada. Nous sommes donc face à la question suivante : « peut-on vivre dans une société qui a décidé suite à sa propre évolution historique de séparer la société civile de la société religieuse? »
Par ailleurs, les sociétés européennes ont tranché depuis longtemps sur la question de l'égalité homme-femme et par conséquent, notre réponse doit aussi être claire et sans équivoque. Nous devons également fournir des réponses décisives à propos de la question de la liberté du culte et des droits de l'Homme et ne pas utiliser ces droits uniquement quand il s'agit de nos propres droits; les droits de l'Homme sont indivisibles et servent aussi bien pour défendre que pour coexister avec autrui.
Je souhaite que ce colloque réussisse à examiner ces interrogations, et je vous assure que le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger est toujours disponible pour accompagner et pour s'inscrire dans un débat positif en vue de fournir des réponses pertinentes ; de même qu'il consacrera les moyens financiers et humains pour aboutir au niveau qui convienne à nous tous, Musulmans vivant en Europe et dans des sociétés européennes.
Nous sommes aussi convaincus, dans le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger, que la communauté musulmane en Europe peut être le trait d'union entre le monde musulman et l'occident, et la passerelle de l'occident vers le monde musulman. Elle est également qualifiée pour tenir le rôle de médiateur civilisationnel et spirituel, de facteur essentiel pour éviter les conflits ; comme elle peut démentir les théories du choc des civilisations par son intégration dans les sociétés européennes.
Je pense que nous sommes devant une grande responsabilité et que l'avenir des générations prochaines dépend de notre présent. Ainsi, un présent corrompu ne construira jamais un avenir saint.
Je souhaite le plein succès à notre colloque. Je vous remercie.
M. Boussouf, secrétaire général du CCME
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14-15 mars 2009 - Fes- Colloque "statut juridique de l'islam en Europe"
Casablanca, Dimanche 31 Mai 2009
Monsieur le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, chargé de la communauté marocaine à l'étranger
Monsieur le Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger
Mesdames et Messieurs les présidents (es) des associations internationales et nationales
Honorable assistance
C'est pour moi un grand honneur et aussi un plaisir de prendre part, à la séance de clôture de ce séminaire international organisé par le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger autour du thème « Vieillir dans l'immigration : quel statut et quelle prise en charge des marocains vieillissants ? ».
Je voudrais à cette occasion, présenter à l'ensemble des organisateurs et organisatrices et à leur tête le CCME, mes sincères félicitations pour cette excellente initiative, pour la sélection des thématiques abordées et la prise en compte de la dimension genre dans l'analyse des questions du 3ème âge des RME.
Je voudrais aussi rendre un hommage aux marocains et marocaines résidents à l'étranger, et surtout la première génération qui atteint maintenant le 3 âge.
Ce sont des personnes qui ont du quitter leur pays à une époque marquée par des conjonctures économiques difficiles. Ils ont travaillé dur pour gagner leur vie et celle de leurs familles. Ils ont contribué au développement économique de leurs pays d'accueil, mais ils ont gardé avec force l'amour du pays, le patriotisme et ils ont également contribué au développement de leur pays le Maroc, pas seulement à travers les transferts de devises mais aussi par le transfert de compétence et d'expérience acquises en terre d'émigration.
C'est notre devoir de les appuyer et d'œuvrer pour leur assurer un troisième âge avec une qualité de vie bien méritée.
Mesdames et Messieurs
Les MRE constituent un potentiel, un gisement d'expertise et un atout majeur pour le Maroc.
Comme vous le savez, en moins de 15 ans -1993, 2007- l'effectif des Marocains inscrits sur les registres des consulats est passé de 1.300.000 à 3 300 000.
Les caractéristiques démographiques, éducatives, culturelles, socioprofessionnelles et économiques des MRE ont connu des changements profonds au cours des quarante dernières années.
Chaque génération a un profil, des besoins et des problèmes particuliers qu'il faut reconnaître pour y apporter des réponses appropriés.
Dans plusieurs discours, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, accorde une attention particulière à cette population. Il a appelé à œuvrer pour préserver la dignité des MRE et pour promouvoir leurs droits sociaux et humains au Maroc et dans les pays d'accueil.
La création du Conseil Supérieur de la Communauté Marocaine à l'Etranger en tant que cadre de concertation et de proposition d'aide à la prise de décision est un signal fort de la plus haute volonté politique de placer cette question au cœur des chantiers de développement que connaît notre pays.
Il est important aussi de noter que, dans le cadre des priorités gouvernementales, les efforts entrepris par les différents départements ministériels, la Fondation Mohamed V pour la Solidarité, et la Fondation Hassan II pour les marocains résidents à l'étranger, présidée par son Altesse La Princesse Lalla Meryem , et qui œuvre pour le maintien des liens des marocains du monde avec leur pays et pour les aider à surmonter les difficultés qu'ils rencontrent du fait de leur migration.
En plus de ces acteurs publics, les MRE sont aussi marqués par le dynamisme de la société civile, à l'échelle nationale et internationale, ce qui a donné une grande impulsion pour la prise en conscience des besoins, des contraintes et problèmes des MRE.
Et je voudrai saluer et féliciter l'ensemble de ces acteurs associatifs pour leurs actions citoyennes qui témoignent leur engagement pour le développement humain de notre pays.
Mesdames et Messieurs
Le vieillissement de la population est un phénomène qui touche actuellement tous les pays du monde. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le nombre des personnes âgées de 60 ans et plus aura franchi le cap du milliard d'ici 2020.
Au Maroc, selon le recensement 2004, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus est de 2376 000 dont 1 243 000 sont des femmes et 1 133 000 sont des hommes.
Ainsi, les enjeux du vieillissement démographique constituent un véritable enjeu des politiques publiques.
Notre pays doit s'efforcer d'apporter des réponses adaptées à cette situation spécifique s'inspirant des fondements de notre identité, de notre capital civilisationnel de solidarité intergénérationnelle.
