dimanche 24 novembre 2024 18:06

Commémoration du 30ème anniversaire de "la Marche pour l'égalité et contre le racisme"

Le 30ème anniversaire de "la Marche pour l'égalité et contre le racisme", événement fondateur de la lutte pour l'égalité des droits en France, a été commémoré, lundi soir à Casablanca, à l'occasion d'une table ronde organisée à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), dans le cadre du 19ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL).

Baptisée également "Marche des beurs" par les médias, cette marche antiraciste a été initiée en France en 1983, suite aux violations perpétrées par la police à l'encontre de jeunes descendants d'immigrés dans la banlieue lyonnaise.

Partie de Marseille le 15 octobre 1983 dans "l'ombre et l'indifférence", avec 32 personnes, la Marche s'est, petit à petit, muée en un événement historique, s'achevant en fanfare à Paris, le 3 décembre, par un défilé réunissant plus de 60.000 personnes.

Une délégation des marcheurs avait ensuite rencontré le président de la République, François Mitterrand, qui a accordé alors la possibilité d'une carte de séjour et de travail valable pour dix ans.

Pour Toumi Djaija, l'un des symboles et initiateurs de la marche, il était question de "revendiquer des droits civiques pour ces minorités, qui sont des français en réalité".

Aujourd'hui, a-t-il déclaré à la MAP à l'issue de la table ronde, "des personnalités qui s'engagent en politique, et Dieu sait qu'il y en a, revendiquent cette marche. Il me semble qu'on continue à marcher. Le but du jeu est d'aller au bout de son rêve".

Si la notion de justice et d'égalité est importante, elle demande du courage et un sens de sacrifice, a-t-il souligné.

Le 20 juin 1983, lors d'une descente de police, un agence de police avait lâché son chien sur un jeune Maghrébin de 16 ans, en essayant de s'interposer, Toumi Djaija avait reçu une balle. A son réveil à l'hô pital, il décide, avec la complicité du Père Christian Delorme, d'organiser la Marche.

"Les sacrifices importent peu, peut-être que c'est par cette blessure-là que j'ai accepté l'idée de la non-violence, de la main tendue. Il y a trente ans déjà, nous avions tendu une main aux pouvoirs publics et responsables politiques pour leur dire que ça valait le coût d'intégrer ces français issus de la diversité, parce qu'une France où il y a de la cohésion, c'est une France plus forte", a-t-il dit.

Pour sa part, David Assouline, l'un des participants à la marche, aujourd'hui Sénateur de Paris, a indiqué à la MAP que "La scène publique et politique de l'époque avait connu l'émergence d'une génération issue de l'immigration, et qui réclamaient leurs droits et ceux de leurs parents, ainsi que leur place toute entière dans la société française".

Aujourd'hui, "bien qu'il reste encore beaucoup à faire en matière de discrimination, des jeunes issus de l'immigration peuvent devenir députés, il y en a plus d'une dizaine au sénat et à l'assemblée, probablement des centaines de conseillers municipaux, outre des grands entrepreneurs", a-t-il relevé.

"Ces jeunes peuvent également s'investir dans des milliers d'associations, dans la création, la musique, le théâtre, le cinéma", a ajouté M. Assouline, pour qui le bilan est "d'abord positif".

Ayant le mérite de mettre la question de l'immigration, essentiellement maghrébine, sur le devant de la scène politique et médiatique, influencée par les grandes marches pacifiques menées ailleurs notamment en Inde et aux Etats-Unis, "la marche des beurs" a bouleversé la perception française de l'immigration en affirmant que les enfants d'immigrés sont des citoyens français à part entière.

02 avr. 2013, Mustapha Sguenfle

Source : MAP

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