mardi 5 novembre 2024 17:17

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La traite d'êtres humains persiste en Europe

La Commission a présenté une étude passant en revue le phénomène dans les 27 États membres.

De l'exploitation sexuelle, au travail et à la mendicité forcés, en passant par le prélèvement d'organes, la traite d'êtres humains recouvre des réalités variées.

« L'esclavage des temps modernes » a fait près de 24000 victimes ces trois dernières années.

La traite d'êtres humains a fait près de 24000 victimes en Europe entre 2008 et 2010, a annoncé la Commission européenne dans un rapport publié lundi 15 avril. D'une centaine de pages, le document dresse un état des lieux d'un phénomène désigné comme « l'esclavage des temps modernes » en passant en revue les 27 pays de l'Union européenne (UE).

Une photo d'ensemble encore jamais réalisée, selon la Commission, les États membres fournissant jusqu'alors des données trop hétérogènes pour être compilées dans une même étude.

80 % des victimes sont des femmes

De l'exploitation sexuelle, au travail et à la mendicité forcés, en passant par le prélèvement d'organes, la traite d'êtres humains recouvre des réalités variées qui ont néanmoins pour point commun que « la plupart du temps, les victimes doivent fournir des services sept jours sur sept afin de rembourser des sommes d'argent importantes aux trafiquants en vue de leur liberté future ».

Le nombre de victimes, des femmes pour 80 % d'entre elles, a augmenté de 18 % entre 2008 et 2010, passant de 6300 à 9500. Plus de 60 % d'entre elles proviennent des États membres de l'UE, Bulgarie et Roumanie essentiellement. 14 % sont Africaines.

L'exploitation sexuelle est le type de trafic le plus fréquent (62 % des cas). Les trafiquants sont quant à eux surtout des hommes (80 %). Le nombre de condamnations est en baisse de 13 % sur la période

« La traite d'êtres humains est partout autour de nous »

« Il est difficile d'imaginer que dans nos pays de l'UE libres et démocratiques, des dizaines de milliers d'êtres humains puissent être privés de leur liberté et exploités, échangés comme des marchandises pour du profit, s'est indignée la Commissaire aux affaires intérieures, la Suédoise Cecilia Malmström, lors de la présentation du document. Mais c'est la triste vérité et la traite d'êtres humains est partout autour de nous, plus proche que nous le croyons. »

L'adoption, en 2011, de la « directive sur le trafic d'êtres humains » n'a pas enrayé le phénomène. Les États membres disposaient d'un délai expirant le 6 avril dernier pour la transposer dans le droit national.

Mais à ce jour, seulement six États membres – République tchèque, Lettonie, Finlande, Hongrie, Pologne et Suède – ont intégralement transposé le texte et trois autres – Belgique, Lituanie et Slovénie – ont déclaré avoir réalisé partiellement la procédure.

Pour des raisons de procédure, de négligence ou de priorités, les 18 autres tardent à le faire. Priés par la Commissaire de « respecter leurs obligations », ils risquent théoriquement le lancement d'une « procédure d'infraction » qui peut aboutir à une saisine de la Cour de justice. Un long processus dont le déclenchement dépend aussi de considérations politiques.

15/4/13, MARIANNE MEUNIER

Source : La Croix

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