Ces réponses doivent être conçues à la lumière des exigences de l'Etat de droit et du projet de société moderne et démocratique prôné par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, et partagé par l'ensemble des forces vives de notre pays.
Pour ce qui est de notre Ministère nous avons la mission de coordonner l'action des différents secteurs gouvernementaux en faveur des personnes âgées en matière de protection médicale et sociale afin que l'Etat assure son devoir à l'égard de cette catégorie conformément aux principes et recommandations, de l'ONU.
Dans ce cadre, le MDSFS a inscrit dans son plan stratégique 2008-2012 l'élaboration d'une stratégie sous le thème « un Maroc pour tous les âges » relative à cette catégorie et basée sur le renforcement de la solidarité familiale et des liens intergénérationnels, qui veille à la promotion de la participation active de ces personnes âgées dans les activités d'encadrement et des actions sociales, et appuie l'accès des personnes âgées aux différents modes de protection sociale.
Cette stratégie, en cours de finalisation s'appuie sur les grands piliers suivants:
- Axe revenu/ retraites ;
- Axe santé ;
- Axe logement et conditions de vie ;
- Axe rôle et place des personnes âgées dans la société.
Au niveau des centres dédiés aux personnes âgées, L'Entraide Nationale : Etablissement public sous-tutelle du MDSFS, dispose aujourd'hui, en partenariat avec la société civile sous forme de gestion déléguée, de 42 Etablissements Sociaux Spécifiques aux personnes âgées répartis sur le territoire au service de 2200 bénéficiaires et le MDSFS prévoit la création de 16 centres sociaux de référence destinés à cette catégorie au titre de 2008-2012.
D'autres programmes spécifiques sont mis en place, à savoir :
- Programme de création de clubs de loisir pour les personnes âgées. Deux clubs ont été crées dans une première étape à Casablanca et à laâyoune, dans l'objectif de leur offrir un cadre convenable d'échanges, de loisir et de tirer profit de leur expériences personnelles et professionnelles ;
- Programme de sensibilisation qui vise à impliquer et appuyer les différents acteurs de la société civile dans les programmes de la protection sociale des personnes âgées sachant que les associations de la société civile sont aujourd'hui des partenaires institutionnels des politiques publiques particulièrement depuis le lance ment de l'INDH par SM le Roi Mohammed VI le 18 mai 2005.
- La sensibilisation et la promotion de la culture de solidarité intergénérationnelle ;
- Le renforcement des programmes médias destinés à donner une image positive des personnes âgées dans la société .
A ce sujet, il y a lieu de noter que les retraités aujourd'hui âgés de 60 ans sont jeunes, l'espérance de vie ayant augmenté à 72 ans , ils sont porteur de compétences et d'expérience dont la société a grand besoin et il est indispensable d'offrir à ceux et celles qui le désirent l'opportunité d'investir ou de s'engager dans des actions citoyennes au service de leur pays.
Il y a lieu aussi d'évoquer les problèmes de la femme retraitée qui sont parfois encore plus durs que ceux vécus par les hommes, ne serait ce que parcequ'elles sont le plus souvent plus pauvres que les hommes. Il y a également les veuves de retraités RME qui restent parfois démunies et ne savent pas comment bénéficier de leurs droits et se trouvent parfois exposés à des intermédiaires véreux.
Comme vous l'avez sûrement constaté, l'ensemble des problèmes évoqués par les MRE peut être analysé et traité selon les axes prévus par la Stratégie nationale des Personnes âgées.
Bien sûr les difficultés ne manquent pas car les conditions du 3eme âge des MRE varient d'un pays à l'autre selon son système de protection sociale, les lois qui réglementent les droits des retraités ainsi que les différentes prestations offertes.
Notre Ministère, qui a suivi avec intérêt les travaux de ce séminaire important, veillera à intégrer les besoins et les attentes des MRE dans ce projet. Notre
Mesdames et Messieurs
Je voudrais aussi exprimer, à cette occasion, l'appui du Ministère de Développement Social de la Famille et de la Solidarité aux stratégies du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger.
Nous sommes très sensibles à identifier toutes les possibilités de partenariat afin d'intégrer les besoins des MRE dans les stratégies sectorielles.
Je souhaite plein succès à vos démarches et je vous félicite pour la qualité et le niveau d'expertise des ressources que vous avez mobilisés.
Ceci démontre clairement le sérieux et la pertinence de l'approche prônée par votre institution.
Nous ne manquerons pas enfin d'accorder tout notre intérêt à toutes les propositions et recommandations de votre séminaire .
Je vous remercie.
Nouzha Skalli, Ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité
Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et le Centre Jacques Berque tiennent un séminaire international pluridisciplinaire sur « la nouvelle condition migrante »
Ce séminaire a pour objectif d'engager une discussion entre chercheurs et de débattre des « nouveaux paradigmes » sous lesquels les sciences humaines et sociales observent et analysent les phénomènes des migrations internationales contemporaines. Cette discussion sera basée sur des recherches diversifiées (contextes nationaux différents) qui peuvent contribuer à alimenter le débat public.
- 14-15 mars 2009 - Fes- Colloque "statut juridique de l'islam en Europe"
- 3-4 mars 2009 - Rabat- Première conférence internationale des conseils et institutions de l'émigration
- 20 février 2009 -Madrid- 5ème Congrès annuel de ATIME - Version arabe uniquement
- 20 decémbre 2008 - Marrakech - Marocaines d'ici et d'ailleurs
- 30 octobre 2008 - Sussex - Conférence internationale «L'immigration marocaine en Europe »
- 27 octobre 2008 - Agadir - Séminaire international « Les migrations marocaines : Nouvelles pratiques, approches plurielles »
- 14 octobre 2008 - Rabat - Table ronde « Médias et diasporas : quels relais pour quels objectifs ? »
- 06-08 mai 2008 - Rabat- Rencontre des institutions nationales euro-arabes des Droits de l'Homme sur l'immigration et les Droits de l'Homme
- 23-26 janvier 2008 - Agadir - Cinquième édition du Festival Agadir Cinéma et Immigration
L'espace « Cultures et Medias » s'est caractérisé par la diversité de profils des intervenants et de la pluralité de leur parcours. Objet et acteur de la création culturelle, les interventions qui se sont succédées dans cet espace ont ouvert les premières pistes d'une réflexion qui gagnerait en approfondissement.
