mercredi 27 novembre 2024 17:14

L’ex-étudiante marocaine ne peut plus travailler

Touchée par la circulaire Guéant, qui restreint le droit à travailler pour les étrangers diplômés en France, une jeune technicienne d’Issy-les-Moulineaux doit renoncer à son CDI.

En arrêt de travail forcé pour cause de nationalité marocaine! Yaya, 21 ans, installée à Issy-les-

Moulineaux mais originaire de Casablanca, capitale économique du royaume chérifien, est une des

victimes de la circulaire Guéant.

Ce document sur la « Maîtrise de l’immigration professionnelle », paraphé le 31 mai 2011 par le ministre de l’Intérieur, avance de nouvelles règles pour accorder ou refuser à un étranger son permis de séjourner sur le territoire national sous le statut de travailleur. Depuis, les autorités françaises se font tirer l’oreille pour transformer un visa d’étudiant en visa autorisant à travailler, même si le demandeur occupe un poste qu’un Français ne peut pas occuper, notamment parce qu’il demande des

compétences linguistiques venant compléter des connaissances techniques.

Ce qui est précisément le cas de Yaya. Titulaire d’un BTS en montage audiovisuel, la jeune femme était employée en contrat à durée indéterminée via une société prestataire à la régie de France 24 en langue arabe jusqu’à une période très récente. « En fait, je suis en arrêt forcé, explique l’intéressée. Mon contrat de travail est suspendu, ce qui signifie que ça ne me donne pas droit au chômage... mais ce n’est pas ce que je demande, lâche Yaya, dépitée. Je veux juste travailler. »

Pour en arriver là, la jeune Marocaine n’a pas ménagé sa peine. Arriver en France pour étudier ne se fait pas sans contrôle. Yaya évoque plusieurs tests ou entretiens, où elle doit faire la preuve de la maîtrise du français, à l’écrit comme à l’oral. Ayant donné satisfaction à toutes les étapes, y compris sur le plan financier en provisionnant un compte bancaire à hauteur de 4000 € et en obtenant un garant

dans l’Hexagone, la jeune femme obtient le feu vert pour s’installer à Saint-Quentin (Aisne), où elle obtient en juin 2010 son BTS audiovisuel, option montage. Son diplôme en poche, elle s’installe

en région parisienne.

Entre décembre et avril dernier, elle obtient un visa avec une autorisation de travailler. D’abord

en contrat à durée déterminée puis indéterminée, elle officie à France 24, où sa maîtrise de l’arabe littéraire et ses connaissances techniques l’intègrent bien à la régie. Mais aujourd’hui, « c’est la galère », regrette-t-elle. Une galère faite d’attentes répétées, d’interlocuteur en interlocuteur, avant qu’enfin un fonctionnaire lui délivre un visa qui ne lui permet plus de travailler.

« En décembre prochain, je saurai si ma situation peut évoluer. Si ce n’est pas le cas, je devrai démissionner, à contre cœur », lâche Yaya dans un soupir. Et France 24, la chaîne censée faire rayonner la France à l’étranger, devra se mettre en quête d’une autre professionnelle.

1/11/2011, Roberto Cristofori

Source : Le Parisien

Google+ Google+