mardi 5 novembre 2024 17:21

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Le talent littéraire des écrivains Djilali Bencheikh, Tanella Boni et Salim Hatubou à l'honneur au SIEL

Le talent littéraire de trois écrivains africains a brillé de mille feux à l'occasion d'un café littéraire organisé, samedi soir à Casablanca, à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), dans le cadre du 19ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL).

Placée sous le signe "Ecrivains, migrants et voyageurs", cette rencontre littéraire a été l'occasion pour l'Algérien Djilali Bencheikh, l'Ivoirienne Tanella Boni et le Franco-Comorien Salim Hatubou, pour présenter leurs œuvres distinguées par une imagination féconde et une philosophie humaniste.

Djilali Bencheikh a commencé à écrire à l'âge de cinquante ans, après s'être entièrement dévoué à l'économie et à la vie associative.

"Il s'agissait de s'intéresser aux questions savantes auxquelles j'étais incapable de répondre", a dit ce romancier algérien pour qui Driss Chraïbi, Mouloud Feraoun et Marcel Pagnol constituent les principales références.

L'urgence de l'écriture chez Bencheikh s'est manifestée en 1994-95, quand l'Algérie était massacrée par le terrorisme. "Je me suis dit que je connais ce peuple, les Algériens ont tous leurs défauts, mais ils ne sont pas aussi horribles, j'ai donc décidé d'écrire modestement la longue histoire de ma propre vie dans ce contexte", a-t-il confié à l'assistance.

Le talent narratif de Djilali Bencheikh est souvent véhiculé par une focalisation interne, qui relate le point de vue du personnage et qui traite des événements les plus complexes avec beaucoup de simplicité.
Se considérant comme un citoyen maghrébin, Bencheikh consacre sa plume à cette cause. "Nous autres intellectuels, notre devoir est de trahir, non pas nos pays, nos peuple et ce genre de références suprêmes, mais de se rebeller contre ce glacis des frontières mentales, de différences et du rejet", a-t-il dit.

Salim Hatubou, un des pionniers de la littérature comorienne d'expression française, a, quant à lui, effectué un important travail de collecte et d'écriture autour des contes traditionnels des Comores.

Hatubou, qui animait des ateliers d'écriture destinés à de petits enfants, a été bouleversé par le crash de l'avion A310 de la Yemenia, le 30 juin 2009, qui avait coûté la vie à deux de ces enfants. Il a dédié à leur mémoire un recueil de récits intitulé "L'avion de Maman a craché".

"L'avion s'était craché en plein océan, faisant 152 victimes. J'avais des amis dans cet avion, dont deux enfants que j'ai eu en atelier d'écriture pendant deux ans. Ce texte était ma manière de prier pour le salut des âmes des victimes".

L'émouvant mémorial écrit par Hatubou dégage une grande charge émotive, via un texte qui entremêle des tonalités comique, dramatique et pathétique.

Influencée par Senghor et Césaire, l'Ivoirienne Tanella Boni excelle sur les terres de la poésie. Son style se distingue par la force des images, le souffle profond et une belle alternation des allitérations et des assonances.

Bien qu'elle soit également romancière et essayiste, elle semble avoir un faible particulier pour la poésie. Les choses les plus importantes, dit-elle à cet effet, passent par la poésie.

Boni aime se présenter comme une poétesse universaliste, "il y a un voyage auquel personne n'échappe, et c'est de ce voyage-là que je parle (dans mon œuvre). C'est-à-dire le voyage universel".

Lors de ce café littéraire, les comédiens français, Ariane Ascaride et Greg Germain, ont magnétisé l'audience par des lectures de quelques extraits des œuvres des trois écrivains.

07 avril 2013, Mustapha Sguenfle

Source: MAP

Google+ Google+