Toutefois, malgré la diversité des interventions, il est possible de structurer leur contenu en trois points. Le premier concerne l'image et les représentations des femmes à travers le produit culturel. Le deuxième traite des limites d'une production culturelle intrinsèque aux femmes. Le troisième a trait à la manière dont l'expérience des femmes d'ici et d'ailleurs peuvent s'enrichir afin de promouvoir la culture et la création des marocaines sur le plan national et international.
L'appréhension de ces trois aspects a permis de souligner plusieurs points :
1- La compréhension du vécu des femmes dans le contexte migratoire dépend duson contexte socio-économique de son départ. La trajectoire migratoire est donc à penser comme une continuité entre le pays d'origine et le pays d'installation ;
2- Les représentations négatives sur les femmes marocaines persistent et cela même lorsque ces femmes arrivent à des postes de responsabilités ;
3- La nécessité pour les femmes de se réapproprier leur voix et leurs représentations ;
4- Le changement perceptible de la place des femmes dans la création. Après avoir été considérée uniquement comme objet dans la création artistique elle est devenue le sujet de la création et revendique désormais son droit à la neutralité.
Cet espace a par ailleurs montré la persistance de plusieurs difficultés rencontrées par artistes femmes :
1- La difficulté d'accéder aux moyens de communication comme la télévision considérée comme un vecteur incontournable de promotion ;
2- La difficulté de sortir des rôles stéréotypés dans lesquels les femmes immigrées sont souvent confinées.
En outre, les plates-formes proposées pour la discussion dans cet espace ont favorisé l'émergence de nouvelles interrogations :
1- La symbolique des objets dans la création au féminin ;
2- Le rôle que peut jouer la loi dans le changement des représentations ;
3- La place de l'écriture féminine ;
4- La promotion de la création féminine et le rôle des médias ;
5- Le rôle de la langue comme vecteur de création.
Enfin trois pistes de recommandations ont été identifiées :
- Comment promouvoir la production ?
- Comment accompagner les stratégies de diffusion ?
- Quel est l'usage des médias ?
1- Comment promouvoir la production ?
- En considérant la culture au sens large, c'est-à- dire comme un ensemble allant de l'art culinaire aux produits qualifiés,
- En utilisant les possibilités du sponsoring via des partenariats avec le système bancaire et financier pour des prises en charge ;
- En utilisant la microfinance pour développer les activités et les produits culturels des femmes ;
- En développant des partenariats entre porteurs de projets culturels, marocaines et marocains de l'étranger, et des projets culturels localisés au Maroc ;
- En développant l'activité de la production écrite des femmes d'ici et d'ailleurs pour une meilleure prise de connaissance et une large diffusion ;
- En créant un réseau d'écrivains femmes.
2- Comment accompagner cette production pour une meilleure diffusion ?
- En mettant en place des campagnes de sensibilisation et d'activités de suivi et d'évaluation du produit culturel ;
- En organisant des foires de promotion des produits des artisans femmes ;
- En sortant de la perception restrictive des centres culturels pour une vision plus large ;
- En réduisant les intermédiaires dans la chaine de distribution des produits culturels des femmes, notamment les hommes ;
- En créant des réseaux de distribution à l'étranger ;
- En éditant des documents sur l'histoire et la culture marocaine.
3- Comment utiliser les médias ?
· En utilisant les médias comme espace d'expression et de paroles des femmes ;
· En tenant compte des spécificités régionales des femmes de l'émigration notamment dans les pays arabes sans pour autant tomber dans un traitement misérabiliste de ces spécificités ;
· En utilisant le site du CCME pour l'écoute de la parole des femmes, et développer des espaces d'écoute notamment pour les femmes en situation de précarité.
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L'exposition itinérante « Mémoires marocaines en Grande-Bretagne » est l'aboutissement d'un projet s'étalant sur deux années pour écrire une histoire orale et visuelle de la présence de la communauté marocaine au Royaume-Uni, qui remonte au XIXème siècle.
On entendra par « culte » la religion dans ses dimensions exprimées individuellement et collectivement. Le mot « culte » est privilégié dans le droit français, à la différence des autres pays qui emploient « religion ». Mais, on note que l'usage juridique de « culte » en France est fait « à la lumière » du droit des libertés. Il revient au même que « liberté de religion », expression en usage dans le droit international des droits de l'homme (P. Rolland, « Liberté religieuse et liberté des cultes dans le régime français de séparation des Eglises et de l'Etat », 2008)
On dira donc ici « culte musulman » ou « islam » au sens de religion musulmane en tant qu'elle fait l'objet de régulations publiques.
Dans le domaine de l'éducation comme dans les autres domaines, l'islam, religion de nouveaux venus en Europe occidentale (pour le gros de ses membres) depuis une cinquantaine d'années, s'est inscrit dans les régulations publiques préexistantes. Si les divers pays proclament la liberté de religion et l'égalité des individus devant l'Etat, ils ont des systèmes publics de gestion du religieux assez différenciés. Certains ont même une religion d'Etat (Danemark, Grèce). Ces différences se répercutent dans les systèmes éducatifs, lesquels sont en outre très différemment organisés, ce qui n'est pas sans conséquence sur le traitement d'éventuelles demandes de prise en compte de l'islam. On fera en première partie de l'exposé une présentation cursive des grands types de gestion de l'islam dans les systèmes éducatifs d'Europe occidentale.
Dans ce contexte, le système français est à la fois singulier et banal. Plus complexe en tout cas qu'une idée simple de l'idéologie républicaine pourrait le laisser attendre. C'est ce qu'on examinera en deuxième partie.
