L'immigration d'origine familiale a stimulé la croissance entre 1994 et 2008, selon une étude menée par trois économistes sur la période.
«Le taux d'immigration, et en particulier d'immigration familiale, a un effet positif et significatif sur le produit intérieur brut (PIB) par habitant», écrivent Hippolyte d'Albis, Ekrame Boubtane et Dramane Coulibaly dans un document de travail révélé par le magazine Enjeux Les échos.
Rejetant tout «a priori et hypothèses théoriques», les auteurs se sont concentrés sur les chiffres: ils ont croisé de nombreuses données statistiques pour évaluer les interactions entre l'immigration permanente (les cartes de séjour d'au moins un an délivrées chaque année) et le PIB par habitant. Ils ont ensuite affiné leurs résultats selon les motifs d'immigration (familiale, économique...).
Si l'impact de l'immigration professionnelle est «non significatif», il est très clairement «positif» pour les immigrés venus rejoindre un conjoint ou un parent, en concluent-ils sans donner de montant.
«Ce n'est pas l'immigration qui va sauver la France de la crise, mais l'immigration rapporte, et même une immigration plutôt issue du regroupement familial», a commenté pour l'AFP Hippolyte d'Albis, prix du jeune économiste 2012 et professeur à Paris I.
Pour lui, «le plus étonnant a été de trouver un impact positif pour cette immigration familiale, composée en grande partie de femmes d'Afrique noire ou subsaharienne».
«Elles occupent des emplois de gardes d'enfants ou de femmes de ménages et libèrent de ces contraintes domestiques des femmes autochtones plus qualifiées qui peuvent aller sur le marché du travail», a-t-il avancé comme explication sur la base d'études menées à l'étranger.
En France, l'immigration familiale représente près de la moitié des entrées (avec près de 87.000 nouveaux titres de séjour délivrés en 2012 sur un total de 193.000), alors que l'immigration économique est très faible (moins de 17.000 titres l'an dernier).
Le précédent gouvernement privilégiait pourtant «une immigration choisie» (utile aux besoins de l'économie) à une «immigration subie» (les familles).
La gauche n'a pas repris ce terme mais souhaite faciliter l'accueil de «talents étrangers» sur le sol français. Un débat sans vote sur l'immigration professionnelle et étudiante doit se tenir à ce sujet les 17 et 24 avril au Parlement.
8 avril 2013, AFP
Source : Libération