dimanche 24 novembre 2024 18:02

Ecrivains issus de la diversité : engagement philosophique et quête du sens

Engagement philosophique, choix artistiques et quête du sens, tels sont les éléments clefs qui se dégagent à travers les Âœuvres de trois écrivains issus de la diversité, réunis autour d'une table ronde organisée, mardi soir à Casablanca, par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), dans le cadre du 19ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL).

Issus d'horizons différents et de trajectoires complexes, la belgo-marocaine Laila Houari, le franco-marocain Rachid Santaki et le franco-béninois Benny Aguey-Zinsou ont ainsi présenté, lors de cette table ronde tenue sous le thème "Métissage, cultures urbaines et nouvelles formes d'expression artistiques", leurs Âœuvres et les idées qu'ils défendent.

Passionnée d'écriture dès l'âge de 12 ans, Laila Houari a vécu 16 ans en Belgique et plus de 20 ans en France, période pendant laquelle son parcours a été marqué par des va-et-vient entre écriture, animation et théâtre. Toutefois, cette native de Casablanca ne cache pas la passion particulière qu'elle éprouve pour la poésie.

"J'écris de la poésie pour extérioriser des choses que je porte, la tradition populaire au Maroc, mon père qui a grandi à la campagne et qui a fait de la fantasia et de l'Ahidous, la flûte, la gasba toutes ces choses me hantent", a dit l'auteur de "Zeida de nulle part" (1985).

Pour sa part, Benny Aguey-Zinsou était peintre avant de se lancer dans l'écriture. Se revendiquant philosophe autodidacte, il a baptisé un mouvement artistique qu'il nomme +le Virtualisme+.
"+Le Virtualisme+, c'est l'étude de la subjectivité de la psyché humaine, à l'heure des nouvelles technologies, des grands médias et des grandes propagandes publicitaires des multinationales", a-t-il expliqué.

Benny s'est tôt penché sur l'étude des sciences humaines (philosophie, sociologie, biologie comportementale, psychanalyse). Cette transdisciplinarité se dégage amplement à travers son Âœuvre. Pour lui, il est important de penser le monde d'une manière transversale et pluridisciplinaire.
Le travail artistique de Benny n'est pas lié à la tradition. Affirmant avoir des opinions politiques de gauche, son seul héritage est "la tradition ouvrière". Il s'engage également pour "le respect de la nature et des lois naturelles".

Surnommé le "Victor Hugo du Ghetto", Rachid Santaki est un romancier et journaliste de père marocain et de mère française. Il avait passé les cinq premières années de sa vie au Maroc avant de s'installer en France.

Rachid évoque le "décalage" qu'il a ressenti à travers cette expérience. "Au Maroc, nous vivions tous sous le même toit, il y avait une proximité, et quand je suis venu en France, j'ai senti quelque chose de très froid".

Ayant trouvé refuge dans l'univers des +comics+ américains et de la culture hip-hop, Santaki s'est vite engagé dans la rédaction d'un genre romanesque bien particulier, le +polar+, ou romans policiers noirs.

"Le +polar+ me permet de mettre en valeur les quartiers populaires en France. C'est un peu connaitre ce territoire, le mettre en avant et finalement enclencher le débat", a-t-il déclaré à la MAP.

Santaki ramène ainsi la littérature, dans sons sens propre, à la rue, au milieu des HLM et des ghettos.

"A travers ce débat pluriel, nous avons senti véritablement un engagement d'artistes sur des réflexions fondamentales, leurs choix artistiques et leur quête du sens politique. Nous avons pu entendre une vraie démarche, réfléchie et véritablement politique, avec un témoignage qui traduit un nomadisme intellectuel assez fort", a déclaré à la MAP Farid El Asri, enseignant chercheur à l'université internationale de Rabat et modérateur de la table ronde.

"On a senti avec Benny la démarche et l'engagement politique manifeste, avec Laila Houari une découverte et une valorisation de l'héritage traditionnel et avec Rachid Santaki la mise en lumière d'une réalité noire de la trajectoire d'un certain nombre de profils issus des banlieues notammente".

On ne peut pas valoriser la qualité d'une démarche artistique, a conclu M. El Asri, si on ne valorise pas la complexité et la trajectoire de l'artiste en tant que tel.

03 avr. 2013, Mustapha Sguenfle

Source : MAP

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