1. Données comparatives en Europe occidentale
● (1) En règle générale, les pays européens reconnaissent la liberté de l'éducation. L'école n'est pas obligatoire, c'est l'instruction qui l'est. Il est partout possible pour un collectif, voire pour une personne, d'ouvrir des établissements privés ayant des projets éducatifs spéciaux, par exemple musulmans. Il suffit de répondre à des règles générales d'hygiène, de protection des enfants et de qualification de l'encadrement. En France, l'agrément pour l'ouverture est donné conjointement par la préfecture et le rectorat (organe de direction régionale de l'Education nationale). Le financement est alors entièrement privé.
En revanche, les pays diffèrent selon la solution qu'ils accordent à une gestion scolaire de l'islam sur fonds publics.
On en trouve trois grandes variantes :
● (2) Il peut être fait une place au culte musulman dans l'enseignement public, dans le cadre d'horaires spéciaux et par des personnels spéciaux (enseignement de religion musulmane). Cela se fait par extension à l'islam d'une formule dont les religions plus anciennement implantées sont déjà bénéficiaires. La sélection des enseignants et l'établissement du curriculum sont alors les dossiers litigieux :
cas de divers Länder d'Allemagne, Belgique, Autriche
● (3) Les autorités responsables de l'éducation (Etat ou collectivités locales) peuvent subventionner des écoles musulmanes, moyennant certaines conditions portant sur les personnels enseignants et le curriculum :
cas des Bays-Bas principalement. On verra plus loin que la France offre marginalement une variante de ce cas de figure.
● (4) Enfin, les autorités responsables de l'éducation peuvent développer un enseignement destiné à tous d'éthique et culture religieuse (dénomination québécoise, pour un programme initié à la rentrée 2008, suite à la suppression des cours de religion et l'instauration d'une laïcité pluraliste), dans laquelle l'islam est présenté en tant que culture religieuse dans une matière commune avec les autres dénominations religieuses, et par des personnels non religieux. Cette formule correspond à l'évolution récente de formules antérieures d'enseignement de la religion, dans un sens inclusif et universaliste (« laïcité pluraliste » dit-on au Québec) pour faire place à l'islam notamment (mais pas exclusivement).
Outre le Québec, c'est le cas de la Grande Bretagne, et de certains Länder d'Allemagne.
2. Le cas français
L'arrivée massive de l'islam dans le paysage religieux français n'a pas amené dans le domaine scolaire un nouvel énoncé de politique.
En revanche, la situation qu'ont trouvée les musulmans est plus complexe que ne le laisse prévoir l'idéologie du modèle républicain. Il y a en effet en France deux modèles normatifs de la diversité religieuse qui s'articulent dans le domaine scolaire, et non pas un comme cela est souvent dit. Il faut penser l'existence, aux côtés du réseau qui répond au « modèle républicain », d'un important réseau d'enseignement privé, majoritairement religieux, conventionné avec l'Etat, qui accueille quelque 15% des élèves.
Dans cette configuration composite, les musulmans peuvent être à l'initiative de projets scolaires. Ils le sont en petit nombre. En dehors de ces cas, les musulmans et l'islam ne sont pas directement l'objet de politiques scolaires au sens stratégique du terme. Ils sont plutôt l'objet de réactions diverses de la part des agents scolaires sur le terrain. Ces réactions sont parfois positives, mais au total l'école française demeure en état de crispation vis-à-vis de la religion musulmane. Elle est d'ailleurs en difficulté plus largement avec la transmission des valeurs morales fondamentales : l'absence de politique à l'égard de l'islam doit aussi être mise en relation avec les grandes règles qui président en France à la sélection et à la gestion des apprentissages scolaires.
Au total,
- La variante (1) est réalisée, mais donne généralement lieu à conflit localement
- La variante (2) est exclue, au nom de la laïcité du programme enseigné dans l'enseignement public
- La variante (3) est possible par « régularisation » de situations d'établissements correspondant au cas (1), au bout d'au moins cinq ans de fonctionnement
- La variante (4) a été discutée, mais n'est pas mise en place.
Le développement ci-après donne une description plus détaillée des dynamiques observées.
1. Modèles scolaires normatifs de la diversité religieuse en France.
Il n'y a pas en France un modèle normatif central qui régulerait l'expression scolaire de la diversité religieuse, mais au moins deux, bien distincts et résultant chacun d'une histoire politique et institutionnelle spécifique. Ils sont dotés chacun d'une consistance institutionnelle forte. Le principe et les grandes modalités de leur coexistence sont désormais stabilisés.
● Le premier modèle (auquel on réduit parfois « le modèle français ») est une déclinaison particulière à l'école du principe de neutralité étatique (ou de laïcité). Selon ce modèle, l'école n'a pas à se mêler d'autre chose que de connaissance scientifique, la religion n'en relève pas - elle relève des convictions privées - sauf exception : il sera question des religions dans l'enseignement de l'histoire, pour autant qu'elles sont actrices de la « grande histoire ». L'enseignement de la littérature française ne frappe pas d'interdit des auteurs religieux (Pascal, Bossuet) ou des œuvres religieuses (Esther de Racine), mais en les rapportant à l'histoire des idées et des styles (Note : on ne les lit plus guère en classe aujourd'hui).
Aux temps premiers du système républicain (avant la première guerre mondiale), il y eut une réflexion autour de la notion de neutralité. Certains s'opposaient à une conception soustractive de la neutralité scolaire. La neutralité, disaient-ils, n'interdisait aucun objet, même pas la croyance religieuse, elle obligeait simplement l'école à ménager les convictions de tous ses usagers. On pouvait (il fallait) enseigner de façon neutre des choses non neutres. Ce type de réflexion se prolonge aujourd'hui dans les systèmes scolaires de certains pays, à propos de l'enseignement sur les religions ou sur les problèmes sociaux controversés, par l'échange entre élèves et le débat réglé au sein de la classe (Québec, Grande-Bretagne). En France, de telles réflexions se sont taries dans l'entre-deux guerres, lorsque les programmes « républicains » ont été bien installés et que la pédagogie a disparu de l'enseignement universitaire (où Durkheim l'avait introduite) pour être cantonnée aux Ecoles normales (organes départementaux de formation des instituteurs et institutrices).
