dimanche 24 novembre 2024 21:21

3.000 ressortissants marocains détenus dans les prisons algériennes

Ils sont 3.000. Tel est le nombre de Marocains incarcérés dans les prisons algériennes. Il s'agit des personnes condamnées à des peines de prison par des tribunaux algériens pour des délits et crimes de droit commun.

«Nombreux sont ceux qui ont été arrêtés dans des affaires de contrebande, de trafic de drogue ou de séjour illégal. Certains purgent des peines d'emprisonnement allant parfois jusqu'à 25 ans », nous a indiqué Hassan El Amari de la section OMDH d'Oujda. Un nombre appelé à augmenter davantage avec la campagne des arrestations menée cet été contre des ressortissants marocains accusés d'immigration clandestine. Certaines sources évoquent près de 51 arrestations opérées par les éléments de la direction régionale contre l'immigration clandestine.

Selon Hassan El Amari, les prisonniers marocains subissent des conditions d'incarcération déplorables voire inhumaines. « L'Etat algérien ne garantit même pas à ces détenus le minimum des droits assurés par les conventions internationales relatives aux droits de l'Homme », nous a-t-il précisé en indiquant que l'administration pénitenciaire procède souvent à des déplacements jugés arbitraires de ces détenus et à leur éparpillement sur les différentes prisons du pays.

Mais, il n'y a pas que les détenus qui endurent, leurs familles aussi. D'après notre source, ces dernières souffrent le martyre pour rendre visite à leurs proches incarcérés en Algérie. « Pour s'y rendre, ces familles doivent prendre l'avion de Casablanca pour Oran ou Alger avant de se déplacer à l'intérieur du pays où sont implantées la plupart des prisons algériennes», nous a-t-il expliqué avant d'ajouter : «Le problème se pose davantage pour les personnes âgées ou handicapées sans compter l'argent et le temps qu'il faut pour faire ces visites. Selon certains témoignages qu'on a recueillis sur place, une famille composée d'une mère et de sa fille a dû passer près de dix jours en Algérie pour rendre visite à son fils ».

Une situation aggravée davantage, selon Hassan El Amari, par l'indifférence des autorités marocaines. «Le dossier de ces détenus est quasiment absent de l'agenda de nos responsables. En effet, et malgré l'échange de visites officielles et les pourparlers entre les deux pays, la question des prisonniers marocains n'a jamais été évoquée », nous a-t-il déclaré avant de poursuivre : « Même avec le gouvernement actuel, la situation n'a pas évolué».
A propos des dernières arrestations, le militant de l'OMDH nous a indiqué qu'elles ont concerné en premier lieu des artisans du plâtre et du bois, des ouvriers de bâtiment ou agricoles. Pour les médias algériens, il s'agit bien de jeunes arrêtés le long de la frontière et sur les axes routiers reliant Maghnia et Tlemcen. D'après leurs déclarations, ils ont traversé la frontière à la recherche d'un travail en rapport avec leur qualification, à savoir la sculpture sur plâtre, la mosaïque, les travaux publics et bâtiments.

Les éléments de la direction régionale contre l'immigration clandestine de Maghnia évoquent eux l'arrestation de 51 Marocains entrés clandestinement en Algérie à travers les frontières de l'ouest depuis le début du mois de Ramadan.

Des arrestations qui n'ont rien de nouveau puisque ce phénomène existe déjà et risque de durer. A rappeler que l'année 2012 a enregistré l'arrestation de 540 Marocains par la police algérienne pour immigration clandestine ou séjour illégal.

La ville de Tlemcen, frontalière du Maroc, arrive en tête des cités qui attirent ces clandestins puisqu'elle a enregistré le plus grand nombre d'arrestations pour immigration clandestine avec 721 cas enregistrés, dépassant ainsi Tamanrasset, qui a toujours été en tête du classement des wilayas les plus touchées par le phénomène.

La majorité de ces clandestins est constituée d'artisans qui travaillent dans le bâtiment au profit des notables de la région Ouest (Maghnia, Tlemcen, Oran...). Les ouvriers marocains sont très prisés dans les chantiers pour la grande qualité de leurs prestations et faute de main-d'œuvre algérienne qualifiée.

7 Septembre 2013, Hassan Bentaleb

Source : Libération

Google+ Google+