mardi 5 novembre 2024 17:16

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Les traitements des médias arabes et occidentaux du Printemps arabe, thème d'une table ronde au SIEL

Le thème des traitements des médias arabes et occidentaux du Printemps arabe, a suscité l'intérêt de deux journalistes de renom, à l'occasion d'une table-ronde organisée samedi à Casablanca, à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), dans le cadre du 19ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL).

L'ancienne directrice de la chaîne +France 24+ Agnès Levallois et l'ex-directeur du réseau Al-Jazeera, Wadah Khanfar, ont pris part à cette table-ronde tenue sous le thème: "Dans le miroir de l'autre : les révolutions arabes dans les médias", pour débattre de cette question intéressante.

Agnès Levallois estime qu'au début des soulèvements qui ont eu lieu dans les pays arabes, les médias occidentaux n'avaient pas beaucoup de relais sur place pouvant leur permettre d'appréhender la situation. A l'opposé, les médias arabes avaient plus de correspondants e de contact avec la population, ce qui leur a permis d'avoir une approche plus précise et mieux comprendre l'évolution de la situation.

Les médias occidentaux relataient au début des soulèvements les faits tandis que des chaînes arabes, comme Al Jazeera ou Al Arabiya, faisaient plus de reportages sur ce qui se passait au sein des sociétés, ce qui leur a permis de mieux appréhender la situation et comprendre les enjeux des évolutions sur le terrain, juge Mme. Levalois, ajoutant que les chaînes de télévision occidentales ont mis en place par la suite d'importants moyens afin d'assurer la couverture de ces événements.

Mme. Levallois a évoqué ensuite le monopole des grandes agences de presse anglo-saxonnes et européennes qui est aujourd'hui brisé par le développement des réseaux sociaux et de communication alternative.

"Aujourd'hui, le citoyen peut se présenter comme un journaliste, on le voit à travers toutes les informations que ne diffusent pas les agences de presse internationales, et qui remontent par des réseaux parallèles. Avec un Smartphone, chacun peut filmer, enregistrer ou donner une information", a-t-elle dit.

Pour sa part, Wadah Khanfar a affirmé que le mètier du journaliste est "en danger", car "les valeurs qui l'animent ont été sacrifiées pour des butins matériels et politiques" a-t-il martelé, exprimant ses inquiétudes de voir le journalisme tomber en disgrâce aux yeux des citoyens.

Wadah Khanfar pense que les pays d'Afrique du nord assistent à une dynamique politique et a émis le souhait de voir cette dynamique aboutir à "un contrat politique consenti, où islamistes et laïcs cohabiteront en paix".

Par contre, il s'est dit préoccuper des événements que connait le Machrek, la Syrie et l'Iraq en particulier. "Je redoute un nouveau Sykes-Picot qui divisera davantage ce qui a été, à la base divisée", a-t-il souligné.

En définitive, les deux journalistes se sont accordés à souligner que la liberté et la prise de conscience des sociétés arabes quant à leur devenir constituent un acquis majeur.

Si aujourd'hui, il y a une vraie dynamique qui est lancée, "il ne faut absolument pas tomber dans le pessimisme et dire que rien ne va pas, car ce n'est pas vrai" a indiqué Agnès Levallois à la MAP à l'issue de cette table-ronde.

Casablanca, 07 avril 2013, Mustapha Sguenfle

Source: MAP

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