● Le second modèle consiste à ménager aux côtés de l'enseignement public un enseignement privé conventionné avec l'Etat, au nom de l'intérêt général bien compris (loi Debré de 1959 : ce système a été instauré à l'époque gaulliste au nom de la nécessité d'aider l'Etat à faire face au gonflement des effectifs dans le second degré)[1]. Dans ces établissements, le programme dispensé est conforme au programme officiel, le recrutement ne prend pas en compte la religion des élèves, mais les enseignants ne sont pas forcément des laïcs (contrairement à l'enseignement public), on peut voir des signes religieux dans l'environnement matériel, et des activités à orientation religieuses sont accessibles en option.
L'enseignement privé conventionné, très majoritairement géré par l'Eglise catholique, accueille en moyenne 20 % des élèves du second degré. En flux, d'après certaines recherches, 50 % des familles y auraient recours à un moment ou un autre de la carrière scolaire de leurs enfants. C'est ce cadre qui accueille aussi les familles musulmanes qui souhaitent scolariser leurs enfants dans un établissement où les valeurs religieuses sont présentes.
● Cas particulier du système de reconnaissance des religions dans l'enseignement public en Alsace-Moselle (droit local) : enseignement de la religion analogue au système allemand.
2. Pratiques scolaires de la diversité religieuse en France : des tensions nouvelles associées à la présence de l'islam
La configuration évoquée ci-dessus, avec ses deux sous-systèmes répondant à deux modèles normatifs distincts, est stable dans l'ensemble, aucun collectif (ni professionnel ni politique ou religieux) ne la conteste aujourd'hui. Le dernier épisode de politisation/contestation de cet équilibre date de 1981-1984 (« grand service publique unifié laïque de l'Education nationale »). Il s'est soldé par l'abandon de l'objectif d'unification. Par contre, depuis cet épisode, l'émergence de l'islam comme grande religion de France a introduit de nouvelles tensions dans la régulation scolaire de la diversité religieuse. Ces tensions touchent à chacun des deux modèles normatifs que l'on vient de distinguer.
● Du côté de l'enseignement privé conventionné :
L'aménagement, pour des organisations se réclamant d'une religion, d'espaces d'autonomie scolaire financés par l'Etat moyennant le respect de règles publiques fondamentales, est mis au défi par :
▪ Obstructions et difficultés rencontrées par les musulmans pour bénéficier des dispositions publiques :
A ce jour, 3 établissements privés musulmans seulement ont ouvert en métropole, le dernier en 2007 dans la banlieue de Lyon après un an d'obstructions de la part du rectorat. Un seul est conventionné, depuis 2008, le collège-lycée Averroès de Lille (il faut cinq ans d'existence pour soumettre un dossier à l'agrément). Le collège-lycée La Réussite d'Aubervilliers (banlieue parisienne) est quant à lui en difficulté financière sévère.
Le caractère récent de l'implantation d'une forte population musulmane en France, sa faiblesse organisationnelle et financière et ses divisions internes sont parmi les causes de cette rareté. Mais l'obstruction qu'oppose l'administration à ces projets joue un rôle aussi. On l'a vu dans le cas du collège-lycée al-Kindi de Decines, où l'obstruction conduite par le rectorat de Lyon a suscité une effervescence sociale et médiatique en 2006 (le ministère de l'Intérieur et les autorités locales étaient favorables à l'ouverture, ainsi que les autorités catholiques), pour se terminer par le renvoi du recteur Morvan (voir livre L'Honneur et les honneurs. Souvenirs d'un recteur karcherisé. Grasset, 2008). A contrario, le conventionnement récent du lycée Averroès à l'été 2008 n'a pas été politisé, il a bénéficié d'un consensus entre l'administration scolaire, le ministère de l'Intérieur et la mairie de Lille.
● Du côté de l'enseignement public
En ce qui concerne la réserve sur la religion dans les établissements publics, au nom de la laïcité et du positivisme, on peut mentionner deux tendances de contestation :
▪ Des initiatives de la part d'élèves, tendant à arborer des signes d'identification musulmane.
Initialement autorisés dans certaines limites sur la base d'un avis du Conseil d'Etat (nov. 1989), ces comportements ont été finalement interdits par la loi à l'issue d'un long épisode de manœuvres politiques et d'effervescence médiatique (mars 2003-mars 2004 ; loi du 15 mars 2004). Le débat a visé tout particulièrement la tolérance à l'égard du port du foulard musulman par les élèves filles, et au-delà de cela, une variété de manifestations de l'appartenance musulmane en France dans l'espace scolaire et aussi ailleurs. Les filles concernées se sont soumises à la loi, les litiges ont été rares dès la première année d'application. Une partie d'entre elles en ont conçu de la frustration, et ont développé une analyse critique de leur situation de musulmanes en France (discriminations et racisme - cf film Un racisme à peine voilé, 2005).
Avec la nouvelle législation qui restreint drastiquement les droits à l'expression religieuse des élèves, le niveau des droits des élèves en ce domaine rejoint celui des personnels : la liberté de conscience qui leur est reconnue ne doit se manifester publiquement dans l'espace scolaire qu'avec une extrême retenue.
▪ Non sans relation avec ces nouvelles conduites d'élèves, certains experts ont fait pression pour sortir la religion de la censure positiviste/laïciste dans le curriculum : rapport Joutard, rapport Debray, débouchant sur l'installation d'un Institut européen en sciences des religions, dont le président du Conseil scientifique est actuellement un Inspecteur général émérite d'histoire-géographie ouvert sur cette problématique (R. Debray, qui avait suscité cette création, en a très vite démissionné, déçu de son faible impact).
Ils n'ont pas réussi à introduire une meilleure « prise en compte du fait religieux » dans l'école publique (ni à élucider ou faire élucider quels changements peut concrètement recouvrir cette expression)
▪ Cas particulier du système de reconnaissance des religions dans l'enseignement public en Alsace-Moselle : extension à l'islam refusée (refus à l'échelle locale et refus à l'échelle nationale, bien que le débat ait été ouvert)
3. Des initiatives pour protéger les musulmans de la discrimination dans l'espace scolaire
● Des initiatives limitées des autorités de l'Education nationale.
La suppression de la liberté d'expression religieuse pour les élèves cadre bien avec la décision prise antérieurement au ministère de ne plus mentionner l'existence de minoritaires parmi les élèves (1984 - ni « immigrés », ni « issus de l'immigration ». La problématique de « l'intégration » y est réservée à l'accueil des primo-migrants).
Dans ce contexte, la prise en compte officielle de la diversité religieuse à l'école publique est exclue. Il n'y a ni consignes ni formations pour cela. Ce vide n'exclut pas ou laisse exister des biais dans la présentation de l'islam en histoire (cf. M. Nasr pour la France, Oueslati pour le Québec). Des formations nationales et locales ont été organisées par les inspections sur la didactique de l'islam - notamment médiéval, point au programme de la classe de 5ème (deuxième année de collège).
● En l'absence d'un accompagnement des enseignants, des besoins sont fréquemment ressentis par les agents scolaires :
en relation avec le ramadhan (fatigue du jeûne et rupture du jeûne)
avec les fêtes musulmanes (absences).
Les élèves les expriment ou non : il ne semble pas qu'ils soient agressifs dans leurs demandes à ce sujet (rien n'est décrit à ce propos dans les études disponibles)
Pour traiter de telles demandes (explicites ou latentes), les agents scolaires n'ont d'autres cadres que leur intuition, leur empathie le cas échéant, leur curiosité personnelle...
Il y a des arrangements locaux pratiques (remboursement de cantine durant le ramadhan), mais rien de régulier.
● Certaines initiatives externes : la HALDE précise le droit commun
Autorité administrative indépendante dédiée à la lutte contre les discriminations dans tous les secteurs et sur la base de tous les critères, la HALDE (loi de décembre 2004) a soutenu le droit des femmes portant foulard à accompagner les sorties scolaires (elle a fait demande aux rectorats de donner les instructions nécessaires, tandis que certains enseignants refusaient de les accepter).
Dans un autre domaine que l'éducation mais selon un argument transposable, elle a par contre débouté une femme qui se plaignait de discrimination religieuse pour n'avoir pas été admise auprès de sa fille dans une salle d'hôpital tandis qu'elle était enveloppée d'un long voile noir ne laissant apparaître que les yeux.
● Enfin, le dossier sur l'aumônerie en milieu scolaire est en sommeil au CFCM. Le seul dossier sur l'aumônerie qui ait avancé en France est celui qui concerne les armées. Elles sont désormais dotées d'une Aumônerie musulmane.
Conclusion
La gestion de l'islam en éducation dans les pays d'Europe occidentale apparaît d'abord comme le produit de la tradition du pays concernant le pluralisme religieux et sa gestion dans les institutions d'enseignement. Mais dans l'ensemble, l'insertion de l'islam dans les régulations préexistantes des systèmes éducatifs a mis à l'épreuve ces régulations. Des conflits ont émergé dans les arènes politiques nationales et locales à ce sujet. Selon les règles constitutionnelles, selon les politiques d'intégration conduites, et selon la structure des systèmes éducatifs (caractère centralisé ou décentralisé de la décision), des espaces de négociation plus ou moins larges ont été ouverts aux initiatives portées par les musulmans organisés.
[1] [Il y a aussi un enseignement privé non conventionné]
Catherine Wihtol de Wenden, Director of research at CNRS (Paris), Professor at Sciences-Po in Paris and specialst of international migrations. Among its most recent books : La beurgeoisie (with RémyLeveau), Paris, CNRS Editions, new issue 2007, Les couleurs du drapeau (with Christophe Bertossi). French army facing with discriminations. Paris, Robert Laffont, 2007, Sortir des banlieues (with Sophie Body-Gendrot). Paris, Autrement, 2007.
The Globalization of migrations which occurred at the end of the twentieth century has led to an evolution of the concept of citizenship in France. This one was formerly confined to the nation State, linking the citizen to exclusive rights and duties towards his state of belonging. With increasing mobilities and double affiliations of some of the settled ones, new forms of citizenship are appearing.
Introduction
The new citizenship includes plural allegiances and policies in welcome and departure countries which build links with their members. In the meantime, discourses and policies on integration have led second generations to rebuild their identities, with some gaps between nationality and citizenship.
This paper will be focussed on the French case, which lies on the difference introduced between nationality and citizenship and the impact of Europe. The three levels, legal status, civic identity and civic practice will be dealt with, referring to this main distinction.
I - A socio-historical background
The distinction between citizenship and nationality appeared with the French revolution. Citizenship has preceded nationality which was not in this period a really big concern because most people did not move and there was not a feeling of belonging to a nation. The revolutionary citizen of 1789 is namely a man who shares the ideals of the revolution (freedom, equality of rights, right to property, who participates to assemblies and political clubs). It refers to Greek democracy and Roman republic: the citizen is the man who is entirely dedicated to public values, a hero of wisdom and probity (Saint-Just). Citizenship refers to the ideas of the enlightenments: social contract (Rousseau), freedom of conscience (Voltaire), separation of public powers between executive, legislative and judiciary ones (Montesquieu). It has a philosophical content, defined in the Declaration of human rights of 1789 ("Déclaration des droits de l'homme et du citoyen").
Citizens without being nationals
During this revolutionary period, it was not necessary to be a national to become a citizen: participation was more important than nationality. Some foreigners alike Anarcharsis Clootz or Thomas Paine were active members at the assemblies and they were so granted the "quality" of citizens. The Constitution of 1793 even recognises the granting of citizenship for civic services given to the State (feeding and taking care of a child, helping an old person...). This accent put on civic values again comes back during the "Commune of Paris" in 1871 when foreigners where granted citizenship. One could be citizen without being a national : an argument which will be used for granting local political rights to foreigners during the campaigns of the eighties.
Nationals but not citizens
Inversely, there has been many historical cases where nationals were not citizens : women until 1944, young people (the age passed from 21 years to 18 years in 1974), army who was deprived of voting rights during the third republic (it was named the "big dumb"), some disabled persons alike the mad ones and those whose civic rights have been brought back by a decision a justice ("déchéance des droits civiques"). We need also to add the colonial status: indigenous people did not have access to citizenship and there was a hierarchy of forms of citizenship according to the status of the territory of birth and the level of education. In Algeria, a French colony, the full access to citizenship occurred very late, in 1947 while the Jewish of Algeria mostly from Spanish origin obtained the status of French citizens at the end of the nineteenth century (loi Crémieux).
Immigration and Europe have changed the terms of the debate: with immigration, a distinction has been introduced between the legal status (namely for second generations who are nationals and citizens but who are not always considered as such), civic identity (relation to public sphere: from political alienation to political allegiances) and civic practice (participation with or without being a national). With Europe, the hierarchisation of statuses between Europeans and non Europeans has led to various forms of membership (from illegals to denizens). The internationalisation of the exercise of citizenship has introduced the concept of transnational citizenship, beyond State citizenship, with diasporic forms of political belonging in departures and welcome countries, political rights of foreigners and access to double citizenship. In France, the naturalisation procedure requires more and more an early made integration while in the past, integration was considered as a consequence and not a condition for naturalisation.
Finally, we can add that citizenship is paradoxically a recent theme in France, in spite of its revolutionary roots. Nobody referred to citizenship during the "past glorious years" of 1945 -1975 ("Les trente glorieuses") because class structure in the society was considered as more accurate to explain French political life. The emergence of National Front, the strengthening of identity around French values with some populist accent, along with Europe and globalisation have led to come back to the content of citizenship in its relationship with nationality.
I I- Legal status
Legal status refers to nationality, defined by the law while citizenship is a philosophical concept defined in the declaration of Human rights of 1789.
1 - The French definition of a national is a compromise between right of the blood and right of the soil
In Ancient Regime, in France alike in other European countries, the nationally right was built on the soil: the subject was attached to the earth of the lord and had this nationally from this territorial belonging. Napoleon Ist decided to shift the right of the soil by the right of the blood in the civil code of 1804 and made the same reforms in other European countries conquered by the Empire. Only the United Kingdom which was not invaded preserved its Ancient regime right of the soil and later introduced it in its colonies of settlement (United States, Canada, Australia). But nationality was not a real concern. It was difficult to go out of one's country but it was rather easy to enter in another country. Passports did not exist before the nineteenth century and the identity card was introduced in France in 1917 but it is not compulsory still now. The first time that nationals were differentiated from the foreigners in the French census was in 1851: most foreigners known before were activists of the revolutions of 1830 and 1848 registered by police.
The demographic decline which has appeared in France before its neighbours, since the end of the eighteenth century has introduced in the second part of the nineteenth century some concern during this period of economic rise: France needed labour force and soldiers. After years of debate on "denationalisation or depopulation", the law of 1889 introduced an important reform of the nationality code, introducing the right of the soil in the French civil code of Napoleon Ist who was based on the right of the blood. It was the beginning of a long compromise which led to an early equilibrium between the two sources of nationality. The nationality code was then reformed in 1927, 1945, 1973 with enlargements of the access by right of the soil, but few political debates in the public sphere. It was only in the 1990's that the question came back to the front scene, when the National Front and the Club de l'Horloge issued some books on " We should deserve to be French", "There are French only on the paper, in spite of themselves". On october1985, the rightist journal "Figaro magazine" entitled its issue "Will we be still French in thirty years?". In 1987, the French Government appointed a Commission of Wise people to debate around the reform of the nationality code with a hundred of hearings which concluded without deciding to change the law of 1973. The right wing was in favour of more right of the blood and the left of more right of the soil, stressing on the acquisition of a feeling of citizenship by participation to local life and socialisation by the territory. The coming back of the right to power in 1993 led to a first reform of the nationality code (law Pasqua-Méhaignerie), with a more difficult access to nationality for the young of foreign parents born in France. The law suppressed the automatic access of nationality for them at 18 years and the condemned could never become French if the sanction exceeded six month of prison. The access for sons of western Africans who were themselves French was also denied. Only Algerians can ask for the reintegration in French nationality when their parents or grand parents had acquired full citizenship. The left and the associations of Human rights strongly fought against this law. In 1998, when the left came back to power, a new law was adopted coming back to the law of 1973 (law Guigou), with the automatic access to French nationality for those born in France at 18 years if they have been living in France during five years before. The equilibrium between the right of the blood and the right of the soil was anew established. No new debate has been introduced on nationality since then.
Some distinctions have moved for the access to civic rights (election and eligibility) and for marriage. The first laws on nationality introduced a period during which the new nationals could not vote or could not be elected (five and ten years): there were active and passive citizens, suppressed in the law of 1973. For marriage, the length of time for the access to nationality has been extended during these last years, due to fears of so called "white marriages" concluded only to have access to French nationality.
2) Citizenship and local political rights
Nationality and Citizenship have not always been linked with integration. Assimilation, which has prevailed in France from the end of the nineteenth century to the middle of the twentieth and which was an individual process has been progressively replaced by integration, a less demanding allegiance. Assimilation and integration policies have never included local political rights to incorporate foreign citizens. Even if citizenship of residence is a slogan followed by many associations of support, it is difficult in France to be citizen without being a national. But the principle of dissociation between nationality and citizenship has been introduced in the political and constitutional debate. It is only under the pressure of Europe that the French Constitution has been reformed to take into account the Maastricht treaty of 1992 which inserts European citizenship and grants local political rights and eligibility to all Europeans of the E.U. under the rule of reciprocal rights. Many proposals have been introduced on granting local political rights to extra-Europeans but none has reached the objective. The main arguments (public opinion, Constitutional reform) could be crossed if there would be a strong political will which is missing. The last proposal from the Green, the Communist and the Socialist parties in 2000 has failed. Most proposals of social cohesion (Urban policies, Equality of chances programs, anti-discrimination policies) are not centred on extending citizens' rights to foreign residents.
III- Civic identity and civic practice :
1) Membership
The concept of civic identity refers to political incorporation into the Nation. This one springs from the revolution: the definition of a collective identity built on a political project and shared values has no link with ethnic belonging in France. The nation is said to be born in Valmy when the troops of General Dumouriez and Kellermann shouted "Vive la nation" in 1992. The poet Goethe who attended the scene said that a new idea was born in Europe. The nation, a political invention after the former link between the subject and the king, has been then reinforced by the Empire, the wars against new enemies. But a collective "us" has been lately theorised during the end of the nineteenth century. At the eve of the Third republic, in 1871, the writer Ernest Renan, answering to a letter of the German philosopher Fichte who explained his notion of "german people" on ethnic and cultural links, replied: "What is a nation? Nation is a soul, a collective will to share together a collective and indivisible political grant of memory » ("La nation est une âme, un vouloir vivre collectif de partager un riche legs commun de souvenirs »). Progressively, this republican, jacobinist view of the nation which founds civic identity in France has been threatened by nationalism which largely operates against the Nation. Rightist theoreticians alike Maurras or Barrès rooted the nation in a territory ("l'"hexagone", "la ligne bleue des Vosges" through which was the German enemy), cultural traditions ("values") and even references to a common blood. But the evolutive content of the nation remained very unclear because it both served to legitimate colonialism under the Third republic (in the name of shared values of progress) and to develop racist classifications of people excluding the Jewish and some other groups from belonging to the nation (development of the theme of the traitor, the bad citizen, alike in the Dreyfus affair but mostly between the two wars). During the Vichy period of 1940, some naturalised French of Jewish culture were deprived from their French nationality and prohibited to apply to civil service positions.
2) Citizenship, an evolutive concept
Citizenship has rapidly moved during these last fifty years. During mid fifties, no one was interested in France by the old notion of citizenship. The political and social analysis of France was seen through the image of a class struggle between workers and owners and the political parties more or less fit with this view. The rediscovery of citizenship is rather new and can be placed in mid eighties. The left does not want to abandon Citizenship and Nation to the emerging extreme right. To the books of the rightist Club de l'Horloge, the socialist Club 89 in 1985 replies by a book on French identity, stressing on republican values (L'identité française). Immigration begins to influence the definition of citizenship which includes new values of socialisation by local residence, cultural pluralism and anti-discrimination (such as in the "Marche des beurs" in 1983). Islam also brings the new question on "can one be French and Muslim?" The incorporation of second and third generations into French nationality and citizenship leads some elites of the "beur" movement to vote and apply for local mandates at the municipal elections of 1989 and after. They create a political movement thanks to associations (SOS Racism, France Plus) which address to all political parties their claims and suggest that they have become a political force, what did not do the Portuguese, Italians, Spanish and other European immigrants in France. Some of these leaders tend to reinforce their image of perfect French citizens, respectful of all the symbols of the republic: public school, secularism, civic identity ("Plus républicain que moi, tu meurs"). But many French do not consider they are French. An inverse trend among them consists in defining them as "true French, French by the roots, by the blood" (Français de souche), what Michel Wieviorka names "differentialist racism". Those French are mainly poor, unemployed and feel in competition with immigrants. The answer of some young discriminated and "visible" guys of inner cities consists in defining themselves as the true inhabitants of their territories, hinting that the "Gaulois" are not in their place. An ethnicisation of French identity appears.
Another shift of civic identities lies in the development of double nationality which also leads to double citizenship. Due to the second and third generations born in France and acquiring French citizenship thanks to the right of the soil, we have double nationals because most of them hold the nationality of their countries of origin or that of their parents, built on the right of the blood (in all countries of Islam). In some countries alike Morocco, the belonging to this nationality cannot be abandonned ("allegiance perpétuelle"). Most of them feel double citizens. While France tries to attract the vote of this new constituency, even the most reluctant countries of origin to recognise these young as new French have now understood that they can help their political intrusion and demands in the French affairs. So Algeria declared in early nineties: "You are also French. You might learn to use it", and Morocco who was very opposed to local political rights to Moroccans in the Netherlands is now very strongly in favour of the various forms of involvement of its nationals (associative life, trade unionism, transnational professional networks). Italy has recently given a revival to Italians abroad who can vote at all the Italian elections. Quasi-diasporas in immigration countries are now encouraged by diasporic policies led by counties of origin, playing on the multiple allegiances of their compatriots.
But discriminations may alter the evolution. In France, the overwhelming majority of young of foreign origin feel French and "play the game", as shown by all polls and qualitative studies. But they also feel that most French are not convinced that they are French, featuring a gap inside the French nation in contradiction with non ethnic republican values. "French alike the others" concluded a recent research on the young of Arab origin. One of them said in a field research, speaking of the French colleagues at work: "They will have progressed when they will have understood that we are French". This may bring behaviours of rejection, such as the invention of the features of the "indigenous of the republic", a movement built on post colonial approaches of identity or more aggressive reactions (delinquency, radical Islamism, political anomy). The gap between Europeans and non Europeans regarding to citizenship is widening, including differences of status but also failures of inclusion in the nation. Recently, in 2007, A Minister of "Immigration, Integration, national identity and development " has been created, headed by a near friend of president Sarkozy, Brice Hortefeux. It spread a large criticism on the association between immigration and national identity, hinting that national identity has to be ruled and that immigration could threaten it.
Conclusion
The twentieth century is challenged by mobility, which also questions citizenship. Many forms of transnational citizenship have appeared, with so many forms of double presence, at infra and supra-national level. It also changes the definition of belonging. The hierarchy of citizenship is also a concern, especially when the new nationals go on to be considered as "others". Can we keep a so strong segmented status of nationality, between nationals, Europeans, long term extra-European residents, short term non European migrants, asylum seekers and illegal in a true democratic area? Mobility also implies to define the rights of mobile citizens and to manage it, which weakens a little more the relation between the citizen and the State..
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